BRAIN OF BLOODTitre original : Brain of Blood
Titres alternatifs : Brain Damage, The Creature's Revenge, The Oozing Skull, The Undying Brain, The Brain
Réalisateur :
Al AdamsonAnnée : 1971
Pays : États-Unis
Genre : Si j'avais un cerveau... (Catégorie :
Anticipation)
Durée : 1h26
Acteurs principaux : Kent Taylor, Grant Williams, John Bloom, Regina Carrol, Vicki Volante, Angelo Rossito, Zandor Vorkov
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La bande-annonce originale et son commentateur qui en fait des caissesLes spectateurs sont priés de laisser leur cerveau à l'entrée, simple mesure de précaution. Merci."Brain of Blood" est probablement l'un des représentants les plus emblématiques de ce cinéma alternatif qu'on appelle un peu péjorativement
la série Z (tout en demeurant d'un niveau professionnel, on n'est pas non plus chez Polonia Bros). Tous y est : savant fou, craignos monster, marketing racoleur, gore sauce-tomate, scénario invraisemblable, décors de terrains vagues, photographie pisseuse, musique grandiloquente (provenant d'un autre film), action cacochyme et amateurisme ambiant. Avec tous ces éléments, le film pouvait difficilement échapper à une chronique en ces lieux. C'est certes très loin d'être aussi frappé que du Norbert Moutier (en même temps, difficile de rivaliser) mais c'est quand même sympathique.
Les productions Independent-International Pictures, ce sont des génériques souvent plus soignés que les films eux-mêmes.Sorti à l'aube des années 70, ce film du roi du Z
Al Adamson est une suite officieuse de la série de films d'horreur philippins d'Eddie Romero inaugurée en 1968 avec
"Brides of Blood" et qui sera suivi par
"Le médecin dément de l'ile de sang" ("Mad Doctor of Blood Island") et
"Beast of Blood". Romero étant occupé sur un autre projet et ne pouvant par conséquent pas assurer la réalisation d'un nouvel opus, Kane Lynn, le producteur de la série originale, demanda à Adamson et son partenaire/producteur Samuel M. Sherman de faire un film dans le même style, avec la bénédiction d'Eddie Romero. Bien que certains aient prétendu que le tournage ait eu lieu aux Philippines,
"Brain of Blood" fut en réalité filmé en l'espace de huit jours dans la campagne et les abords de Los Angeles pour un budget microscopique.
L’œuvre s'ouvre sur une photo du Taj Mahal sensée représenter le palais gouvernemental d'un pays fictif du Moyen Orient : le "Kahlid". Le dictateur du Kahlid (Reed Hadley) se mourant d'un cancer, sa maitresse (Regina Carrol) et ses conseillers tentent de prolonger son règne en transportant sa dépouille aux États-Unis pour confier à un savant fou (Kent Taylor) le soin de transplanter le cerveau du chef d'état sur le corps d'un homme jeune et bien portant. Mais on se doute vite, vu l'air typiquement mégalomane du savant, que celui-ci a d'autres projets encore plus improbables derrière la tête et désire en fait devenir lui-même le nouveau dictateur du Kalhid...
