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Nouvelle chronique sur le site signée Rico, qui est parti à la chasse au big foot nanar, et nous a déniché un spécimen de 2008 qu'il a retrouvé congelé dans le frigo d'une chaîne de streaming (Amazon Prime, affectueusement surnommée "la déchetterie" par les amateurs du genre). Et cette fois-ci pas de Querelle des Anciens et des Modernes puisqu'on a à la fois du yéti moche en costume latex/fausse fourrure ET du yéti moche en CGI

https://www.nanarland.com/chroniques/nanars-monstrueux/epouvante/yeti.html

Une très belle découverte. Je suis souvent dubitatif devant les nanars contemporains, mais là on a une belle nazerie bien fauchée. Je trouve ça bizarre que le réalisateur ait voulu mettre son yéti alors qu'il y avait déjà moyen de faire un film correct avec le thème du cannibalisme de survie : voir les dégâts psychologiques sur le groupe, les tensions, etc. Et ça n'aurait finalement pas demandé un gros budget pour le faire. Mais pour notre plus grand plaisir, on nous offre un beau yéti qui effectivement ressemble plus à un orc du Seigneur des anneaux.

Chouette découverte en effet que ce yétisploitation contemporain surfant sur le film de survie. Les "Naufragés des Andes" ne s'attendaient sûrement pas à ce que leur calvaire inspire des séries B à base de craignos monsters. On est vraiment dans la pure exploitation à l'ancienne bien réjouissante de premier degré racoleur. Le premier extrait à mourir de rire est un condensé ultime de la bêtise des héros de films d'horreur (mais cours au lieu de hurler sur place comme un débile, crétin !).

Cela dit, excepté quand il est en mouvement, je trouve que le yéti n'est pas si mal fait pour une production de ce très modeste calibre. En fait le problème c'est qu'il... ne ressemble pas du tout à un yéti et qu'il aurait plutôt sa place dans un autre slasher.

Je pense aussi qu'effectivement le réalisateur fait une erreur en le mettant trop en avant. Mais en même temps, le spectateur paye pour voir du yéti, alors on lui en montre un...

Sur le .gif posté dans le premier message, on dirait qu'il commence même à avoir un point de côté.

Un des plus beaux minables hommes des neiges qu'il m'ait été donné de voir.

Pour le fun, rien ne remplacera un mec en costume allégrement montré par son réalisateur. Je me souviens d'un autre téléfilm produit par Syfy sur le même thème : YETIS : TERREUR EN MONTAGNE de 2013 où les créatures étaient full-CGI avec des pixels qui bavaient de partout et une action incompréhensible. Il manquait ces fulgurances de nawak et de violence outrancière qui font le sel des (télé)films d'exploitation (et qui les rendent un poil moins oubliables). A part ça, au premier degré, mon film préféré sur les yétis reste LE REDOUTABLE HOMME DES NEIGES de la Hammer avec Peter Cushing.

L'Abominable homme des neiges alias Half Human d'Ishiro Honda était pas mal du tout aussi, malgré le caviardage US dont il a été victime en occident. Dans la lignée du premier Godzilla et du premier Rodan.

Sinon, pour ce qui est des yétis nanars, je garde une profonde affection pour mon petit chouchou de Curse of Bigfoot :

Ah oui il est beau celui-ci ! Je viens de le rajouter sur la notule du glossaire : https://www.nanarland.com/glossaire/y-comme-yeti.html

Chic ! Ca fait chaud au cœur de voir enfin sa trombine sur le site.
A noter que pour son costume, ils n'ont même pas utilisé de la fourrure mais ont carrément cousu un vieux tapis tout crado :



Sinon, il y a assurément une piste très sérieuse à creuser du coté de la yétisploitation. Même quand il n'est pas employé pour des films d'horreur, le Migou semble virer quasi-systématiquement au nanar. Voir le magnifique spécimen exhumé par Melloctopus dans sa chronique du film familial Yéti, le cri de l'homme des neiges pour s'en convaincre :




Quelques autres bonhommes des neiges si ça peut servir pour la notule :


L'Abominable homme des neiges alias The Snow Creature (1954)


The Beauties and the Beast (1974)



Deux spécimens américains dans Bigfoot (1970)


Le Bigfoot monté comme un taureau sous aphrodisiaque du porno The Geek (1971)


Un yéti made in Bollywood dans Aadi Yug (1978)

Merci pour vos retours, belle collection de yéti nanars. Le genre est particulièrement propice aux films ringards !

D'ailleurs j'ai même eu l'impression que c'était du deuxième degré (l'actrice à côté me fait bien rire aussi), mais comme toute le reste du film se veut sérieux on se rend bien compte que c'est juste de la nullité d'acteurs, d'écriture de scénario, etc.

En tout cas c'est vraiment une bonne trouvaille, un film mêlant yéti et cannibalisme en plus inspiré d'une histoire vraie. Un superbe combo.

Merci pour cette nouvelle chronique.

J'ai bien aimé l'image du lapin, on se demande comment il peut ne pas s'échapper de la valise une fois le "piège" refermé, chose que les scénaristes ont du oublier de se demander.

