THE CLONES OF BRUCE LEE
Réalisateur : Joseph Kong
Producteur : Dick Randall
Année : 1977
Pays : Hong-Kong
Genre : Raël n'a rien inventé (catégorie : Bruceploitation)
Durée : 1h28
Acteurs principaux : Bruce Le, Dragon Lee, Bruce Lai, Bruce Thai, Bolo Yeung.
"The Clones of Bruce Lee est le Plan 9 from outer space du cinéma de Hong-Kong". La phrase n'est pas de Christophe Lemaire mais de kungfucinema.com. Face à une telle affirmation, qui voudrait remettre en cause tout un pan du cinéma asiatique, difficile de ne pas rester perplexe. Après visionnage, autant le dire tout de suite : il existe bien pire en la matière, mais ce film reste tout de même une référence tant il se révèle mauvais.
Dans l'univers sans scrupules mais néanmoins sympathique de la Bruceploitation, The Clones of Bruce Lee fait quasiment figure d'ovni. En effet, là où la plupart de ces films n'hésitent pas à se servir de ces pseudos Bruce Lee pour les faire passer pour le vrai aux yeux du public, The Clones of Bruce Lee, comme son nom l'indique, n'a pas pour but de tromper le spectateur : il y aura du faux Bruce Lee, et à foison !
Et en matière d'imitateurs du petit Dragon, le réalisateur, Joseph Kong a mis le paquet à ce niveau là. A ce propos il faut souligner que ce bonhomme a également pour fait d'armes la co-réalisation de Bruce contre attaque avec Jean-Marie Pallardy mais bien après The Clones of Bruce Lee. J'oubliais : le producteur n'est autre que Dick Randall, ce grand génie qui financera par la suite des chefs d'oeuvre comme Supersonic Man, For your height only et bien sûr Bruce contre attaque.
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Niveau casting, il n'y aura point de Bruce Li, peut être trop cher et trop prestigieux, pas de Bruce Baron (qui, à cause de la moustache, n'a aucune ressemblance avec Bruce Lee), ni de Bruce Campbell (heu... je finis la chronique et je sors...) mais bien Bruce Le. Oui Bruce Le, ce Taïwanais qui, s'il ne s'exprimait pas qu'à base de petits cris absurdes, serait presque un bon fils spirituel de Bruce Lee (enfin, y'a aussi deux-trois autres choses à régler mais bon...).
Dans cette épique aventure, l'épauleront tout de même pas moins de trois autres fakes, certes moins connus car moins charismatiques, à savoir Bruce Lai, Bruce Thai, et Dragon Lee.
Ajoutez à cela le grand Bolo Yeung et de supers acteurs hauts en couleurs comme Tao Chiang, Siu-Lung Leung (que l'on peut retrouver dans Crazy Kung-Fu) et la légende est en marche...
Bruce Le, sûrement sous aux amphétamines.
Dragon Lee, sûrement celui qui en rajoute le plus.
Bruce Lai, sûrement recalé pour la nuit des sosies d'Evelyne Thomas.
Autant les autres films du genre essaient de se présenter comme des chefs d'oeuvre du kung-fu en repompant le patronyme de Bruce Lee dans le titre avec de superbes affiches trompeuses, The Clones of Bruce Lee passerait presque pour un nanar volontaire dans la mesure ou l'on sait déjà que Bruce Lee ne sera pas dans le film. L'histoire du film est l'image même de ce qu'est la bruceploitation : Bruce Lee est mort, vive les faux Bruce !
Pour comparer, on peut apercevoir Bruce Lee dans ce film sous formes d'images d'archives.
Le scénario, loin des fresques à la Godfrey Ho, se tient sur une page. A sa mort, Bruce Lee est cloné par un scientifique à la demande du SBI, les services secrets britanniques. A partir de là seront crées trois Bruce Lee dont le but est d'éliminer le démoniaque Docteur Ny (et non No) dont le but est de conquérir le monde via des hommes qu'il transforme en bronze (!).
On démarre donc à l'hôpital où le petit Dragon est admis d'urgence au service de réanimation. Malheureusement pour lui comme pour ses millions de fans, il décède, la faute peut-être à un matériel vétuste et une équipe médicale nanar peu compétente. Son ADN est prélevé par le scientifique John Benn (joué par... John Benn, un occidental habitué du circuit) pour un certain Monsieur Collin, qui travaille au SBI, Special Branch of Investigation, pour la Grande-Bretagne.
Vu la gueule du staff, comment donner un espoir de survie à Bruce Lee ?
Les deux seuls occidentaux du film : le scientifique et l'agent secret britannique.
