Merci d'avoir fait remonter ce fil, je me suis bien marré en relisant les différentes critiques.
Ca m'a donné envie de le revoir et c'est sûrement le meilleur nanar de Chuck.
Alors qu'avec
"Delta Force", on devait se taper une première heure bien rance avant d'arriver à la partie marrante,
"Invasion USA" est réjouissant de bout en bout. Le film est juste réac et très con, alors que
"Delta Force" était certes très con aussi, mais exploitait et déformait des faits réels de façon assez puante (car trop "bien faite"). Ici, la partie "réaliste" se limite aux cinq premières minutes, avec les boat people cubains en route vers la Floride (ceux-là mêmes que Trump a ordonné d'expulser dès le premier jour de son mandat alors qu'ils ont massivement voté pour lui... Mais bon, z'avaient qu'à lire son programme en même temps). Dès l'entrée en scène de Rostov, c'est du comic-book bigger than life jusqu'au générique de fin.
Malgré les moyens que l'on sent confortables et l'aspect souvent spectaculaire, c'est une enfilade de clichés nanars :
_ La musique. Alors que son travail était très bon et mémorable sur le premier
"Portés Disparus", Jay Chattaway livre ici une soupe patriotique nanarde complètement générique, répétitive et interchangeable, ponctuant à merveille chaque scène nanarde par sa mélodie pompière.
_ Le deal de drogue qui tourne forcément à la trahison et à la tuerie (y a-t-il un seul film américain dans lequel un deal de drogue se passe bien ?), même si la scène n'a strictement aucun sens. De plus, Rostov prend le risque de se faire arrêter et de compromettre toute son opération en défénestrant gratuitement la femme, tout ça POUR RIEN. Surtout que comme on est dans un film américain, la sirène de police retentit à peine trente secondes après que Rostov ait tué tout le monde (même si on est au beau milieu d'une zone méga-craignos de Miami servant de QG aux gangs et aux trafiquants, quelqu'un a eu le temps d'appeler la police et cette dernière a rappliqué instantanément). C'est juste une scène d'ultra-violence gratuite pour montrer que Rostov est un gros psychopathe. Accessoirement, la séquence sert de passage de flambeau entre Richard Lynch et Billy Drago.
_ La journaleuse caricaturale et casse-pied, une sale libérale qui fait rien qu'à invoquer le 1er Amendement, alors que tous les vrais Américains savent que le seul amendement sacré, c'est le deuxième. Comme le dit le film, la couverture médiatique de tous ces "merdias" favorise bien entendu les actions des terroristes. La scène où Chuck sauve la fille et que celle-ci l'engueule, lui jette un couvercle de poubelle dans le dos et le traite de connard pour le remercier m'a fait marré comme une baleine.
_ Les terroristes qui savent où trouver Chuck au fin fond de son bayou mais ne pensent pas à aller vérifier qu'il est bien mort.
_ La mort du faire-valoir issu d'une minorité au bout d'un quart d'heure, gimmick indispensable de toute norrisserie.
_ La scène culte du bazooka auto-rechargeable, quand Rostov fait exploser les banlieusards.
_ La scène
"Justicier dans la ville" où Chuck se fait insulter gratuitement en bagnole par des prostituées et des junkies latinos. De la racaille à nettoyer au kärcher. On remarquera que le film épouse le discours du méchant communiste russe Rostov sur la décadence de l'Occident, qui était aussi déjà le discours de l'extrême droite occidentale. Enfin, je dis ça, je dis rien...
_ Le flic nul de chez nul qui fait la leçon à Chuck parce qu'il fait le boulot que ce gros nullos est incapable de faire. Une autre séquence bien vigilante avec son justicier transformé en ennemi public numéro 1 par une police dépassée.
_ Le Chuck omniscient qui a le don d'ubiquité et lance des punchlines de maternelle, en décalage avec la propagande ambiante censée foutre la pétoche à l'Américain moyen.
Bref, après avoir refait
"Rambo 2" avec
"Portés Disparus", la Cannon cherche à faire son
"L'Aube Rouge" mais livre un faux blockbuster de série B primaire suricônisant et survirilisant son Chuck pour en faire le John Wayne des années 80, mais un John Wayne qui n'aurait tourné qu'avec des tâcherons et des faiseurs de mauvais films sympathiques. Et puis ce n'est pas le Chuck qui copie John Wayne, c'est le Dude qui dans sa tombe baisse les yeux de honte en se comparant au Chuck.