Forum Nanarland.com
https://forum.nanarland.com/

Bruce Lee Against Gay Power - Adriano Stuart, 1975
https://forum.nanarland.com/viewtopic.php?f=17&t=15696
Page 1 sur 3

Auteur:  Barracuda [ 07 Août 2008 23:16 ]
Sujet du message:  Bruce Lee Against Gay Power - Adriano Stuart, 1975

http://www.nanarland.com/Chroniques/Mai ... stgaypower

Image

Je sens que cette chronique là ne va pas être facile.

Dans la masse grouillante des nanars, on identifie plusieurs catégories qui présentent un challenge particulier pour le chroniqueur. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les meilleurs nanars sont ainsi souvent parmi les plus délicats à chroniquer. Rien n’est plus facile en effet que de « vendre » un insipide navet comme un sommet de drôlerie. Le grand nanar au contraire exige qu’on le distingue de la masse et c’est là toute la difficulté de l’exercice. On court le risque de noyer le lecteur sous les superlatifs et la multitude de détails hilarant qu’on tient absolument à faire partager. Les nanars très visuels, où l’essentiel du ridicule vient des effets spéciaux ou du jeu des acteurs par exemple constituent un autre défi. Un doublage insensé ou des trucages ringards peuvent suffire à faire le nanar, mais ça ne suffira pas à meubler les 1 500 mots règlementaires de la chronique nanarlandaise moyenne.

ImageImage
Bruce Lee et son fantastique t-shirt se préparent à infiltrer le Gay Power.

L’oeuvre qui nous intéresse aujourd’hui fait partie d’un autre genre de films particuliers, plus rares mais pas moins difficiles à chroniquer : ceux dont toute l’essence nanarde peut se résumer en une seule phrase, lorsque c’est le concept même du film qui est d’une débilité à toute épreuve. Le problème dans ce cas, c’est qu’une fois qu’on a couché cette phrase sur le papier, il n’y a pas grand-chose d’autre à ajouter. Alors pensez, quand en plus la phrase en question sert de titre au film…

ImageImage
Le chef des gays n'est autre que John Lennon.

Image
Cet homme meurt avec un braquemart enfoncé jusqu'à la garde !

Comment donc vais-je pouvoir m’y prendre pour vous parler de Bruce Lee against Gay Power, c’est à dire « Bruce Lee contre le pouvoir homosexuel » pour les anglophobes les plus irréductibles ? Je pourrais vous dire qu’il s’agit d’un film brésilien de 1975, que le réalisateur et acteur principal en est un certain Adriano Stuart, inconnu chez nous (et je soupçonne inconnu chez lui aussi d’ailleurs) mais franchement, qui cela peut-il intéresser ? La seule chose vraiment importante à dire au sujet de ce film, c’est que dedans il y a Bruce Lee qui se bat contre le Gay Power. Sérieusement bien sûr, sinon ce n’est pas drôle. Alors comme tout est dans le titre mais qu’il faut bien remplir cette colonne, ne serait-ce que pour avoir la place de caser quelques images, essayons de prendre tout ça dans l’ordre.

Image
Un film avec des pipes.

ImageImage
- Il doit pas y en avoir des masses des films de kung-fu brésiliens quand même.
- Ouais enfin là, c'est plutôt un film de kung-folle
(Mr Klaus)

- Bruce Lee : aucun doute, nous sommes bien en présence d’un authentique film de Bruceploitation brésilien avec tout ce que cela implique déjà de crétinerie. Que l’acteur principal ne ressemble ni de près ni de loin à Bruce Lee et ne soit même pas asiatique n’a aucune importance, d’autres détails sont là pour nous convaincre que c’est bien le petit dragon qui mène la croisade contre les dépravés sodomites. D’abord, il y a son magnifique t-shirt rose estampillé « kung-fu », dont on serait tenté de penser qu’il n’est qu’un artifice censé permettre à Bruce Lee d’infiltrer le Gay Power. Ensuite il y a la panoplie habituelle des imitateurs de Bruce Lee : les cris stridents, les poses avantageuses prises pendant le combat, les tics et même le nunchaku, manié ici plutôt comme un batteur à œufs qu’autre chose mais nous n’allons pas faire la fine bouche. Enfin, il y a le Maître Shaolin de Bruce Lee qui apparaît à travers quelques flashbacks, ici joué par un Noir affublé de moustache postiche.

Image
Maître Mamadou Tchang, ici lors de la remise à Bruce Lee de son diplôme de kung-fu.

Image
Suivant l'ancienne tradition shaolin, ceci est censé être une marque de tigre gravée dans la peau au fer rouge, mais apparemment le magasin de faux tatouages n’avait plus que des zèbres en stock.

