Titre original : Superman IV, The Quest for Peace
Autre titre : Superman IV, le face à face
Réalisateur : Sydney J. Furie
Année : 1987
Avec : Christopher Reeve, Gene Hackman, Jackie Cooper
Catégorie : Super Héros
Genre : C'est un oiseau, c'est un avion ? Non c'est un nanar !
Durée : 85 Minutes
Pays : USA
A l'attention de ceux qui viendraient juste de naître tout en sachant lire, auquel cas vous avez mon respect, de ceux qui débarqueraient d'une autre planète (laissez moi m'incliner devant votre puissance supra cosmique) ou encore de quidams qui se réveilleraient après plus de 70 ans d'hibernation – je signale à ceux là que le DVD de Devil Story est enfin sorti pour un prix dérisoire – je me permets de faire une petite piqûre de rappel. Superman est sorti de l'imaginaire de deux étudiants, Jerry Siegel et Joe Shuster en 1932. Ce surhomme, immigré de la planète Krypton, vient taper l'incruste sur notre Terre natale, tout ça parce que son monde a explosé. En gros, il débarque et c'est comme ça. Cette figure de proue de DC Comics, donc grand rival de Marvel, l'autre écurie remplie à ras bord de super héros a suscité très rapidement un engouement certain, devenant à l'instar du Captain America (Copyright Marvel) un monument incontournable de la bande dessinée d'abord et de l'Amérique libre, pure et dure ensuite. Ce succès devait irrémédiablement déboucher sur une pléiade d'objets plus ou moins de collections en tous genres dont panoplies non volantes et bien sûr films. Mais contrairement à ce que beaucoup de gens pensent Christopher Reeve ne fut pas le premier à se glisser dans la peau de l'Homme de Fer (et n'y voyez aucun jeu de mot). Dès 1948, le dénommé Kirk Alyn incarnait l'invincible héros dans une série TV qui, bien que primitive et un peu dépassée aujourd'hui, avait émerveillé les grands et les petits.
Il faudra pourtant attendre 1978 pour qu'un vent nouveau emporte Superman vers la stratosphère du succès, Christopher Reeve se chargeant de porter le film sur ses épaules d'acier, avec sa démarche à la cool et son sourire dentifrice. Kirk Alyn y faisant même un petit caméo au passage, histoire de. Bons effets spéciaux, casting au petits oignons, l'avenir semblait sourire au kryptonien dans les salles de cinéma. Et pourtant, pourtant...Après un deuxième opus acceptable et un troisième déjà sujet à caution, ce n'est plus un vent, mais une redoutable tornade qui allait s'abattre sur Superman en 1987, pour la sortie du quatrième volet de la franchise.
La nouvelle kryptonite de SupermanEh oui, revoici le coup de « Cannon » qui a descendu en flèche bon nombre de scénarios prometteurs. La licence Superman n'échappera pas à cette règle. La compagnie de Golan/Globus se paie la franchise et décide brutalement que Superman, ça sera LEUR truc, leur remonte pente, leur cric, bref, la chose qui leur permettra de se faire un grand nom. Le résultat ? Une calamité. Une chose tellement atroce qu'elle embarrasse encore le plus hardcore défenseur de l'homme en collant. Un budget réduit quasiment de moitié et par la même occasion un film réduit de moitié puisque le métrage passera de 135 minutes initiales à 86 minutes, faisant passer le tout pour un long téléfilm. Et on est pas loin de la vérité. Dès l'ouverture du film, on sent bien vite que quelque chose ne va pas. Le générique annonce franchement la couleur dès le début. Pas de pognon, pas de techniciens super doués, d'où crédits balancés à la va vite sur un écran tout noir très moche.
