Bon, mission délicate. Sur une demande de la team et vu que c'est tout de même le mois ninja mine de rien hey ho là quand même, j'ai repris la chro Mafia Vs Ninja de André pour y ajouter un peu plus de texte, quelques précisions plus précisantes, en somme un petit lifting. Enfin, maintenant, c'est plutôt un gros lifting.
http://www.nanarland.com/Chroniques/Mai ... fiavsninja
Mafia Vs Ninja
Année : 1983/84
Réalisateur : Robert Tai
aka : Mafia Contre Ninja
Pays : Taiwan
Genre : Tatane volante
Catégorie : ninja
Durée : 1h27
Avec : Alexander Lou (Jack Do), Charlema Hsu alias So Yuen Fung (Charlie Woo), Tong Lung (The JAPANESE), Wong Hap alias Wang Hsia (le parrain), Eugène Thomas (le black), Silvio Azzolini (le croupier lanceur de couteaux), Ching Kuo Chung (le gros samouraï), …
Bonjour Mesdames et Bonjour Messieurs, aujourd’hui nous allons nous aventurer sur les chemins glissants du Ninja Taiwanais. Alors qu'Alexander Lou et Robert Tai la ramènent en force sur Nanarland, il était grand temps qu'un autre de leur film poids lourds débarque avec une double chro qui attend son heure depuis trop longtemps.
Si vous voulez bien vous donner la peine :
(techniquement c'est pas un "aka" parce qu'on lit le "VS" en tout petit sur le côté gauche du titre)
Réalisé fin 1983, début 1984 par celui que certains considèrent comme le maître des attaques ninjas, ce film narre les aventures de
Jack Doe et de son acolyte
Charlie Woo qui arpentent les rues de Honk Kong à la recherche d’un job.
Faisons un petit point ninja. Dans le monde des films de ninjas qui dépotent, il y a tout d'abord le japonais considéré comme iniateur, Sho Kosugi qui jouait aux USA dirigé par Menahem Golam dans une série de nanars un brin surannés débutés par Enter the ninja (1979) et qui donnera naissance à une myriade de sous films de ninjas US. Il y a ensuite quelques ninjas HK, très respectables comme celui de Liu Chia Liang dans shaolin contre ninja (1978), d'autres un peu moins propres sur eux comme ceux de Chang Cheh dans Super Ninjas (1982), puis viennent les vrais gros cancres de la classe qui sont aussi les plus allumés comme souvent. A ma droite, le légendaire Godfrey "2-en-1-Tor" Ho le Hongkongais, et à ma gauche, Robert "final nawak" Tai le Taiwanais suivi de près par son compatriote et bon camarade Wu "The Super Ninja" Kuo Jen alias Ng Kwok Yan.
Considéré par certains (les mêmes) comme le véritable père fondateur de l’action nawak ninja 80’s, Robert Tai a déjà tâté du ninja dès 1979 mais il veut maintenant taper plus fort pour prouver au monde entier que la baston nawak ninja ça le connaît, et le bastonneur qu’il fooo avec sa baston nawak ninja, c’est Alexander Lou.
Si vous connaissez ce regard, c’est que vous avez déjà vu un de ses nombreux films de Ninjas
Par contre ce que vous connaissez peut être moins c’est le festival de tics nasaux qu’il va effectuer pendant 1h27. Car Alexander Lou en plus de ressembler à une manipulation génétique entre Rambo et Bruce Lee, se permet ici de copier comme jamais le petit Dragon dans ses cris, ses tics et un bon lot de positions typiques. L’ambiance du début de métrage est au kung fu urbain des profondeurs proche d'un sous sous "Fureur de vaincre", et Alexander ne va pas se gêner pour singer avec la subtilité qu’on lui connaît la légende de Bruce Lee, le jeune justicier des campagnes qui débarque en terrain véreux, terrain de préférence infesté de méchants japonais joués par des chinois. Sauf que lui ne va pas philosopher sur la non violence et attendre le plus tard possible pour envoyer tout le monde dans le décor. Alexander, dès la première scène, tatane et va continuer à tataner sans relâche tout ceux qui veulent tataner avec lui, c'est à dire tout le monde.
