Plutôt mitigé suite au visionnage de ce Shutter Island. Y'a du bon, et des éléments qui m'ont moins accroché.
Niveau réalisation, c'est nickel, avec une ambiance poisseuse et angoissante assez proche de Silent Hill. Le contexte historique avec les flashbacks des camps de concentration aide à développer cet aspect mélancolique. Les acteurs sont bons (DiCaprio ressemble étrangement à Clovis Cornillac, je trouve), rien à redire.
Mais j'avoue avoir progressivement décroché alors qu'il paraissait évident que le perso de DiCaprio était victime de troubles mentaux plus déconnants qu'un "banal" psychotrauma militaire réactivé par son histoire familiale. Ça devenait compliqué de s'intéresser à l'enquête alors qu'on ne peut plus vraiment se fier à ses perceptions (surtout à partir de la visite du bâtiment C où là, c'est vraiment plus possible de se croire dans la réalité) ; j'étais plus dans l'attente que la confusion du scénario se clarifie avec l'annonce de ce que j'attendais être le twist (à savoir qu'il était le n°67). Cela m'a donc donné l'impression de trainer en longueur. Néanmoins, lorsqu'on y a enfin le droit, j'ai trouvé que c'était plutôt malin cette histoire de jeu de rôle. Malin, mais complètement taré, faut le dire. Rétrospectivement, ça explique certains trucs intéressants (les hallucinations et les cauchemars, bien sûr, mais surtout le comportement étrange des pensionnaires de l'ile), bien que le flou demeure sur ce qui s'est réellement déroulé (le psychiatre sous-entend que la tempête faisait partie du délire de DiCaprio ?!).
Après, le film offre tout de même une vision de la psychiatrie plus cinématographique que réaliste (à la fin, c'est un peu "allez, guéris s'teu plait" avec un côté "admets que nous les psychiatres sommes du côté de la réalité"), malgré ses ancrages dans une pratique concrète (psychochirurgie, arrivée de la chlorpromazine, qui est bien un neuroleptique malgré ce qui est dit). Je sais pas trop si j'ai eu du mal à me détacher de ça.
Sympa donc, mais un peu trop long.
Edit : en lisant les avis précédents, ça m'a rappelé que la dernière réplique, bien qu'intéressante, était néanmoins un peu bancale. Même s'il simule la folie pour conserver le (pseudo)beau rôle qu'il s'est reconstruit, DiCaprio ne choisit pas vraiment la mort, mais la lobotomie. Ça ne va pas le tuer, il restera le même en version apathique.
@ Deathtripper21 : concernant l'hypothèse d'un réel complot dirigé contre DC, il faut tout de même noter que jamais on ne voit les fameuses pratiques de manipulation pharmacologique ou chirurgicale afin de niquer les cocos. Et pourtant, DC parcoure tous les lieux importants de l'ile.
@ Sledge Hammer : personnellement, je trouve qu'éviter la bête assimilation psychiatres = nazis est plutôt intelligent. Le film insiste déjà sur cette thématique sans pour autant avoir besoin de la valider. A moins bien sûr d'être scientologue.