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SUBMERGED
Voir les films qui annoncent ou confirment le déclin de vedettes donne toujours une impression un peu étrange : «Les Bérêts verts » pour John Wayne, «Le Solitaire » pour Jean-Paul Belmondo, «Street Fighter » pour Jean-Claude Van Damme…On pourra désormais compter «Submerged », une production Nu Image avec Steven Seagal, comme une recrue de poids pour cette catégorie de films crépusculaires. Outre le fait qu’il s’agit là d’un nanar bien sympatoche, il est de notre devoir d’annoncer que Steven, naguère surnommé «Saumon Agile», y laisse les derniers lambeaux mités de sa crédibilité, pour s’en sortir avec le nouveau sobriquet de «Panda bouffi».
Réalisé par Anthony Hickox, naguère auteur de quelques séries B inventives, le film qui nous occupe est un thriller d’espionnage bourrin, à l’action aussi musclée que son intellect est anémique. Mais qui aura surtout eu le mérite de provoquer un mini-scandale en Uruguay. Comment se fait-ce ? C’est ce que nous allons voir.
Oh, des images de synthèse nazes ! (en photo, ça va à peu près : pas en mouvement)
Le récit de ce film tourne autour des méfaits d’un savant fou, lequel a trouvé le moyen de contrôler l’esprit humain grâce à une machine qui fait plein de bruits bizarres. Une fois passés par son engin infernal, les soldats de l’axe du bien ont le cerveau lavé, ce qui se traduit par plein d’hallucinations nanardes à base de couleurs criardes et d’images de synthèse pourries.
Transformés en agents des forces du mal, les soldats deviennent des taupes au sein des armées du monde libre : la dernière victime en date n’est autre que Gary Daniels, dans le rôle d’un officier qui a tôt fait d’entraîner sa brigade dans un piège en Uruguay.
Gary Daniels.
Oui, car le repaire des forces du mal et du terrorisme sur le continent américain, ce n’est pas Cuba, ni même le Venezuela, c’est l’Uruguay. Car l’Uruguay, tel que les auteurs du film l'ont reconstitué en Bulgarie, est une dictature bananière de la pire espèce, gouvernée d’une main de fer par un militaire nanar ; c’est en outre un cloaque dégueulasse, peuplé de basanés hirsutes à l’air pas catholique.
Le président de l’Uruguay (aux dernières nouvelles, il serait social-démocrate).
Un sbire uruguayen.
D’aucuns me font observer que l’Uruguay est une démocratie depuis 1984, et que son niveau de vie est considéré comme très acceptable pour le continent sud-américain, mais ce sont sans doute des propagandistes de l’axe du mal. Car un film de Steven Seagal ne saurait mentir : la preuve, ils se sont documentés sur l’Uruguay, on voit même des ruines Maya ! Comment ? Il n’y a pas de ruines Maya en Uruguay ? Ouh, là, toi, l'intello, tu serais communiste ou islamiste que ça ne m’étonnerait pas ! Je vais t’envoyer Chuck Norris, ça ne va pas traîner…
Mais revenons à nos moutons. La situation n’en finissant plus d’être critique, les Etats-Unis décident de faire appel à l’ultime recours, l’arme absolue, le gladiateur des temps modernes, le méga plus : STEVEN SEAGAL ! Notre héros interprète un mercenaire d’ultra-élite top classe comme on n’en fait plus, emprisonné suite à une mission nébuleuse dont les technocrates pourris de Washington lui ont fait porter le chapeau. En échange de sa libération, Steven va devoir aller botter le cul aux uruguayens qui font les malins en lavant le cerveau de nos p’tits gars : il forme un commando de soldats maudits aussi grillés que lui et part dare-dare en mission.
Mais un sentiment étrange nous saisit dès la première apparition de Steven…Quelque chose ne va pas. Mais quoi donc ? Approchons-nous un peu…Ha ben voilà, il est gros. Mais vraiment, vraiment gros. Dans certains plans, on dirait presque Bud Spencer au début de sa carrière d'acteur.
