Eh ben, tout ça pour ça... Je crois qu'il y a une catégorie "ni chaud, ni froid" sur ce forum,
Jurassic World y a sa place; mais pas vraiment en nanar, quoi que... La saga JP est donc du même niveau que celle de
Scream, le 1 est bien, les autres sont comme le 1, mais en moins bien.
N'est décidément pas
Spielberg qui veut, y'a rien à faire, quand il n'est pas aux commandes ça se voit: il a eu beau collaborer au scénario (mais surtout financièrement, j'imagine), rien ne tient la route comme dans le premier. La force des films de Spielberg (catégorie "aventure", Indiana Jones & co) c'est que le scénar est bien ficelé, cohérent, bref ne fait pas penser à un scénar que des gamins de 10 ans auraient pondu sans se rendre compte que c'est un peu trop "léger" pour en faire un film. Il est tellement pro en matière d'action qu'il ne laisse pas le temps au spectateur de se poser la question de la cohérence (qui n'est finalement que secondaire, si le film est divertissant); et JW rate complètement cet aspect-là.
Image ne servant à rien d'autre qu'à divertir l'oeil dans ce pavé(Spoilers à suivre)
J'ai pas bien compris l'angle choisi pour ce volet: c'est "sérieux" ? Second degré ? Ni l'un ni l'autre de ces angles n'étant franchement abouti, j'imagine que "chacun peut le voir comme il veut" (la vieille excuse bidon qui ne sert qu'à ratisser large, en semant le doute) mais j'ai la bizarre impression de ne pas avoir vu un "JP", mais plutôt un ersatz au rabais, une version concurrente qui essaie mais n'arrive ni à intéresser, ni à divertir.
Le parc n'a rien d'extraordinaire, ça ressemble plus au zoo de Thoiry avec un grand bassin qu'à une méga-infrastructure qui en jette, de toute façon on a même pas droit à une espèce de visite guidée qui permettrait de s’immerger dedans, on doit se contenter de quelques vues aériennes et basta. Aucun effort n'a été fait pour intégrer le parc à la franchise JP, on apprend juste que ça fait 10 ans qu'il existe, pourquoi et comment ça doit certainement être dit, mais c'est vraiment réduit à deux phrases (en tout cas, je ne m'en souviens même pas).
L'histoire est donc d'une platitude et d'une paresse sans nom: y'a des gens dans un parc à dinos, des dinos s'échappent et les gens ont peur. Bon, soit; mais autant garder ce scénario pour un vrai zoo - une poignée de tigres en vadrouille aurait fait l'affaire. Les principaux protagonistes sont le dresseur de dinos, la rousse "Barbara Gould" aux gros nichons et les deux gosses, qui ne servent à pas grand chose d'autre que pour une morale "la famille, c'est sacré" attendue dès la première scène.
Les effets spéciaux, bah comme d'hab quoi: les dinos "en kit" (têtes / pattes) c'est de l'animatronic, et comme d'hab aussi ils veulent qu'on voit bien qu'il y ont mis le paquet: à chaque gros plan sur la tronche d'un dino, il a tout qui bouge en même temps (il cligne des yeux non-stop tout en montrant les crocs, en soulevant un sourcil et en ayant un rictus au coin de la bouche); le reste c'est du CGI à 100000000$ le pixel. J'ai pas trouvé le résultat particulièrement bluffant, comparé à JP3.
Les références au premier, j'appelle ça plus de la resucée que du "clin d’œil", faut pas pousser... C'est de toute façon soit de la scène identique, soit de la grosse référence bien baveuse qui permet à Jacky de pousser son voisin du coude en lui disant que "ah ouais, c'est comme dans le 1, t'as vu !" (parce qu'il est perspicace, Jacky !) bref, niveau subtilité, il ne faut pas s'attendre à grand chose non plus.
Les personnages sont archi-caricaturaux; c'est certainement fait exprès, mais faut pas pousser non plus: on est en 2015, donc le gros plein de soupe tout blanc, tout riche et sans vergogne, le rebelle solitaire a qui il faut pas chier dans les bottes, la dinde sur-diplômée de Harvard au look d'esthéticienne, ça passait jusque dans les années 80; là, il aurait été de bon ton de mettre le nez dans la poudreuse et trouver non seulement mieux, mais plus actuel.
Une des spécificités de Spielberg, c'est aussi d’arriver à intégrer des scènes comiques, y compris dans des situations extrêmes. Ça détend l’atmosphère, ça change de l'action, bref ça fait partie du divertissement. Le tout est de savoir quand il est approprié de mettre une de ces scènes, et le réal de JW n'en a aucune idée: par exemple, quand Barbara Gould et Indy prennent le temps de se chamailler amoureusement en parlant chiffon et "girl power" en haut de la falaise alors qu'ils n'ont aucune idée d'où se trouvent les deux gosses (ni s'ils sont toujours vivants) et sont censés être activement à leur recherche, c'est n'importe quoi. Idem pour le râteau que se prend un des employés (vers la fin), j'aimerais savoir qui sur le plateau s'est dit que ça serait drôle, ça tombe surtout comme un cheveu sur la soupe.
