Chef d'oeuvre du nanar à la française. Comment peut-on à la fois jouer les cinéastes engagés à message tout en se vautrant dans l'humour le plus bas de gamme, bref, le plus démagogique?
Rien ne fonctionne dans ce film, ni le côté satirique, ni l'humour pouet-pouet. Il en résulte une oeuvre dont presque chaque scène pourrait faire l'objet d'un cut excentrique (tout le passage avec le directeur et son placard-lit). Les comédiens cabotinent comme des malades, on mesure le degré d'impro aux efforts que font les autres comédiens pour ne pas rire quand l'un d'entre eux sort des rails du scénario. Si les filles ne s'en sortent pas trop mal, les garçons sont de vraies catastrophes ambulantes (je pense à la réplique "la seule chose qui pourrait faire échouer ce plan c'est que vous n'aimiez pas le chocolat" jouée à la Gargamel) qui mettaient sans doute l'ambiance sur le tournage mais ne savaient pas s'arrêter quand la caméra tournait.
Et puis, il y a Paul Préboist. Il se fait tellement attendre qu'on finit par penser au sketch de Robert Lamoureux "A 16h30, le canard était toujours vivant". Ben là c'est "Trente minutes après le début du film, Paul Préboist n'est toujours pas là". Mais quand il arrive, c'est un festival. Ses changements de vêtements, ses mimiques, les scènes les plus WTF (euh, sans déconner, des sirènes?). C'est comme si la présence à ses côtés de Roger Carel les avait incités à nous rejouer les grandes heures de Bons Baisers de Partout, le feuilleton radio de Pierre Dac où ils jouaient tous les deux.
Et enfin, sérieusement, à force de trop tirer sur la corde "les flics sont tous des cons", on en vient à rêver que nos héros finissent avec chacun un chargeur dans le buffet, que ça soit le coup des pieds de nez, les concours stupides (hi hi, on vole des parcmètres, on les fait livrer au commissariat et les flics ne pensent même pas à nous arrêter) ou le coup des rébus (qui sont en fait des charades).
Donc, si, pour paraphraser Desproges, dans les années 70-80, la moindre endive sautillante pouvait se voir couronner chanteur à message, il était apparemment pas beaucoup plus difficile de se prendre pour un réalisateur anar sympa... Rien que le fait de penser que j'étais né au moment où ce truc est sorti, j'ai honte...
_________________ Lawrence Woolsey, précédemment connu sous le pseudonyme de deathtripper21...
"Godfrey Ho a beau avoir trouvé des Kickboxeurs américains, le duel entre la mariée et la robe restera LA baston du film." Plissken
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