- Bruce Lee Against : il est donc question d’un affrontement. Et même de plusieurs affrontements, voire d’un enchainement soutenu de bastons toutes plus ringardes les unes que les autres. Adriano Stuart n’a visiblement jamais pratiqué le moindre art martial et notre Bruce Lee amazonien se bat comme une chaussette. Il faut dire que ses adversaires sont à la hauteur et se font étaler avec une remarquable bonne volonté par quelques molles mandales ou divers coups de pieds maladroits. On note en particulier de la part de Bruce Lee une impressionnante proportion d’attaques dirigées contre les parties sensibles, mais j’imagine que lorsqu’on combat le Gay Power, il vaut mieux attaquer le mal à sa racine. En fait, on remarque que c’est essentiellement la fiancée / sidekick de Bruce Lee qui fait le plus gros du travail dans presque toute les bastons, au point de se demander si le petit dragon n’aurait pas des fois un gros poil dans la main.

ImageImage
ImageImage
Bruce Lee et sa copine s'attaquent à la racine du mal.

Image
La mythique Troisième Jambe de Bruce Lee n'est bizarrement pas mise à contribution.

- Bruce Lee against Gay Power : le bouquet final. Comment s’assurer à jamais une place sur Nanarland en rajoutant simplement deux mots à la fin du titre de son film (ainsi bien sûr qu’en construisant vraiment toute l’histoire autour d’un postulat aussi débile). Le Gay Power ici, c’est une espèce de gang qui fait régner la proverbiale terreur sur la ville et commet une erreur fatale lorsqu’il s’en prend finalement aux parents de Bruce Lee et les assassine sauvagement. L’aspect gay de l’entreprise reste assez confus, il faut dire que le film n’existe à notre connaissance qu’en portugais non sous-titré. D’un côté on assiste effectivement à des scènes d’orgies (traduisez : huit figurants mâles tout habillés faisant semblant de danser la valse ensemble au milieu d’un champ), de l’autre notre joyeux boys band semble également avoir une prédilection pour la tentative de viol de jeunes femmes, tentatives interrompues au dernier moment par Bruce Lee cela va sans dire.

ImageImage
Viol de jeunes femmes et bigoudis : la journée ordinaire d'un chef du gay power.

Image
- Tiens ! Y a même un pirate chez les gays.
- Ouais, c'est le capitaine Barbe Rose
(Barracuda)

A part des costumes folkloriques aux couleurs pastels, une poignée de gags particulièrement pesants et un personnage de travesti très caricatural, la bande que combat Bruce Lee aurait tout aussi bien pu être un gang de motards ou de mafieux indélicats. Seulement voilà, ils n’en sont pas et Kung-fu contra as Bonecas (le titre original, qui d’après la traduction Google signifie « Kung-fu contre les poupées » : le héros ici calque en effet son costume sur celui porté par David Carradine dans la série TV Kung-fu) passe ainsi du statut de film étranger obscur à celui de nanar incontournable. L’attitude de Bruce Lee face à l’homosexualité est assez floue. D’un côté il combat le Gay Power, responsable de la mort de ses parent. De l’autre il semble lui-même éprouver une certain attirance pour le sexe fort et c’est non sans suprise qu’après la mort de sa fiancée on le verra finalement se consoler dans les bras du travesti local.

ImageImage
Le travesti maniéré du village, à qui Bruce Lee décide de donner une bonne leçon.

ImageImage
- Et Bruce Lee il est où ? On le voit presque jamais se battre.
- Il est surement en train de se faire acculer dans un coin.
(Dao)

D’un point de vue strictement nanar, Bruce Lee against Gay Power est un film qui se défend fort honorablement, même s’il ne resterait sans doute pas dans les annales sans son titre et son concept de fou furieux. On ne saurait assez souligner le potentiel surpuissant de ce film pour tous les amateurs de calembours au ras des pâquerettes (ainsi que les légendes de certaines images ont dû vous l’indiquer), faisant d'un visionnage en groupe et si possible légèrement alcoolisé une expérience rapidement inoubliable. Les amateurs pourront également compter sur pas mal de bastons réjouissantes d’amateurisme avec un faux Bruce Lee parmi les plus grotesques qui soient (et Dieu sait que la concurrence est pourtant rude) et qui ne connaît visiblement des arts martiaux que ce qu’il en a vu dans une poignée de films de kung-fu. Il y a en gros deux figurants qui semblent pratiquer un peu la capoeira, mais ils ne sont guère utilisés dans le film à part pour se faire rapidement étaler par Bruce Lee, et encore, au deuxième plan. C’est en fait la copine de Bruce Lee qui fait l’essentiel du savatage (avec la même prédilection pour le coup de boule dans les valseuses d’ailleurs), Bruce lui-même ne servant souvent que de force d’appoint.

