L'histoire complète entre Kubrick et King, c'est que Kubrick était vraiment intéressé par le bouquin de King, mais qu'il n'arrivait pas à mettre le doigt sur la raison précise. Du coup, il appelait King pour discuter avec lui et King en avait marre de recevoir des coups de fil à trois heures du mat pour savoir s'il croyait en Dieu.
Pour King, Shining évoque de façon à peine voilée son combat contre l'alcool, donc il voulait que ça soit un drame nuancé, avec une rechute douloureuse. Donc, ce que Kubrick a fait du film, avec un Jack Nicholson qui est marqué depuis le début, qui ne peut que craquer, encore poussé à bout par sa femme (Wendy est très différente dans le livre), ça ne lui plaisait pas.
Enfin Kubrick a modifié des trucs jusqu'au bout, décidant à la toute fin de centrer le film sur Jack Torrance, alors qu'il avait tourné des scènes qui mettaient Danny ou l'histoire de l'hôtel plus en avant. Ce qui explique les trois montages du film :
- celui présenté au cinéma le premier weekend (cinq salles à Los Angeles, cinq scènes à New York). Après le plan de Jack Torrance gelé dans le labyrinthe, on passe à une scène où le patron de l'hôtel (Barry Nelson, qui a été le premier à être Jimmy Bond dans l'adaptation en téléfilm de Casino Royale pour la télé US) rendait visite à Wendy et à Danny à l'hôpital. Discussion polie avec Wendy pour prendre de ses nouvelles et lui dire que le corps de Jack n'a pas été retrouvé. Puis il va voir Danny et lui lance une balle en caoutchouc qui rebondit exactement de la même façon que celle lancée par les jumelles (ils ont passé une journée à refaire le plan pour avoir le bon rebond). Donc, le directeur était derrière tout ce qui s'est passé, avec une sorte de conclusion à la Hitchcock (pour Shelley Duvall). Et, là, enchaînement sur les travelings à l'intérieur de l'hôtel désert, etc.
- le montage US de 140 minutes, où l'on voit Wendy amener Danny à une visite médicale, où il y a d'autres scènes de conversation familiale, quelques hallucinations en plus à la fin, etc. Et on enchaîne directement du plan sur Jack gelé à la scène dans l'hôtel.
- le montage international de 120 minutes, sorti plusieurs mois après, parce que Kubrick ne voulait pas d'un film trop long pour l'Europe ou le Japon. Et où il a retiré ces scènes sans Nicholson.
Les deux montages coexistent toujours aujourd'hui. Les Américains ne connaissent d'ailleurs que "leur" version.
Bon, en tout cas King commence à être furax et à critiquer le scénario, alors que le film est toujours à l'affiche, et Kubrick trouve un compromis : King promet de la fermer, et, au bout de x années, il récupèrera les droits d'adaptation pour faire sa version à "lui" de l'histoire. Ce qui a donné la mini-série tournée par Mick Garris.
En tout cas, Shining n'est peut-être pas si compliqué que ça à comprendre. Jack, dans le film, est en fait un "dry drunk", un alcoolique qui a arrêté de boire mais dont la façon de penser reste tellement guidée par l'alcool que même sans boire il a un comportement obsessionnel et peut replonger dans le comportement de quelqu'un d'ivre.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ivresse_mentalehttp://alcoholrehab.com/addiction-recov ... -syndrome/Ce qui n'a pas du tout été le rapport de King à la boisson et ça explique qu'il ne se reconnaisse pas du tout dans la représentation du film.