Land of Death est la seconde partie du double progamme "
70's old Mattei in the Jungle of Philippines", concept merveilleusement remis au goût du jour par notre ami Italien dès 2003, bien avant ces vils plagieurs de Tarantino et Rodriguez. En fait, il faut bien avouer qu'en fin costkiller adepte du rendement optimal, Bruno maîtrisait déjà depuis de nombreuses années la technique du deux films pour le prix d'un, comprendre par là que si vous, vous paierez bien deux fois pour voir les films, Mattei, lui, n'a mis la main à la poche qu'une seule fois. Bref, voici un réalisateur qui doit sûremment se lever tôt.
Mais pourquoi continuer à prendre des pseudos ? Pour la légende ?
Un point de scénario (si tant est que ce mot ait un sens dans ce genre de production) :
La fille d'un quelconque gouverneur américain a disparu dans la jungle philippine. Une équipe de commandos est logiquement envoyée à sa recherche, menée par un guide rompu à tous les pièges locaux.
Mais de sauvages cannibales rôdent...
Si vous avez vu et aimé
Cannibal World, pas de surprise, vous marcherez en terrain connu avec ce Land of Death : mêmes lieux, mêmes acteurs, même qualité DV porno, même bidoche rougeaude, etc, et bien entendu, les mêmes tics de réalisation qui ont rendu l'ami transalpin si connu de part le monde du bis déjanté.
Première évidence qui fait plaisir : tous le acteurs sans exception sont délicieusement nuls. C'est tout de même sidérant de voir avec quel talent Bruno continue d'avoir le feeling parfait pour sortir de nulle part des ringards pareils, pas foutus de donner un semblant de crédibilité à leur rôle. Malin comme un singe, il a bien sûr récupéré direct from Cannibal World quelques têtes éprouvées, probablement endettées jusqu'au cou pour avoir accepté de renouveler leur contrat (la traite des clodos de Manille existerait-elle toujours ?).
On prend les même et on recommance.
J'avoue avoir un gros faible pour la trogne de Claudio Morales, inoubliable Bob Manson, qui a eu cette fois la chic idée de travailler son personnage en lui octroyant une pipe en bruyère du meilleur goût, pipe qu'il mâchonne distraitement pour se donner un air de marin accroc aux épinards en totale adéquation avec la présente thématique du Commando VS Cannibales. Malheureusement, comme de nombreuses étoiles filantes de l'acting nanar, Claudio n'a pour le moment que 2 films à son actif, et c'est avec impatience que je surveille sa fiche imdb.
Mais qu'on ne s'inquiète pas pour les p'tits nouveaux qui, niveau nanar, assurent comme des bêtes.
Admirez messieurs dames, un sosie de Jakoda qui partage avec lui un même cerveau, une tarlouze décomplexée qui réclame des parkas assortis à la couleur de ses yeux, une latinos qui connait les 5 mots espagnols internationaux (amigo, muchacho and co),
un taré qui redéfinit une nouvelle fois le terme cabot, et, les vrais stars, plein de sauvages beuglant à qui mieux mieux. Enfin, "
plein", c'est grâce au culot de Bruno qui annonce "
une centaine de cannibales" quand on en voit maximum 20 à l'écran (remember "
il y a des millions de rats derrière cette porte !").
La fine équipe quasiment au complet.
Le Lt. Wilson se croit sans Strike Commando 3
Ces derniers attirent d'ailleurs l'attention du nanardeur, tant leur traitement est d'une crétinerie confondante. En 2003, Mattei continue à nous servir du sauvage natif à la sauce colonialiste amateur de frissons exotiques qui n'aurait pas dépareillée il y a un siècle. Le Mondo n'est pas mort, Mattei est son messie.
Ces peuples sont ainsi entièrement constitués de décérébrés hurlant en permanence, sans même de langage véritable, et qui, s'ils connaissent au moins le feu, ne peuvent se retenir de manger les viscères crues en se les arrachant mutuellement de la bouche et en s'en foutant partout. Même quand ils mangent des couilles de singe faisandés (un plat typique, je n'en doute pas), ils se barbouillent la gueule avec en rigolant comme des gros niais.

