Forum Nanarland.com

moi j'ai bien aimé c'est pas credible une seule seconde mais c'est agreable un dimanche soir en pleine été

Pour moi, c'est un gros navet.

J'ai trouvé qu'à part le non-jeu habituel de JCVD et le cabotinage sans limite de Raul Julia, c'est assez mou du genou

Les seconds rôles sont navrants sans être drôles, les persos n'ont strictement rien à voir avec ceux du jeu (et je ne suis pourtant pas un fan de Street Fighter) et le scénario est d'une ineptie à faire peur.

N'ayant jamais aimé les jeux vidéos (j'avais bien un pote qui y jouait tout le temps quand j'étais gamin, donc je connais un peu Super Mario Bros, Tomb Raider et les jeux vidéos d'extrême droite où tu gagnes des points quand tu écrases les passants et quand tu tringles des prostituées avant de leur couper la tête), j'ai maté le DVD de Street Fighter ressorti chez "ESC Editions" ce soir en le jugeant uniquement en tant que film de cinéma. C'est moins catastrophique qu'un House of the Dead et ça peut se voir comme un plaisir coupable, un distrayant film d'action à la cool. Mais c'est quand même n'importe quoi.

Je peux comprendre la frustration des fans du jeu car à chaque fois qu'un combat d'arts martiaux est sur le point de commencer, il est interrompu, et ça, même moi, ça m'a choqué pendant le film.

Alors qu'il jouait toujours David contre Goliath dans ses précédents films, Jean-Claude se voit confier ici le rôle le plus fade, transparent et sans background de ce film chorale alors qu'il est censé en être le héros. Pas du tout concerné, Jean-Claude fait le minimum syndical en tant qu'acteur et en tant qu'artiste martial. Il nous fait autant ricaner par son inexpressivité que par le fait qu'il joue un énorme bourrin qui pense avec ses burnes et n'aime ni les journaleux, ni les technocrate capitulards de Washington en costume-cravate, ni les dictateurs qui n'ont pas de couilles. La libération d'otages consiste pour lui à foncer dans le tas comme un gros bœuf en faisant tout péter partout et ça marche !

Le pauvre Raul Julia nous offre un show de fou en caricature de despote nanar entouré de débiles profonds, à la tête d'un pays portant le nom le plus ridicule de l'histoire des pays fictifs de cinéma : Shadaloo ! Pour reprendre la remarque de Tony Le Pouilleux sur Invasion USA, Street Fighter est au niveau d'intellect d'un bébé, que ce soit scénaristiquement ou géopolitiquement ou dans son humour de maternelle.

Une enfilade de clichés tous plus éculés et invraisemblables les uns que les autres, une réalisation pro mais sans finesse, des combats ultra-cuts pour ne pas montrer que les comédiens ne savent pas se battre, un tournage très compliqué dont tous les manques se voient à l'écran, un scénario écrit pour de vrai en une seule nuit dans son intégralité (et ça se voit encore plus à l'écran), des incohérences en pagaille (la journaliste et ses deux sidekicks font sauter la tente de Bison avec tout le monde à l'intérieur, mais finalement tous les méchants survivent et la journaliste et ses sidekicks sont capturés on ne sait pas comment, soi-disant sur dénonciation de Ken et Ryu alors qu'ils n'y sont pour rien puisque c'est cette idiote de journaliste qui a annoncé sur la télé du méchant qu'elle était sur le point de le faire exploser). Et Raul Julia qui se met à voler et à tirer des éclairs avec ses mains sans qu'on sache jamais pourquoi. Bref, c'est n'importe quoi quand on y pense.

2/5 pour le scénar mal structuré, la connerie du "héros", le surjeu de Raul Julia, et la géopolitique nanarde.

Pour Bison qui vole et lance des éclairs, c'est expliqué dans le film comme des gadgets dans son costume.

Ah, d'accord. C'est très mal expliqué dans le film. Je n'y ai rien pigé. Le fait qu'il meure puis ressuscite est à la fois hyper prévisible et nonsensique aussi. J'ai juste vaguement crû à un genre d'électricité statique et de lévitation zen, du genre le mec a un karma tellement balaise qu'il a acquis des superpouvoirs. Surtout qu'il a passé tout le film à répéter que son vœu le plus cher était de se battre à la loyale avec Guile. Du coup, c'est quand même un peu de la triche.

