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Ultime Combat
Réalisateur : David A. Prior
Nationalité : Américaine
Acteurs : Ted Prior, Cameron Mitchell, Troy Donahue
Genre : Comme nanar, il était le meilleur… Il l’est encore ! (catégorie Guerre)
Genre (autre) : L'Ultime Con se bat
Note : En raison d’une source de basse résolution, les caps seront sensiblement plus petites que d’habitude. Merci à Nikita pour l'hébergement des vidéos.
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Chronique de Barracuda :
Dur, dur, très dur de chroniquer un film aussi dense ! Dans le genre très encombré du sous-Rambo, ce nanar d’exception parvient à dépasser ses concurrents de la tête et des épaules par sa crétinerie de tous les instants et surtout par son incroyable aptitude à surprendre même les plus blasés.
Les prémices d’
Ultime Combat accumulent pourtant tous les poncifs du genre. Un groupe de mercenaires dirigés par le sadique colonel Hogan (une référence à
Papa Schultz ? On n’ose y croire…) a pris l’habitude de kidnapper des gens au hasard et de s’en servir comme proies humaines pour leur entraînement. Tout bascule le jour où ils kidnappent par hasard Mike Danton, lui-même ancien élève de Hogan et véritable machine à tuer née de l’enfer de la guerre. Comme le rappelle l’accroche du film, «
Au Viêtnam, il était le meilleur… Il l’est encore ! ».
En moins de dix minutes, les personnages sont posés et la baston a démarré. Le grand portenawak peut commencer et il ne s’arrêtera pas une seconde jusqu’au générique.
Apprenez à poser tout plein de pièges à cons !
Difficile de rentrer dans les détails, tant l’effet de surprise compte beaucoup dans l’intérêt du film. En effet, pour chaque nouveau sbire zigouillé, Mike Danton emploie une nouvelle technique encore plus loufoque que la précédente. Couteau, grenades, fusil, mains nues, pièges à con, tout y passe, y compris d’autres méthodes disons… plus exotiques. Il n’y a pas deux mercenaires qui meurent de la même façon, et chacune de ces tueries sans exception parvient pourtant à exploser le compteur de nanardise. Même les scènes les plus anodines peuvent soudain basculer dans le ridicule le plus extrême au moment où l’on s’y attend le moins. Une illustration parfaite nous en est donnée, par exemple, avec
cette scène de lutte on ne peut plus banale à première vue...
« J’te crève » informe aimablement notre héros avant d’éventrer un nouveau mercenaire.
Forcément, là, il fait moins le malin.
Ce qui crée vraiment le décalage en fait, c’est la volonté du film d’aller plus loin que tout le monde dans le côté hardcore-dur-à-cuire. Nous sommes en 1988, le genre du film d’action à base de gros bras vétéran du Viêtnam est plus embouteillé que jamais, et qui plus est son âge d’or touche à sa fin. Alors pour surnager, David Prior en rajoute. Beaucoup, beaucoup. Quand Mike Danton veut assommer un sbire, il ne se contente pas d’utiliser une simple branche.
Lui, il va carrément chercher un tronc d'arbre entier ! Là où les autres vétérans du Viêtnam body-buildés restent torse nu et transpirent discrètement pour mieux mettre en valeur leur musculature, Ted Prior lui se met entièrement à poil pendant tout le film (il ne porte qu’un minuscule short et ne se rhabille qu’à la toute fin) et se vide des bidons entiers d’huile sur le corps. Quoi que la concurrence ait fait,
Ultime Combat fait pareil, mais en pire. La séquence finale, mythique, place le film définitivement hors de portée de tous ses concurrents en matière de bourrinage (et là je ne parle pas uniquement des sous-Rambo, mais bien de la
totalité du cinéma d’action contemporain). Je préfère ne pas en dire plus et
vous laisser la découvrir.
Le short de l’apocalypse, le torse huilé et la tête de winner…
Mike Danton, spécialiste des tours de con.
Si l’action constitue le cœur nanar du film, elle est bien enrobée par plusieurs couches de crétinerie superposées, un peu comme une glace Mystère où le cœur de meringue est recouvert par l’épaisse glace à la vanille.