ImageImage
Dans cette scène ahurissante, Bruce Lee dévie les balles grâce à son nunchaku, aussi solide que difficile à capser correctement.

ImageImage
Pfff... Des fois, c'est vraiment trop facile. Ils pourraient quand même faire un effort pour offrir un minimum de challenge aux nanardeurs.

Au final un nanar fort plaisant, dont la principale faiblesse reste tout de même la barrière de la langue (le film n’existe à ce jour qu’en Portugais non sous-titré), d’autant plus frustrante que le peu que l’on arrive à comprendre de l’histoire laisse penser que celle-ci est tout aussi barrée que le reste. Il convient en effet de préciser que le film ne se prend pas entièrement au sérieux et semble même pencher franchement du côté de la comédie lourdaude le temps de quelques scènes. Un film à découvrir en tous cas, ne serait-ce que pour pouvoir ensuite le replacer comme référence dans les dîners mondains ou les débats universitaires de haute volée.

Image
*Légende censurée par la rédaction*


Note : 3,5 / 5

-----------
Cote de rareté : 4/ Exotique
Etonnamment, le film se trouve facilement en ligne sur le site américain spécialisé www.superstrangevideo.com, probablement sous la forme d'un DVD semi-bootleg au prix tout de même très élevé de 20$. Nous n'avons pas pu trouver une jaquette pour ce film, si tant est qu'il en existe une.

Auteur:  Fry3000 [ 07 Août 2008 23:31 ]
Sujet du message: 

Woaw, les titres de certains films m'étonneront toujours. Enfin en général le film est pas à la hauteur du titre...

Auteur:  Spoon [ 08 Août 2008 0:41 ]
Sujet du message: 

Wahou les caps font bien envie! La démence de certaines productions me laisse songeur quand a la capacité humaine de repousser les limites du n'importe quoi vers l'infini et au-delà!

Merci Barracuda :applause: :applause: :applause:

Auteur:  Kobal [ 08 Août 2008 8:27 ]
Sujet du message: 

Excellente chronique. J'adore son introduction et son déroulement axée autour du titre. C'est original, très à-propos et marrant en plus. Je m'incline devant une telle réussite.
:worship: :worship:

Quant au film lui-même, il a l'air assez élevé dans la stratosphère nanar, et pourrait presque faire peur tellement le résultat semble ignoble.

Edit : une petite répétition de l'audio portugais non st dans la chro.

Auteur:  Sbel [ 08 Août 2008 8:33 ]
Sujet du message: 

Le concept est démentiel ! :shock: :shock: :shock: :shock:

IL ME FOOOOO CE TRUC !! :-D

Auteur:  La créature du lac gris [ 08 Août 2008 8:37 ]
Sujet du message: 

Exercice périlleux très réussi ! Le tatouage du zèbre :shock: Le nunchaku pare balles :shock: Le pirate rose :shock: Jolie chronique en tout cas pour un film dont le concept donne le vertige !

Auteur:  gatman [ 08 Août 2008 9:07 ]
Sujet du message: 

je....houla il faut vraiment que j'arrête de boire, on pourrait croire que des films avec un tel postulat de départ existent vraiment 8)

encore ! encore !

Auteur:  crapouillot [ 08 Août 2008 9:12 ]
Sujet du message: 

Non mais quel truc de malades !!!!!! Ca m'étonnera toujours le nombre de méchants improbables que certains cinémas ont put engendrer........ :roll:
...mais heureusement pour nous ! :-D :-D

Auteur:  nanar-addict [ 08 Août 2008 9:30 ]
Sujet du message: 

Cette chro se lit tranquillement, sans effort, elle est drôle et son suppport a l'air furieusement nanar...bien joué !

Auteur:  Nébal [ 08 Août 2008 9:32 ]
Sujet du message: 

Je VEUUUUUUUUUUUUX voir cette chose ! :shock:

Vélizidazions ! :)

Auteur:  wallflowers [ 08 Août 2008 10:55 ]
Sujet du message: 

TA chro est super drôle Barrac ! Comme Kobal, j'ai tilté sur la répétition du fait qu'il n'existe qu'en Portugais non ST. Mais à part ça la chro est courte, efficace, pas verbeuse et très rigolote (même si la blague qui m'a le plus fait marrer a été dite par Mr Klaus apparemment ) :-D

Bref, bravissimo

Auteur:  Painkiller [ 08 Août 2008 16:24 ]
Sujet du message: 

Cette chro tue.

