Cabotin : nom masculin. Qui cherche par ses manières à se faire remarquer. Qui joue avec excès.
Exemple : Stuart Smith est un fieffé cabotin.
Extrait du petit Philippe illustré.
Quiconque ayant vu un film avec Deron McBee sait à quel point cette définition lui convient à merveille. Avec sa dégaine de catcheur poids lourd et son jeu digne d’un grizzly éméché, Deron a prouvé qu’il n’était pas nécessaire d’avoir fait l’Actors Studio pour crever l’écran, alignant quelques prestations anthologiques.

Né le 23 Aout 1961, on sait finalement assez peu de choses sur l’enfance du sieur McBee. A part l’affection qu’il porte à sa mère, il la classe parmi ses héros aux côtés de Batman ou Superman, on devine que Deron a dû très tôt s’intéresser aux sports pour pouvoir se construire son physique impressionnant. Cela se confirme si on en juge par son palmarès, qui le vit apparaître sur le circuit professionnel de Racquetball durant trois ans. D’un bon niveau, il gagna notamment un titre en 1987 et certaines sources prétendent qu’il aurait même concouru dans cette discipline au World Police & Fire Olympic de 1985, ce qui démontrerait l’investissement du jeune Deron dans les forces de l’ordre où il aurait été sheriff adjoint. Toujours prêt à développer ses aptitudes, Deron se mettra au Body Building puis, au gré des entraînements pour certains tournages, apprendra les arts martiaux dans l’école de Billy Blanks ainsi que le maniement de l’épée avec Anthony De Longis.


Mais Deron s’intéresse également au monde du spectacle. Comme d’autres, il tente sa chance dans ce milieu où on l’imagine enchaîner les petits boulots. Un temps Chippendale ou encore mannequin, on le verra aussi apparaître comme candidat du jeu « Love Connection », sorte d’équivalent à « Tournez Manège ». Est-ce cette expérience télévisuelle qui l’amène à participer à « American Gladiators » ? Difficile à dire, toujours est il que le voilà dans ce pseudo « Intervilles » où les participants, à défaut de vachettes, doivent affronter Deron et ses potes dans des épreuves aussi sportives que farfelues. Figure marquante de la première saison du show, sa prestation lui permet de se construire une petite réputation chez les amateurs de l’émission, au point d’être encore connu aujourd’hui sous son pseudo d’alors, Malibu. Reconnaissant, il participera des années plus tard à une déclinaison live du spectacle, histoire de saluer ses fans de la première heure.


Deron dans ses costumes de gladiateur des temps modernes.
Repéré par le cinéma, la carrière de Deron prend alors un peu plus d’importance. Après quelques publicités puis des apparitions dans « Elvira, princesse des ténébres » et la série « Mariés, deux enfants » le voilà propulsé acteur principal de « Time Barbarians ». Sans doute heureux de jouer les sous Conan, il adore ce personnage, Deron incarne avec le style qu’on lui connaît un barbare propulsé dans notre époque. Sur sa lancée, il donne son meilleur sur « The Killing Zone » puis enchaîne « Out for Blood » avec Don « The Dragon » Wilson et « Ring of Steel », autant de films aux titres évocateurs le voyant toujours jouer les brutes épaisses. Figurant à l’occasion, on l’aperçoit furtivement dans « Chute Libre » de Joel Schumacher.


Relativement sobre mais tout de même génial en « Time Barbarians ».



Illuminant de sa présence « The Killing Zone ».