Il rencontre par hasard un jeune citadin trublion champion de cabotinage intensif, Charlie Woo. Ils se tatanent alors gentiment en guise de présentation, et voilà, ils sont maintenant super copains !
Les héros ont été présenté, le film peut donc narrer les mésaventures de Jack et Charlie à Hong Kong. Très rapidement, Jack va comprendre qu'il ne fait pas bon se promener seul la nuit et sans que l'on sache vraiment pourquoi, la bagarre démarre :
« Bruce Lee ?? Connais pas »
« Le costume de Bruce Lee ? Non, non, connais pas »
Pendant ce rude combat, Jack en profite pour sauver la vie d'un homme qui s'avère être le parrain de la ville et qui propose à Jack de devenir son garde du crops.
« Oui patron, si y a de la baston, on est d'accord »
Les présentations sont à peine terminées que Jack se met au travail en démasquant un traître qui tenta de réduire le parrain en poussière à l'aide d'une bombe artisanale. Le combat démarre et le suspens est de suite total :
« Mon dieu, vais-je mourir ? »
Malheureusement, les captures seront toujours moins fidèle que la vidéo, c'est pourquoi je vous propose de jeter un oeil à un petit mix maison afin de mieux comprendre en particulier le genre d'effets spéciaux qui débarquent subitement d'on ne sait où, notamment la technique du "reverse" :
LA TECHDIQUE RIVERS
Un éminent aperçu du niveau d’intensité nawak auquel Robert Tai peut parvenir sans forcer. Attention, la ninja mauve qui apparaît ici n'utilise pas la "technique reverse", c'est bien le cascadeur qui fait lui-même le va et vient, le tout accéléré façon dessin animé.
Revenons à notre histoire. Le traître tué précédemment était à la solde du grand ennemi Japonais : «The JAPANESE ».
Grand maître des arts Ninja et tout et tout, en un mot : Le Boss.
Cet acteur, Tong Lung, ancien champion de Tae Kwon Do qui n’est autre que le frère d’Alexander Lou, en plus d'être exécrablement mauvais, possède sans doute l'un des rires sadiques les plus indiscrets de l'histoire du cinéma (il y en a tellement), et l’avantage certain pour nous spectateur que sous son pyjama Ninja, on le reconnaît facilement vu son crops taillé en apéricube.

Lookalike ?
« Personnellement, j'ai toujours aimé la mode ninja turc »
Pour mettre fin au règne du parrain, et ainsi pouvoir distribuer son héroïne en toute tranquillité, il décide d’engager 4 sous-boss venus des 4 coins du monde. 2 du Japon et 2 des Etats Unis, comme ça tous les continents sont représentés.
un mini maître Ninja qui manie l’épée fouet comme personne
un gros moustachu samouraï qui ne jure que par son katana , Ching Kuo Chung, le gros atitré du kung fu taiwanais.
un black-kickboxer qui se bat à mains nues , la première apparition à l’écran du subliminal Eugène Thomas.
Le meilleur pour la fin, le croupier lanceur de couteaux, spécialisé dans le découpage de pommes , la première apparition à l’écran du tripesque Silvio Azzolini.
Pour bien nous montrer les capacités extraordinaires de nos 4 mini-boss, Robert Tai nous offre une magnifique démonstration de force et prend plaisir à présenter ses deux gweilos attitrés, Eugène et Silvio, signe de la sa volonté de s'ouvrir à une touche occidentale et au marché international. Bref, le moins que l'on puisse dire, c'est que le black est l'archétype même du kickboxer sous acide et que le croupier se débrouille pas mal du tout pour les tartes aux pommes.
« J’ai fait de la compote, quelqu’un en veut ? »
« Non. Bon, quelqu'un a de la pâte pour une petite tarte ? je me sens bien d'attaque là. »
Ce groupe de 4 constitue une stratégie que Robert Tai aime à utiliser dans beaucoup de ses films. Il s'agit pour lui de présenter un bestiaire façon Street Fighter le plus représentatif possible, pour ainsi mettre au placard toutes les présentations et autres dialogues superflus afin de se concentrer sur la tatane. Il faut bien avouer que vu les tronches stéréotypées qu'arborent d'emblée nos combattants, inutile de s'étaler sur leurs pensées philosophiques. Vous voulez de la tatane ? Vous aurez de la tatane.