Le coup du cannibalisme à l'arrache est assez génial, c'est niveau South Park qui ont fait pareil dans un épisode. En plus ce n'est pas compatible avec un comportement de méchant. Je n'y connais pas grand chose en cannibalisme, mais on peut imaginer que c'est pour préserver son intégrité qu'on évite d'y avoir recours, même dans des situations extrêmes. Un méchant ne pense qu'à sa gueule, donc ça devrait limite être le dernier à vouloir s'y livrer. Un méchant trouverait de la bouffe mais se la garderait pour lui, obligeant les autres à envisager le cannibalisme.

En effet, le film est d'autant plus remarquable qu'il semble rendre nanar non seulement l'aspect yéti mais aussi l'aspect survie/cannibalisme (pourtant plus facile à rendre crédible).

Après, dans la longue histoire du cannibalisme de survie, il y a eu des cas où ce sont des méchants qui ont poussé le reste du groupe à avoir recours à l'anthropophagie. Par exemple, il y a eu la cavale des frères Longueville : vers 1924, ils s'étaient évadés de Saint-Laurent du Maroni avec d'autres bagnards à bord d'une pirogue qui a fait naufrage sur la côte de la Guyane hollandaise. Au bout de plusieurs jours à errer et crever la dalle dans la jungle, les frères Longueville, qui étaient des brutes épaisses craintes des autres détenus, poignardèrent un des évadés et obligèrent les autres à le manger avec eux. L'un d'eux se serait alors exclamé "On dirait du cochon !" Les versions varient sur les détails de l'histoire qui est connue grâce au bouche à oreille et à divers témoignages indirects, mais toutes les versions se recoupent sur le fait que ce sont les Longueville qui ont incité les autres à prendre part au repas. Comme il n'y avait pas de preuve, l'Administration Pénitentiaire a classé l'affaire à l'époque sans mener d'enquête.
Il y a aussi le cas d'Alexander Pearce, un Irlandais condamné à la déportation pour vol de chaussures, qui s'est évadé plusieurs fois du bagne en Australie et a survécu dans le bush en tuant et mangeant ses compagnons d'évasion. Repris par les autorités, il s'est dit que c'était une bonne technique de survie (s'évader avec un copain à boulotter) et a renouvelé l'expérience. Au terme de sa dernière cavale, il a été capturé par la police avec des morceaux de son compagnon Thomas Cox dans ses poches alors qu'il lui restait pourtant encore des provisions. Il a été pendu en 1824 pour meurtre et cannibalisme.
On peut aussi citer le trappeur Boone Helm, un psychopathe violent qui a survécu dans le désert en mangeant le cadavre de l'un de ses compagnons mort de faim et est devenu ensuite tueur en série cannibale.

Mais bon, dans tous ces exemples, c'était des gens qui avaient déjà un lourd passif criminel et qui ne se sont résolus pour la première fois à l'anthropophagie qu'au bout d'au moins 10-15 jours de lutte contre la faim et poussés par les circonstances (mais cela dit sans aucun remords et en y prenant gout).

En fait la chasse au lapin à la valise s'avère bien un échec, le lapin ressort aussi sec, il le choppent au javelot dans la foulée.

Belle collection de yéti qui donne effectivement envie d'explorer le genre.

Mon avis sur le film :

Ne vous laissez pas avoir par sa dégaine de zéderie fauchée car elle cache en fait un sympathique nanar. Rien de révolutionnaire mais Yéti la malédiction du démon des neiges propose suffisamment d'idées débiles et de FX crados, à un rythme régulier, pour assurer le spectacle. Le crash d'avion en mode bobsleigh numérique est une jolie entrée en matière, coup d'envoi à une opération survie des plus idiotes (la décision de faire du feu avec des allumettes alors qu'il y a des débris de carlingue en flammes tout autour n'en est qu'un exemple) ; les pauvres hères ne sont pas aidés par les 2 sauveteurs qui vadrouillent tranquillement, se contentant souvent de regarder l'action à distance avec leurs jumelles. La dramatisation de la tentation cannibale connait le même naufrage (d'écriture) et sa concrétisation est juste ringarde ce qu'il faut faut (ah, ces gros cubes de glaise rose cuits à la plancha, censés représenter les protéines interdites...). Autre grand moment de rigolade : les survivants qui se réchauffent autour d'un brasier constitué du charnier des cadavres de leurs potes (vive les squelettes en plastique), sans que personne ne trouve à y redire.

Le film a également le bon goût, du point de vue du nanarophile, de nous balancer sans honte aucune ses yétis en pleine lumière. Que ce soit un mec dans un costume se galérant à avancer dans la neige ou un laid CGI bondissant tel un Hulk à poil blanc, le plaisir des yeux est assuré. La photographie très DV en souligne d'ailleurs toutes les qualités esthétiques, surtout quand un voile brouillé floute les fonds numériques (un bug technique ?) pour mieux faire ressortir les acteurs au 1er plan. Le finish s'en donne à cœur joie, avec un beau coup de pouce au bodycount et une méthode de sauvetage qui décroche la palme du wtf. Belle conclusion pour un beau nanar.