Nikita a écrit:
Hobbie a écrit:
+ 1 avec Greyhunter aussi ; j'avais déjà lu une interprétation similaire du film (dans un "dictionnaire du cinéma" je crois), où l'on expliquait que l'on glissait petit à petit de la guerre moderne, technologique (l'attaque des hélicos) au corps-à-corps sauvage avant de finir au stade ultime : la folie et la barbarie quasi primitive des hommes de Kurtz qui vivent au milieu de cadavres mutilés et attaque l'équipage à la sagaie. Tout ceci au fur et à mesure que le bateau s'enfonce de plus en plus dans la jungle ; symboliquement, il y a ces deux excellentes scènes où le bateau passe sous la queue d'un B-52 abattu et croise l'épave fumante d'un hélicoptère, avec un cadavre encore accroché à un arbre, comme pour signifier "ici s'arrête la civilisation et commence la folie"
C'est exactement le thème du roman de Joseph Conrad, que j'ai lu assez récemment. Dans le bouquin, Willard est l'employé d'une société occidentale qui fait du commerce (d'ivoire, notamment) en Afrique, et il est envoyé rencontrer Kurtz, qui est le responsable du bureau le plus productif de la compagnie, et travaille au fin fond du pays sans aucun contrôle. Il finit par découvrir que Kurtz, symbole même de l'efficacité occidentale en Afrique, a pêté un câble et qu'il est devenu, sans même se rendre vraiment compte de ce qu'il faisait, le chef d'une tribu africaine qui se livre sous ses ordres à divers pillages et atrocités, lesquelles contribuent à enrichir la compagnie pour laquelle il travaille. Willard finit par convaincre Kurtz, malade, de revenir à la civilisation et Kurtz meurt en revenant, comme rongé par ses expériences. Le sens du livre étant que la sauvagerie est au coeur de l'homme et que l'individu le plus civilisé ne demande qu'à basculer.
Je n'ais pas lu le bouquin de Conrad mais cette histoire me fait penser à un épisode véridique: la mission Voulet-Chanoine, en 1899.
Il s'agit d'une colonne expéditionnaire qui était partie à la conquête de la Haute Volta (l'actuel Burkina-Faso) et du Tchad et qui s'était transformée en véritable massacre: l'armée détruisant les ville qui resistaient (ils ont, notamment, rasé Ouagadougou).
Petit à petit, Voulet et Chanoine sont devenu complètement fous, se déclarant "chef nègres" et refusant l'autorité de la France. L'armée dépêcha, pour les stopper, le colonel Klobb qui fut tué lors de sa confrontation avec les insurgés.
Voulet et Chanoine, quant à eux, furent probablement massacrés par leurs tirailleurs.
Je sais que ca sent le HS mais je viens de faire le lien entre cette histoire et ce film. Par contre, j'ignore de quand date le livre de Conrad, donc je ne sais pas s'il s'agit d'un parrallèle ou d'une coincidence.
P.S.: Sur le film en lui-même, je n'ai pas grand chose à dire: c'est une merveille, certes, mais je n'ai rien à ajouter à ce qui a été déjà écrit sur ce sujet.