J'espère que vous apprécierez cette chro, j'en ai bavé pour l'écrire.
Quelqu'un en avait déjà fait une chro toute en images mais je l'ai pas retrouvée.
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CARNAGE
Titre original : The Nail Gun Massacre
Titres alternatifs : Texas Nailgun Massacre, Blutgericht in Arizona
Réalisateur : Terry Lofton
Année : 1985
Pays : États-Unis
Genre : Le clou du spectacle (catégorie : Slasher)
Durée : 1h21
Acteurs principaux : Rocky Patterson, Ron Queen, Beau Leland, Michelle Meyer
Au moins l'accroche est honnête, ça n'a pas dû coûter plus qu'une tronçonneuse.
Personnellement, je trouve admirable le travail qu’accomplissent les réalisateurs de série B indépendants. C’est vrai quoi, essayer faire un bon film avec peu de moyens, quelques connaissances ou concitoyens en guise d’acteurs et un investissement total, ça nécessite énormément d’efforts et on arrive alors à une œuvre souvent très sincère. Mais il faut aussi du talent, ce talent qui permet à des réalisateurs débutants de donner des chefs d’œuvre comme « Bad Taste », « Evil Dead » ou encore « Massacre à la Tronçonneuse » dont les réalisateurs peuvent être fiers. Quand ce talent manque, là par contre c’est problématique et on finit souvent par se retrouver avec des horreurs comme « Manos » ou mieux, avec de beaux nanars comme Ogroff ou Remous.
Non, vous ne verrez pas de voiture exploser dans ce film, on n'est pas chez Michael Bay.
Dis-donc Terry, t'es sûr que ce sera un chef d'oeuvre ton film ?
- Mais oui !
Vous avez certainement deviné que ce « Carnage » (à ne pas confondre avec d’autres films du même nom, entre autres un autre slasher avec cette fois un tueur à cisailles géantes bien plus réussi) se place dans la seconde catégorie. Certes, le film semble sincère, comme l’indiquent aussi plusieurs interviews de Terry Lofton, ce qui lui donne une certaine sympathie qui fait que certains y verront une série Z artisanale plutôt divertissante à défaut de casser des briques. Mais franchement, je vous le demande, peut on vraiment ne pas rire devant tant de ridicule ? Je dis non.
Ceci n'est pas un film post-apocalyptique
Le scénario est simple, mélangeant rape & revenge et slasher. Au Texas (l’équipe, étant du coin, a dû être inspirée par un certain film de Tobe Hooper), une jeune fille est violée par des vilains ouvriers de chantier et plus tard un tueur en série apparaît en ville, tuant les violeurs puis tous ceux qui croisent sa route avec… un pistolet à clous !
Salut les p'tits clous !
Et ouais, pas que ce ne soit pas dangereux, mais franchement quoi ! Pendant que le meurtrier plante des clous, des p’tits clous, toujours des p’tits clous, deux policiers à l’incompétence évidente enquêtent. A la fin le tueur est victime d'un "piège redoutable" tendu par le duo de flics (dixit l'arrière de la jaquette). En gros il est poursuivi jusqu'à une grue, monte dessus et meurt en tombant comme un con, d'autant qu'en fait elle n'est pas si haute.
Mais qu'est-ce que vous rac... Aaaaargh ! Ouille !
La scène du viol est vraiment trop horrible. Oubliez « La Dernière Maison sur la Gauche » ou « Œil pour œil », là c’est de la terreur à l’état pur. Moins d’une minute où l’on voit une fille criante qui se fait coucher sur un tas de gravats par des rednecks bien moches puis un fondu au noir. Terrorifiant. Et bien sûr après rape il y a revenge.
Naaan lâchez-moi, vous allez défaire ma coiffure !
Entre les scènes de revenge il y a, pour faire plaisir au public, des scènes de fesse d’une classe phénoménale et au moins aussi chaudes qu’une assiette de céleri rémoulade. Tournées à l’arrache de l’aveu du réalisateur, elles sont tellement vides tant techniquement qu’au niveau de l’intérêt que c’en est hypnotisant (ça doit être la musique « erotic-style » qui fait ça). Ah si, y’a un petit intérêt : on voit des nibards. D'ailleurs c'est l'heure du...
PLAN NICHON !
Snoopy, peluche sexuelle
N'empêche que vous pourriez au moins m'en laisser un peu !
Je vous avais bien dit de m'en laisser un peu...
Malgré tout ces scènes donnent lieu à des moments directement nanars comme lorsque la voiture où se trouve un couple se mette à remuer sauvagement avant même que l’"action" n’aie commencé !
Attends j'enlève mon blouson... Aaaah la voiture est vivante !
Le réalisateur a certainement voulu instaurer une ambiance de malaise et de terreur montant lentement. Sauf que là ça va un peu trop lentement et toute la tension disparaît, laissant place à un rythme digne des plus grands épisodes de Derrick, dont les atouts sont de rendre les scènes de poursuite ridicules, que ce soit un personnage courant apeuré dans les bois ressemblant plus à un quidam qui fait son jogging ou encore la poursuite en voiture à la fin allant à deux à l’heure…
Des second rôles charismatiques !
