KORKUSUZ
Titres alternatifs: Turkish Rambo II, Rambo (!)
Réalisateur : Çetin Inanç
Année : 1986
Pays : Turquie
Genre : Full Metal Kebab (catégorie : Guerre)
Durée : 1h13
Acteurs principaux: Serdar, Huseyin Peyda, Filiz Tacbas, Tugrul Meteer
Si il y a bien un réalisateur qui mérite d'être encensé pour ce que l'ensemble de son œuvre a apporté au cinéma, c'est bien Çetin Inanç. C'est bien simple, tel un Bruno Mattei du Bosphore, l'homme semble changer tout ce qu'il touche en nanar d'exception, voire en chef d'œuvre quand il donne dans la catégorie plagiat, créant des pastiches miranbolifiques pillant à tous les râteliers tout en restant immédiatement reconnaissable. Si on parle beaucoup de ses chefs d'œuvres dans ce genre que sont le fameux Dünyayi Kurtaran Adam (alias Turkish Star Wars) ou bien le merveilleux Ölüm Savasçisi (Death Warrior), il convient de ne pas oublier ce que je nommerais son « dyptique Serdarien ». Monsieur Inanç a en effet réalisé en 1985 et 1986 deux films avec cet acteur d'exception (nous reparlerons de son talent), semble-t-il bodybuilder ou sportif, plagiant deux films à succès de Sylvester Stallone, Rocky et Rambo II (Çetin avait déjà plagié le premier Rambo avec Vahsi Kan) avec ses deux films, Kara Şimşek et ce Korkusuz-ci.
J'espère que ce n'est pas une affiche officielle !
Comme toujours chez Inanç, l'histoire n'est qu'un élément secondaire permettant la création de scènes au symbolisme hasardeux et laissant au spectateur le loisir d'interpréter l'intrigue à côté de laquelle Mulloland Drive fait figure de livre pour les 3 à 5 ans. Certes le film est en turc non sous-titré, mais il y a peu de chances qu'il se montre totalement compréhensible. Tout juste comprend-t-on que l'histoire prend place dans un lieu indéterminé (qui pourrait être l'Irak si l'on en croît un journal qu'un personnage lit au début) et à une époque qui ne l'est pas moins. En tout cas ça doit être important vu qu'on voit un buste d'Atatürk au début.
Exclusif : Atatürk a joué dans un nanar.
L'éternel bad-guy du cinéma turc Hüseyin Peyda
Ainsi que Jüstın Bridu, célèbre charcutier turc.
Un moustachu (turc?) se fait enlever par des rebelles plus proches du paysan de Prömizulın armé de vieille pétoire que du guerillero à la kalach'). L'enlèvement rate et des insurgés sont emprisonnés par des soldats. Ces derniers rencontrent Serdar alias Turkish Rambo qui profite d'un transfert en fourgon pour s'échapper avec ses deux compagnons d'infortune. Nos trois lascars arrivent dans une cabane sur une colline et y trouvent des gens accueillants dont une femme qui tape dans l'oeil de notre héros.
Starring Serdar as Turkish Rambo
And Tugrul Meteer (?) as Turkish Rambette
Le mystérieux moustachu : mais qui est-il ?
Promizoulin's not dead !
Pour transporter vos prisonniers dangereux, utilisez une camionette, c'est plus rigolo !
Malheureusement le méchant (joué par le vétéran Huseyin Peyda, déjà vu entre autres dans En Büyük Yumruk) envoie ses hommes les attraper. Il les torture ensuite dans son camp et finalement le moustachu du début, la femme et Turkish Rambo réussissent à s'échapper (quoiqu'il semble qu'on laisse s'en aller le héros).
"Naaan ! Pas la boue !"
"C'était pas la peine de rajouter des cailloux sans prévenir !"
"Maintenant on va torturer ta copine !" dit-il en cabotinant
"Gniark gniark gniark !!!"
"Yiiiik vous allez me décoiffer !"
Ces boulets sont à nouveau rattrapés et la copine du protagoniste est tuée par un traître tandis que Serdar encore au camp. Par chance, le moustachu et des alliés lui permettent de se réévader, lui laissant l'opportunité de tout défoncer au lance-roquette, de libérer des gentils enfermés, de tuer le méchant en chef et d'être remercié par moustache-man au nom de la Turquie. Enfin, c'est ce que j'ai cru comprendre. Faut dire que lorsque l'on a la bonne idée de démarrer son film par une successions d'extraits du même métrage façon bande-annonce, ça embrouille !
Turkish actor's studio :
Le méchant qui meurt d'un tir de bazooka
"Mouhahaha !!!"
"Mouaaaaarg !"