Visible une seconde en badaud à la fin de « Chute Libre ».
Ensuite, il côtoie Roddy Pipper et Sonny Chiba sur « Immortal Kombat » film à l’intérêt nanar mitigé mais où chacune de ses apparitions sont des moments de pure extase. Néanmoins, c’est aussi via ce métrage que l’on découvre un Deron qui n’aimait pas trop qu’on se moque de lui. Présenté lors de l’émission « Monstervision » quelques années après sa sortie, le film subit les railleries du présentateur, se moquant notamment de cet acteur sous stéroïdes et à la présence si particulière. Vexé, Deron écrira à l’animateur un message que ce dernier ne pourra s’empêcher de lire à l’antenne. Le ton est certes courtois, mais on comprend tout de même qu’il vaut mieux éviter que les deux hommes se croisent. Peut être n’a-t-il tout simplement pas apprécié l’allusion aux produits anabolisants, lui qui prétend s’être avant tout servi de la prière et la Foi pour se créer sa musculature.

Au sommet de son art dans « Immortal Kombat ».
Mais revenons vers 1994 où Deron fait peu à peu son trou dans la série B. Après « T-Force » de Richard Pepin, on le retrouve dans « Cage II » avec des pointures comme Reb Brown, Lou Ferrigno et Gerald Okamura, « Monster Mash : the movie » comédie musicale horrifique et « Enter the Blood Ring » dont il est la co-vedette avec Robert Z’Dar. Viendra ensuite le décevant « Raging Angels » où sous les traits de l’Archange Gabriel, il apparaît sans prévenir le temps de croiser le fer avec un démon qui passait par là. Un film qui par chez nous, avait de quoi intriguer, puisqu’on y retrouve aussi Arielle Dombasle. A cette période il se spécialise dans le registre de l’homme de main, en apparaissant dans les très différents « Batman Forever » où il est l’un des nombreux sbires tabassés par Val Kilmer, puis « Un gratte ciel otage » ripp-off insensé de « Piège de Cristal » et son Anna-Nicole Smith livrant tout l’étendu de son talent.



Une apparition aussi magique que fugace dans « Raging Angels ».


En rajoutant à peine pour « Un gratte-ciel en otage ».
Déterminé à avoir sa bio en ces lieux, il joue les centaures dans « Mortal Kombat : Destruction Finale » histoire de filer quelques coups de sabots à une adaptation vidéoludique qui n’en demandait pas tant. Puis arrive « Deadly Currency » avec de nouveau Robert Z’Dar. Enquillant les apparitions dans les séries télés, il se retrouve dans « Roswell », « Walker Texas Ranger », « Sliders » ou encore « Le flic de Shangaï ». Sans soucis, notre ami rentre calmement dans les années 2000 et ne néglige pas non plus quelques directs to video comme « Instinct to kill » avec Marc Dacascos ou bien « Red Serpent » et son Roy Scheider en pleine panade.

Centaure et sans reproche sur le tournage de « Mortal Kombat : destruction finale ».


Deron en veut à « Larry et son nombril ».


Hélas, un drame va s’abattre sur Deron et les siens. Le 20 Mars 2003, sa femme Drzan meurt des suites de complications lors d’une opération. Effondré, il décide de s’accrocher pour ses deux enfants. Prenant un peu de recul, il réapparaîtra dans «Il était une fois à Los Angeles - Le Mexicain» devant un Lorenzo Lamas plus très loin des abymes. Ne tournant plus qu’un film par an, il se retrouve en 2005 dans « Le sang du diamant » (« The Cutter ») avec son ami Chuck Norris. Mais c’est surtout son numéro de vampire hystérique dans « Revamped » qui nous fera nous rappeler à quel point Deron est un maître de l’outrance, capable de voler la vedette à n’importe quel premier rôle. Vient enfin « Welcome to Sundown » court métrage de 2008 dont il est aussi l’un des producteurs. Il s’agit à ce jour de sa dernière contribution au septième art.



Cherchant des noises au sosie karatéka d’Olivier Besancenot dans « Le Mexicain ».

En train de péter une durite sur « Revamped ».