Puisqu’on parle de ça, voici l’indispensable dégustation de vers de terre.
Médecine douce : aujourd’hui, se remettre en place une épaule déboîtée avec un caillou.
Ainsi parmi le casting, on ne trouve que du premier choix. Si Ted Prior, par ailleurs frère du réalisateur, crève l’écran dans le rôle de Mike Danton, il est soutenu par des personnages secondaires largement aussi charismatiques. Au premier rang de ceux-ci, il faut citer le beau-père de Danton, incarné par Cameron Mitchell (le commandant – Père Noël de
Space Mutiny). On ne nous le précise pas, mais il est facile de deviner qu’en Corée, il était sans doute le meilleur aussi. Ancien flic devenu pasteur, il a droit à sa part d’action même si son rôle exact dans le film est assez obscur. Il doit avoir quatre répliques, dont deux des plus atterrantes du film,
la première lorsqu’il intercepte la voiture du politicard de Washington grand responsable de tout ça, et la seconde lorsqu’il trucide le mercenaire de service :
"
-Ami ou Ennemi ?
-Euh… Je suis un ami !
-Tu es un menteur ! *PAN*"
Le grand responsable de tout ça justement, c’est Troy Donahue, totalement inexpressif et visiblement ennuyé d’être là. Lorsqu’il ne se fait pas donner la leçon par Cameron Mitchell,
il est occupé à engueuler le colonel Hogan.
Ultime Combat démontre une nouvelle fois sa suprématie puisque même pour des dialogues aussi clichés que ceux-là, il réussit à nous perdre complètement.
Cameron Mitchell et Troy Donahue incarnent l’éternelle lutte des classes.
Rien, absolument rien dans le code pénal n’interdit de sortir ses poubelles habillé comme ça.
Parmi les autres personnages, le colonel Hogan lui-même est assez insignifiant. Par contre, on se régalera avec ses deux bras droits. L’un d’entre eux est une femme, une allumeuse et une catin sans pitié qui joue effroyablement mal. L’autre bras droit, celui à qui il manque le bras droit, justement, se prend pour Snake Plissken pendant tout le film et c’est bien assez pour nous le faire aimer. De son côté, Mike Danton n’est guère mieux loti puisque outre son beau-père déjà évoqué, il doit composer avec sa femme, qui joue très mal aussi, et son meilleur ami, Cooper, qui veut tellement faire le mec sympa qu’au bout de deux minutes on en vient à souhaiter que l’un des mercenaires apprenne enfin à viser.
Troy Donahue, Cameron Mitchell et David Campbell.
Les deux bras droit du méchant, la femme et le meilleur ami du héros.
Et puis, il y a ces petits détails qui sentent la production bien calibrée. Ainsi, on nous informe très vite que le camp des mercenaires se trouve « à 70 km de la ville ». Ca n’empêchera pas les personnages de faire plusieurs fois l’aller-retour dans la journée, parfois à pied et généralement en moins de dix minutes. La supériorité de Danton sur les mercenaires ne fait certes aucun doute (après tout, au Viêtnam, il était le meilleur !) mais
la nullité de ces derniers laisse parfois pantois. Lorsque Mike Danton fait tomber un mur sur ses ennemis, on peut être sûr que les pierres en carton ressembleront vraiment à du carton. De même, aucun grand nanar ne serait complet sans un mannequin en mousse. Celui d’
Ultime Combat est indiscutablement de premier choix.
Le Mur de la Mort !
Une sacrée bande de bras cassés.
Un rythme d’enfer, un casting de choc, un bourrinage aux limites de l’extrême, une crétinerie encore au-delà de ça, et un final extraordinaire permettent à
Ultime Combat de gagner à l’arrachée sa place au sommet. Je ne sais pas si Mike Danton était le meilleur au Viêtnam, mais sur Nanarland, c’est sûr, on lui réservera sa place parmi l’élite.
