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Jess Hahn, l’ «américain de France», offre un parfait exemple de carrière fort honorable, ayant pu s’égarer occasionnellement dans le nanar, comme beaucoup de comédiens au long cours. De son vrai nom Jesse Beryle, le futur «ricain» de Jean-Marie Pallardy est né le 29 octobre 1921, à Terre-Haute, dans l’état américain de l’Indiana. C’est dans l’armée qu’il s’illustre tout d’abord, combattant dans les rangs des Marines durant la Seconde Guerre Mondiale. Il participe au débarquement en Normandie, découvrant la France, dont il tombe amoureux. Démobilisé, il revient dans notre beau pays en 1949, et ne le quittera plus, allant jusqu’à se faire naturaliser français.
Il se produit dans divers cabarets parisiens en tant que musicien de jazz, faisant le bœuf à Saint-Germain-des-Prés. Mais sa trogne joviale et sa silhouette d'armoire à glace vont bientôt trouver un autre emploi : Jess, devenu comédien à force de persévérance, fera son chemin dans le cinéma au cours des années 50, jusqu’à devenir un visage familier du public français. Par un hasard amusant, il tient son premier rôle dans «La Môme vert-de-gris», qui lance la carrière, en vedette, d’un autre acteur américain exilé en France, Eddie Constantine. Jess Hahn ne tient qu’un petit rôle (muet) d’homme de main, qui se fait promptement envoyer au tapis par Constantine : ses premiers pas devant la caméra ne lui permettent pas de montrer beaucoup d’aisance, mais il fera de gros progrès par la suite, jusqu’à devenir une vraie «nature» de cinéma. Grand, robuste, jovial, il devient l’ «américain de service» du cinéma français, tenant de multiples seconds rôles : militaire, espion, gangster…Son physique et son jeu étant peu appropriés au cinéma d'art et d'essai, il s'illustrera en effet surtout dans des films de divertissement. Jess Hahn montre dans tous ses rôles une présence devant la caméra et une bonhomie qui le rendent sympathique jusque dans des rôles de méchants.
En 1959, Eric Rohmer lui offre ce qui sera l’un de ses rares rôles principaux : dans «Le Signe du lion», Jess Hahn joue le rôle d’un musicien américain qui passe de la vie de Bohême à la misère. Le film est hélas un échec (Rohmer mettra bien plus de temps à s’imposer que ses compères de la Nouvelle Vague) et Jess Hahn retourne aux seconds rôles. Sa carrière des années 60 est florissante : il est extraordinaire dans «Cartouche», de Philippe de Broca, où il interprète le rôle de La Douceur, complice de Jean-Paul Belmondo ; il camoufle pour l’occasion son accent américain en accent paysan. Il est désopilant en espion américain malchanceux dans «Les Barbouzes», et fait forte impression en taulard dans «Les Grandes gueules». Il manque cependant le rôle de Bill Ballantine dans la série télé «Bob Morane», qui échoit à Billy Kearns, l’ «autre» second rôle américain du cinéma français.
Très actif, Jess Hahn alterne bons films, navets et nanars : davantage «grande gueule» qu’acteur de composition, il est quelque peu catalogué dans le cinéma de genre, avec les disparités qualitatives que cela implique. On le voit ainsi, en France ou en Italie, dans des films comme «La Grosse pagaille » (avec Terence Hill et Rita Pavone) ou «L’Homme aux nerfs d’acier» (avec Lee Van Cleef et Jean Rochefort).
Avec Rita Pavone et Terence Hill dans "La Grosse pagaille".
La carrière de Jess Hahn ralentit quelque peu au milieu des années 70. Ses rôles se font un peu moins intéressants et moins consistants, il tourne de plus en plus pour la télévision et de moins en moins pour le cinéma. C’est cependant à la même période que Jean-Marie Pallardy lui offre un nouveau rôle principal : dans «Le Ricain», réjouissante série B franco-turque, Jess Hahn reprend son emploi habituel de brute au grand cœur, portant le film sur ses solides épaules. La collaboration entre Hahn et Pallardy semble s’être bien passée, puisque les deux hommes se retrouveront pour «White Fire» et «Overdose».
Les années 80 marquent le réel déclin de la carrière de Jess Hahn. Un peu âgé désormais pour jouer les gros bras, il trouve moins d’emplois dans un cinéma de genre français en pleine déconfiture. On le retrouve même faisant l'imbécile dans une ânerie atomique comme "Par où t'es rentré, on t'a pas vu sortir", de Philippe Clair!
Mais notre ami s’est trouvé un nouvel intérêt : l’agriculture ! Propriétaire d’une exploitation en Bretagne, Jess Hahn y consacre de plus en plus de temps : il tourne encore de temps à autres, mais finit par prendre sa retraite de comédien après «Le Retour de Lemmy Caution», téléfilm de Josée Dayan, dans lequel Eddie Constantine reprend le personnage d’agent du FBI qu’il avait inauguré avec «la Môme vert-de-gris», premier film de notre ami Jess !