Deron McLeod du clan McLeod dans « Welcome to Sundown ».
Plus ou moins retiré de l’univers médiatique, Deron a néanmoins participé un temps à une émission pour une Web TV consacré au Fitness. Dans Image Makers, il nous mettait en garde contre les préjugés et l’apparence en se mettant en scène dans des petites pastilles humoristiques. Des prestations qui ne feront pas date, mais prouvant que Deron n’est pas si mauvais acteur et qu’il a gagné en autodérision. Un changement qui s’explique sans doute par la plus grande présence de la Foi dans sa vie. Devenu pasteur, il répand la parole de Dieu lors de tournées de prévention dans les écoles et les églises, où avec d’autres complices il met en garde la jeunesse contre les dangers de la rue. Un temps membre de la « Power Team » sa devise d’alors est « become dream makers, and not dream breakers », une philosophie qui l’amena un jour à faire un discours si marquant qu’il bouleversa un jeune caïd présent dans la foule, lequel finit par arrêter la drogue et rendre ses armes à la police. Prêt à mettre sa renommée au service de son prochain, il a également participé à des manifestations comme le « DragonFest » de Gerald Okamura ou le « Martial Artists for Christ », association organisant des démonstrations d’arts martiaux pour véhiculer la parole de Dieu et aider les familles dans le besoin. Artiste, sa passion pour la peinture semble aussi s’être développé. Malgré toutes ces activités, il ne perd pourtant jamais de vue le bonheur de ses filles.

S’amusant de son image et de celles des autres pour Image Makers.


Deron casse la baraque au « Martial Artists for Christ » 2006.

Quelques unes de ses œuvres.
Aussi discret à la ville qu’exubérant à l’écran, Deron a su marquer les esprits de nombreux cinéphiles désaxés. Même si on ne sait pas encore ce que l’avenir lui réserve, aucun doute que Monsieur McBee a déjà réussi son pari en s’imposant comme une valeur sûre, capable de sauver un film à lui tout seul. On peut certes rire de son look ou son jeu d’acteur mais quoiqu’il advienne, c’est le respect qui domine dans le cœur de chacun de ses admirateurs. Pourtant tout ceci est bien peu de chose. Donnant beaucoup à ses semblables, il aurait été jusqu’à sauver la vie d’un homme au détriment de sa santé, on a aujourd’hui plus de chance de le croiser dans la cour d’un lycée où il aidera des jeunes à sortir de la violence, plutôt que sur un plateau de tournage, même s’il a semble t’il repris les chemins des studios pour co-produire et jouer dans « Redemption » film d’une trentaine de minutes revisitant l’histoire d’Abel et Cain. Quelque soit son futur, espérons au moins qu’il soit en paix et que malgré tout, nous aurons la chance de le voir revenir plus régulièrement vers ses premières amours. Ainsi soit il.


Deron durant l’un de ses prêches.

Vous êtes prévenus : Soyez bons et généreux, sinon il vous botte les fesses.
Wolfwood
Merci à Ghor et Kobal pour leurs précieux coups de pouces.
Films chroniqués:
Mortal Kombat : destruction finale
Time Barbarians
Un gratte-ciel en otage
Filmographie:
Welcome to Sundown (2008) (court métrage)
Revamped (2007)
The Cutter (2005)
Le Mexicain (Il était une fois à Los Angeles) (2004)
Red Serpent (2002)
Instinct to Kill (2001)
Guilty as Charged (2000)
Deadly Currency (1998)
Mortal Kombat: Annihilation (1997)
Un gratte-ciel en otage (1996)
Raging Angels (1995)
Batman Forever (1995)
Enter the Blood Ring (1995)
Monster Mash: The Movie (1995)
Cage II (1994)
T-Force (1994)
Immortal Combat (1994)
Ring of Steel (1994)
Chute Libre (1993)
Dragonstrike (1993) (court-métrage)
Out for Blood (1992)
Valhalla (1992)
The Killing Zone (1991)
Payback (1990)
Time Barbarians (1990)
Elvira, princesse des ténébres (1988)
Plus quelques apparitions dans des séries télé.