Pour atteindre la durée réglementaire il faut bien sûr des scènes d’intrigue. On suit donc en parallèle l’enquête d’un gros sheriff barbu et de son pote légiste (prenez gardes malfaiteurs, ce sont les hommes les plus mous du Texas), les très longues aventures de deux gars qui doivent retaper une vieille baraque n’ayant aucun lien avec l’intrigue à part retrouver quelques cadavres et se faire voler leur pistolet à clou par on sait qui et les tribulations des futures victimes, dont deux crétins qui jouent à la guerre avec des pistolets à clous.
Starskyyyy et Hutch, Starskyyyy et Hutch
JH 23cm ch tueur série pisto clous apl commiss.
Évidemment, le clou du spectacle, ce sont bien sûr les meurtres et ce qui y a trait. En effet on a droit à :
Des situations ridicules : par exemple, lorsque deux victimes coupent du bois en forêt, l’une d’elles va se soulager contre un arbre. Sauf que là le tueur arrive et le gars se retournant, tient toujours sa zigounette (tout en gardant son slip) et urine tranquillement sur sa jambe. Le tueur : « Faut pas t’gêner ! T’aurais pas dû faire ça ! ».
Tiens gros dégueulasse !
Ou bien encore la première victime, qui voyant l’assassin entrer chez lui, lui dit de se calmer et de ne pas tirer pendant une bonne minute avant de finalement être cloué sur place comme un con.
Nooon fais pas l'con Philippe !
Couic !
Des effets spéciaux au top du maximum : Ne cherchez pas l’arme du tueur à Bricomarché, vous ne la trouverez pas tant ce pistolet à clous relève plus du Laserforce que du vulgaire ustensile de bricolage. Produisant des bruits futuristes, il projette (ou plutôt fait apparaître sur les victimes) des clous en plastoc qui tremblotent quand on touche les victimes et qui font sortir d’affreux jets de faux sang nanar.
Meurtre horrible : tué d'un clou dans le bras
Les fameux clous tremblotants
Je passe la main.
Un tueur certifié de la morkitu : Pour créer la confusion, le réalisateur a placé dans le costume du tueur une fille au lieu de l’homme qu’il est censé être (ouais parce qu’en fait le tueur c’est le frère menuisier de la violée, juste pour vous gâcher la surprise.). Alors autant dire que c’est loin d’être impressionnant lorsque l’on voit ce serial killer d’un mètre cinquante et maigre comme un clou… En plus vous avez vu ce look ? Comment pourrait-on avoir peur d’un Exterminator de chez Prisunic ? Il serait criminel de ne pas parler également de son doubleur qui semble s’amuser à exploiter les possibilités d’un modificateur de voix et à dire des conneries avec. Hilarant !
Bon où est-ce que je l'ai mis ?
Ah le voilà ! Mouhouhahaha !!!
Une ambiance sonore du tonnerre : Outre cela, la musique part dans des expérimentations nanardes avec ce riff de piano minable et ces ambiances au Bontempi entre l’horreur et le film porno cheap, le tout saupoudré des râles du tueur qui ne semblent pas alerter les futurs tués, certainement complètement sourds.
"Tidudeudidudeu !!!
- Bordel il est où ce pianiste !"
Chuuuut !
Merci de vous être tut.
Les acteurs, tous plus ou moins amateurs, sont pathétiques. D’une inexpressivité et d’une mollesse phénoménale même dans les scènes où ils sont censés souffrir le martyr (mention à l’autostoppeur qui finit cloué à la route). Ils ne sont pas aidés par les doubleurs qui partent en roue libre, ânonnant leur texte ou couinant comme des constipés (re-mention à l’autostoppeur et aussi mention à la victime qui meut en pissant), tout sonne faux chez eux, même dans l’écriture des répliques (la vieille épicière qui part dans ses délires sur les vers luisants ou encore les magnifiques déductions des policiers…)
D'où tu t'fous d'ma gueule ?!
Aaaah ouille ouiiiin ouiiin sadique !
"Sûrement un maniaque qui plante des clous partout !" (sic)
En définitive voilà un nanar de beau gabarit, à l’amateurisme sautant aux yeux (le plan de fin avec un des héros marchant avec la violée vers le soleil couchant se conclut... par un zoom avant fulgurant !), un slasher à la nullité confondante qui vous clouera sûrement au canapé… de rire !
Non je ne sais pas comment il a fait pour tomber dans cette position
Je t'offre un Coca ?
3,5/5
Cote de rareté : 2/trouvable
Édité en France en VHS, le film est aussi trouvable en DVD dans plusieurs pays. Aux États-Unis il y a même une version uncut avec de courts documentaires sur la création du film et une interview du réalisateur. Dans nos quincailleries on peut trouver trois éditions DVD bas de gamme.