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Titre : Reptilicant
Pays : Etats-Unis
Année : 2006
Durée : 1h27
Réalisateur : Desi Singh
Acteurs : Gary Daniels, Tina-Desiree Berg, Jason Scott Johnson
Catégorie : Rencontres du troisième type
Genre : (Gary) Daniels versus Predator

Reptilicant partait avec un solide a priori favorable. Un sous-Prédator avec Gary Daniels, à la bande-annonce alléchante et produit par Cine Excel, les maîtres du nanar moderne, ce film était fort attendu par l’équipe de Nanarland qui n’en pouvait plus de baver depuis 2004 (!) devant des photos de tournage annonçant un monstre solidement ridicule et des stéréotypes de personnages bien ringards. Aujourd’hui nous sommes enfin parvenus à nous procurer le film et le moment est venu de rendre un verdict.
L’histoire de
Reptilicant est racontée sous forme de longs flashbacks. Gary Daniels, agent du FBI, interroge la seule survivante d’un groupe de mercenaires s’étant introduits dans la prison d’Alcatraz, aujourd’hui transformée en musée, pour s’emparer d’une fortune en diamants cachée là par un prisonnier. Par malheur, nos chasseurs de trésor se sont retrouvés attaqués par une créature mystérieuse d’origine extraterrestre, « mi-reptile, mi réplicant » (d’où le titre du film), qui va rapidement décimer le groupe, d’autant qu’en plus le traître de service s’en mêle et que pour pleins de raisons super importantes nos baroudeurs sont obligés de se séparer incessamment. Sans trop en dévoiler, on peut toutefois révéler qu’à la fin Gary Daniels n’hésitera pas à enlever sa chemise pour aller savater le monstre.
Malgré tous ses atouts,
Reptilicant apparaît de prime abord comme un nanar un tantinet décevant. Sa réelle faiblesse, pratiquement la seule d’ailleurs, c’est l’extrême prévisibilité du déroulement du film. Au bout de cinq minutes, le spectateur commence très bien à voir ce qui va se passer tant aucun cliché du film de monstre ne nous est épargné. Le scénario n’a aucun intérêt (
NDLR : ou plutôt si, un seul : d’après Nikita, le film, en enchaînant les « flashbacks dans le flashback » sur pas moins de quatre niveaux, détiendrait à ce titre un record dans l’histoire du cinéma, mais ça n’apporte rien d’un point de vue nanar, l’histoire restant cohérente et très aisée à suivre) mais tient à peu près la route, les acteurs ne sont pas très bons mais aucun ne se distingue particulièrement. Les images de synthèse ringardes qui sont presque la carte de visite de Cine Excel se font étrangement discrètes passé un générique aussi interminable que mal fichu. Alors il faut aller chercher ailleurs sa dose de nanardise.
Le générique en image de synthèses n'était pas la meilleure idée du monde
Le look des mercenaires est totalement ridicule, ça au moins sur ce point il y a un peu à se mettre sous la dent. Outre la coiffure de l’héroïne, qui doit bien peser dans les 5 kilos, on ne saurait assez célébrer le chasseur de trésor borgne équipé d’une visée laser en toc sur un coin de la tête. L’équipe comprend également un vague sosie de Brahim Asloun, ce qui est toujours appréciable.


Des baroudeurs surentraînés prêts à braver tous les dangers. Jeu : devinez lequel est le traître.
Notez que 5 kilos constitue l'estimation basse.
Ensuite, le monstre lui-même est gentiment naze. Il donne l’impression d’avoir été conçu avec un costume de gorille retourné pour laisser les poils à l’intérieur et faire apparaître la doublure de latex à l’extérieur. Il n’est pas aussi gratiné que celui d’
Alien 3000, auquel il ressemble étrangement, mais pour ma part imaginer les démangeaisons de l’acteur à l’intérieur suffit largement à mon bonheur.

Reptilicant se hisse donc sans mal hors de la masse insipide des navets, mais déçoit un peu car il lui manque ce grain de folie qui fait tout le charme de Cine Excel, ce mélange de douce incompétence et de stupéfiante crétinerie qui fait se demander constamment « mais pourquoi ils ont choisi de filmer les choses d’une telle façon alors qu’il aurait été beaucoup plus logique que ça ce passe plutôt comme ça, et qu’en plus ça leur aurait évité d’exhiber des effets spéciaux d’une nullité aussi affligeante ?! ». Pourtant, cette alchimie inimitable renait le temps d’une poignée de scènes furieusement débiles qui permettent à Reptilicant de sortir d’un visionnage avec la tête haute.