Miri-Shoran, déesse mystique de l'amour et de la sensualité, danse comme une patate.
Pourquoi sont-ils cannibales, on ne saura jamais vraiment, et on sent bien qu'on s'en fout. Il est évident que le sujet du film n'est pas une étude anthropologique, mais un semblant de cohérence ne ferait toutefois pas de mal pour rendre un peu crédible ce qui se résume là à une bande de débiles peinturlurés en rose qui ne branlent rien de leur journée à part mastiquer une cervelle à l'occasion. Surtout quand on veut faire de ses héros de fins connaisseurs en culture indigène.
Bref, vous l'aurez compris, depuis Virus Cannibale et ses Papous nécrophages en panique, rien de bien nouveau sous le soleil italien.
Une séquence d'explications tout en subtils hurlements
La psychologie des persos quant à elle est toujours aussi vaseuse, évoluant du tout à son contraire en 5 minutes, ce qui permet au scénario de sombrer tranquillement, et ce malgré sa grande simplicité (je rappelle qu'il se résume à une équipe de gars qui marche dans la jungle pendant 90 minutes, et dont la dernière demi-heure est une chasse à l'homme avec les mêmes bons hommes qui surgissent de fourrés ou de mares d'eau, et meurent indéfiniment).
A la décharge de Bruno, faut reconnaitre qu'il n'est pas évident de rendre cohérent un tel amas de repompes sauvages de films de genre. Bah oui, pourquoi se faire chier à avoir des idées alors que d'autres en ont déjà eues auparavant ? Surtout que comme ça, on peut se permettre de n'utiliser que les idées qui ont fait leur preuve. Je vous le dis, moi, le seul vrai cannibale ici, c'est le réalisateur.
L'amateur prendra ainsi grand plaisir à relever les emprunts plus ou moins énormes, éparpillés tout du long du métrage. Si Aliens, La Montagne du Dieu Cannibale, la Secte des Cannibales (un autre beau nanar du genre),
Double Target (vive l'auto-référence) et
Cannibal World (ou l'inverse, on s'y perd) ne font que le teinter par de fugitifs relents, que dire de Predator et de Cannibal Holocaust (encore lui !) dont ce ne sont plus seulement les idées, mais carréments des scènes entières qui sont plagiées à l'angle de vue près, mélangées n'importe comment et exposées sans aucun scrupule à l'écran. Certains passages enchaînent à un tel rythme effréné les repompes que la tentative de les resituer dans leurs métrages originaux donnent le vertige. C'est la 4ème dimension par moment.
J'ai comme une impression de déjà-vu...
Une double impression de déjà-vu, mais pas exactement la même.
Et quand Bruno est trop fatigué pour tourner lui-même une scène qu'il a volée, pas de souci, il reste toujours les traditionnels stock-shots : personne ne s'étonnera donc d'apercevoir un léopard flou en contre-champs ou bien des scènes d'hélicoptères montées en dépit du bon sens (on peut voir les hélicos se déplacer alors que des personnages sont en train d'en descendre tranquillement avec des filins).

I never edited footage de gueule in my movies.
Adepte du mauvais goût jusqu'à sa mort, le père Mattei continue par ailleurs d'en foutre plein la gueule aux animaux dans son film. Les fans auront remarquer que la cause animale est une cible de choix dans de nombreuses de ses oeuvres : les rats sont cramés vivants dans
Les Rats de Manhattan, un serpent est shooté dans
Strike Commando, un caïman est égorgé dans
Cannibal World, etc...
Ici, c'est la fête au snuff, et c'est un marcassin, un serpent et une araignée qui trinquent. Alors que la tortue de Cannibal Holocaust continue de faire parler d'elle plus de 20 ans après, Mattei, lui, s'en branle royalement et doit être un des derniers à incorporer du snuff animalier dans ses films. C'est à se demander comment il peut les vendre à l'exportation après...
Amis de la poésie, au revoir.
Qui a inventé la tomate farcie ? Le 1er lépreux à avoir éternué.
