Gwendoline m'est très sympathique, un cas rare de mélange d'érotisme à la française et de film d'aventure exotique kitsch
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deathtripper21 a écrit:
wilsonleyack a écrit:
Très bonne chronique, et on sent bien que zord lâche sa bile (ne détournez pas cette phrase s'il vous plaît) sur Just Jaeckin (pour avoir vu 20 minutes d'Emanuelle, c'est très très timide comme truc, pas étonnant que sa carrière est pas survécue).
C'est clair. Le film est passé sur Arte la semaine dernière, j'ai commencé à le regarder (parce que c'est un film emblématique d'une époque et que c'est bon pour ma culture, hein...) mais j'ai arrêté vite fait. On aurait dit un porno très soft dont on aurait censuré les passages un peu olé-olé pour pouvoir le passer en fin de soirée sur M6 au lieu du premier samedi du mois sur C+.
Très sage, mise en scène inexistante, cadrage de téléfilm...
parler d'Emmanuelle sans le remettre dans son contexte est une erreur (que zord n'a pas commise, même s'il y a mis beaucoup d'ironie). ce fut un véritable phénomène de société ayant largement dépassé les frontières de l'hexagone et un jalon incontournable du cinéma érotique. avant de dire qu'on a fait beaucoup plus osé par la suite, il faut bien rappeler qu'auparavant on ne le faisait pas, ou du moins pas au grand jour (des films d'exploitation "caviardés" avaient bien connu une exploitation après 68, mais elle restait confidentielle et cantonnée aux salles spécialisées). s'il est bien prétentieux pour Jaeckin de s'en vanter, il n'a pourtant pas tort : à sa sortie en 74 Emmanuelle a créé une révolution. en mettant l'érotisme à portée de tous, il a ouvert une brêche par laquelle s'est engouffré un flot de pellicules débridées.
paradoxalement, ce qui a l'a fait passer du statut de succès honorable à celui de record historique n'est pas cette libération des moeurs mais le contre-coup presque immédiat de la censure qui s'est empressée de juguler le raz-de-marée libertaire en votant le classement X en 75. dès lors, seuls les films à la sensualité suffisamment légère pouvaient être distribués normalement : Emmanuelle offrait alors le paliatif accessible à la tentation du porno et a attiré près de 9 millions de français durant les 10 années qu'il s'est maintenu à l'affiche et pas moins de 50 millions de spectateurs à travers le monde, ce qui fait de lui, encore de nos jours, un des plus grands succès du cinéma français à l'export.
pour qu'il puisse susciter un tel engouement et soit encore considéré avec révérence par une frange du public qu'on ne peut définitivement pas réduire aux seuls intellos gaucho-salonnards, il fallait bien qu'il possède des qualités autres que son seul érotisme léger. d'une part, de par son expérience de photographe, Jaeckin possède un vrai sens de l'image qu'un budget suffisamment généreux lui a permis d'exploiter. il y distille une atmosphère éthérée et doucement onirique qui s'accorde parfaitement aux paysages paradisiaques. enfin Emmanuelle propose un véritable discours qui, même s'il ne rend pas justice à la richesse du livre d'Emmanuelle Arsan, se pose comme le symbole de la libération sexuelle de la fin des années 60 début 70 et justifie peut-être à lui seul qu'on s'y intéresse. donc non, pour moi Emmanuelle n'est pas un film anecdotique qu'on peut juger au bout de 20 minutes et surtout pas en le comparant à l'industrie pornographique contemporaine...
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c'est bien dommage qu'on en fasse plus des films comme Gwendoline