Revu ce Coplan hier soir et c'est un nanar sympathique.
La chronique de Nikita et les comptes-rendus de Kobal et de Captain Beyond ont déjà bien recensé tout ce qui cloche, mais j'ai quand même envie de donner mon avis sur cette rareté.
J'ai moi aussi vu la VHS Super Vidéo et le montage à la moissonneuse-batteuse m'a rappelé de bons souvenirs d'une des Nuits Excentriques.

Le plus énorme [ATTENTION SPLOILER !], c'est la révélation finale de Silvia Solar, qui explique tout son plan machiavélique à Coplan en le braquant avec son flingue, dans la grande tradition bondienne, et d'un coup l'écran devient tout noir pendant au moins une minute. Alors qu'on commence à croire qu'on ne connaitra jamais la fin du film, l'image finit par revenir et on retrouve Coplan à côté de deux cadavres (on suppose que l'un d'eux est Silvia Solar) et Coplan passe alors un disque de
La marche funèbre de Chopin sur le tourne-disque du faux infirme avant de se barrer de la pièce, puis de s'envoler pour Hawaï avec une illustre inconnue croisée dans la rue. Fin. Du coup, on ne connaitra jamais les détails du plan de Silvia. Pourquoi joue-t-elle les hystériques en réclamant une protection à la police ? Pourquoi un sbire la suit-il et essaye-t-il de la tuer, et n'est-elle sauvée que par l'intervention inespérée de Coplan qui passait par là par le plus grand des hasards ? Si c'est elle la grande méchante grande responsable de tout ça, tout ce qui a précédé concernant son personnage n'a rigoureusement aucun sens.[FIN SPOILER]
Enfin, un autre détail qui nanardise ce Coplan par rapport aux OSS 117 de la même période, c'est le caractère très fauché de la production. Les aventures de Francis Coplan au Mexique (plus un petit crochet à Londres) ont été intégralement tournées dans la banlieue de Barcelone. Et ça se voit. J'adore l'avion jouet qui survole une maquette de temple aztèque avec le sous-titre
"Mexico" et les figurants moustachus avec sombreros et pyjamas blancs pour faire couleur locale.
Outre la scène mythique du deltaplane, j'ai aussi bien ri devant la séquence, à la fois teintée d'humour et très nanarde, où Coplan et son sidekick sont mitraillés en avion, s'éjectent de l'avion et atterrissent dans la voiture décapotable d'un automobiliste se baladant dans la campagne, tandis que l'avion jouet se crashe en gros plan, et Coplan, imperturbable, de dire :
"Taxi, à Acapulco ! Et dépêchez-vous, nous sommes pressés !"Quelques passages témoignent cela dit de la compétence de Riccardo Freda : la mort de Sabine Sun dans le garage et la scène du début où Coplan arrive chez sa copine assassinée, entend le robinet qui goutte, ferme le robinet, entend de nouveau un goutte-à-goutte et constate qu'il s'agit du sang qui coule du plafond.
Mais dans l'ensemble, c'est quand même bien foireux, même si ça a beaucoup de charme et que ce n'est pas un énorme nanar. Soulignons quand même qu'ici, même le talent de Jean-Pierre Duclos ne parvient pas à masquer la nullité de jeu de Lang Jeffries. L'acteur est certes loin d'être aussi catastrophique en James Bond que Jack M. Sell, il a plutôt une belle gueule, mais avec sa surcharge pondérale, sa mollesse, son inexpressivité totale et son air de s'emmerder comme un rat mort tout du long, il se situe tout en bas de la longue liste des Sean Connery du pauvre qui ont pullulé en France, en Italie, en Espagne et en Allemagne de l'Ouest durant les 60's.