Un Moyen-Orient de carte postale, au sens propre.Le gentil dictateur (Reed Hadley, interprète du serial "Zorro's Fighting Legion" et de la série télé "Racket Squad").Regina Carrol, l'épouse et la muse d'Al Adamson, qu'il mit en scène dans presque tous ses films.Le héros de service (Grant Williams, qui eut son heure de gloire dans "L'homme qui rétrécit" de Jack Arnold et qui termina sa carrière en 1972 sur le film de SF cheap "Armageddon 1975" aka "Domsday Machine").Le docteur Maboul (Kent Taylor, clone d'Errol Flynn vétéran d'un paquet de westerns et de films de guerre de série B des années 30-40, vu dans "The Mighty Gorga" et qui interpréta un rôle identique de savant créateur de monstre dans "Brides of Blood" d'Eddie Romero, premier volet de la saga officielle).Dans un second rôle, Zandor Vorkov, inoubliable interprète de "Dracula contre Frankenstein", donne le meilleur de son talent au cours d'une séquence de crash automobile magnifiquement confuse.C'est alors qu'un autre dément se met de la partie : le monteur. Un montage bordélique mélangeant allègrement les intrigues parallèles sera l'une des grandes caractéristiques du film. Tandis que le savant joue au
Trepanator dans son laboratoire nanar à boutons clignotants et fioles Erlenmeyer glougloutantes, un cambrioleur s'introduit dans un appartement pour en fouiller les tiroirs, puis retour au labo pour une incision sanglante, puis retour à l'appartement où l'habitante des lieux rentre chez elle obligeant le cambrioleur à se cacher dans un placard, puis extraction de cervelle, puis plan soutif de la jeune femme se déshabillant. On croit le manège parti pour se répéter indéfiniment quand soudain la jeune femme pousse un hurlement de terreur et s'évanouit aussitôt lorsque la vedette du film s'introduit à son tour dans l'appart' : Gor.
Une technologie de pointe pour un maximum de réalisme médical.Chirurgien, c'est quand même un vrai boulot de patachon.Même si les acteurs ne transpirent pas, il faut quand même leur éponger le front pour la tension dramatique.Malgré toutes les précautions prises par le savant fou, le cerveau du patient a un peu fini en marmelade._ "HIIIIIIIIIIIII !!!" _ "Gor !" (désolé pour ce pitoyable jeu de mot, pas pu m'en empêcher)Gor, le craignos monster de service, sorte de colosse demeuré passant son temps libre à jouer avec ses petites voitures, est un simple d'esprit qu'un traumatisme nanar (raconté en flashback) a transformé en maniaque défigurée au maquillage/tartine grumeleux qui laisse dépasser ses cheveux et ses rouflaquettes. Gor est le rabatteur de cobayes humains du savant fou. Mais Gor est un peu maladroit (en plus d'être très con) et ne connait pas sa force, du coup il abime tellement la victime que le corps de celle-ci est inutilisable pour la transplantation cérébrale. Le savant décide alors de greffer le cerveau du dictateur sur cette grosse andouille de Gor. La pensée que le dictateur puisse réagir violemment en découvrant sa nouvelle apparence physique semble n'avoir pas effleurer le brillant esprit du savant et le monstre s'enfuit dans la nature pour commettre quelques meurtres ringards. Mais le savant fou avait tout de même eu la prévoyance d'implanter une puce électronique dans le nouveau cerveau de sa créature, laquelle permet au scientifique de pister et contrôler sa "chose" à distance au moyen d'un ridicule canon-laser futuriste à ondes magnétiques. Avec autant d'éléments grotesques, on ne peut pas vraiment dire que ce film d'horreur soit très effrayant, mais au moins on est assurés de passer un bon moment de détente au soixante-douzième degré (le film quant à lui se prend super au sérieux, rassurez-vous), d'autant qu'Al Adamson n'est pas de ceux qui nous cachent leur craignos monster après l'avoir survendu sur l'affiche. Ici, pas d'entourloupette, le monstre est excessivement ringard et est bien visible durant une bonne partie du film.
