RevampedCatégorie : Action fantastique
Genre : (trans)fusion des genres/ Sous Vampire Assassin/ I'mord tellement fort!.
Année : 2007
Durée : 1h27
Pays : Etats-Unis
Réalisateur : Jeff Rector
Avec : Jeff Rector, Martin Kove, Deron McBee, Fred Williamson, Billy Drago… .
On n’est jamais si bien servi que par soi-même. Ça, Jeff Rector l'a bien compris. Lassé de traîner sa carcasse dans les arrière-cours d’Hollywood sans jamais attendre le haut de l'affiche, Jeff a décidé de prendre le taureau par les cornes en créant des films dont il serait enfin la vedette. Après les moyens métrages, voilà notre ami partie dans un projet encore plus ambitieux: Revamped. Cette fois Jeff en est sûr, à lui la renommée et les papiers élogieux en faisant le nouveau Sam Raimi. Ouais. Il est bien gentil l’ami Rector, mais à la vue du résultat, faudra qu’il se contente d’une bafouille sur un site de barges et qu’il attend son tour entre un Philippe Clair et un Jesus Franco.

Mais qu’a t’il fait pour en arriver là ? Et bien, tout commence par l'une des idées les plus singulières du cinéma fantastique. Apprenant les infidélités de sa femme, Richard (Rector himself) décide de mettre fin à ses jours mais est arrêté dans son geste par une pub qui lui propose de devenir un suceur de sang en appelant un numéro de téléphone. Charmé par cette offre, notre ami décroche son combiné pour pouvoir mieux se venger de sa chère et tendre. A croire que ce brave homme n'a jamais entendu parler d’une autre race de démons : les avocats. Néanmoins, voilà Richard embarqué dans une succession d’événements rocambolesques, qui de coups de théâtre en twists douteux l’amèneront au milieu d’un conflit entre différentes factions de vampires et un groupe paramilitaire qui souhaite éradiquer nos buveurs d'hémoglobine.

Bonjour et bienvenue sur Satan TV. A 20h40, retrouvez notre télé réalité "Devil Story". Puis à 23h, n'oubliez pas votre série, "Amour, Gloire et Trépanation".

Appelez vite, c'est urgent !!
De suite, il faut souligner l'une des particularités de ce film à savoir son envie d'intégrer des passages très portés sur l’humour. Il suffit de voir Richard louper lamentablement ses tentatives de suicides pour se dire qu'une part de second degré est présente dans le film. Pourtant, on ne cessera de se demander si tel était bien la volonté initiale de l'auteur, le tout se voulant globalement sérieux. Un peu comme si voyant qu'il ne réaliserait un nouveau classique, Jeff avait soudain changé son arbalète d’épaule et pris sur lui de mettre quelques scènes comiques afin d’arrondir les angles. Ou alors c’est qu’à l’instar d’autres productions, il a voulu intégrer quelques vannes pour détendre l’atmosphère entre deux séances dramatiques. Quoiqu’il en soit le rendu est si mal foutu que le film donne la même impression que regarder un snuff movie dans lequel on verrait périodiquement apparaître un Bernard Menez chantant « jolie poupée » pendant qu’on s’égorge autour de lui. C’est tellement hors sujet qu’on finit par rire de ces séquences mais pas pour les bonnes raisons.

Bah quoi ? On a tous ce genre de bouquin à la maison.

Marre de sucer ? Choisissez Hemorette.
Outre son approche hasardeuse, l’intrigue trouble également par sa confusion. S’enchaînant comme dans un mauvais soap, les rebondissements semblent avoir été écrit sur l’intuition du moment, sans respecter les faits précédents ni même les protagonistes, certains changeant radicalement de motivations d’une scène à l’autre. A ce point, on croirait même qu’une bonne partie du casting est schizophrène. Si dans un film ordinaire, voir le personnage central passer du tueur en pleine vendetta au sauveur du monde en moins de dix minutes est totalement absurde, ici, tout passe comme une lettre à la poste. Et tant pis si les événements tiennent entre eux par des ficelles scénaristiques dignes de cordes d’amarrage. Déstabilisant de bouts en bouts, le script est ponctuellement gratiné de faits absurdes qui ne feront dire qu’à force de vouloir aller partout, le film de Jeff n’arrive nulle part.