Du mauvais goût, il y en a aussi dans les effets spéciaux goreux car s'ils ne sont pas forcément trop moches, leur utilisation nawak leur donne un côté grandguignolesque tout a fait nanar. Quant au doublage et aux dialogues, sans être transcendants, ils assurent tout de même le minimum de ringardise. Enfin, le tout est enrobé d'une musique militaire digne de la guerre de Sécession, ridicule et déplacée.
Et se maquiller une bite sur la tronche, c'est pas déplacé ?
En tout cas, c'est pas tout ça que de piller des idées, faut aussi du pognon. Et Bruno semble en avoir manqué pour finir son oeuvre tant la fin est expédiée incomplète. Si certains peuvent ne pas apprécier, perso, j'adore ce coup de massue final qui en dit bien long sur le talent de son auteur.
Cameron vient de se faire blesser au sac à dos
Mieux vaut toutefois préciser qu'au nanaromètre, Land of Death reste en déça de
Cannibal World. La faute à un rythme moins soutenu, avec une insistance un poil trop longue sur nos amis cannibales qui ripaillent grassement pendant que les pélos des commandos marchent sans fin dans la forêt. Il manque aussi tout le croustillant nanar de la pseudo-réflexion Cannibal Holocaust-like anti-télocho-capitalisto-mais qui sont les vrais sauvages ? ais ce ne sont pas ces quelques menus défauts qui doivent vous empècher de savourer ce sympathique nanar qui réserve de nombreuses scènes de franche rigolade nawak.
J'hésite à classer celle-là comme repompe de l'arroseur arrosé.
En conclusion, je ne peux m'empècher de lancer ce cri d'amour à Mattei : ne t'arrête jamais mon gars !! Tu as réussi à survivre à la chute du cinoche italien avec en plus la grâce de poursuivre dans ce domaine auquel tu as tout donné, le nanar bisseux. Indécrottable camé de la pelloche, tu as été capable de t'adapter aux conditions de tournage moderne sans pour autant perdre ton identité. En véritable génie, tu as réussi l'exploit de conserver tout ce qui faisait ton charme, à savoir le pire du cinéma des 80's, tout en y intégrant le pire du cinéma actuel. Ma loyauté t'est aquise pour toujours, et jamais tu ne quitteras la chaude place qui t'est réservée dans mon coeur.
Note - 3/5
Videos Bonus :
Une amputation nanarde comme il faut, suivie d'une déclaration qui vient du coeur
La psychologie native selon Romero
La coke, produit indispensable à tout guide touristique
Images Supplémentaires
Pratique SM au fond de la jungle
Un léopard qui grâce à son statut de stock-shot, s'en sortira vivant
Encore une gloire éphémère du nanar, LoD étant son seul film
Romero tente de rester digne
Titre : Land of Death
AKA Horror Cannibal 1
AKA Nella terra dei cannibali
Réalisateur : Bruno Mattei (alias Martin Miller)
Année : 2003
Pays : Italie/Philippines
Genre : Dawn of the Vincent
Catégorie : Epouvante
Durée : 1H33
Acteurs principaux : Claudio Morales, Cindy Matic, Lou Randall, Ydalia Suarez, Silvio Jimenez, Santi Larrauri, Kenny Krall, Brando Jr
Côte de rareté - 1 Disponible
Le titre européen surfe allégrement sur un certain film de zombis signé Romero (par ailleurs, nom de Claudio Morales dans ce nanar ; soit Mattei cite ses sources, soit en vrai potache il se fout de la gueule du monde). Un des titres alternatifs est carrément Cannibal Ferox 3 !! Quant aux Japonais, o nfait encore moins dans la finesse avec le titre Cannibal Holocaust : Cannibal vs Commando.
Il est trouvable en DVD Z2, soit en coffret double DVD avec son frangin Cannibal World, soit en coffret 5 DVD à ne pas manquer chez Fravidis (contenant en prime Virus Cannibale, Zombie 3 et The Black Cat).
Le coffret 5 DVD
DVD russe (Zemlia cannibalov)