Le parrain est malheureusement pour Jack promptement assassiné ce qui le met dans un état de rage vengeresse extrêmement encourageante pour la suite :
Raaah. Alexander, même méchant, il a toujours l'air trop sympa. ^^
Jack et Charlie (enfin, surtout Jack) vont devoir liquider ses 4 sbires, tataner quelques ninjas et finalement péter la gueule du méchant JAPANESE. On ne peut faire plus basique à comprendre...
Et ça commence par le mini Maître Ninja, qui va mourir de la main de Charlie Woo et le tout en vidéo s’il vous plait.
Vous pourrez mieux saisir avec ce petit extrait l’essence même du combat ninja à la mode Robert Tai, clairement difficile à décrire avec des mots simples.
"ATTENTION CA VA ALLER VITE"
Bon ça vous a plu ? C’est normal, c’est géniaal ! Épileptique comme pas deux, câbles dans tous les coins, mouvements de caméra complètement impossibles, effets spéciaux système D sans filet, travellings ninjas hallucinogènes, fureur nanarde au paroxysme, c’est du no limiiiit ! … hum.
Au tour maintenant du gros samouraî de passer à la casserole, le tout devant des sacs de drogue qui brûlent. Voila le résultat :
La toile de jute ultra inflammable
« Aaaar, Mein Kampf, je meurs ! »
Après 2-3 tics nasaux et une partie de poker vouée à duper l'ennemi, Jack décide de s’occuper du sort funeste du croupier. Avec l'aide de Charlie le comique, Jack se rend au temple pour faire sa fête au balafré :
Sylvio : « - Et toi, t'as pas un peu de pâte pour une petite tarte ?... »
Alexander : « - Attends, après la gym. »
Sylvio : « - Et toi non plus t'as pas un peu de pâte alors ?... »
Charlie : « - Attends, après mes conneries. »
Notez que ce décor de temple ci-dessus est un des lieux de tournage favori de Robert Tai que l'on retrouvera dans plusieurs de ses films. Oui, bon d'accord, on s'en fout.
"Alors… Le maître Ninja, c’est Charlie qui s’en est occupé…Le gros nazi, il rôtit avec sa cocaïne…Le croupier ne fera plus de compote ni de tartes…Ah ben il me reste le black-kickboxer qui habite au même endroit que tout le monde."
Ah oui, car un point bizarre que je n'ai pu éclaircir, c'est que Jack sait où se trouve les 4 gros lards. Il lui suffit d'en avoir buté un et de marcher quelques mètres pour croiser le suivant. Vachement pratique, avouez le!
« Toi j’te préviens, je t’aurai prévenu ! »
« Bin, viens, je suis en pose là justement »
Jusqu'ici, les combats sont restés presque compréhensibles et Alexander a pu se la jouer un maximum en montrant ses biscoteaux huilés et ses bretelles qui claquent, mais les choses vont définitivement s'empirer puisque nous atteignons maintenant les 15 dernières minutes synonymes d’intensité nanarde. En effet, Jack se rend dans le Q.G du JAPANESE afin, vous vous en doutez, de lui botter le train. Mais ce qu'il n'avait pas prévu, c'est l'apparition soudaine de tonnes de ninjas, qu'il va devoir s'empresser de zigouiller. Et là, c'est le drame. Les combats basculent définitivement dans un autre monde. Le but avoué du réalisateur était de pousser son art tout à fait personnel des câbles et de la dynamique des machins volants à son paroxysme pour repousser les limites du genre jusqu'ici inexploitées à ses yeux. Les moyens de production sont dérisoires, le bordel incommensurable, mais Tai aux commandes sait parfaitement ce qu'il veut montrer et sait aussi très bien se faire respecter sur le plateau, quitte à engueuler tout le monde un bon coup, et recommencer autant de fois qu'il le voudra toute la journée. Que le résultat soit nanar ou pas n'est pas son problème.