Prenez par exemple la manière dont nos mercenaires inspectent la prison pour tenter de retrouver et d’éliminer le monstre et le traître qui s’y cachent. On les voit se présenter à deux devant une cellule. Ils s’avancent avec prudence dans la pièce, le regard aux aguets. L’un d’eux y pénètre et l’inspecte avec minutie, puis ressort tandis que son compagnon répète les même gestes juste derrière lui.
Ces deux abrutis viennent de passer presque une minute à fouiller de fond en comble une pièce totalement vide de deux mètres sur deux, qui est de surcroit une cellule de prison, c'est-à-dire complètement ouverte sur un côté entier. Et le pire, c’est qu’ils répètent la méthode pour chaque cellule qu’ils croisent ! Comme en plus ce sont toujours les deux mêmes cellules qui constituent l’essentiel du décor (Alcatraz dans le film se résume à trois pièces, quatre couloirs et deux placards pour les cellules susmentionnées), j’aime autant vous dire que pas un microbe n’a dû échapper à la vigilance de nos inspecteurs pénitentiaires de choc.
Nos deux vedettes en action. Ca va les gars, vous êtes sûrs que le monstre est pas planqué derrière un mouton de poussière ?
A mettre au crédit du film figure également une fusillade effarante d’absurdité qui tente de la jouer
Matrix ou John Woo mais au final n’arrive à ressembler qu’à… Ben à
Reptilicant par Cine Excel en fait. Au panthéon des plans à la con, il ne faudra pas oublier un jour d’y faire figurer l’idée de génie de nos mercenaires pour percer la carapace du monstre : puisque le diamant est la matière la plus dure qui existe, ils décident d’en coller sur leurs balles pour en faire des munitions perforantes. Et quand ça ne marche pas, ils récidivent avec un marteau. Et comme une idée pareille ne doit pas se perdre, lorsque Gary Daniels verra son tour venir, c’est carrément sur ses poings qu’il fixera les diamants, dans une sorte de version bling-bling de
Kickboxer.
Les tessons de verre, c'est bon pour cette lopette de Van Damme !

Les Diams : l'arme absolue pour se débarrasser des monstres extraterrestres et de tous les autres importuns. N'oubliez pas de monter le son bien fort.
Et Gary Daniels alors me demanderez-vous ? Et bien Gary, même s’il est présent tout au long du film pour conduire l’interrogatoire de la meneuse des mercenaires, il faut attendre la fin pour le voir se mettre en action (et arracher sa chemise d’un geste viril). Il est probable d’ailleurs que ses scènes ont été filmées à la chaîne au cours d’une session de tournage spéciale. Pour autant sa prestation contre le monstre n’a rien de honteux, les aptitudes martiales de l’acteur arrivant à briller même dans les productions les plus modestes. Le combat n’est pas exempt de bon gros morceaux de nanardise, mais ce n’est pas vraiment de sa faute : le réalisateur s’est enfin décidé à sortir de son chapeau les effets spéciaux Cine Excel que nous aimons tant et contre la ringardise desquels il est vain de lutter. Il faut aussi souligner la totale incompréhensibilité du plan très élaboré grâce auquel Gary parvient finalement à terrasser la créature. Il est question d’un phare, d’un groupe électrogène et apparemment d’un orage mais tout ça reste extrêmement confus.
Gary Daniels (ici avec sa chemise).
Un plan, un seul, et le doute n'est plus possible : nous sommes bien chez Cine Excel.
Au final, même s’il ne tient pas toutes ses promesses,
Reptilicant reste un nanar honnête qui souffre plus de sa prévisibilité à toute épreuve que d’une quelconque mollesse. On sourit souvent, on éclate de rire quelques fois et on ne se surprend jamais à vouloir mettre le film en avance rapide, ce qui constitue déjà une performance honorable. Un film parfait pour meubler un début de soirée en attendant que tout le monde arrive et qu’on puisse enfin commencer les choses sérieuses.
Et comme d'habitude, à la fin, Gary Daniels emballe la fille.
Note : 2,5/5