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Je viens de découvrir l'objet et d'accord avec Cyborg concernant l'aspect parodique. C'est une sorte d'ancêtre de JOHNNY ENGLISH avec moins de moyens. On reconnait l'humour pince-sans-rire britannique dans certaines répliques même si ça ne vole globalement pas très haut et les gags/clichés absurdes laissent peu de doute sur l'aspect "comédie" de la chose. Il est vrai cependant que l'ensemble manque de consistance et devient répétitif à la longue. Le coup de la vitre pare-balle et la scène de la fusillade avec les mercenaires réduits en morceaux m'ont fait rire au premier degré mais, la plupart du temps, les gags ne fonctionnent qu'à l'état d'ébauche, leur mise en scène ne suit pas. Et puis la réalisation tout juste fonctionnelle, l'écriture grossière et l'abondance des pépettes en petite tenue m'incitent à le classer à coté des comédies franchouillardes (genre TAIS-TOI QUAND TU PARLES) ou des comédies populaires italiennes de la même époque (avec une vulgarité moins outrancière ceci dit). De là à le classer "nanar", j'hésite.

C'est vrai qu'il aurait presque sa place dans "Au-delà du nanar" celui-là. Cela dit, assez d'accord avec Rico, car Shonteff cherche de toute évidence à émuler les James Bond période Roger Moore, qui sont eux-mêmes de la bonne grosse auto-parodie assumée (revoyez Octopussy et Moonraker, c'est du Grand Guignol total, on se croirait par moments devant un film des ZAZ). Globalement, on rit autant avec le film que du film, même si parfois on est tellement dans l'humour pouêt-pouêt gras-double que j'ignore à quel degré on se marre (comme Buck Banzai, je trouve qu'on est plus dans la comédie lourdingue que dans le pastiche réussi). Un peu comme les Roger Moore en fait. Au final, le film gagne sa chronique grâce à son non-budget et à sa réalisation hideuse, là où les 007 de l'époque étaient trop mainstream. Et la musique est top de chez top effectivement (ça vaut White Fire dans un autre style). Perso, je lui donne 4/5 même si c'est à la limite du BF.

Sinon, j'ai chopé Number One Gun (1989), l'ultime opus de la saga des Charles Bind/Vine (Shonteff est toujours à la barre), et c'est encore plus moche que Mac-10 de Nick Millard. Pas encore regardé en entier mais l'aspect parodique semble toujours bien présent (et de ce que j'en ai vu, les gags sont particulièrement finauds et recherchés), sauf que là c'est tourné au caméscope avec un casting de série Z et le son en prise directe. S'il tient la longueur, je le chroniquerai.

Quand je parlais des James Bond peu sérieux, c'était bien sûr cette époque. C'est même cartoonesque parfois (les accidents de Requin), quand c'est carrément pas WTF, comme le thème de Lawrence d'arabie quand James traverse le désert dans "L'espion qui m'aimait", ou James qui pousse le cri de Tarzan en sautant de liane en liane dans Octopussy. Après, les Roger Moore, c'est clairement mes James Bond préférés, surtout le diptyque L'espion qui m'aimait / Moonraker. Mais là où je ne suis pas d'accord, c'est la comparaison avec les ZAZ, car les films traitent tout le côté rocambolesque avec beaucoup de sérieux, porté en plus par le flegme et l’immense classe de Roger Moore. L'action n'est jamais au service de l'humour, il en est juste un résultat, à l'inverse des ZAZ ou tout est au service du gag.

Il y a de bonnes idées d'exagérations de clichés d'espionnage dans N°1, malheureusement il y a quand même un manque de talent et de budget. Je dirais que l'état d’esprits ce de film pourrait être le Magnifique si il n'était que les aventures de Bob Saint-Clar du début à la fin (la classe en moins).

