Petit déterrage de topic.
Ce film fait partie des rares films dont je peux affirmer avec assurance que c'est un chef-d’œuvre (dire qu'un film est excellent ne me pose aucun souci, mais il faut vraiment qu'il atteigne le degré rare de perfection et de génie du métrage de Elem Klimov pour que j'ose employer un mot aussi fort que "chef-d’œuvre"). Un de mes films préférés et, j'ai un peu honte de le dire vue la violence de ce qui nous est montré, un réel plaisir de visionnage. Le film est truffé d'idées géniales de mise en scène (les gros plans sur les acteurs filmés chacun de face quand il y a un dialogue entre deux personnages, le gros plan sur l’œil de la vache, l'invasion de mouches qui fait monter la tension sans qu'on sache encore ce qu'il s'est passé, les visages cendreux, fripés et ridés de Fiora et de la jeune fille après le massacre, la tirade convaincue et glaçante du SS sur les enfants qui doivent impérativement mourir, la scène finale...). Ce n'est pas un film
de guerre (les films
de guerre classiques glorifient toujours plus ou moins la violence en adoptant un ton manichéen). C'est un film
sur la guerre, sans aucune scène de bataille, qui montre ce à quoi ressemble vraiment une guerre, n'importe quelle guerre, où l'héroïsme n'a pas sa place et où se commettent les pires atrocités, en prenant pour cadre l'une des guerres totales les plus inhumaines et sauvages de tous les temps. Comme l'analysait très finement benoit plus loin, le jeune Fiora a au début une image héroïque, aventureuse et follement amusante de la guerre comme beaucoup d'enfants, un jeu en plein air avec de bons camarades, l'occasion de sortir de son village de culs terreux et de "plume la poule" pour vivre de folles aventures qu'il pourra ensuite raconter à son copain sur un ton vantard. Et peu à peu, il est confronté à LA guerre, la vraie, les parachutistes allemands lui offrant l'expérience initiatique et le passage à l'âge adulte _ à l'âge canonique rien qu'à voir sa tête _ le plus traumatisant qui soit. Un très beau film, à classer au coté du
"Tchékiste" comme exemple de film russe remarquable sur les tueries de masse et leurs impacts sur l'être humain (et aussi sur les animaux, via la vache).