Ce film, réalisé, scénarisé par David Heavener, avec dans le rôle principal David Heavener et dont l'auteur des chansons est David Heavener, avait de quoi effrayer. En effet, les amateurs savent qu'on a bien souvent le droit au navet avec ce monsieur (remember Ninja Instinct et consorts).
Mais là, pour une fois, notre gars a fait un film qui s'approche du nanar par bien des aspects.
Peu de temps avant le drame
Oubliez le résumé de la jaquette, il est faux. En fait, l'apocalypse a encore une fois sévi, et il ne reste désormais plus de par le monde que les méchants et les gentils (texto). Ce qui nous donne une bande de bikers complétement dégénérés qui harcèlent des amishs hyporéactifs. Et par la même occasion, qui violent et tuent la famille de notre bon héros, Cody, provoquant ainsi son évolution improbable de l'état de pasteur à celui de justicier cowboy mystérieux sauveur (mais qui donne quand même son prénom quand on lui demande) qui se la pète mais qui n'est pas crédible pour un sou. Bref, David a vu du Leone, et il va prouver au monde ébahi que lui aussi, il peut jouer du Clint Eastwood post-apo ; Reactor, ça sera son Steel Frontier à lui.
C'est la foire aux nichons chez les méchants
Qu'y a-t-il de bon alors ? Et bien les méchants sont une petite merveille au début du film : ils passent leur temps à éclater de rire de la manière la plus sardoniquement grasse qui soit ou bien à ricaner bêtement sans raison ; et pas de soirée Tupperware avec eux, non, plutôt une fiesta autour d'un feu de camp avec étalage de nibards arrosés de whisky, dans une chaude ambiance de
rires graveleux. Menés de main de fer par Hog, un gros lard de 2m06, digne père adoptif de la bande et roi du viol à base de bisous dans le cou. Rarement vu plus débilos que ces bikers-là. A l'opposé, les amishs sont d'une niaiserie absolue, lorsqu'ils passent leur temps à
danser en cercle autour de la chanteuse à guitare (on n'a pas dû les informer de l'apocalypse et des maraudages de barbares). Pacifistes suicidaires, ils ne réagissent à rien, même quand leurs femmes se font violer et cultivent l'inexpression sur leur visage.
Cette dernière qualité ne peut que leur faire adorer Cody qui se pointe par-là, qui lui est passé définitivement Maître Suprême dans l'art de la diplégie faciale. On ne peut pas croire une seconde à son rôle de sous-Lorenzo Lamas du pauvre (ou de sous-Joe Lara, on en vient à se perdre dans la chaîne alimentaire des acteurs de 3ème zone), consternant au plus haut point. Ne prenant aucune initiative (d'où son titre de film), il va et vient dans un état mutique censé rendre plus puissantes ses rares déclarations. Héros solitaire à 2 balles libéré de ses voeux christiques, il défend l'idéologie bible + guns + alcool + cigarillo = bras vengeur de Dieu avec la classe, c'est dire si l'on ne peut douter de l'impénétrabilité de celui-ci.
Dans la famille recyclage de justicier, je voudrais le sous-Chuck..
Mais le véritable héros nanar de Reactor, honteusement sous-exploité, c'est le gus avec la moustache et les pecs poilus à l'air, sosie de Freddy Mercury. Il exhibe en permanence ses attributs musculaires grâce à un décolleté plongeant vertigineux et est un réjouissement permanent pour l'oeil du nanardeur (d'ailleurs, l'éditeur video ne s'y trompe pas en le mettant bien en avant, au détriment de Cody dont on voit à peine un bout de barbe sur le haut de la jaquette). Aussi inutile que tous les personnages qui ne sont pas David Heavener, il entretient une relation avec un ancien ami chinois qui dépasse les clichés les plus ringards de l'amitié trahie puis retrouvée puis brutalement reperdue suite à deux balles bien placées (on félicitera tout de même ce dernier de réussir à nous faire un coup de pied retourné juste après les deux impacts en pleine poitrine).
Tout ça, plus une scène d'amour cul-nu dans les roseaux (prouvant que même les Amishs font de la bronzette topless), l'embuscade la plus minable jamais vue dans un film de ce genre et une musique d'une nullité hallucinante (complétement hors propos, c'est dingue le nombre de cordes foireuses que David a à son arc), fait qu'il y a de quoi satisfaire le nanardeur endurci.
Libérées les p'tites Amish (et téméraires aussi car il faut savoir que l'eau est radioactive)
Un extrait de la nullissime fusillade
Endurci, oui, car Reactor (Deadly Reactor au fait en VO) rest un film fauché au possible. Le dernier tiers du métrage s'étire sans fin vers les 1H20 tant désirée : il ne se passe quasiment rien. A tout moment, le film pourrait s'achever, mais non, on dilue autant que faire se peut jusqu'à obtenir un film aussi concentré qu'une pilule d'homéopathie. Heureusement que de temps à autre, un élément nanar ressurgit pour faire patienter car sinon, j'aurais pu conseiller de s'arrêter là dans le métrage. M'enfin bon, la fin vaut le coup d'oeil pour son côté hautement incompréhensible (alors que tout le déroulement était évident jusque là), faisant presque souhaiter un commentaire audio de David Heavener pour qu'il explique ce qui lui est passé par la tête à ce moment-là (à part du vide, bien sûr).
I'm a poor lonesome David...
Vous voilà donc averti sur les qualités et les défauts (inhérents à ce sous-sous-sous-genre) de Reactor. A vous de voir si vous vous sentez le courage d'affronter le vide cosmique des beaux yeux de David Heavener.
Si ça vous donne pas envie, ça, alors je ne peux plus rien pour vous
Note : 1.75/5
Titre Original : Deadly Reactor
Réalisateur : David Heavener
Année : 1989
Pays : USA
Genre : Y v'nait da vide-grenier (Catégorie : Post-Apocalyptique)
Durée : 1H25
Acteurs principaux : David Heavener, Stuart Whitman, Darwyn Swalve, Norman Bernard, Alyson Davis...
Côte de rareté
5 - Pièce de collection
Aucune édition DVD de quelque pays que ce soit ne semble exister (bah alors David, faut se lancer dans l'édition video !). En attendant, il faudra se contenter des 2 éditions VHS FIP.