Grâce à son stroboscope, notre scientifique va créer trois clones de Bruce Lee, à savoir Bruce Lee n°2 (Bruce Le), Bruce Lee n°3 (Bruce Thai), et...Bruce Lee n°1 (Dragon Lee), dans cette ordre. Tel un hypnotiseur, il leur fait faire ce qu'il veut, il suffit juste qu'il leur parle dans un micro. Je ne suis pas docteur en sciences ni expert en clonage, mais il me semble que le principe du clone est de ressembler en tout point à l'original. En clair il serait impossible de ne les différencier. Stroboscope défectueux, pénuries de sosies de Bruce Lee sur le marché, aveuglement de la production qui est persuadée que tout les asiatiques sont pareils... Toutes les hypothèses sont à envisager mais une chose est sûre : on est quand même bien loin du compte. Le fait de faire un film de Bruceploitation en mettant en scène un seul faux Bruce Lee peut passer (on se dit : Tiens ? Il a changé Bruce Lee !), mais en caser plusieurs dans le même film vire au gag.
Le problème est qu'en plus de ne pas se ressembler, ces Bruce achetés en solde chez Lidl sont de vraies loques. Autant ils ont pu hériter du physique de Bruce Lee (discutable...), le talent n'y est pas.
Oui, Monsieur Randall, je crois que ça ne va pas aller, votre stroboscope, on n'y croît pas une seconde.
Ah, en plus je parle dans un faux téléphone !
Si cela à marché sur Bruce, pourquoi pas chez les Raëliens ?
John Benn, très mauvais en scientifique (ou très mauvais tout court).
Bruce Le, avec 2 grammes d'alcool dans le sang
Solution : Entraînement solide avec le grand Bolo Yeung, et cassage de planches, briques et personnages. Après un démarrage un peu lent (faut bien poser l'histoire afin de saisir qui est qui !), les scènes d'entraînement, premières séquences montrant nos Bruce en action, assurent au film des passages forts jouissifs. On sombre ici dans le cabotinage extrême, le grand n'importe quoi... et ça dure dix bonnes minutes ! C'est à se demander si Jacques Vabre n'a pas sponsorisé le film tant Bruce Le semble surexcité. A l'inverse, le "coach" Bolo Yeung paraît éloigné du sujet. Sentant qu'il s'est une fois de plus retrouvé dans une daube sans nom, la motivation n'y est pas. Autre détail significatif de nanardise : la bande-son. Ici, pas la peine de chercher si loin, Sylvester Stallone aussi aimait castagner dans le vide, s'entraîner en forêt... la BO de Rocky fera l'affaire (également celle des Grosses Têtes de Philippe Bouvard).
Alors comme ça, on veut me voler la vedette ? A la limite, ok, pas de problème...
La vraie différence entre Le et Lee : le second n'aurait pas eu besoin que l'on lui pré-casse sa planche...
...bah ouais forcément tout devient plus facile !
Bien sûr sur ce coup là, je ne peux rien prouver...
...enfin quand même !
Le Bruce n°1 en revanche, sait déjà se battre et se fait donc dispenser du passage chez Bolo, pas de l'entraînement lui-même. Il se fait engager en tant qu'acteur, mais officieusement enquête sur un traffic. C'est dommage de voir ce clone agir en solitaire. Au final, il faut attendre le dernier tiers du film pour le voir intervenir auprès de ses "frères". De plus les scènes de Dragon Lee sont indépendantes de la trame du scénario, à tel point que l'on se demande si elles ne sont pas la pour lui faire de la promo pour les films à venir. En revanche, le jeu d'acteur de Dragon Lee m'énerve au plus au point, tant il surjoue comme cela n'est pas permis. Autant Bruce Lee pourrait rigoler dans sa tombe à la vue d'un Bruce Le sous caféine, la vue de Dragon Lee pourrait lui donner l'envie de coller des baffes. En conséquence j'éprouverais presque de la sympathie pour Bruce Le, même s'il crie moins que d'habitude, comme s'il savait que la star, c'est Dragon Lee. Le troisième larron, Bruce Lai est plutôt discret et discipliné, pour de pas dire mou et sans charisme.
Par ailleurs, le film nous gratifie d'une scène très sympathique, d'un entraînement avec Tao Chiang dans la continuité de celui avec Bolo Yeung. Avec son pyjama mauve et ses mimiques de combat, je trouve que cet acteur dégage un style digne des plus grands. Egalament connu sous le nom de Donald Kong, il passera comme bien d'autres chez Godfrey Ho, notamment dans Diamond Ninja Force, aux côtés de Richard Harrison et Shô Kosugi.
Toi, tu m'énerve !
Au programme, maniement de Rubiks'cub invisible.
Tao Chiang, excellentissime, avec sa gestuelle inimitable.
Appréciez le look du réalisateur en particulier la casquette "Paris".
Les fourbes, ils ont même cloné Alvaro Vitali !