Auteur:  daphne [ 08 Août 2008 17:14 ]
Sujet du message: 

Le Brésil... Faudra que je creuse la piste, j'ai un collègue brésilien :-D

Auteur:  John Nada [ 08 Août 2008 18:50 ]
Sujet du message: 

http://www.nanarland.com/Chroniques/Mai ... stgaypower

Excellente chronique désormais en ligne :)

Auteur:  drélium [ 08 Août 2008 19:02 ]
Sujet du message: 

Purée, celui-là, fallait le trouver. Décidément les fake bruce c'est comme les nanars, quand y en a plus, y en a encore plein. Magnifique !

ps : J'ai cru voir silvio azzolini en t-shirt rose au début. :lol:

Auteur:  ROTOR [ 09 Août 2008 0:08 ]
Sujet du message: 

Excellente chronique, même si ya un point sur lequel je suis pas trop d'accord et qui est quand même essentiel

Citer:
Il convient en effet de préciser que le film ne se prend pas entièrement au sérieux et semble même pencher franchement du côté de la comédie lourdaude le temps de quelques scènes

Pour ma part je pense que le film penche entièrement du côté de la comédie lourdaude et n'est pas du tout sérieux. OK ya quelques moment de violence, mais pour la quasi totalité du film on est plus proche de Philippe Clair que d'un vrai film de kung fu. C'est de la parodie plus que de la bruceploitation.
Après, le niveau des gags reste le plus souvent très affligeants et c'est ce qui donne l'aspect nanar (ça et les combats complètement nawak, et surtout le faux Bruce qui est effectivement très moche), mais bon, le fait que ce soit une comédie débile ça relativise grandement tous les aspects débiles du scénario et de la mise en scène.
C'est pour ça que je suis pas si enthousiaste que ça. C'est un film au titre beaucoup plus alléchant que son contenu, et j'ai eu du mal à le voir d'une traite. Le fait que je parle pas le portugais joue beaucoup c'est sûr, vu que je comprenais rien à l'intrigue et à ce qui se passait devant mes yeux (par exemple j'ai rien compris aux flashback, à part peut-être le gag sur les bougies qui donnent chaud à Bruce Lee lol), mais les gagas sont tellement consternant que ça en devient vite lassant. Et puis le rythme est assez nonchalant (ya pas autant de folie et de rythme que dans un Philippe Clair)
Mais ceci dit ya quand même pas mal de passages rigolos pour rester éveillé, et rien que le concept et pouvoir dire qu'on a vu un film dans lequel un Bruce Lee brésilien avec un T-shirt rose combat le pouvoir gay obligent de toute façon à voir ce film !

par contre je trouve que tu es méchant avec Bruce Lee (je sais même pas comment il s'appel dans le film), il est pas si feignant que ça. Il saute de partout quand il se bat, c'est marrant à voir :-D

Sinon, autre truc de marrant : le cri du faux bruce. Alors que celui du vrai Bruce Lee est plutôt aigu, celui là on dirait le cri d'un chanteur de death metal :-D

Auteur:  nanja monja [ 09 Août 2008 19:03 ]
Sujet du message: 

ROTOR a écrit:
Sinon, autre truc de marrant : le cri du faux bruce. Alors que celui du vrai Bruce Lee est plutôt aigu, celui là on dirait le cri d'un chanteur de death metal :-D

ça donne encore plus envie ! :D

Auteur:  Chineur [ 09 Août 2008 21:29 ]
Sujet du message: 

Le cache oeil quand même, c'est pas fait exprès ??

Auteur:  ROTOR [ 09 Août 2008 23:16 ]
Sujet du message: 

Chineur a écrit:
Le cache oeil quand même, c'est pas fait exprès ??

si si. Il se retrouve même sur la bouche du mec. Ca fait parti des meilleurs gags du film :-D

Auteur:  Mandraker [ 10 Août 2008 23:52 ]
Sujet du message: 

Pute borgne, si il est si bien que ça, je me le mate dès demain ! :shock:
Le réalisateur/acteur principal a aussi fait une parodie des Dents de la Mer nommée "Bacalhau" (avec une morue géante) et est le réalisateur de "Brazilian Star Wars".
Le directeur de la photo n'est autre qu'Osvaldo de Oliveira, réalisateur de "Femmes en cage"


edit : vu, ben c'est très très très con mais je lui mettrais plutot 2,75 parce que ça manque un peu de rythme à mon goût. J'ai l'impression que c'est plus une parodie de la série Kung Fu avec des bouts de parodie de Bruce Lee qu'une parodie totale du petit dragon.

Page 1 sur 3 Heures au format UTC + 1 heure
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group
http://www.phpbb.com/