Après c'est un détail à inscrire à la longue liste de portnawak du film.

En fait, le pire c'est qu'on a affaire à un high concept complètement raté. Le pitch est hyper simpliste mais le script est confus, pas aidé par la multiplication des personnages imposée par les producteurs. On a donc un film à la fois bêta et compliqué à suivre. En plus, la mise en scène de De Souza ne sauve pas du tout son scénario inepte (en même temps, confier un budget aussi pharaonique à un type sans expérience de réalisateur est un pari casse-gueule). Et le film a pourtant fait un carton au box-office.

Bien résumé le problème, les producteurs ont voulu adapter l'habillage mais pas le principe même du jeu. Ce qui est assez ironique quand on sait que c'est le cinéma qui est à l'origine plus ou moins consciente de ce type de jeu (les jeux de baston sont juste une reproduction vidéoludique des films de kung-fu hong-kongais du style LE JEU DE LA MORT (l'idée initiale de Bruce Lee) avec le héros affrontant niveau après niveau des combattants aux looks et techniques bien distinctes). Après, c'est une production grand public (pour enfants ?) donc il était hors de question qu'il y ait trop de bourre-pifs et encore moins d'affrontements chorégraphiés à la sauce HK.

Je pense que le problème de base du film, outre l'opportunisme cynique de sa conception, c'est que le réalisateur, de son propre aveu,
avait l'ambition de faire un film d'espionnage et de guerre, pas de combats d'arts martiaux. Ça explique une bonne partie des choix narratifs et scéniques,
la plupart déjà cités dans ce salon.

Je pense aussi que notre relative bienveillance pour le film, outre la nostalgie de certains, vient de sa récupération par la culture mème, et notre affection pour le regretté
Raul Julia (d'ailleurs au centre de bien des mèmes et répliques cultes entrées dans le langage courant) dont la santé était déjà plus que défaillante au moment du tournage.

J'ai cru comprendre qu'une nouvelle tentative d'adaptation live de Street-Fighter est en cours de développement. Je ne suis pas étonné, tant le nouveau Mortal Combat fut un succès surprise, au point que la suite sort bientôt. A savoir si ce nouvel "âge d'or" de la "Nerdsploitation" sera servi par de bons films ou si nous aurons droit à de nouveaux étrons, la question reste ouverte.

A l'époque de sa sortie, j'avais dit à un camarade de fac : "C'est pas [que ce film] est mauvais; mais ils auraient changé le titre et les noms des personnages, personne aurait fait le rapprochement [avec le jeu]."

Dans le bonus du DVD, l'intervenant explique que juste avant la sortie avait eu lieu une nouvelle fusillade sanglante (au Texas je crois) et que la version initiale présentée au comité de censure a écopé d'un interdit aux moins de 17 ans, malgré les coupes déjà effectuées par le réalisateur. Pour obtenir un PG13, ils ont dû édulcorer au maximum le montage final, ce qui fait qu'on a à l'arrivée un film d'action assez fade et pas très graphique, du niveau de violence d'un film pour gamins totalement inoffensif et aseptisé. Après il y a pas mal de gros mots et de vulgarité de la part de Jean-Claude, mais les films pour enfants étaient comme ça à l'époque.

Un nouvel exemple d'hypocrisie bien américaine dont le "second amendement" permet ce genre de tueries de ses systématiser, mais qui doit aseptiser ses films pour ne pas choquer l'opinion publique.

Après, je me demande si une version "uncut" de Street Fighter ferait vraiment une différence ou non. Les problèmes sont tellement multiples qu'un surcroît de violence n'aurait pas vraiment amélioré les choses.

Oui, je ne crois pas non plus que ça aurait sauvé le film. Peut-être que ça l'aurait rendu plus fun, plus bisseux, donc plus consensuel aux yeux des nanardeurs. Ou alors peut-être que le décalage aurait été plus grand entre la violence et le ton bêta de l'ensemble, et que le film aurait été encore plus indigeste.

Cela dit, je continue de trouver que c'est un vrai nanar malgré sa réalisation académique de blockbuster. Sans Raul Julia, là oui, ça aurait sans doute été navet. Que Raul soit béni pour s'être autant investi dans son rôle alors qu'il était mourant. Respect.