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Blood Hands
Titres alternatifs: La justice à coups de poings
Réalisateur : Teddy Page (sous le pseudo de Ted Johnson)
Année : 1990
Pays : Philippines
Genre : qui veut faire genre
Acteurs principaux: Sean P. Donahue, Jim Gaines, Ned Hourani, Christine Landson, Jim Moss, Nick Nicholson
Qu’est-ce que je pourrais bien regarder ce soir….mmhh Blood hands…un film de Ted Johnson…avec Sean Donahue…Ces noms ne me disent rien. Bon bah voyons ça.
Le générique défile… Tiens, un film produit par Silver Star Film et avec James Gaines et Jim Moss comme acteur. Ça ne voudra sûrement rien dire pour l’amateur de cinéma nourrit à Studio magazine ou à Télérama, mais pour le nanardeur avertit la coïncidence est trop grosse ! Et en effet, c’est bien devant un film de Teddy Page que l’on se trouve. Moui..bon, quiconque aura lu la magnifique biographie de Teddy Page faite par le rôdeur trouvera cet effet de surprise nul à chier car déjà au courant, mais au moment où je découvre ce film c’est pour moi quelque chose de complètement nouveau et une agréable surprise.
Mais j’entends déjà des personnes au fond se plaindre et me demander de parler du film plutôt que de m’étendre sur ma vie pas forcément intéressante (de toute façon je m’en fous, j’ai noté les noms).
Une VHS québecoise, et un titre qui claque !
Donc Blood Hands est un film de Teddy Page, avec comme tête d’affiche l’acteur/cascadeur Sean P. Donahue. Après avoir fait dans le film de guerre, cette fois ci Teddy Page décide de s’en prendre à la mode du kickboxing, avec toujours l’absence de moyen et de talent qui le caractérise. Le producteur a beau avoir changé, les méthodes restent les mêmes : on prend un acteur occidental de passage, on le fait jouer dans un scénario bidon entouré de second rôles moustachus, et on essaie de faire croire au pauvre spectateur naïf qu’il est en train de regarder un film américain. Et là encore le résultat est bien en dessous des ambitions.
Les méchants, une bande de durs sans savoir-vivre.
L'épicier, un homme pourtant charmant et serviable.
pas évident de jouer la surprise et la souffrance en même temps, surtout quand on est simple épicier
Ah merde, on l'a tué accidentellement en le tapant super fort !
L’histoire est une énième variation sur le thème de la vengeance, thème que l’on retrouve souvent chez Teddy Page et qui a le mérite de nécessiter peu de talent et d’imagination pour l’écriture de scénario.
Le film raconte les aventures de Steeve, jeune héros ne faisant rien d’autre dans la vie que du kickboxing. Avant que Teddy page ne décide de venir le filmer, on suppose que la vie de Steeve est plutôt belle : il a une copine qu’il aime et qui l’aime, des parents qu’il aime et qui l’aiment, et un entraîneur qu’il aime et qui l’entraîne... Donc tout baigne. Mais c’était sans compter Teddy Page et sa manie de foutre le bordel là où tout va pour le mieux. Donc, au moment où Teddy Page installe ses caméras, des méchants ivres décident d’aller tuer accidentellement un pauvre gars qui ne demandait rien d’autre que de s’occuper de son épicerie. Pris de panique, les méchants décident de fuir, et par une habile coïncidence scénaristique que je ne vous dévoilerait pas (car sans intérêt), ils se retrouvent chez les parents de Steeve, qu’ils décident aussi de tuer (à moitié accidentellement et à moitié parce qu’ils sont méchants). Et c’est là que la terrible vengeance commence. Enfin pas vraiment encore, parce que d’abord Steeve va voir la police, mais comme elle ne fait rien et que d’autres meurtres accidentels arrivent, Steeve décident que la terrible vengeance doit se bouger un peu le cul, et enfin elle peut commencer ! Dans les années 90 la vengeance était passée au diesel, donc avant de démarrer, il faut que ça chauffe un peu.
Les parents de Steeve. Tiens, tiens, mais ne serait-ce pas Nick Nicholson !!
Ah merde, on les a tués accidentellement en leur brisant la nuque ! C'est balo.
On voit donc que le scénario n’est qu’un prétexte très mince à une suite de combats mal cadrés qui oscillent entre le n’importe quoi très approximatif et l’incompétence des acteurs à faire semblant de donner un coup de pied. C’est d’ailleurs amusant de voir que celui qui se bat le plus mal c’est l’entraîneur de Steeve. Il est sensé être un maître en arts martiaux mais c’est à peine s’il arrive à lever la jambe. Et pourtant c’est celui qui a le plus beau jogging. Mais ne soyons pas trop mauvaise langue, car en poussant l’analyse un peu plus loin on se rend compte que derrière cette apparente simplicité se cache une remarquable observation de la société moderne : les flics c’est que des feignants ! Alors que l’inspecteur en charge de l’enquête se fait tuer « accidentellement » par deux des méchants, on n’entendra plus du tout parler de la police. A croire que c’était le seul de la région ou que tous les autres étaient partis en vacances. En même temps c’est peut-être mieux ainsi, parce que les flics ils aiment pas trop ceux qui se font justice avec leur poings (c’est vrai c’est idiot, les armes à feu c’est pas fait pour les chiens !) et ils lui auraient sûrement mis des bâtons dans les roues à la vengeance à Steeve ! Pfff, feignants et du côté des méchants. Non mais dans quel monde on vit, y a plus d’justice ma pauv’ dame !