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Chronique de Nikita
Y’a des gens qui n’ont pas de chance. Prenez le Colonel Hogan, par exemple. Ce brave militaire avait trouvé un moyen idéal de se reconvertir à la vie civile : devenir le chef d’une organisation de mercenaires hideux chargés de mener d’obscures guerres secrètes pourries au service de capitalistes dégueulasses. Pour entraîner ses hommes, une méthode idéale : aller en ville, prendre un citoyen au hasard dans la rue et le faire ensuite traquer à mort par ses hommes dans la forêt environnant le campement. C’est vrai, quoi, quand on veut entraîner des soldats d’élite, il n’y a rien de mieux que de leur faire courser à quinze un civil désarmé sans aucune expérience du combat !
Tout pourrait continuer pour le mieux dans le meilleur des mondes, si le Colonel Hogan et ses hommes n’étaient pas particulièrement malchanceux. Car, en cherchant leur victime du jour dans la grande banlieue de Los Angeles (Plus de 17 millions d’habitants), les mercenaires alpaguent, tandis qu’il sortait ses poubelles…MIKE DANTON ! Mike Danton, se trouve être un ancien membre de la troupe du Colonel Hogan au Vietnam, ce qui fait déjà un remarquable hasard. Mais surtout, Mike Danton, au Vietnam, était…LE MEILLEUR !
Le torse huilé de notre héros est-il le secret de son invincibilité ?
Et il l’est encore, ô combien : notre homme se trouve être une sorte de synthèse parfaite de Rambo, Tarzan et McGyver (et, physiquement, de Sylvester Stallone et Rod Stewart, mais là n’est pas la question) qui va totalement décimer ses poursuivants dans un véritable festival de violence bourrine qui ne s’arrêtera pas jusqu’aux derniers instants du film, laissant le spectateur littéralement pantelant !
« Ultime combat », ce n’est pas qu’un simple nanar d’action : ce film de David A. Prior est tout simplement BEAU. Une sorte de perfection ultime de la série Z, dont la sottise de bête à cornes n’a d’égal que sa violence cartoonesque. Du début à la fin, le film accumule les scènes d’action sanglante, dont quasiment aucune n’est exempte du détail qui la fera basculer dans le ridicule le plus complet.
«Ultime combat », c’est d’abord un héros. Mike Danton, interprété par Ted Prior (le frère du réalisateur) est sans nul doute l’attraction majeure, sa révélation n°1, sa moukrème à la glaviouze. Tout tourne autour de lui, dans un film dont il est à la fois le pilier, le point d’orgue et la cerise sur le gâteau. Non que Ted Prior soit particulièrement mauvais (il l’est, mais on a vu pire) : il est par contre sublimé par son personnage, qui constitue sans doute l’un des héros les plus puissants de toute l’histoire du nanar. Mike Danton est tout simplement la bête de guerre ultime ! Indestructible, jamais à court de ressources, notre héros passe l’essentiel du film désarmé et en short, ce qui ne l’empêche pas de venir à bout de mercenaires surarmés, qu’il tue l’un après l’autre de manières aussi variées que débiles. Le film nous vaut en effet un défilé des manières les plus idiotes de venir à bout d’un adversaire : qu’il les estourbisse d’un coup de tronc d’arbre, qu’il transperce un homme de cent kilos avec une branchette ramassée par hasard, qu’il vienne à bout d’un tank à mains nues (et avec l’aide d’une bombinette sortie d’on ne sait où – il la cachait sans doute dans son short), ou bien qu’il résiste à des explosions de grenades à bout portant (avec juste quelques taches sur son short) Mike Danton est la machine de guerre la plus ridiculement efficace que l’on ait vue depuis Reb Brown dans « Strike Commando ».
La branchette de la mort !
Mike se restaure en mangeant des vers.
Ici, Mike remet en place son épaule déboîtée en une manœuvre qui aurait dû, normalement, contribuer à la déboîter encore plus.
Mike survit à une bonne dizaine de grenades qui pètent toutes à vingt centimètres de lui.
