Une affiche qui se moque un peu du monde en mettant en avant un gus (certes joliment tatoué) qu'on aperçoit 30 secondes.
Voici donc le dernier flop de Keanu Reeves, une réinterprétation de la geste des 47 ronins partis venger la mort de leur daimyo déchu, à la sauce med-fan. Premier point qui pique un peu : les CGI sont vraiment moches, enfin plus précisément leur intégration numérique car le design du bestiaire fantastique est pas si mal (la gloumoute finale est pas dégueu et j'ai bien aimé le look des Tengu). Les forteresses en 3D font par contre très artificielles. Et c'est dommage car par ailleurs, les costumes et les décors sont vraiment splendides, la production n'a pas mégoté sur la reconstitution culturelle, surtout quand on voit que tout a été créé pour le film.
De plus, l'action est au RDV, ça se bastonne, à 2 ou à plein, avec une jolie mise en scène de l'infiltration finale du château durant laquelle les bonnes idées s'enchainent (les gardes du fond qu'on bute en 3 secondes pour leur piquer leur casque et les remplacer mine de rien). Les acteurs assurent leur choré et ça fait plaisir de retrouver Horoyuki Sanada qui a toujours la classe (un peu au détriment de Keanu qui fait plus dans l'inexpressivité que dans l'émotion retenue, mais bon, c'est sa marque de fabrique).
Mais alors qu'est-ce qui coince ? Sans doute que 47 Ronin manque d'un véritable souffle épique, quand bien même il tente de le piquer au Seigneur des Anneaux (les cavalcades dans des paysages qui sonnent plus Terre du Milieu que Japon ou le troll des cavernes hollandais), et il retombe parfois dans un travers pseudo-rôliste (le village des forgerons ?!).
Le terrain narratif est trop balisé : le méchant est méchant (il sourit de manière sardonique), les gentils sont naïfs et racistes mais ils ont de la bravoure et de l'honneur, Keanu et la princesse Asano rêvent un amour platonique interdit, tout le monde parait un peu concon et in fine, on se fiche un peu de la trajectoire de ces personnages pour qui on a du mal à ressentir de l'attachement (sauf Sanada à la rigueur, qui arrive à emporter le morceau avec son charisme). Et perso, j'ai toujours du mal avec les films d'allure nippone tournées par des studios américains où tout le monde cause en Anglais avec un accent jap.
Cet équilibre inégal donne donc à 47 Ronin un statut de série B friquée qui vaut largement le coup d'oeil pour peu qu'on ne s'attende pas à un grand film d'aventure.