Titre original : Eva, la venere selvaggia
Titres alternatifs : L'esclave de l'île des gorilles, Eva la vierge sauvage (Québec), King of Kong island, Kong Island, Eva the wild woman
Réalisateur : Robert Morris (prononcez Roberto Mauri)
Année : 1968
Pays : Italie
Genre : Gorilles dans la brune (Catégorie :
Aventures)
Durée : 1h32
Acteurs principaux : Brad Harris, Esmeralda Barros, Marc Lawrence, Adriana Alben, Ursula Davis, Mario Donatone
Producteur :
Dick RandallUn titre anglais pas piqué des vers (aucun rapport avec King Kong et l'action ne se déroule pas sur une île).Durant la seconde moitié des années 60, on ne sait trop pourquoi, Cineccità s'était prise d'un engouement subit pour le cinéma d'aventure exotique, et plus spécifiquement pour les films de "reine de la jungle-ploitation". En effet, l'on vit fleurir en Italie, rien que pendant l'année 1968, des titres comme
"Samoa, fille sauvage", "Luana, fille de la jungle", "Tarzana, sexe sauvage", "Gungala, la vierge de la jungle" et sa suite
"Gungala, la panthère nue". C'est à ce genre si délicieusement kitch, qui voyait des playmates gambader plus ou moins à poil dans une jungle en pots, que se rattache ce
"Jungle 2000" au titre français et à l'accroche si énigmatiques.
L'intrigue part un peu dans tous les sens : pendant une guerre d'indépendance africaine, Burt (Brad Harris) un mercenaire, est trahi par Albert, un de ses compagnons d'armes, durant un vol de diamants. Quelques années plus tard, Diana, la copine de Burt, part faire un safari à la recherche du "Singe Sacré", une légende locale, mais est kidnappée par des gorilles au service d'Albert. Celui-ci a construit un laboratoire "high tech" dans une grotte en pleine jungle, où il a implanté une puce électronique dans le cerveau des gorilles, reliée à un super-ordinateur nanar plein de boutons clignotants, et avec lequel il compte dominer le monde. Albert a fait enlever Diana pour attirer Burt dans un piège car il compte utiliser notre héros comme cobaye humain pour ses expériences. Au cours de ses aventures, Burt fera la connaissance d'Eva, une sauvageonne impeccablement coiffée et maquillée...
Brad Harris, notre héros, prenant une posture de combat étudiée.
Eva, "la guenon sacrée" (dixit le méchant).Indéniablement, le film souffre de grosses grosses longueurs (en gros, toutes les scènes se déroulant à Nairobi qui sont du gros remplissage sans intérêt) mais il y a aussi des passages magnifiques. Déjà, rien qu'un pitch pareil à base de gorilles téléguidés vaut le détour. Et ensuite, je crois que c'est une des jungleries italiennes les plus fauchées de l'époque (même
"Karzan" semble plus riche et plus crédible en comparaison) avec sa jongle africaine/jardin public de la banlieue de Rome peuplée de stock-shots hyper mal intégrés en champs/contrechamps, genre les acteurs du safari s'exclament
"Oh, regardez ! Un lion !" et puis
"Oh ! Un éléphant !", "Et là, un hippopotame !", "Attention ! Une panthère !", et ainsi de suite.
A un moment, le copain du héros essaye de faire un carton sur un crocodile mais le rate. "Tu aurais du tirer entre les deux yeux" lui conseille le héros. Faut dire aussi que tuer un stock-shot, c'est pas évident.Et il y a le colonialisme outrancier du film, avec ses porteurs noirs ("les Nègres" comme les appellent les héros) froussards et superstitieux qui s'expriment en "missié bwana ça y en a li tewitoi'e sacwé li tabou patwon" (y en a même un qui lance à un moment
"Y a bon la chasse !") et sa tribu de sauvages ne parlant qu'en
"ouga bouga !" qui débarquent comme un cheveu sur la soupe en plein milieu d'une scène.
