FLASHMAN CONTRE LES HOMMES INVISIBLES
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(Flashman / Spider Flash le justicier volant)
Et maintenant, un flashback vers les années 1960 : le cinéma bis italien ne s’est pas encore tout à fait enfoncé dans le nanar, mais produit déjà nombre de plagiats et sous-produits joyeusement misérables qui font les délices des distributeurs peu regardants dans les marchés du film. Parmi ces films surfant sur les modes, ce très obscur « Flashman contre les hommes invisibles » présente un intérêt particulier : il s’agit en effet historiquement, selon le spécialiste du trash italien Marco Giusti, du premier film de super-héros italien, produit à grande vitesse après le succès de la version 1966 de « Batman ».
Très sympathique bricolage, le film oscille sans arrêt entre le bis guilleret et le nanar désopilant, alliant un certain charme du cinéma de quartier d’antan à un manque de maîtrise du genre « super-héroïque » qui le condamne à une absence de crédibilité assez générale. Le film a néanmoins pour qualité de ne rien offrir d’autre que ce que promet son titre : le scénario, fort basique, décrit les méfaits à Londres d’une bande de malfaiteurs (dont le chef ressemble à une vague fusion entre Nicolas Sarkozy et Samuel Le Bihan) ayant dérobé la formule d’une potion d’invisibilité.
Le méchant.
La copine du méchant (encore plus méchante que lui).
Ainsi équipés, nos hommes invisibles commettent une série de braquages, mais ils ont compté sans l’intervention de….FLASHMAN ! Comment ça, qui est Flashman ? Ben, on est apparemment censé le savoir, puisqu’à aucun moment le personnage ne nous est présenté, son apparition tonitruante au bout de dix minutes n’étant annoncée par rien. On aurait pu faire débouler un justicier habillé en gnou, ça ne serait pas tombé davantage comme un cheveu sur la soupe.
Flashman, puisque nous ne pouvons le juger qu’à l’aune de ce qui nous est montré, est un super-héros au fabuleux costume pailleté qui lui va comme un costume de footballeur américain à un petit rat de l’opéra. Ce surhomme dont le look bat à plate couture celui d’Adam West sur le terrain du ridicule assume à lui seul une bonne partie de la nanardise d’un film déjà esthétiquement très foutraque. On ne nous indique pas si Flashman possède un quelconque super-pouvoir : il résiste certes aux balles, mais rien ne précise si cette particularité ne vient pas du costume en cote de maille. Notre héros est en réalité Lord Alexei Boorman, un riche oisif qui semble tuer le temps en combattant le crime. Une sorte de Batman, quoi, rien ne nous étant cependant dit sa personnalité ni sur ses motivations : il préfère sans doute ça à un tournoi de mini-golf au Rotary Club.
Flashman en civil (Paolo Gozlino, second couteau du bis italien, ici caché sous le nom de Paul Stevens).
Flashman affronte donc le gang dans une série de pugilats mal dirigés (enfin, pas plus de ceux de « Batman (le film) ») et de course-poursuites qui le mèneront de Londres à Beyrouth. Notons à ce sujet que le film semble avoir bénéficié d’un budget relativement confortable, puisque des scènes ont réellement été tournées en Grande-Bretagne et au Liban. Or, le film étonne par sa technique très maladroite, proche parfois de celle d’une série Z fauchée. Peut-être la médiocrité de la copie dans laquelle j’ai vu le film joue-t-elle, mais le côté résolument brut de décoffrage de la mise en scène et de la photo laisse parfois une impression de « cinéma-vérité » mal fichu tout à fait déconcertante pour un film de ce genre. Tout le budget du film est-il parti dans les billets d’avion pour emmener l’équipe à Londres et Beyrouth ??
Le film n’est pas désopilant tout du long, contenant un certain nombre de séquences tout à fait acceptables dans un film bis ordinaire (bien que bas de gamme), mais il présente suffisamment d’éléments ridicules pour retenir l’attention et justifier son inclusion en ces lieux. On citera notamment la présence d’un inspecteur de Scotland Yard particulièrement ridicule, qui ferait passer Louis de Funès dans les « Fantômas » pour un comique tout en retenue et en sobriété. Sa présence nous vaut une série de gags tombant régulièrement à plat, qui portent parfois le film sur le terrain du nanar comique. A noter que la VF présente un intérêt supplémentaire puisque ce policier britannique parle…avec un accent méridional ! L’acteur (Jacques Ary) étant français, il s’agit sans doute de sa vraie voix, mais l’effet est parfaitement risible. Son personnage n’est pas le seul à être maltraité par le doublage français, puisqu’un flic libanais se trouve lui aussi affublé d’un accent marseillais !
Le premier maronite de la Canebière, cong !
Parmi les éléments notables du film, nous citerons également la jeune assistante de Lord Boorman alias Flashman, dont le personnage semble vouloir ajouter une touche branchée sixties : elle nous offre une collection de maquillages tous plus ridicules les uns que les autres, parfois proches de la peinture de guerre sioux. Le doublage français lui attribue également un accent anglais effarant, ce qui n'a aucun sens puisque la plupart des autres personnages (Flashman compris) sont britanniques et n'ont aucun accent. Ca a dû encore picoler en salle de doublage...
En définitive, « Flashman contre les hommes invisibles » est à voir comme témoignage d’un cinéma bis très médiocre mais néanmoins sympathique, dont l’intense pauvreté n’empêche pas le caractère divertissant. Oscillant entre nazerie complète et gentille médiocrité, ce super-héros italien nous fait passer un agréable moment à la redécouverte d’un cinéma bis passé aux oubliettes de l’histoire. Il est vrai que les grandes productions hollywoodiennes font aujourd’hui largement aussi naïf, mais avec moins de fraîcheur…
Flashman est un winner.
FLASHMAN CONTRE LES HOMMES INVISIBLES
Année : 1967
Réalisation : J. Lee Donan (Mino Loy)
Pays : Italie
Genre : L’Homme-puma n'a rien inventé
Catégorie : Super-héros
Avec : Paul Stevens (Paolo Gozlino), Claudie Lange, Ivano Staccioli, Jacques Ary
Nikita : 2
Cote de rareté : 3/Rare
Le film a été réédité en Italie en un DVD minimaliste avec uniquement une piste sonore italienne. En France, c’est le boxon : si l'édition VHS de "Master productions" respecte le visuel, celle de "René Royce Vidéo" nous refourgue le film sous une jaquette volante et le titre douteux de "Super Flach l'homme volant" (sic).
Le film s’est même retrouvé en VHS chez ces escrocs de Colombus vendu sous une jaquette présentant un visuel de mauvais manga, sous le titre de « Spider Flash le justicier volant ». Pourquoi vendre un film de super-héros comme un dessin animé ? C’est le mystère insondable des jaquettes volantes….Pas de DVD français à l’horizon pour le moment.
Cadeau bonux :
La chanson du générique. (Merci à Wolfwood)