Avant...Après...Passons vite fait en revue l'histoire : Nous sommes donc en 1987, la Guerre Froide tire sur sa fin mais la course à l'armement nucléaire a dépensé les milliards des contribuables, tout ça pour pouvoir faire sauter plusieurs fois la planète sans bouger un orteil. Outré et inquiet pour son avenir chantant d'américain, une petite tête blonde nommée Jimmy écrit une missive pour Superman, en lui disant que le nucléaire c'est pas beau et qu'il pourrait quand même faire quelque chose au lieu de se tourner ses super pouces dans son 2850 m2 en plein cœur de l'Arctique. En moins de temps qu'il n'en faut à Kojack pour se faire la raie de coté, l'ange gardien de Métropolis rassemble toutes les ogives dans son grand filet de pêche intersidéral et envoie tout ça dans le soleil. Mais c'est sans compter l'infâme Lex Luthor qui ourdit une fois de plus un complot pour mettre à bas sa Némésis. Créer un être d'après les cellules de Superman, afin de lui opposer un adversaire digne de lui. Le tout donnera naissance à...
NUCLEAR MAN !! (pardon, c'est l'émotion). Ne nous trompons pas,
NUCLEAR MAN constitue l'un des piliers nanars de cette œuvre. Tout est complètement fou, inexplicable, risible, hystérique bref, un régal. Sa conception fait partie intégrante du ridicule complet du personnage. Considérons d'abord que Lex Luthor se procure l'ADN de Superman avec un cheveu à lui, que ce dernier avait gracieusement offert au muséum d'histoire naturelle du coin. Pour démontrer l'aspect invincible de la chose, le cheveu est montré suspendu à un poids de plusieurs centaines de kilos. Ce qui n'empêchera l'astucieux Lex de le sectionner avec une pince de chez Leroy Merlin. Mais bon admettons...
Ici nous devons faire une petite parenthèse. Comme nous l'avons vu plus haut le film s'est vu amputé d'une grande partie et pas mal de scènes croustillantes sont passées à la trappe. Dont notamment le prototype de
NUCLEAR MAN qui ressemble à s'y méprendre à un comptable lambda à poil avec une assiette en alu sur le devant pour masquer ses attributs nucléaires virils. Mais ce premier essai était raté – que dire de la version finale ! - et Gene Hackman récidive en prenant en compte cette fois le paramètre de la tenue d'Adam de son petit protégé. Parce que c'est vous, je vous donne la recette pour avoir votre propre Nucléar Man. Un tas de gelée, un liquide bleu et un peu de tissu que vous mettez dans une petite mallette. Après il ne vous reste plus qu'à vous procurer un missile nucléaire et de l'expédier dans le soleil. Ne me remerciez pas...
« L'ordinateur interne veillera à fabriquer assez de tissu pour assurer à mon invention la meilleure tenue vestimentaire de mes impératifs moraux... »Bardé d'effets visuels bien craignos, Nucléar Man débarque donc sous les traits de Mark Pillow !! Cet homme a connu une carrière aussi brève que remarquée, ceci expliquant peut être cela. Nous avons un nouveau maître étalon en matière de cabotinage, se hissant sans peine à la hauteur d'Henri Tisot. Il hurle, grogne, saute en faisant des larges mouvement de bras, grimace à s'en décrocher la mâchoire ! Il convient de préciser qu'il hurle de manière assez particulière puisque son cri de rage est en fait celui d'un monstre géant ! En post synchro, ce type en collant doré pousse les rugissement de quelque kaiju piqué ici où là, à moins qu'il ne s'agisse d'un dinosaure. La dernière demi heure est juste de l'or en barre, un monument de ridicule et de franche rigolade. Toute la séquence sur la lune devrait être montré dans toutes les bonnes académies de cinéma afin que l'on puisse voir comment un combat qui se doit d'être épique se limite à deux catcheurs de la WWE s'échangeant des baffes en apesanteur. Et encore, je suis bon prince...On pourra éventuellement s'étonner qu'une femme, même superbe, puisse survivre en apesanteur dans le vide intersidéral en ayant rien d'autre sur elle qu'un petit tailleur seyant mais bon, encore une fois, je pinaille peut être.