Les Roger Moore sont aussi mes James Bond préférés, et la référence aux ZAZ c'était surtout pour souligner le côté ouvertement cartoonesque des films (outre les scènes que tu as cité, j'ai aussi un faible pour celle d'Octopussy où Roger Moore, déguisé en singe, fait mine de regarder sa montre, ou celle où Louis Jourdan fait un looping et vole à l'envers mais Roger Moore reste accroché sans problème au toit de l'avion, entre autres passages volontairement bidonnants). En fait, dans un certain sens, ce sont presque les James Bond les moins nanars, dans le sens où le côté absurde est complètement assumé et où Roger Moore ne se prend absolument pas au sérieux (hormis dans quelques passages dramatiques, comme l'évocation de la mort de sa femme), alors que c'est moins évident dans les autres (les Sean Connery se prennent au sérieux mais avec une bonne pointe de flegme pince-sans-rire, les Timothy Dalton et les Pierce Brosnan ont beaucoup d'humour mais aussi des scènes où l'humour semble moins volontaire et des scènes dramatiques réussies, les Daniel Craig se prennent très au sérieux, sans humour, mais avec des scènes d'action toujours surréalistes, le George Lazenby demeure de mon point de vue le meilleur au premier degré).

Ce qui empêche les 007 d'être des nanars, c'est qu'ils sont trop réussis sous tous les aspects cinématographiques (photographie, musique, mise en scène, interprétation, cascades, effets spéciaux...) alors que tous les ingrédients du mauvais cinéma sympathique sont par ailleurs réunis (clichés, gadgets fantaisistes, géopolitique de romans de gare, scènes d'action over the top, machisme de bas étage, pin-up en bikini décoratives...). Ce qui fait que les copies fauchées de James Bond versent facilement dans le pur nanar, en étant dépourvues des qualités de leurs modèles tout en repompant des codes peu réalistes (un peu au cinéma d'espionnage ce que sont les sous-Rambo 2 au cinéma de guerre).


Et c'est vrai que Number One, c'est un peu Bob Saint-Clar en beaucoup moins classe (et avec une réalisation quand même très médiocre et cheap).

C'est vrai que la question du budget et de la maîtrise technique sont des aspects importants pour expliquer le delta qui sépare la saga Bond
et ses copies. C'est aussi une question de dosage subtil. Là où le professionnalisme de la plupart des films Bond permet de perfectionner une recette assez codifiée,
un film fauché et opportuniste va souvent vouloir jouer avec les proportions et en rajouter. Ce Number One est un parfait exemple, vu qu'on fait de l'espion un fétichiste
des armes à feu pour augmenter le quota action et que sa dimension sexuelle s'exprime sans mesure principalement par le biais de gags que les sexy comedies n'auraient pas reniées.

Mais c'est cette recette qui permet si aisément de faire des parodies. Et c'est peut-être là que le style Bondesque ou "Euro-Spy" trouve ses meilleures renaissances, d'Austin Powers à OSS 117 version Hazanavicius en passant par Johnny English, ou encore Lupin III au Japon.

Je verrais bien une renaissance de Number One sous un jour parodique même si on peut craindre un truc à la Birdemic 2 ou Turkish Star Wars 2. Néanmoins, dans un contexte Brexit, avec Bond orphelin de la reine qu'il a servit toute sa vie, on a un contexte géo-politique assez croquignolet pour faire de la parodie satyrique intelligente.

Il faudra, un jour, songer à se replonger prochainement dans l'oeuvre de Lindsay Shonteff et, en particulier, de la série de films narrant les missions et exploits de l'agent Charles Vine, ersatz de l'agent 007.
Ainsi qu'il était mentionné dans la chronique de « Number One Of The Secret Service », Shonteff réalisa, au total, quatre films sur son héros d'espionnage entre 1965 et 1990. J'ignore si les membres de la Team Nanarland, à l'époque de la réalisation de cette chronique, (et Rico, le rédacteur de celle-ci en particulier) ont eu l'occasion de les regarder tous et si les trois autres films de la série mériteraient, eux aussi, une analyse plus détaillée sur Nanarland ?
En tout état de cause, j'espère vivement que l'occasion sera donné d'y revenir dans un futur proche.
D'autant qu'à la fin de la chronique de Number One Of The Secret Service figurait la mention « Ne vous inquiétez pas, on vous en reparlera très bientôt... » Sauf que cette promesse date de... 2012 (soit plus de dix ans déjà) !... Même si le temps est, paraît-il, une notion très relative, il n'empêche que tous les amateurs de sous-James Bond (ils ne sont peut-être pas majoritaires sur le site mais il doit sans doute quand même y en avoir quelque-uns) espèrent que cela finira un jour par venir enfin !... « Wait and see », comme le disent si bien nos amis Anglais !