Mary, mère d’une petite fille mais kidnappée par les vampires pour sa virginité. Ou la dimension religieuse au service de l’incohérence scénaristique.

Un fusil laser sorti de nulle part et qui va y retourner prestement.
La direction des acteurs suit le mouvement. Si les seconds rôles sont assez mauvais à force de cabotiner sec, nous aurons aussi droit à des caméos absolument inutiles, si ce n’est tenter d’apporter une caution horrifique à un film qui en a bien besoin. De Reggie Bannister qui jouait dans les 4 « Phantasm » en passant par le Leatherface de « Massacre à la tronçonneuse » troisième du nom, c’est la foire aux quatrièmes couteaux, un peu comme si Jeff, également responsable du casting, voulait que chaque figurant ait quelque chose de connu dans sa filmographie. En ce sens, notre ami s’est aussi offert quelques tronches un peu reconnaissables. On retrouvera donc Vernon Wells (Commando, Circuitry Man) en tenancier de bar, Carel Struycken (Lurch dans « la famille Addams ») en croque-mort plus tout un tas d’autres comédiens ayant usé leurs guenilles dans des séries diverses et variées. Espérons pour lui que certains sont venus bénévolement sinon, on sait enfin où est passé le budget du film.

Quelques personnages très motivés. En bas à droite, Elise Muller, déjà compromise dans Sharkman.

Vernon, derrière son comptoir, engueule un biker et passe à la compta.
Mais le devant de la scène est à l’avenant. Outre Sam J.Jones, déjà vu dans Flash Gordon et Gangland, c'est avec joie que l'on retrouvera quelques habitués des lieux à commencer par Martin Kove et Fred Williamson. S'il est difficile d'accabler Fredo qui passe quelques savons dans son bureau, comptez une heure de tournage pour toute ses scènes, Martin livre quand à lui une prestation purement syndicale. Totalement conscient de ce qu’il joue, Martin prend son rôle par-dessus la jambe voyant dans ce film un moyen de payer sa facture d'électricité. On est loin du j'menfoutisme complet de "Barbarian" mais l’air détaché du bonhomme reflète l’état d’esprit dans lequel il a abordé ce tournage. A noter qu’il ne sera pas loin de se faire piquer la vedette par son coéquipier, un certain Paul Michael Robinson lequel dans son registre de sidekick, redéfinit à chaque apparition la formule « jouer comme une patate ». Touchons également un petit mot sur un des acolytes de Richard, le professeur Van Dyke, inventeur de trucs qui ne servent à rien ou sortant d’on ne sait où. Proche de la mono expressivité qu’elle que soit ce qu’on lui demande de jouer, Victor Lundin a beau se réveiller périodiquement, on ne s’étonnerait pas de le voir tirer la même tronche si quelqu’un lui annonçait l’arrivée de gnous radioactifs en plein milieu du film.

L'impatient Fred Williamson.


Sam J Jones, le Van Helsing du monoprix. Notez la cicatrice qui se balade sur le visage d’une scène à l’autre.

Martin Kove (à droite) et son ineffable partenaire.