Pour illustrer cela, rien de tel qu'un petit instant au coeur du boxon :
l’ATTAQUE DES MOTTES EXPLOSIVES
Cette légendaire attaque des mottes explosives, en particulier la dynamique avec laquelle elle est proposée ici (des batons qui tirent les mottes à terre) n'est qu'un embryon de ce qu'elle donnera ensuite dans son futur Ninja Final Duel. Elle est depuis devenue un classique Tai que nombre de réalisateurs décérébrés reprendront à leur compte ultérieurement mine de rien.
EXCLUSIF, le seul ninja qui change de sexe selon les plans:
Homme
Femme
Le jeu est applicable à toute la scène puisque l'actrice qui joue la ninja mauve est une inconnue qui ne sait absolument pas tataner. Robert Tai règlera bientôt le problème avec sa ninja mauve préférée, Alice Tseng, reine des ninjettes naturistes que l'on verra dans Ninja Final Duel et Shaolin Dolemite.
« Youpi ! On a gagné !! »
Mafia Vs Ninja se place comme la première véritable explosion du style outrageusement bordélique de l’action ninja façon Robert Tai. A cette époque, il n'a pas encore coupé tous les ponts avec son expérience de la Shaw Brothers au côté de Chang Cheh. La première demi-heure est donc assez classique du genre non seulement dans sa narration au ras des paquerettes, ce qui est presque évident pour un kung fu, mais aussi lors des deux premiers combats qui sont encore bien old school, techniques et ma foi assez violents et rapides pour friser de justesse les normes de qualité old school, dans la droite lignée des artisans du genre. Néanmoins, il apparaît déjà un petit quelque chose de typiquement Tai dans le montage cheap et bougrement énervé et les "reverses" sauvages qui laisse à penser que tout n'est pas normal dans ce film. Les combats suivants confirment et sont de suite beaucoup plus délirants dès l'apparition du quatuor de mini boss. N'oublions pas les authentiques athlètes de l'opéra et du Tae Kwon Do qui forment le noyau dur du réalisateur, à commencer par Alexander Lou. Leurs prouesses physiques sont bien réelles, et c'est bien là tout le paradoxe Robert Tai, qui mélange jusqu'à ne plus rien distinguer vrais athlètes, vraies techniques martiales, action clairement nanarde et jeu d'acteurs imbuvable.
Alexander Lou confirme aussi son énorme capital sympathie naturel et sa motivation fait toujours plaisir à découvrir en dépit de sa palette de sentiments plus que limitée.
Suite à son succès sur le marché local (et oui les conneries comme ça, ça cartonnait localement !), ce petit kung fu sera complété de nouvelles scènes pour donner une série télé taiwanaise de 3 x 1h30 sortie en vhs en 1984 et intitulé Mafia Kids qui n'apporte pas grand chose de plus au final. Avec Mafia Vs Ninja, Robert Tai a tout de même réussi à s'exporter un peu partout à l'international comme il le souhaitait, en particulier en Grande-Bretagne et dans les Caraïbes. Nous retrouverons dès lors de multiples éditions vhs puis dvd du film sorti depuis dans de nombreux pays du monde dans des versions peu regardantes sur la qualité et le doublage.
Les plus nanar : L'action à la mode Robert Tai, les ninjas en mousse, les 15 dernières minutes, le doublage du parrain, les bruitages miteux, la tronche du cast.
Les moins nanar : Pas de nichons, un scénario bête mais cohérent, c’est pas un 2 en 1 made in Godfrey, c’est du Robert Tai.
Pour finir, un magnifique clip nanar en l'honneur de Jack Do et Charlie Woo :
http://www.youtube.com/watch?v=bvKx7urRMus
Notes :
André : 4/5
drélium :
4/5
Rareté : 3
Plusieurs rééditions DVD US existent et sont facilement trouvables sur Internet. Plusieurs éditions VHS assez rares dont deux françaises (cf en haut de page) ont aussi vu le jour. La série télé Mafia Kids qui n'est que le film allongée de nouvelles scènes est uniquement disponible en 3 vhs taiwanaises plus que rares.
En espérant qu'André cautionnera le lifting.
