Bonjour. Je viens de me le rematter, et son statut de film culte ne me semble pas du tout exagéré !
Il y a de ça quelques années, alors que j'étais un adolescent boutonneux mal dans sa peau, j'ai acheté le DVD avant tout pour tenter de plaire aux rares copains qui venaient chez moi (et qui ne se privaient pas pour me dire d'emblée en voyant ma collection de VHS/DVD "ah ouais, mais en fait toi t'as que des films de merde !"). Et aussi parce que mon père m'avait dit qu'il était bien ce film là, que Schwarzy se la pétait pas des masses contrairement aux autres gros bras du film. Quand je l'ai acheté, mon père s'est foutu de ma gueule, je lui rétorque "mais papa tu m'avais dit qu'il était bien ce film !", et il me répond sarcastiquement "rooh ouais c'est un chef-d'oeuvre !", du coup ça m'a cassé net mon élan et j'ai pas regardé le film avant un bon moment. Mon père aime bien me taquiner et changer de point de vue sur des films qui me font envie ou me plaisent juste pour me contrarier (ça a été pareil avec Commando et Star Wars), c'est une sorte de jeu entre nous mais un jeu à sens unique.
En outre, à l'époque j'avais 14/15 ans et j'étais pas trop fan de films gore (en fait j'avais surtout peur d'avoir peur
n'en ayant jamais vu aucun, à part Starship Troopers (qui n'est pas exactement un film gore mais bien sanglant quand même) que j'adorais regarder quand j'avais cinq ans alors que Mars Attacks m'avait fait pisser au lit) donc comme mon père m'avait dit que c'était assez violent, je n'osais m'y risquer. Et puis l'année suivante j'ai ressenti, comme tant d'autres jeunes mais avec un peu de retard, le besoin de voir de l'ultra-violence et me suis fait quelques Romero, Anthropophagous et autres slashers, et c'est tout naturellement que j'ai été à la découverte du Predator. Et quelle claque !
Comme tout le monde l'a dit, la mise en scène est magistrale, les effets spéciaux ne vieillissent pas (ou vieillissent bien) contrairement à bon nombre d'images de synthèse contemporaines qui je le sents deviendront vite obsolètes, le monstre est super-charismatique, l'ambiance est à la fois oppressante et a quelque chose de profondément exaltant, la tension et la peur primale sont parfaitement rendues. Et je crois que ça n'a pas assez été dit mais les acteurs jouent bien ! OK ce sont des bodybuilders huilés qui jouent des gros barraqués testostéronés et brutes de décoffrage, mais le fait est là : malgré le coté "incredible" de la première partie dans l'action bourrine, ces commandos invincibles, badass, frimeurs et crétinoïdes sont énormément sympathiques, déjà d'une, et surtout on y croit ! On entre dans le film, dans ce paroxisme de la testostérone et les acteurs incarnent à la perfection les mercenaires indestructibles. L'ambiance d'apologie de la paire de testicules hypertrophiés est tout simplement réjouissante. On sents d'ailleurs un certain second degrés dans les scènes en mode "honneur militaire" avec la musique recueillie ultra-pompière, le noir qui jure de venger la mort de son frère d'armes en regardant la lune avec de l'émotion dans la voix
"Tu t'souviens, snif snif !, mon vieux pote, au Cambodge quand on est tombés dans cette putain d'embuscade, snif ? 32 pauv' gars de notre escouade tués et toi et moi on était les seuls survivants ! Snif snif ! Je jure que j'vais retrouver le salaud qui t'a fait ça, et j'vais lui graver ton nom sur le bide !" Le contraste est d'autant plus réussi quand on voit ces bêtes de guerre surpuissantes et invincibles se faire massacrer avec autant de facilité par le Predator. C'est très bien trouvé car la menace apparait encore plus effrayante. Si Schwarzy et son commando d'élite sont impuissants face à l'extraterrestre, qui pourra nous sauver en cas d'invasion ?
Il n'y a pas vraiment de message, en revanche il y a un thème très prononcé : la virilité du chasseur. Comme le comte Zaroff, le Predator laisse une (maigre) chance à ses victimes, ne s'attaquant qu'à ceux qui portent une arme car sinon ce ne serait pas sport, trop facile. Le final survivaliste est un des meilleurs du cinéma, je trouve, faisant de Schwarzy un héros mythologique, un homme préhistorique, un animal sauvage faisant corps avec la nature et avec ses instincts les plus primaux pour vaincre son adversaire. Deux adversaires qui se respectent, comme quand le Predator, après que Schwarzy ait perdu son camouflage boueux au contact de l'eau d'un ruisseau, décide d'enlever à son tour son camouflage en retirant son masque, les deux prédateurs dévoilant communément leurs visages pour se toiser et lutter à armes égales (le Predator et Schwarzy échangeant à présent des coups de poings après s'être tiré dessus lorsqu'ils étaient tous deux armés). Ce duel a quelquechose de beau voire de pur. De même, le coté suicidaire du Predator est intéressant et original je trouve. Et la femme apparait la seule personne sensée dans cet univers de machos plus ou moins décérébrés [SPOILER =]
d'ailleurs c'est la seule qui survit. Avec Schwarzy bien sûr, car comment voulez-vous convaincre les producteurs de faire mourir Schwarzy en même temps que son adversaire ? C'est pas un champignon nucléaire dans la jungle amazonienne qui va empêcher le public américain de voir son héros gagner ![SPOILER]
Quand j'ai revu le film à la télé avec mon père, j'ai eu un peu de mal à lui expliquer que "Predator" n'était pas un nanar mais un bon film. Car c'est vrai que c'est tellement con par moments qu'on a ri à plusieurs reprises. Mais m'est avis que c'est plus
avec le film qu'à ses dépends. Au final, on a conclut tous les deux que Predator est un film divertissant car on a passé un super moment ensemble. Et c'est bien là le but pleinement atteint par Mc Tiernan. Et même plus encore.
CHEF D'OEUVRE !!!!!