Perso, je m'en lasse pas.Une victime qui a la tête de l'emploi.Attention : ce film est fortement déconseillé aux personnes cardiaques !"Rien ne résiste au pouvoir de mon LASER FORCE !"J'ai dit précédemment que les auteurs se sont efforcés de reprendre les codes du cinéma bis philippin, or, il ne pouvait par conséquent pas faire l'impasse sur la présence d'un nain dans le film. Déjà à l'affiche, dans un rôle de freak similaire, de
"Dracula contre Frankenstein" du même auteur, l'acteur Angelo Rossito cabotine de façon réjouissante dans le rôle de l'assistant sadique du savant fou, son enthousiasme se révélant particulièrement communicatif pour le spectateur qui se sent complice de toutes ses facéties. Éclatant à tout bout de champ et sans raison particulière en ricanements sardoniques irrésistibles, Angelo s'amuse visiblement comme un petit fou à torturer de jeunes prisonnières enchainées dans un donjon gothique plein de rats, de squelettes et de toiles d'araignées (en plastique les araignées). Au passage, le film se permet un long segment totalement inutile durant lequel une des prisonnières réussit à s'évader et tourne en rond à deux à l'heure dans le couloir du donjon pendant un quart d'heure interminable (régulièrement entrecoupé de séquences parallèles, merci au monteur maboul), tout ça pour finir par se faire recapturer par le vilain Angelo, ça vous donne une idée du degré de remplissage dont abuse le réalisateur.
Besoin d'un sbire qualifié pour collecter du sang frais sur de jeunes vierges apeurées ?Faites appel à Angelo, il se fera une joie de remplir cette besogne !"Dites, c'est vrai patron que je peux aller embêter les filles ?""Chic alors ! Qu'est-ce qu'on rigole ! Mouhahahaha !"Angelo en plein cœur de l'action.Angelo imitant Ray Charles.Angelo excité comme une puce dès qu'il fait une méchanceté.Interlude gothique, c'est la maison qui offre.Représentant foutraque d'un septième art très underground, le film a pour lui une petite ambiance étrange, dégageant une impression de misère et d'irréalité qui exerce un charme envoutant, et l’œuvre ressemble à ces vieilles BD de gare de type Elvifrance aux intrigues naïves et stéréotypées, aux couleurs délavées et aux pages bouffées aux mites, mais qu'on savoure avec une forme d'émerveillement nostalgique et déviant quand on les ressort du grenier. Avec son esthétique un peu cradingue, son postulat débile, son montage chaotique, son rythme de course d'escargots, la ringardise de ses effets spéciaux (seuls les gros plans de chirurgie cérébrale se révèlent étonnamment réussis) et son indigence artistique globale,
"Brain of Blood" est un classique désormais culte des productions pour drive-in qui fera la joie des amateurs du genre. Parmi les rares vrais bons points, on reconnaitra que le jeu des acteurs est loin d'être catastrophique et la plupart des interprètes savent rester sobres sans pour autant sombrer dans le non-jeu. Le spectacle est aussi moins mal fichu et plus "propre" que par exemple
"Blood of Ghastly Horror" du même auteur. L'ensemble est assez hypnotique et, sans être un gros nanar, le spectacle est suffisamment bizarroïde et farfelu pour que le nanarophile y trouve son compte, pourvu de ne pas se laisser rebuter par les longueurs typiques du
cinéma d'exploitation américain des 70's. Amateurs de cinéma
mainstream s'abstenir. Les autres, régalez-vous !
"Et dire que j'ai commencé ma carrière avec Tod Browning, moi..."Note : 1,75/5
Cote de rareté : 4, exotique.
A défaut d'une hypothétique rétrospective complète de l’œuvre d'Adamson en France (Artus Films ? Bach Films ? Le Chat Qui Fume ? Crocofilms ?), quelques passionnés ont déjà numérisé toute la filmo du réalisateur dans de bien belles collections Outre-Manche et Outre-Atlantique. L'éditeur britannique Cinema Club a sorti une galette au contenu basique (le film, les chapitres, la bande-annonce) mais soigné en DVD zone 2, tandis que les Américains de chez Image Entertainment ont édité dans leur "Blood Collection" un disque zone 1 semble-t-il un peu plus fourni avec une interview d'Eddie Romero en plus des bandes-annonces de la collection. L'éditeur Alpha Video propose de son coté un DVD multi-zones (visuel en tête de chronique) avec un commentaire audio de Samuel M. Sherman, le trailer et une galerie photo.
Le DVD zone 2 britannique.Le DVD zone 1 américain.