En parallèle de la sortie du bien bel ouvrage hommage à Brigitte Lahaie, je me suis acheté sur le net un coffret "Les inédits interdits de Brigitte Lahaie et Marilyn Jess". Je pensais VRAIMENT qu'on y proposait des nanars et autres comédies érotiques, d'autant plus qu'aucune restriction aux moins de 18 ans n'apparaissait sur la jaquette. Puis le coffret arrive et, en découvrant des titres comme "Prends-moi de force" et autres "Pénétrations méditerranéennes", je me dis que le contenu ne sera finalement peut-être pas "Nanarland compatible"... Et puis...
Et puis, tel un fidèle paroissien qui entre par erreur dans un cinéma pour adulte en croyant assister aux vêpres, j'ai quand même tenu à visionner les films, en espérant un effet "2 soeurs à énucléer". Premier constat : c'est vraiment du X bas de gamme. On pourrait (très naïvement) croire qu'avoir Brigitte Lahaie au casting pourrait encourager les réalisateurs à travailler un peu leurs scènes et la mise en valeur de leurs comédiennes mais que nenni (de chez nenni). C'est vraiment du porno Post Loi X tourné en 3 jours dans deux décors et extraordinairement plat au niveau de la mise en scène. Mais quelques détails ont attiré mon attention (je précise que pour le moment, je n'ai vu que les deux fims cités dans le paragraphe 1)
Très vite, alors que "Prends-moi... de force" commence, on est surpris de voir apparaître rien moins que Gordon Mitchell et Jean-Marie Pallardy dans deux des rôles principaux (mais pas dans les scènes X). Du coup, on repense au générique où le double L du nom du réalisateur, Boris Pradllay, apparaissait comme une faute de frappe, et on réalise qu'il s'agit d'un anagramme finalement assez transparent de Pallardy. Un petit tour sur la bio du monsieur sur le site enlève les derniers doutes : il s'agit là d'une compilation des oeuvres pour adultes de Pallardy, dont les bobines originales ont été perdues et qui ont probablement été transférées d'une Bétanum voire d'une VHS (issues des archives persos de Pallardy) étant donné la piètre qualité des images et certains tressautements d'image typiques.
Bref, d'un coup d'un seul (voire "d'un seul coup"), le visionnage prend une direction totalement différente de celle prévue au départ (vous savez : "seigneur, donnez-moi la force" et autre "bénissez-moi mon père parce que j'ai péché...") et, si l'on est loin du WTF permanent des réalisations soft du monsieur, ces films réservent leur lot de magie Pallardystique même si, en l'occurence, "Prends-moi... de force" se révèle de bien meilleure facture que "Pénétrations Méditerranéennes" où l'on assiste, si j'ai bien compris, aux ébats en chambre et en boîte de nuit d'une femme tandis que son mari, Ministre du Cul-te (mdr à base de Turbolol) joué par Pallardy himself discute avec un ami du sens de la vie à grand renfort de phrases à double sens crypto-X. S'il y a un truc à sauver dans ce film ce sont bien ces scènes de dialogues pachydermiques :
"Regarde-moi ces grandes colonnes bien droites. Elles auraient leur place au bordel.
- Quoi, qu'est ce que tu dis?
"Ben oui quoi, au bord... de l'allée"
Mais, tout en restant assez anecdotique dans la filmo de son auteur, "Prends-moi... de force" est quant à lui plus intéressant d'un point de vue Nanarland approved. On y suit les pérégrinations d'un violeur masqué qui rappelle les plus "belles" heures de la BD de gare ou du ciné d'exploitation à la Brigade anti-sex en mode "Non, non... Oui, oui...". Voilà voilà... A part ça, outre la présence au casting de Pallardy et Gordon Mitchell dans le rôle de l'innocent à moitié lynché par la foule (enfin quatre paysans) pour sa "ressemblance" avec le criminel, on ne peut réprimer un sourire voire un début d'hilarité devant le look improbable du violeur avec sa cagoule noire qui évoque tout de suite le cinéaste Jean Jacques Rousseau. Ajoutez à ça des dialogues à la con du style "t'es sûre que tu t'es faite violer? T'as du rêver..." et un final à la poésie très Pallardyenne et ça vous donne un film à mi-chemin entre le tout-venant de la production porno de la fin des années 70 et les oeuvres les plus emblématiques de JMP.
Pas encore vu les autres films mais je re-uploaderai ce message quand ça sera fait.
EDIT : vu les trois derniers films du coffret.
Emmanuelle à Cannes : encore une fois relativement anecdotique. Du X de base censé se passer à Cannes mais on passe les 40 premières minutes dans un lieu indéterminé : Emmanuelle danse dans un porno show, puis une amie à elle danse, puis le copain d'Emmanuelle l'envoie coucher avec un client à lui pour rendre service. Mais c'était un piège pour que le copain couche avec la danseuse n°2. Emmanuelle découvre son copain et la fille au lit puis couche avec eux et ils remettent ça sous la douche. Puis elle en a marre et décide de partir pour Cannes pour faire démarrer sa carrière.
Rien de bien transcendant, donc, si l'on excepte les voix off WTF d'Emmanuelle, qui débute par "les gens m'ont toujours confondue avec Marilynnnnnn Mooooooonroeeeeeeeee" en minaudant comme c'est pas permis et en tentant de reprendre l'intonation sensuelle typique de la belle Marilyn, sans y parvenir. Une fois à Cannes, c'est un vrai festi... bref, on ne l'arrête plus et on a droit à la voix off la plus bafouillante de l'histoire du cinéma avec des "euh..." et des "ben..." tous les trois mots, à croire qu'elle n'avait pas de texte mais juste des indications. Et il y a ce moment où elle parle d'un chien qui donne une conférence de presse pour le film Apocalypse 2024. OK...
Journal intime d'une Thaïlandaise/Dong Dong à Bangkok : un vrai film de vacances avec en vedette le beau Jean-Marie Pallardy en, si j'ai bien compris, agent secret qui, sous couvert de séances photo en Thaïlande avec Brigitte Lahaie, part remplir une mission là-bas. Sauf qu'il rencontrera une thaïlandaise dont il tombera éperdument amoureux tout en repoussant les avances de la jolie Brigitte.
Ce film c'est l'archétype de la prod de vacances où l'oeuvre est un prétexte à voyager. Très peu de scènes X, filmées sans conviction, entrecoupées de passages où Jean-Marie se ballade dans Bangkok, mais c'est surtout marrant de voir les scènes où Brigitte Lahaie tente de séduire JMP, lequel se refuse à elle malgré son insistance, avant de craquer pile au moment où on vient le chercher pour une raison Y ou Z. Ca fait sourire quand on sait l'obsession du monsieur pour Brigitte, dont elle parle en interview.
Enfin, on peut noter une trame scénaristique assez similaire à celle de La Donneuse puisque Jean-Marie y joue un mec formidab' mais toujours plus désillusionné par la perfidie des femmes. Mais au final, le seul élément nanar du film, c'est peut-être ces séquence où JMP fait le tour des sex-shows de Bangkok. Les réaction shots du monsieur sont priceless...
3 filles dans le vent : j'en reparle plus en détail dans une autre section du site...