Le gros, l'énorme point noir, qui suffit à pourrir le film:
la sécurité du parc - Dès la première "attaque" (dans l'enclos), personne ne sait quoi faire, les "ingénieurs" sont complètement à la ramasse. Ça fait 10 ans que le parc est ouvert, mais à part regarder les trois gaillards manquer se faire bouffer par le
je-ne-sais-quoi-saurus du haut de leur tour ils ne font strictement rien, aucun plan B n'ayant jamais été prévu si une des bestioles n'était pas contente. On apprend aussi que le
machin-saurus s'est débrouillé pour virer son émetteur implanté
dans le dos, donc soit façon "Baloo" en se frottant à un tronc d'arbre (ce qui suffit à me faire ricaner), soit grâce à l'aide d'un de ses confrères
casimirus, en pointant son dos avec ses petites pattes atrophiées pour qu'il sache où mordre et virer ce satané mouchard.
- Les deux gamins sont livrés à eux-mêmes dans le parc, font les attractions seuls; il n'y a de toute façon aucune supervision générale, notamment pour la sphère - ils vont où ils veulent, le parc se contente d'une simple annonce pour dire que "tout est cassé, désolé" et compte sur la maturité du visiteur (y compris les mineurs non-accompagnés) pour quitter sagement les attractions et ramener la sphère au parking. À ce propos, les gamins sont les seuls à profiter de la "vallée à dinos"; alors que l'attraction bat son plein, aucune autre sphère à l'horizon hormis la leur.
- Le QG des savants-fous est un vrai moulin: Indy (il me semble) y entre sans grands efforts, alors qu'il n'y est pas autorisé. Un gros balèze en combo costard/flingue à l'entrée lui demande son badge, il n'en a pas donc le fait savoir en forçant le passage en le poussant, le garde dit "mais, euh", et Indy passe (détail, mais bon ricanage aussi).
- Le pompon reste la scène la plus ridicule du film, qui en plus sert de scène finale - l'attaque des oiseaux enragés ! La foule en délire tourne en rond en agitant les bras en l'air comme dans les pires (meilleurs ?) nanars, aucun membre du staff ni aucune annonce ne leur dit de rentrer dans les buildings pour se mettre à l’abri (ils tournent vraiment en rond comme des demeurés en arrière plan, y compris pendant que les deux héros se font des bisous-bisous, ça m'a achevé
) et de toute façon les piafs, préhistoriques ou pas, on s'en tape - c'est du dino qu'on veut (le 3 était bien assez chiant avec ses chauves-souris géantes) donc merci aux producteurs d'en tenir compte pour le 5 (ils me liront certainement).
Le fils du désert a écrit:
- Le personnage d'Omar Sy. Il est sympathique mais ne sert pas à grand chose. Sans doute a-t-il été placé là pour dire aux spectateurs français : « Hé ! Regardez vous avez une star internationale chez nous ! » Mouais...
Oui, ça doit être pour ça
Ça ne peut de toute façon pas être pour les quotas, histoire d'avoir un comédien coloré avec trois lignes à dire, et certainement payé au lance-pierre ("parce que bon, un est un peu ric-rac niveau budget,
you know... mais bon, c'est
Jurassic Park, Buddy !").
Sur ce sujet, il n'y a pas que du placement produit dans le film, il y a également du "placement ethnique": dans chaque scène montrant le public, une personne noire ou Asiatique est judicieusement placée bien en évidence parmi une forêt de blancs, avec même un gros plan de temps en temps, histoire qu'on ait bien vu la personne colorée et qu'on vienne pas dire qu'il n'y a que des blancs, puisque ça serait même pas vrai.
Bref, pour ma part pas grand chose de bon - et vu qu'il n'y a aucune "scène-clé" (comme celle du T-Rex dans le 1) rien ne me donne envie de le revoir, même pas lors d'un passage télé dans quelques années. Ça va être comme en tombant sur le 2 et le 3, "chouette, y'a JW !" puis zappage 10mn plus tard, vu que la qualité / l’intérêt du 1 n'y est pas. C'est d'après moi le genre de film qui fera rire dans 20 ans (ou avant ?); en tout cas
meilleur démarrage de tous les temps OK, mais je suis curieux de voir ce que ça va donner sur la durée - pour moi c'est un film de camping à regarder du coin de l’œil en se remettant de sa journée de plage, de la coquille vide.
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