Mais la réussite totale d’ «Ultime combat » ne réside pas uniquement dans la présence du héros nanar ultime : le film est en effet un véritable défilé de perles, au point que l’éventualité que les auteurs l’avaient fait exprès vient plus d’une fois nous traverser l’esprit. Tout d’abord, nous adresserons toutes nos félicitations aux méchants, qui nous valent de grands moments de rigolade à force d’incompétence. Les hommes du Colonel Hogan sont en effet la plus belle bande de nullards jamais vus dans toute l’histoire du mercenariat : ils sont notamment incapables de lever la tête alors que le héros se cache à deux mètres au-dessus d’eux dans un arbre sans feuilles, et ont pour premier réflexe, en apprenant que le héros se cache dans le camp…de sauter dans leur camion et de tous partir à sa recherche A L’EXTERIEUR du camp, lui laissant le champ libre pour s’échapper tranquillement ! Effarant.
Notons également la participation des deux has-been de service, Cameron Mitchell et Troy Donahue. Mitchell, interprète du beau-père de Danton, policier à la retraite, intervient après avoir été appelé par sa fille (une blonde nunuche qui passera son temps à hurler et à se faire prendre en otage) : préférant que sa fille n’appelle pas la police (mais pourquoi donc ???), beau-papa trouve le camp secret des mercenaires à l’aide des trois derniers chiffres de la plaque d’immatriculation de leur camion, et infiltre ledit camp sans la moindre espèce de difficulté, ne dédaignant pas faire le coup de poing contre des sbires. Tout ça à 67 ans. Quelle vigueur ! Troy Donahue, quant à lui, tient le rôle de l’ignoble capitaliste nanar financier du Colonel Hogan. Sa présence dans le film nous vaut surtout quelques dialogues qui réussissent l’exploit de comporter un cliché par phrase, tout en ne voulant quasiment rien dire.
Cameron Mitchell.
Troy Donahue, jeune premier des années 1950-60 ayant ensuite sombré dans l’alcool, la drogue et le nanar : il est, avec Doug McClure, l’une des inspirations de l’acteur has-been Troy McClure, personnage des «Simpson».
Grâce à un montage particulièrement rapide et sans temps morts, supprimant les scènes de liaison jusqu’à aboutir à des ellipses assez désopilantes, « Ultime combat » va crescendo, de morts débiles en affrontements grotesques, jusqu’au feu d’artifice final qui voit Mike Danton, revenu chez lui à Los Angeles (75 miles parcourus pieds nus en quelques heures, et sans prendre le temps d’avertir la police en passant), reprendre son vieil équipement de la guerre du Vietnam, qu’il a évidemment conservé, et attaquer les mercenaires pour régler le compte de ces coyotes à foies jaunes comme seul un soldat d’élite peut le faire. Ce qui nous vaut de nouvelles scènes ahurissantes qui voient le héros tapisser toute la forêt de pièges débiles, le tout en moins d’une heure alors qu’il aurait dû passer la journée. L’affrontement final avec le Colonel Hogan et ses sbires nous vaudra de nouveaux moments de pur bonheur, faisant littéralement exploser le plafond en battant des records de ridicule, avec une mention spéciale pour la scène légendaire où notre héros jette son arme à feu pour attaquer un sbire (armé d’un revolver, et qui pourtant le rate à deux mètres !) à la machette, lui tranche le bras sans qu’aucune goutte de sang ne soit visible, avant d’assommer son adversaire en le frappant avec le membre coupé. Inoubliable.
Mélange totalement explosif de «Rambo » et des « Chasses du Comte Zaroff », « Ultime combat » est l’un des nanars d’action les plus parfaits qui soient. Dialogues hallucinatoires, action au top de la débilité, hystérie permanente, surenchère de crétinisme : rarement aura-t-on vu film aussi abouti malgré son état de mort cérébrale complète ! Un véritable bonheur, qui nous rappelle pourquoi nous aimons les nanars !
Note : 5/5
Cote de rareté : Attention ! Sous la jaquette d’
Ultime Combat et le titre de
Cobra Mission dans l’édition de Prism Vision se cache en réalité
Striker, nanar lui aussi mais pas du même calibre. Pour trouver le film il faudra chercher les éditions vidéo, sous la jaquette présentée au début, mais aussi sous celle-là :
Il existe aussi un DVD vaguement bootleg :