Bonsoir,
ça va être mon premier commentaire, alors siouplaît, vous j'tez pas d'ssus pour l'dépiauter (et moi à travers) comme de vulgaires rapaces (siouplaît). C'est-à-dire que déjà je m'demande si je suis pas en infraction avec les règles (nombreuses mais souvent redondantes – oups, j'entends les griffes s'aiguiser) du forum pour réactiver un message quelque peu ancien, mais que voulez-vous mes braves gens, je viens de visionner (enfin plus exactement, c'était avant-hier) le film objet de la présente discussion, dont j'avais découvert la chronique sur le site de Nanarland. Indjû, qu'elle m'avait mis l'eau à la bouche cette chronique ! Benoît, y'a pas à dire, tu l'avais savamment troussée, à telle enseigne, que ma compagne, passablement lobotomisée par les innombrables commentaires élogieux que la chronique susdite m'avait inspiré, en a fait tout récemment l'acquisition (3 €, s'est-once fait arnaquer ?) - ce qui a permis, on l'aura deviné, le fameux visionnage de l'objet du délit. Bref, tout çà pour dire, que cette expérience nanardesque m'a permis de retirer deux enseignements : 1/ bah, un nanar, pour le savourer, je crois qu'il y a un facteur, si pas déterminant, tout du moins important, qui repose sur... l'entourage (?) avec lequel tu partages le visionnage – disons qu'après l'avoir vu avec ma compagne, je me demande s'il s'agit bien d'un nanar, vu qu'elle l'a plutôt apprécié (disons comme un téléfilm du style « Dolmen »)... Et moi aussi d'ailleurs ! (mais je sais plus à quel titre, du coup...) 2/ un message subversif assez pourri peut être un facteur de nanardise (je devais mettre au conditionnel, voire sur le mode interrogatif, vu que je suis un vrai novice dans le domaine).
Je vais m'appesantir sur le deuxième enseignement – enfin, j'vais pas l'faire long, car après une journée de taf à gamberger pour rien, ce qui me reste de neurones éprouve quelques difficultés à se connecter.
BON ALORS ATTENTION ! POUR CEUX QUI N'ONT PAS VU LE FILM, DEFENSE D'ALLER PLUS LOIN, PUISQUE JE VAIS EN DEVOILER QUELQUES SCENES.
J'ai l'impression – mais bon, ce n'est que mon intime conviction – que tout ce film n'est que la métaphore d'un coming-out (encore qu'il me paraisse quand même au final, mal assumé). Je crois que Benoît, dans sa chronique, fait allusion cette amitié trouble entre le tueur (Vincent Perez) et le flic (Guillaume Depardieu), et notamment à la dernière scène, sans la dévoiler (ce que je ne fais pas, mea culpa). Bon sang de bonsoir, j'ai cru revoir Ken le Survivant ! C'est à la fois tordant et tordu. Voici Vincent Perez, ouvrant une grande fenêtre de sa (soit disante) ferme bretonne, contemplant une nuit qu'il trouve magnifique (moi j'trouve que ça pue l'effet numérique mal torché), alors qu'il sait que des snipers du GIGN se trouvent dans les arbres environnant prêt de l'abattre d'une balle dans le ciboulot – Guillaume Depardieu, se trouve à ses côtés, mais en retrait. Vincent et Guillaume discutent : en gros, Guillaume dit à Vincent de pas s'exposer comme çà à cause des snipers, mais l'autre, trop malin, il le sait déjà mais il explique à Guillaume qu'il a pas envie de se faire prendre par les flics parce que sinon il va finir dans un asile ou autre établissement du même style qui vont lui lobotomiser le bulbe, ce qu'il ne peut accepter parce qu'il a une mission (si je crois bien me souvenir, il dit : « j'ai tant à donner au monde »). La scène peut être méga- chiante au premier abord (je parle en connaissance de cause, mon témoin – ma compagne – a décroché pour piquer un roupillon). Pourtant, elle est vraiment jouissive ! Je reprends : alors là Vincent, se sachant perdu et semblant se résigner, demande à piti Guillaume de l'aider à... partir – pour faire clair, à mourir. Perso', moi j'ai vu cette scène comme une copulation sodomiesque métaphorisée. Faut quand même voir le Vincent répéter à l'envi à l'adresse de Guillaume « je savais que j'avais raison de t'aimer », « je n'ai jamais été aussi bien avant ce soir », « je n'ai jamais été aussi bien », en prenant un air quasi-extatique (pour pas dire orgasmique), alors que Guillaume sort et lève lentement son flingue dans le dos de Vincent, avant lui envoyer une bonne décharge dans l'omoplate, qui fait s'effondrer le Vincent mort mais arborant une expression de jouissance.
Après cette scène, je n'ai pu m'empêcher de revoir tout le film à son aune. J'ai l'impression que Jean Veber a voulu nous raconter la lente conversion d'un hétérosexuel par un homosexuel – ce dernier semblant tout de même éprouver quelque difficulté à accepter sa condition (ce qui rend l'interprétation particulièrement difficile du message que, je le pense, Jean Veber a tenté, vaille que vaille, de nous transmettre) : je fais référence à la scène précédant celle finale, où Vincent, préparant à manger, se met en colère lorsque Guillaume le traite d'assassin et lui répond qu'il n'est pas anormal, et à celle où il dévoile à son mentor (prof' d'histoire celte je crois), qui l'a rejoint dans sa pharmacie, sa véritable nature que ce dernier n'accepte pas (le coming out fait à papa ne passe pas).
Je vous le dis : j'ai l'impression d'avoir revu Ken le Survivant – de la subversion lourdingue et mal assumée ! Faut dire que la gente féminine n'est pas son avantage : des garces qui larguent les mecs trop sensibles (je pense à la copine du flic, à la réceptionniste du centre de massage et à la voisine de pallier du travesti) et qui n'en veulent qu'à l'argent (la pdg au sourire de joker).
Et puis il y a une sorte de quête vers l'homosexualité du flic incarné par Guillaume Depardieu : d'abord largué par sa meuf, il se prend d'affection pour un travesti (joué par Pascal Legitimus) qui lui déclare sa flamme sans que ce soit réciproque (j'ai l'impression – Ken le Survivant je vous dis – que pour Jean Veber, l'amour entre hommes c'est une affaire de mecs, de vrais – même s'ils sont raffinés – et non de fôllasses), avant de tomber définitivement sous le charme du pharmacien (il faut voir comment il le prend dans ses bras à la toute fin du film).
Mais tout çà est si grotesque, si grossier ou si peu convaincant (peut-être que Jean Veber fantasme plus qu'il ne souhaite réellement), que ça rend le film complètement... prout (j'ai pas trouvé mieux sur l'instant) que ça accentue à mon sens le côté nanardesque du film.
Voilà donc ainsi exposés les quelques éléments de réflexion que je comptais vous faire partager.
Bonne soirée.
_________________ " Quand le slip est troué, les testicules pendent " (proverbe tougoudien)
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