Aaaah, bah ça fait plaisir de voir que Mattéi ne tourne pas au vinaigre avec l'âge. Y'a que lui pour réussir à adopter son style si légendaire au monde moderne. Relecture de Cannibal Holocaust avec la finesse d'un yéti géant dans un entrepôt de poussins, Cannibal World a tout ce qu'il faut pour contenter le nanardeur amateur du tandem jungle moite et viande crue ; les acteurs sont fabuleux que ce soit les vils reporters (avec un lookalike de Ségolène Royal) ou le groupe de capitalistes (on frôle là la perfection) ; l'histoire est incompréhensible malgré sa simplicité, bourrée d'incohérences de toutes sortes (mais au final, pourquoi les gardes de la Funaï tirent sur les indigènes ? Et pourquoi les reporters envoient les rushs où on les voit mettre en scène les faux massacres ?) ; la psychologie des personnages est tout bonnement géniale (ou comment passer à tour de rôle et en 30 secondes du stade scrupules et remords au stade mettons le feu à des sauvages, tiens), un des points les plus nanars du film.
Et en plus de tout ça, Mattéi trouve le moyen de placer ici du stock-shot de Virus Cannibale, du plan nichon, une scène de snuf d'animaux dans la grande (et discutable) tradition d'époque, moult détails nanars qui parsèment agréablement le métrage (un zoom sur un personnage face caméra qui adresse une morale au spectateur, une langue indigène uniquement composée de 3 mots, le JT qui illustre le nom de ses journalistes par des caps tirées du film avec en summum l'image du dernier survivant vu de face, etc...).
Rempli de craquage, Cannibal World réussit par contre pleinement à combler le fan de gore : séquences régulières et bien foutues, agrémenté d'un nawak bisseux à vous faire fondre (aaaah, cette bonne vieille sauvagerie des cannibales lorsqu'il s'agit de s'arracher de la bouche des morceaux de barbaque crue et sanguinolente en poussant des hurlements de bêtes).
Bref, un bon gros nanar qui tâche rouge avec foison d'éléments risibles, que je recommande à tout le monde.
Encore tout surpris de voir qu'on pouvait faire de nos jours un cinéma de ce genre, je donne 4 Mattéi sur 5.
Juste 2 caps :
On voit mieux l'incrustation ridicule du reportage sur la télé.
C'est tiré de quoi ce stock-shot qui jure énormément lors de sa survenue ? C'est pas encore Virus Cannibal ?