Festival Mark Pillow !« You will believe a man can fly ». Tel était l'adage du premier volet, qui annonçait sans détour que Superman allait voler avec autant de réalisme que possible. Il faut avouer que pour l'époque les techniques étaient bien rendues et au final cela passait bien. Mais en ce qui concerne ce quatrième opus...Jamais au grand jamais on aura vu autant de trucages visibles. C'est bien simple, chaque plan de vol, chaque séquence surnaturelle devient un jeu de « Où est le fil ? ». Pour un métrage sur un homme volant, c'est une catastrophe. D'incrustations dégueulasses en cache visibles, de câbles scintillants en petites plateformes indiscrètes, c'est un festival ! Rajoutons que si le vol en tant que tel est désastreux, les séquences entières où notre héros utilise ses capacités extraterrestres sont à mourir de rire. On apprendra avec effarement que Superman possède aussi le pouvoir de faire des briques avec ses yeux, puisqu'il reconstruira la (maquette de) Grande Muraille de Chine juste en la regardant ! Il est vraiment trop fort ce Superman, il devrait travailler pour la DDE, ça lui ferait les pieds. Rentabilisons les super pouvoirs !
Des effets spéciaux...remarquables.Si les séquences de vol sont aussi piètrement rendues, c'est naturellement en raison du budget décati alloué par la Cannon. Mais ceci constitue la face visible de l'iceberg. Il faut aussi savoir que faute de moyens, la quasi totalité des scènes furent tournées...en Angleterre. New York, c'était trop cher. C'est vrai et puis bon après tout on aurait pu faire passer Big Ben pour un gratte ciel, on en était pas à ça près. D'où le rendu comique de certaines scènes, dont un passage assez hilarant où Superman va faire un tour aux Nations Unies. En fait un bête amphithéâtre de fac, mais qui pourrait s'en douter ? Et là, donc, le kryptonien déclare vouloir faire « ce qu'aucun dirigeant n'a eu le courage de faire », de virer et détruire toutes les armes atomiques, sous les vivats enthousiastes de toute la salle. Personnellement je n'ai pas trop compris comment ils pouvaient tous exploser de joie à l'idée qu'on puisse outrepasser de la sorte les droits des chefs d'États. Mais là, derechef, c'est peut être moi qui suis hermétique au bon sens du film.
Au cas où vous l'ignoriez, le président des Nations Unies en 1987 était un chef bantou.Lister tous les défauts de ce film serait une tâche qui incomberait à Superman. Il faudrait également dire deux mots sur le casting, car les résultats assez moyens de Superman 3 avaient déboutés les acteurs et il a fallu que Christopher Reeve persuade, de manière assez difficile si l'on en croit les scénaristes, le reste du casting de se rallier à lui. Gene Hackman n'était vraiment pas chaud et on sent bien qu'il s'en donne à cœur joie dans le cabotinage un peu absurde, même si il se fait voler la vedette par Mark Pillow (pour un type qui s'appelle oreiller c'est le comble). Il me navre un peu de le dire mais la brave Margot Kidder qui joue le rôle de Lois Lane est assez affreuse à regarder. Je prends en compte que le quatrième volet est sorti quelque dix ans après le premier mais le temps ne lui a pas fait de cadeau et on a un peu du mal à s'accrocher au personnage. Quand à Christopher Reeve... Il fait ce qu'il peut mais on sent quand même qu'il n'y est plus et ses interventions en Superman sont parfois aussi balourdes que Clark Kent. Le naufrage de ce film fut similaire à celui de
Batman et Robin, il faudra attendre pas moins de 20 ans pour que Superman revienne au cinéma en 2006. A signaler que le flop mit aussi un terme à un projet de la Cannon de faire un
Spiderman. Fléau ? Pépite ? Nul ne pourrait le dire à présent. Il serait justice maintenant d'enterrer toutes les copies de Superman 4 dans la Forteresse de Solitude et d'en jeter la clé.
Note : 2,5/5
Rareté : 1 Courant
Il ne faut pas se leurrer, le film est disponible et trouvable partout, en édition simple ou en coffret. Maintenant, pour les puristes qui veulent en plus avoir un son merdique, il reste des VHS...
Vous noterez au passage la tête vraiment immonde de Christopher Reeve par rapport au reste du corps...
BONUS : Extraits coupés
Un magnifique mannequin de fillette emporté par une tornade.
Nucléar Man, le prototype raté !
Merci à Mok et Gregoire01 d'avoir les premiers fait mention de la chose !