Contrairement à ces trouillards de "Nègres", Brad Harris sait garder son sang-froid face aux stock-shots.Esmeralda Barros, alias Eva la vierge sauvage, surnommée "le Singe Blanc" par les noirs qui la vénèrent (et la prennent absurdement pour un vrai singe) donne au film des allures de 2 en 1 car ses scènes s'imbriquent très artificiellement avec le reste, la pin-up apparaissant quasi-toujours toute seule à l'écran (parfois accompagnée d'un chimpanzé apprivoisé) et les héros ne semblent pas surpris de découvrir une jeune femme vivant nue dans la jungle et à laquelle les fauves semblent obéir au point de lui faire des câlins. Ça semble être de banalité courante en Afrique. Les séquences où elle court à poil au ralenti, les nichons se balançant de droite à gauche, sont d'une kitcherie sans égal (histoire de bien enfoncer le clou, le réal nous repasse la scène deux fois). Et comme dit plus haut, le jeu de cette actrice (charmante au demeurant) et ses sourires ultra-bright font furieusement penser aux pires spots publicitaires. D'ailleurs, son rôle dans l'histoire est clairement celui d'une plante en pot, si son personnage n'avait pas été là, l'histoire aurait suivi un déroulement identique, mais il faut dire que le film y aurait perdu son principal intérêt.
Esmeralda quant à elle, les stock-shots la font marrer.
D'ailleurs, tout la fait sourire béatement comme une ravie de la crèche.Enfin, les gorilles sont de pauvres types dans des costumes miteux même pas dignes de ceux des premiers Tarzan avec Elmo Lincoln. Perso, j'ai été tué par la réplique d'un des personnages quand il dit
"On aurait dit des hommes ! Je te le jure, ils avaient l'air de vrais humains !" J'te le fait pas dire mon gars ! Quand au savant fou, ancien nazi, qui se considère comme un génie incompris et veut conquérir la planète en faisant kidnapper des femmes pour les livrer en pâture à ses gorilles-robots, il a beau être censé disposer d'une fortune pour pratiquer ses expériences, quand on voit la gueule de son laboratoire secret, on a quelques doutes. Et on ne nous épargne pas la complainte du savant mégalomane qui finit tué par ses créatures en hurlant
"Non ! Je suis votre maitre ! Vous devez m'obéir !"La science nanarde à son meilleur.
La conquête du monde à la portée de toutes les bourses (faut l'imaginer avec des "bip bop !", des "wiiiz !" et des "mut mut !" incessants).
Les gorilles matent une exploratrice qui se déshabille comme des gros pervers.
Un film qui confirme l'obsession des scientifiques nazis pour le viol de prisonnières par des singes. Qu'on se le dise, la race des maitres naitra de ces amours interdits.Une scène de night-club où Brad Harris nous fait
"La fièvre du samedi soir" avant l'heure en se déhanchant, à fond dedans, tapant des mains, malgré le fait que la musique soit atroce, ainsi qu'un viol où la femme violée, après s'être débattue, semble apprécier ce moment intime ("Elles n'attendent que ça !" semble nous dire Roberto Mauri) et un cat-fight entre Esmeralda Barros et la méchante sont également au programme de cette petite sous-Tarzannerie zédarde teintée de SF ringarde qui m'a bien plu, personnellement.
J'ai essayé de faire un GIF animé de Brad "le 'ythme dans la peau" Harris, mais comme je ne suis vraiment pas doué voilà toujours des caps. A noter qu'il est le seul qui semble vraiment s'éclater sur la piste de danse, les autres danseurs semblant plutôt endormis, ce qui ajoute au comique involontaire de sa prestation.
Pour vous mesdames, un plan nichon de Brad.Note : 1,5/5
Cote de rareté : 3, rare.
Plusieurs DVD américains ont ressorti cet incunable du bis. Toutefois, il convient de signaler que la version US est une version "cut". Parmi les scènes coupées, cette version supprime honteusement une grande partie des passages mettant en scène Esmeralda Barros (sont cons ces Amerloques, ils censurent l'argument de vente principal du métrage !).
Quelques DVD américains.Pour voir le film dans sa version européenne (donc "uncut") et avec sa VF truffée d'accents petit nègre désopilants, il faudra rechercher la vieille VHS de chez Topodis avec sa jaquette fantastiquement immonde.
Quelques affiches supplémentaires.