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Jason Tantra, un cameraman placide, rêve de réaliser son premier film d'horreur. Bob Marshall, un riche producteur, accepte de financer son film à une seule condition : Jason a 48 heures pour trouver le meilleur gémissement de l'histoire du cinéma…
Bien sûr, présenté comme ça, le film ressemble à un remake du Blow Out de Brian De Palma mais connaissant Quentin Dupieux, on peut bien sûr s'attendre à tout autre chose. Et c'est le cas. S'il fallait rester dans la comparaison avec le cinéma du grand Brian, il faudrait plutôt rapprocher
Réalité de
L'esprit de Caïn, de
Femme Fatale voire de certaines scènes de son petit dernier,
Passion, justement de purs exercices de style sur notre rapport de confiance/méfiance à l'image et sur la toute puissance d'un réalisateur sur notre rapport à la Réalité.
Ainsi, le film propose un véritable catalogue des moyens cinématographique de mystifier le spectateur en mode "Mais tout ceci n'était qu'un rêve/un tournage de film/une rêverie". A sa façon,
Réalité se rapproche aussi du cinéma de David Lynch dans son travail sur le rêve d'influence surréaliste, ce à quoi Quentin Dupieux ajoute un côté plus ouvertement délirant (au sens comique du terme) se plaisant à perdre constamment le spectateur qui tenterait de donner du sens à tout ça si bien que, très vite, on se perd avec plaisir dans la structure labyrinthique du film, avec ses personnages qui sont rêvés par les uns, lesquels sont en fait acteurs dans le film que tournent les autres, lesquels connaissent dans la vraie vie les premiers, qui vont à leur tour rêver que...
Au final,
Réalité est bien plus qu'un simple exercice de style, multipliant les mise en abîme sans oublier de mettre en parallèle le délire ambiant avec l'incongruité des comportements humains en général (La continuité du film
Réalité est autant cassée par ses mises en abîme que le résumé du projet de film de Chabat l'est par les interruptions incessantes de son producteur Jonathan Lambert) et évoquant les différentes angoisses et névroses d'artistes (Chabat qui va voir son propre film, Cronenbergien au possible, au cinéma). Difficile de comprendre tout de suite ce qu'on a vu, ni même si ça a un sens profond mais ça fait super plaisir à voir.
Ca me donne envie de relire Queneau, tiens...
Bande-annonce :
https://www.youtube.com/watch?v=UbEqPsq8PyY