Vu avec mon fils ce soir...
Pour expliquer le contexte, je préciserai que je l'ai passé avec le son au minimum sur notre télé, et que c'etait encore assourdissant, épuisant pour les oreilles.
Résumé :
- 21h : mon fils, collegien en vacances, se plaint qu'on ne fait plus de soirées nanar depuis trop longtemps, et qu'on pourrait s'en regarder un quand même, passque zut à la fin.
- 21h10 : après avoir fébrilement cherché sur mon disque dur un truc abordable, je décide d'écarter tout nanar trop violent, trop explicite poitrinairement et trop vulgaire en dialogues. Ne restent que quelques rogatons, et... Le fuhrer en folie. Je le réservais dans le but de faire une séance de torture collective avec des amis... Tant pis, priorité tout ça, je lance le film. Je vais me chercher une bière avant, il va falloir trouver du courage pu importe où.
- 21h12 : le générique a à peine commencé que la voix mélodieuse de Patrick Topalov, à peine sursaturée par la version Cracravision du film, a raison de ma femme, qui semble littéralement glitcher pour passer de la position assise à debout, un sourire figé sur son visage, un vague argument à propos de vaisselle à faire aux lèvres. D'humeur sadique, je me lève comme un prince et lui dit que je vais m'en occuper. Son air circonspect me dit qu'elle suppute un piège.
- 21h15 : mon fils me demande si c'est réellement une comédie ou un drame. Lorsque je confirme que c'est comique, le rire qu'il émet me fait douter de l'état cognitif dans lequel je vais le retrouver à la fin du film. Toutefois, je me dis qu'arreter l'expérience en cours de route serait plus dangereux. La machine est lancée, allons jusqu'au bout, à la grace des Dieux...
- 21h20 : ma femme demande si c'est normal que tout le monde crie et gesticule comme des singes passque... chute en parachute... (sic) A défaut d'un premier sang, la ride du lion sur son front s'est imprimée d'une manière définitive, première séquelle du combat livré.
- 21h25 : "non mais c'est ÇA, hitler??! Et pourquoi tout le monde fait de l'épilepsie?"
- 21h40 : mon fils me demande si tout ça a vraiment du sens en fin de compte. Je lui réponds qu'il aime bien Bob l'Eponge. Touché...
- 21h45 : la scène du recital a raison de ma femme qui, devant le déluge de grimaces et de comportement de timbrés à l'écran, sort du canapé, s'échappe du salon, elle remonte le couloir, arrive dans la surface de repos, plonge dans le lit, but.
22h00 : mon fils appuie sur pause, et me demande droit dans les yeux : "on vient de voir hitler et des cons écouter de la musique, peindre un plafond, raconter une histoire, faire un discours en playback, et faire les cons en avion pendant une promenade, et tout ça pour des grimaces et des gens qui gueulent. Papa, sérieux, c'est quoi le putain de scénar?" Je réponds que je lui révelerai ça quand il se lavera la bouche au savon, non mais merde à la fin.
22h05 : mon fils aperçoit un char rose, me dit que c'est la pire adaptation live de World of Tanks, puis me demande s'il peut aussi avoir une bière. D'un naturel méchant et cruel, je sirote ma deuxième bière en le laissant agonir dans les affres de la sobriété.
22h10 : mon fils apprend le terme "stockshot", ce qui le rassure, car il aura au moins gagné ça avant de se coucher. Néammoins, je préfère l'éloigner de la pince à ongles, avec laquelle il commençait à avoir un comportement dangereux pour sa propre santé. Bordel, il reste 30 minutes de film.
-22h20 : le fait que mon fils ne rie plus du tout me fait penser qu'il ne réagit pas du tout de la manière attendue par le réalisateur. La fatigue d'entendre Henri Tisot et Alice Saprich hurler comme des possédés doit y etre pour beaucoup.
- 22h35 : mon fils s'agrippe au canapé en voyant les trois heros déguisés en cowboy dans un faux épilogue. La bave aux lèvres et le sang aux yeux, il éructe entre ses machoires crispées "c'est pas vrai, me dis pas qu'il y a encore du film après ce bordel !!" Heureusement pour lui, le générique arrive. Je propose à mon fils qu'il aille se coucher, il acquiesce sans rechigner, m'avouant qu'il est épuisé. Je le comprends...
Ce fut dur, ce fut un âpre combat, mais il a résisté vaillamment, il a fait la fierté de son père, il a, du haut de sa jeune adolescence, trouvé la force d'aller plus loin qu'une bonne partie de la salle du Grand Rex, il a été jusqu'au bout, a su surmonter sa douleur et son désespoir, et il est meme allé se coucher en chantonnant "ballon, ballon, ballon..."
_________________ Festival de la tarte à la va... Mais qu'est-ce que c'est que cette connerie? Il est où, mon "che" ?
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