Les deux autres Bruce, eux, sont envoyés à Bangkok pour accomplir leur mission. Vous avez remarquez que quatre Bruce sont crédités au casting, alors les clones ne sont que trois, même si le corps du Bruce Lee du début du film est encore un autre fake. Entre alors en jeu Bruce Thai, dans le rôle de Chuck (!). Il est leur guide en Thaïlande. Je ne comprends pas pourquoi ils ne l'ont pas pris en tant que clone, tant finalement il est plus ressemblant que d'autres copies, dont je ne citerais pas les noms afin d'éviter des ennuis.
Du reste, à partir de ce moment du film, les Bruce sont affublés d'immondes lunettes de soleil, dignes des plus grands beaufs d'Allemagne, sans doute afin de rendre les clones plus ressemblants entre eux (on ne me fera pas croire que c'est pour se protéger du soleil !).
La partie tournée en Thaïlande assure les meilleures scènes du film, là où on pourrait reprocher à la première partie une légère mollesse, exception faite de l'entraînement. Nos deux Bruce et Chuck s'activent. Autant sur une scène d'entraînement, affrontement entre hommes où le talent s'exprime (ou pas) le défaut de budget ne se voit que peu, inclure un côté "scientifique" à un film de kung-fu montre le réel manque de moyens. Déjà que la séquence du clonage au stroboscope dans une cave est grotesque, les scènes jouées dans le prétendu "laboratoire" du Docteur Ny l'est tout autant.
On retrouve dans la partie Thaïlandaise entre autres :
- La fabrication d'hommes de bronze dans les locaux (je ne peux pas appeler ça un laboratoire), sous l'oeil de l'effroyable Dr Ny :
- Un sbire à moustache et dentition invraisemblables :
- Une tentative d'homicide au couteau en plastique de la part d'une femme nue :
- Des tests de solidité sur les hommes de bronze :
Mais surtout, une séquence de cinq bonnes minutes entièrement remplie de plans nichons et consorts, entièrement gratuite, qui intervient au beau milieu de deux plans touristiques de Bangkok :
Image involontairement agrandie.
Magie de la VHS, contrairement aux filles, nos Bruce en slip sont cryptés !
Imaginez sept filles nues sur la plage en train de se malaxer la poitrine, même chez Max Pécas ça ne se fait pas !
Le voyeur de service...
...se fait poursuivre par le gang...
...et bang. *Fin de l'intermède*
Les Bruce ont suivi la scène, mais décident de ne pas intervenir. Ainsi, on peut l'affirmer : la scène est purement gratuite.
Avec leur corps partiellement imbibé de peinture jaunâtre, ces hommes de bronze en slip sont réellement indestructibles, et clone de Bruce Lee ou non, aucun moyen de s'en défaire. Il existe tout de même une solution pour mettre fin à ce carnage (sinon c'est pas marrant), le genre d'antidote imparable mais franchment grotesque...
Le film monte crescendo avec une succesion d'affontements dignes des qualifications des tournois de Dragon Ball : Les Bruce contre le Docteur Ny, contre Bolo, les Bruce entre eux et un adversaire final qui, si vous captez bien la chronique, ne doit pas être compliqué à trouver.
Trop facile !
Trop consterné !
Au final, The Clones of Bruce Lee reste tout de même un must, sans être pour autant le meilleur dans son domaine. On lui reprochera juste certaines lenteurs ou une qualité d'image vraiment très moyenne. Les scènes de combat ne sont franchement pas excellentes (chorégraphiées par Bruce Le), même si Bolo Yeung et Tao Chiang sauvent la mise. La réalisation est quand à elle déplorable, ce qui aurait pu sur ce point là être un Plan 9 Hong-Kongais. Maintenant comme convenu, je vais sortir.
Côte de rareté : 3/ Rare
En France, il semblerait que le film n'ait fait l'objet d'aucune édition VHS, ou alors tout au mieux sous forme de jaquette volante. Aucune édition DVD existante ou prévue (j'espère que Bach films fera un effort).
Le film existe cependant en VHS à l'étranger, comme par exemple en Allemagne, en Italie, et bien sûr aux Etats-Unis.


Vous pouvez sinon vous rabattre sur l'édition DVD américaine par VideoAsia, appelé "Dragon 4-pack", que l'on ne peut louper en raison de la présence de Bruce Le en couverture avec ses lunettes immondes. Ce DVD double face rassemble en tout quatre films avec Bruce's Fist of Vengeance, Big Boss II, Bruce Lee's Deadly Kung Fu et donc The Clones of Bruce Lee. Un gros bémol cependant : l'image est très moyenne, et le doublage anglais, déjà mal fait, est décalé de deux secondes à partir des deux tiers du film.
En outre sachez que 5minutestolive.com a édité un DVD-R.
Note : 4/5
Shimano