Victor Lundin l’homme aux cent expressions (une par film).
Afin d'équilibrer les débats, le camp adverse est représenté par une doublette habituée du surjeu outrancier, j’ai nommé Deron McBee et Billy Drago. Fidèle à sa légende, Billy ne ratera pas ses maigres occasions pour propulser son personnage vers des hauts niveaux d’excès. Incarnant un grand chef vampire voulant plonger le monde dans l’obscurité, via un stratagème incertain, maître Drago peut de nouveau s'en donner à cœur joie dans les sourires démoniaques et regards vicieux. Un registre qu’il connaît par cœur mais dont on ne se lasse pas. Dommage que ses apparitions se content sur les doigts d’une main. Heureusement pour compenser, Deron se trouve être un excellent adjoint. Alliant la carrure de Matthias Hues et le jeu de Stuart Smith, le père Mc Bee ne néglige aucun de ses passages à l'écran pour nous livrer une performance dont il a le secret. Suant, grognant, beuglant la moindre réplique comme un damné, Deron en fait comme toujours des gigatonnes, irradiant littéralement la pellicule dès qu’il est dans le cadre. Un poil original, on le verra aussi jouer une pseudo scène de fesses où là encore, son style si particulier fait des merveilles entre postures d’extase outrancières et gémissements exagérés. Autant dire que ces deux là envoient du très lourd.


Billy Drago, toujours royal pour jouer les vieux satyres.

Mais la vraie vedette, c’est Jeff Rector. En bon homme orchestre, le monsieur ne s’est pas contenté d’écrire, produire et réalisé le film, il en a fait un écrin à sa propre gloire. Et c’est bien heureux tant on voit mal une autre personne être dérangée au point de lui confier un rôle important. Charismatique comme un plat de nouilles, Jeff est l’un des héros les moins crédibles qui soit, tenant plus du cadre supérieur que du beau ténébreux. Empâté et masquant mal des sérieux problèmes de justesse, Jeff livre un catalogue de toutes les expressions possibles, croyant peut être pouvoir se faire remarquer par un grand nom du cinéma. Hélas, que ce soit dans le burlesque ou la tragédie, Jeff est à côtés de ses pompes et s’avérera pour beaucoup dans la nullité d’un film pourtant conçut sur mesure, un véritable comble ! Plus vraiment à une connerie près, sa réalisation est à l’image du reste. Si Jeff est le genre de gars à filmer une rave gothique façon ambiance de kermesse, les scènes d’actions virent elles à la fête à neuneu. Semblant avoir été tournée en une prise et grossièrement accélérée pour lui donner un peu de peps, la moindre empoignade apparaît risible tant elle semble avoir été réglée par un chorégraphe en étant de mort cérébrale. Parlons aussi de la production pour évoquer un budget récolté par Jeff grâce à la vente de son abri de jardin. Ayant choisi ses décors sur le simple critère qu’il s’agissait de squattes vides, Rector n’a pas lésiné sur les effets en tout genre. Hélas, difficile de ne pas sourire devant cette orgie de canines en plastoc et ketchup leaderprice, faisant plonger plus encore son film dans un profond marasme.

Mou, grillé et bien trop gras, non il ne s’agit pas d’une chipolata, mais de Jeff Rector.


Danser un petit slow, trinquer au Banga… finalement ces histoires de messes noires, c’est juste pour se donner un genre.
Plus proche du brave tocard que de Bram Stoker, Jeff Rector nous livre un film boiteux et un tantinet poussif, dont on a du mal à savoir à quel point il assume sa bêtise. La seule certitude, c’est que la somme d’imperfections qui le compose et sa brochette d’acteurs en font un divertissement acceptable qui a défaut d’intenses fous rires, se laisse tout de même suivre avec un plaisir coupable. Alors bien sûr, monsieur Rector espérait sans doute plus, accouchant d’un chef d’œuvre dès le premier essai. Mais cela viendra peut être. Allez Jeff, accroches-toi. Après tout, si tu persévères autant dans l’absurde, nous autre à Nanarland, on ne peut qu’être derrière toi. Plus que la gloire, la reconnaissance de vrais amateurs, ce n’est déjà pas si mal.

Et là comme ça, j’ai l’air inquiétant ?
-NOONN !!
Wolfwood 1.75/5
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Cote de rareté
Sortie en dvd aux Etats-Unis, Revamped n’a pas encore été exploité par chez nous. Jeff Rector devra attendre un peu pour devenir une star mondiale.

Une affiche faisant la promo de la première du film. En double programme : une invitation à donner son sang.
Lien utile :
Le site officiel du film :
http://www.revampedthemovie.com/index.html