Le Steven tel qu’on nous le vend :
Le Steven tel qu’il est :
L’auteur de ces lignes ayant quelques kilos à perdre, il ne s’agit pas ici de faire de la discrimination anti-surcharge pondérale, mais bien de constater que pour jouer les héros de film d’action et les mercenaires invincibles, c’est assez moyen.
Au passage, nous ne résisterons pas au plaisir de vous donner une petite liste de titres français alternatifs suggérés par certains nanardeurs :
Le Gros Bleu
Obèse en haute mer
Mission cholesterol
Désigné pour grossir
Karaté à mort pour une platrée de hamburgers
S’engraisse à grande vitesse
Lethal Quintal
Calorisque Maximum
L'Affaire Ventre à Cakes
Mission Alcagrasse
Fat and Furious
Les Aventuriers du lard perdu
Le réalisateur tente de donner le change en le filmant dans l’ombre autant que possible, comme ceci :
Mais rien n’y fait, on ne croit pas une seconde à la prestation de Steven Seagal. D’autant qu’en plus de son obésité, qui le fait ressembler davantage à un sumo qu’à un aïkidoka, Saumon agile n’en fout littéralement pas une rame, et se contente de mouliner des mains lors des scènes d’action, Anthony Hickox en étant réduit à agiter sa caméra pour donner l’illusion d’une action trépidante qui laisse au final les adversaires de Steven avec les bras cassés de partout.
Steven Seagal a toujours eu tendance à ne pas laisser beaucoup d’espace à ses partenaires lors des scènes de combat : ici, c’est pire ; les bastons ne durent pas plus de 30 secondes. La rencontre avec Gary Daniels, qui est quand même la guest-star du film, aurait pu donner lieu à un beau combat : tintin ! Royal, Steven lui accorde quand même 45 secondes avant de l’étaler.
Pour les gunfights, ce n’est pas plus brillant : le comble est atteint avec une fusillade dans un tunnel où Steven et ses hommes, debout et totalement à découvert, mitraillent tranquillement l’armée uruguayenne dont les soldats, incapables de les atteindre, tombent gentiment comme des mouches. Pire que les soldats de Lord Graal dans «L’Humanoïde» ! Sont nuls, ces bougnoules !
Tourné et scénarisé à la paresseuse, le film accumule les erreurs, les invraisemblances et le n’importe quoi, et fait oublier les quelques baisses de rythme du scénario à force de je m’en foutisme. Nos héros prennent possession d’un sous-marin uruguayen (d’où le titre original de «Submergé »), mais ne comprennent rien aux instructions «en espagnol» ? Une image nous apprend qu’elles sont en fait écrites en italien.
Steven se présente au président uruguayen comme l’ambassadeur des Etats-Unis ? Ca passe comme une lettre à la poste. C’est normal, aucun chef d’Etat ne connaît la tête de l’ambassadeur des USA.
«Submerged » accumule tant de bourdes et de crétineries qu’il finit par ressembler à une sorte de manifeste du film d’action débile, que l’on aurait juste voulu un peu plus trépidant pour être parfait.
Les contestataires uruguayens sont sympas, ils écrivent leurs pancartes en anglais pour qu’on comprenne.
La présence d’un Steven Seagal bouffi, démotivé, et qui visiblement se barbe copieusement, est en tout cas l’un des principaux facteurs de nanardise d’un film croulant sous les idioties diverses et variées. Malgré quelques relâchements dans la tension narrative, on ne saurait trop en conseiller la vision en cas de désœuvrement. Un nanar de cuvée assez sympathique, qui ne saurait que s’améliorer avec les années. En tout cas, créér une quasi-crise diplomatique avec l'Uruguay grace à un film pareil, il fallait le faire : pour mémoire, les médias uruguayens passèrent des semaines à relayer les polémiques nées de la mauvaise image que Steven Seagal donnait de leur pays. Bravo, Nu Image, continuez comme ça, on vous aime !
SUBMERGED
Réalisateur : Anthony Hickox
Année : 2005
Genre : Pour qui sonne le gras
Catégorie : Pur et dur
Avec : Steven Seagal, Gary Daniels, Nick Brimble, Christine Adams, William Hope, Peter Youngblood Hills.
Nikita : 2,25