Pour illustrer cette histoire, il fallait une image d'exception, ce que Çetin Inanç réussit avec panache. Vous pourrez admirer la beauté du film avec la qualité inimitable des séries Z turques ainsi que la judicieuse utilisation des couleurs, joignant sur chaque image le bleu ciel et le jaune pisse à la manière d'un artiste peignant une vieille croûte. A vous donner la nausée tellement c'est magnifique. Bien sûr la bande son est à la hauteur de la qualité picturale avec ses crachotements, étouffements, bourdonnements constants. En plus les bruitages sont réutilisés jusqu'à plus soif (un seul bruit pour les coups de poing)
"Pouf !", "Pouf !", "Pouf !" Des combats d'une violence inouïe !
Un spectateur est devenu aveugle en voyant cette scène
Ciel ! Je meurs !
Par ailleurs, en parlant de la bande son on notera qu'à l'instar de Turkish Star Wars seul le thème principal est à peu près original, le reste de la musique étant repompée à d'autres film. Ici il n'y a pas trop de notes volées à la série des Rambo, comme pour Vahsi Kan. Ce serait trop facile ! Ainsi vous aurez le bonheur d'entendre la BO de Mad Max II, principalement le morceau rapide et palpitant lors de la poursuite en camion qui est réutilisé pendant une bonne partie du film et qui donne une grande puissance à l'assaut final, moment absolument fantastique et qui augmente grandement la sympathie du film.
Faites de l'exercice avec Serdar sur la musique de Mad Max II !!
Que représente cette image ?
A - Des chasseurs
B - De dangereux miliciens
"La réponse était la B ! Mouhahaha ! Oups y'a de l'eau sur mon futal..."
En effet, cet assaut final est LE moment culte du film qui a acquis la célébrité sur plusieurs sites de vidéos. Alors que Turkish Rambo est dans une mauvaise posture, le moustachu tire sur le vilain, ce qui permet à notre héros de s'enfuir en cassant un mur de planches avec force grimaces. Occissant sans relâche les guerriers ennemis, il est attaqué par un méchant armé d'un lance roquette. Évitant de quelques centimètres l'explosion, il en ressort indemne, rosse le tireur et lui vole son arme, ce qui lui permet de détruire un mur du bâtiment ou des résistants sont enfermés. Après cela il fait le ménage dans le camp (il suffit de se baisser pour trouver un obus à charger !) jusqu'à ce l'armée turque arrive. Les faux raccords abondent, les acteurs et figurants gesticulent et cabotinent comme des possédés et surtout il y a le lance roquette ! Sûrement une des armes les plus ridicules qui soient, cet engin tire des obus soutenus par des fils et effectuant des trajectoires douteuses pour créer à distance des explosions.
"Sauve nous Turkish Rambo !"
"Ne craignez rien mes amis !"
MORT !
DESTRUCTION !!
EXTERMINATION !!!
"MOUUUUUHAHAAAAARRRR !"
"Damnation ! Les gentils sont vraiment les plus forts !"
Les acteurs sont très en forme dans ce passage mais leur prestation dans tout le film n'est pas à négliger ! Huseyin Peyda cabotine pas mal dans son rôle de méchant tortionnaire sadique, donnant l'impression en même temps d'avoir le visage qui fond. Mais le plus grand acteur, c'est bien Serdar. Ah, Serdar ! L'homme de deux films seulement, cet acteur est grandiose, que dis-je, c'est un vrai Action Man/Big Jim (selon vos goûts) de chair et d'os. Restant constamment inexpressif, il ne se laisse aller, lors des rares moments où un semblant d'émotion passe sur son visage de mannequin en mousse, à de grands moments de grimaces nanardes, comme son expression ultra crispée lorsqu'il casse le mur de planches ou son air de chien battu/colère intériorisée lorsqu'il est torturé (torture abondant en faux raccords : Serdar est-il enterré dans la boue où dans les cailloux ?) ! Tout simplement magique.
Position OFF :
"Sapristi !!!"
"Vite ! Pétons la gueule à ce méchant !"
"Turkish Rambo tu crains.
- Ordure !"
"Heuuuuuu..."
Position ON :
"Mouaaaaaarg !"
"MOUAAAAAARG !"
"MOUAAAAAAAARRRRRG !"
"Pfff sur Nanarland ils font que se moquer de moi"
Turkish Rambo II alias Korkusuz est donc un excellent nanar qui vous fera passer de grands moments de rigolade si vous êtes réceptif aux séries Z du Bosphore. Regardez aussi son compagnon, Kara Şimşek, un brin moins nanar mais tout de même excellent !
4/5
Rareté : 6 ou 4 :
Bonne chance pour le trouver sur un support officiel ! Le film n'est même pas référencié sur IMDB et je n'ai pu retrouver aucun visuel d'une quelconque VHS. Il est par contre trouvable via des DVD-R artisanaux proposés sur plusieurs sites spécialisés dans les gravures de films rares.