"Overdose"
Après cette amusante manière de boucler la boucle, Jess Hahn ne tournera plus, jusqu’à son décès à Dinard, le 30 juin 1998. S’il eût pu être mieux exploité par le cinéma français, sa joviale présence lui aura néanmoins valu quelques splendides seconds rôles, qui lui vaudront la mémoire des cinéphiles ! Selon certaines sources, il s'intéressait moins au cinéma qu'au cabaret...Les déviants que sont les nanardeurs lui garderont, quant à eux, une place toute particulière dans leur cœur, en tant qu’acteur-fétiche du maître Pallardy. Mais cela ne doit pas nous faire oublier le talent d'un second rôle hors pair et la richesse d’une filmographie qui recouvre le dernier âge d’or du cinéma de divertissement français.
Filmographie :
1953
La Môme Vert-de-gris, de Bernard Borderie
Un acte d’amour, d’Anatole Litvak
L’Ennemi public numéro 1, de Henri Verneuil
1955
Ca va barder, de John Berry
Sophie et le crime, de Pierre Gaspard-Huit
L’Impossible Monsieur Pipelet, de André Hunebelle
Les Hussards, de Alex Joffé
1956
La Meilleure part, de Yves Allégret
Rencontre à Paris, de Georges Lampin
1957
Action Immédiate, de Maurice Labro
The vintage, de Jeffrey Hayden
La Route joyeuse, de Gene Kelly
Quand la femme s’en mêle, de Yves Allégret
Le Triporteur, de Jacques Pinoteau
Nathalie, de Christian-Jacque
Le Coin tranquille, de Robert Vernay
1958
Le Désert de Pigalle, de Léo Joannon
Chéri, fais-moi peur, de Jacques Pinoteau
1959
Le Vent se lève, de Yves Ciampi
Le Fauve est lâché, de Maurice Labro
La Femme et le pantin, de Julien Duvivier
Y’en a marre, de Yvan Govar
La Valse du gorille, de Bernard Borderie
Le Signe du lion, de Eric Rohmer
Ce soir on tue, de Ivan Govar
1961
Le Sahara brûle, de Michel Gast
The Big gamble, de Richard Fleischer
Dynamite Jack, de Jean Bastia
1962
Cartouche, de Philippe de Broca
Mandrin, de Jean-Paul Le Chanois
Le Procès, d’Orson Welles
Les Veinards, de Philippe de Broca
Une blonde comme ça, de Jean Jabely
Que personne ne sorte, de Ivan Govar
Mon oncle du Texas, de Robert Guez
1963
Le Train de Berlin est arrêté, de Rölf Hadrich
1964
Topkapi, de Jules Dassin
Les Barbouzes, de Georges Lautner
Les Gorilles, de Jean Girault
1965
Quoi de neuf, Pussycat ?, de Clive Donner
Les Tribulations d’un chinois en Chine, de Philippe de Broca
1966
New York appelle Superdragon, de Giorgio Ferroni
Les Grandes gueules, de Robert Enrico
1967
La Fantastique histoire vraie d’Eddie Chapman, de Terence Young
L’Homme qui valait des milliards, de Michel Boisrond
Qui êtes-vous inspecteur Chandler, de Michele Lupo
Fuller report, base Stockholm, de Sergio Grieco
La Grosse pagaille, de Steno
1968
The Night of the following day, de Hubert Cornfield
1969
L’Ardoise, de Claude Bernard-Aubert
1970
Les Novices, de Guy Casaril
1971
Supergirl, de Rudolf Thome
Laisse aller, c’est une valse, de Georges Lautner
Die Sonne Angriefen, de Peter Lilienthal
Boulevard du Rhum, de Robert Enrico
Les Quatre mercenaires d’El Paso, de Eugenio Martin
1972
L’Ingénu, de Norbert Carbonnaux
Action Héroïne, de Ferdinando Baldi
Les Nouveaux contes érotiques de Boccace, de Marino Girolami
Le Grand duel, de Giancarlo Santi
1973
Docteur Caraïbes (TV), de J-P Dercourt
L’Île Mystérieuse (TV), de Yves Colpi
L’Homme aux nerfs d’acier, de Michele Lupo
1974
Des lauriers pour Lila (TV), de Claude Grimberg
Les Faucheurs de Marguerites (TV), de Marcel Camus
Un linceul n’a pas de poches, de Jean-Pierre Mocky
1975
Les Rosenberg ne doivent pas mourir, de Stellio Lorenzi
Les Compagnons d’Eleusis (TV), de Claude Grimberg
1977
Le Ricain, de Jean-Marie Pallardy
Le Point de mire, de Jean-Claude Tramont
Johnny West, de Roald Koller
1978
La Raison d’état, de André Cayatte
1979
Les 400 coups de Virginie (TV), de Bernard Queysanne
1980
Mamma Dracula, de Boris Szulzinger
1981
Treize (TV), de Patrick Villechaize
1982
L’Adieu aux as (TV), de Jean-Pierre Dercourt
Ultimatum (TV), de Georges Farrel
1983
The innocents abroad (TV), de Luciano Salce
1984
White Fire / Vivre pour survivre / Le Diamant, de Jean-Marie Pallardy
Par où t’es rentré on t’a pas vu sortir, de Philippe Clair
1986
La Galette du roi, de Jean-Michel Ribes
1987
Overdose, de Jean-Marie Pallardy
1989
Le Retour de Lemmy Caution/ Lemmy come back, de Josée Dayan