Sean Donahue, un acteur au jeu très limité
James Gaines et Jim Moss, deux habitués du cinéma bis philippin et du réalisateur Teddy Page
Le chef des méchants, qui n'est pas dentiste malgré ce que pourrait laisser penser l'image.
Mais un scénario aussi débile et mince soit-il ne fait pas forcément un nanar me feront remarquer les plus pertinents d’entre vous. Mais si je vous dis que les dialogues sont aussi débiles et indigents que le scénario vous la ramenez moins là ! Parce que vous croyez peut-être que le scénariste allait se faire chier à faire des dialogues magnifiques alors qu’il vient juste de bâcler son scénario ? Entre les blahblah gnangnan de Steeve et sa copine, les leçons de vie de l’entraîneur, et les lamentations de Steeve sur la vie qu’elle est trop injuste, le spectateur n’est pas gâté. Le pire étant cette scène, aussi incongrue qu’inutile, dans laquelle le fils d’un des méchants vient se plaindre que son père l’étouffe et ne l’a jamais compris, et que lui il veut juste être lui-même. C’est mal joué, d’une banalité affligeante, et ça a aussi peu sa place dans le film qu’un poil dans une soupe.
Steeve et sa copine. Même une huitre seule a plus de charisme que ces deux-là réunis
Petit jeu : en te basant sur l'expression du visage de steeve, peux-tu nous dire ce que raconte le dialogue ?
Pourtant, outre le scénario et les dialogues débiles, le point fort du film reste le casting. Je ne sais pas qui s’en est occupé mais je le remercie grandement. Aucune faute de goût, que des bonnes têtes de vainqueurs, et pas une seule scène sans au moins un moustachu. On se demande si Teddy Page n’a pas fait exprès de prendre les plus mauvais acteurs qu’il a pu trouver. Teddy Page serait-il un cinéaste expérimental tentant par sa mise en scène le questionnement du jeu d'acteur ? En y réfléchissant bien, peut-être pas en fait. Dans tous les cas, pour ce qui est du jeu d'acteur, là encore la palme revient à l’entraîneur (oui j’ai pas honte de le dire, j’adore ce mec). Si seulement il s’était contenté de réciter son texte il aurait pu être comme tous les autres acteurs du film, mais non, il faut, pour notre bonheur, qu’il en rajoute en mimiques complètement grotesques et décalées. On a qu’un seul regret, c’est qu’il ne soit pas plus présent.
Mais notre héros Steeve n’est pas en reste : pour péter la gueule au méchant là il y a du monde, mais dès qu’il s’agit d’exprimer un ou deux sentiments complexes ne nécessitant pas de mettre les pieds et les mains dans la tronche de quelqu’un d’autres, là le Steeve il fait moins son malin !
Mention spéciale aussi à James Gaines, le roi du cabotinage, et dont le doubleur français a eu la bonne idée d’en faire une pâle copie d’Eddy Murphie. Dont toutes ces phrases on a le droit à un « hey mec » des plus énervants.
L'entraineur de Steeve. LA révélation du film !
Ma moustache est plus belle que la tienne !
Répète ça si t'es un homme !
Très tendance en ce moment en décoration d'intérieur : la plante devant la porte.
Un autre aspect sur lequel j’aimerais finir cette chronique, et qui je pense n’a pas du vous échapper si vous avez regardé les photos du films accompagnant le texte, c’est le total manque de goût en matière vestimentaire dont sont victimes la plupart des protagonistes. Même à l’époque où ça a été tourné, je suis sûr qu’Emmaüs n’en aurait pas voulu. Encore une fois mon chouchou reste l’entraîneur, qui même avec le pire jogging du monde remonté jusqu’au nombril, sait garder toute sa classe. Chapeau bas, l’artiste !
Si tu veux je peux te prêter mon jogging pour te remonter le moral ?
La mode vestimentaire aura connue deux catastrophe : les années 80 et ce film.
Donc pour conclure, voici un petit nanar sympathique qui saura séduire autant les nanardeurs les plus exigent que les débutants voulant s’initier au joli monde du nanar, et même si ce n’est pas le plus délirant du genre, ce film distille une sympathie sur toute sa longueur et à la politesse de ne jamais être ennuyeux, ce qui est quand même assez rare et mérite qu’on s’y attarde.
note : 2.5 /5
vous pouvez voir deux extraits du film sur youtube
http://www.youtube.com/watch?v=uJEz5XS6bdo
http://www.youtube.com/watch?v=gtG276vIyRE
côte de rareté : 3
Pas de DVD français existant à ma connaissance, mais le film a connu 2 édition VHS : FIP et Fox video.
Par contre le film a été édité en DVD outre atlantique.
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