Vu hier.
Ce film est absolument génial et sa BO est magnifique au dernier degré. J'avais même subodoré qu'elle était de Silvestri vu que certains passages font vraiment penser à la B.O. de Retour vers le futur...
Après, que dire du film? Franchement, comme beaucoup ici, j'ai douté de sa nanardise pendant la première heure mais quand Chuck entre en action, ça devient magique. D'ailleurs, il y a un tel décalage entre la première heure et la seconde qu'on jurerait avoir affaire à un 2 en 1. En effet, durant la première heure, on a l'impression de regarder un nouvel opus de la série Airport dans une tentative de reboot à vocation géopolitique après le plantage du quatrième épisode où Alain Delon fait des loopings en concorde la fenêtre ouverte après avoir fait marcher le commerce des rues chaudes parisiennes pour faire plaisir à son pote George Kennedy...
D'ailleurs George Kennedy, seul personnage récurrent de la tétralogie Airport est dans ce film. OK, il joue un prêtre aux accents christiques mais on aurait très bien pu apprendre qu'il s'agissait du frère jumeau du commandant Joe Patronni... D'ailleurs, toute cette première partie reprend les codes d'Airport et du film catastrophe hollywoodien en général (un tueur dans la foule, La tour infernale, l'aventure du poséidon), prenant le temps de poser son intrigue en se focalisant sur une petite dizaine de personnages divers auxquels chacun pourra s'identifier, rendant plus insupportable la tension qui s'annonce. Et chacun de ses personnages sera joué par une star ou un second rôle connu.
Ainsi donc, nous passerons cette première heure aux côtés de Bo Svenson (Inglorious Bastards, l'original), Martin Balsam (12 hommes en colère), Shelley Winters (la maman dans Lolita), Robert Vaughn (La tour infernale, les sept mercenaires) qui a dû tourner ses scènes en une matinée, pause syndicale comprise, Susan Strasberg (la fille de Lee...) et même, dans le rôle de l'hôtesse de l'air courage au brushing improbable, Hanna Schygulla, actrice récurrente des films de Fassbinder pour qui elle joua notamment le rôle-titre de Lily Marleen, Berlin Alexanderplatz ou Le mariage de Maria Braun. Et tout ça se trouve sous la coupe d'un Robert Forster moustachu que j'ai mis quelques minutes à reconnaître, le temps pour lui d'abandonner la stature monolithique de son personnage pour offrir un jeu un peu plus nuancé dans l'expression faciale. Et puis de toutes façons, lui, il s'en fout, vu que Tarantino vient de l'appeler pour Jackie Br... Quoi? 1986? Putain, ça va être long, dix ans...
Et tout ce casting, toute cette mise en place d'une intrigue tournant autour d'une vision géopolitique certes simpliste mais qui aurait pu passer, entre de meilleures mains, aux scènes entrecoupées de passages entre Lee Marvin et Chuck Norris qui nous rappellent les scènes d'avion d'Ilsa gardienne du harem, tout ça va totalement disparaître au seul profit de Chuck et ses motos lances-missiles sans doute récupérées sur le tournage de Tonerre Mécanique. Sérieux, je veux en savoir plus sur la genèse du film parce qu'un tel décalage, qui envoie valdinguer sans prévenir une structure plutôt efficacement (du moins au stade du scénario) mise en place, ça m'intrigue. Regardez la scène de la bague, l'évocation des camps de la mort par le numéro de déporté sur le bras de Martin Balsam quand il donne son passeport à l'hôtesse, l'appel des passagers juifs, la séquence de la poupée qui donne un peu d'épaisseur à un terroriste qui va passer le reste du film à rouler des yeux et vociférer sans retenue... Finalement ce ne sont pas ces scènes qui sont grotesques mais tout ce qu'il y a autour qui les rend risibles alors qu'elles évoquent des sujets graves...
En ce sens, l'anecdote sur le projet initial est assez révélatrice parce que ça commence vraiment comme un truc réaliste ou du moins basé sur la réalité avec ces sous-titres nous informant régulièrement de la date et du lieu où se situe l'action. Ca fait vraiment documenté, enfin jusqu'au moment où ça ne nous sert plus qu'à savoir que le 23 avril 1983 à 15h27 (au hasard), Chuck Norris défonçait la porte vitrée d'une maison isolée du désert libanais pour en débusquer un méchant terroriste...
_________________ Lawrence Woolsey, précédemment connu sous le pseudonyme de deathtripper21...
"Godfrey Ho a beau avoir trouvé des Kickboxeurs américains, le duel entre la mariée et la robe restera LA baston du film." Plissken
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