Son Savasci
Ceux qui ont déjà chroniqué du Cüneyt le savent ; malgré son extrême capacité à nanardiser un film et son impressionnante filmographie, il n’est pas facile de tomber sur un œuvre complète et dense d’un bout à l’autre.
Dans ma perpétuelle quête du futur St Graal nanar, je suis souvent tombé sur des bouses innommables avec un Cüneyt sans trampoline, sans stock shots ni craignos monster… bref du Cüneyt sans saveur (et sans sous-titres).
Un jour Ghor me fait signe et me dit : « Il faut que tu choppes Son Savasci, c’est la suite de
Death Warrior !!! »
Ni une, ni deux, je fonce chez mon fournisseur habituel de Turkisheries pour me procurer la future perle.
Et alors mes aïeux, quel choc !!!
Des explosions, des ninjas et Cüneyt !!!Un affiche qui en dit long sur la nanardise du film
Si Cüneyt est souvent associé au terme « nanar », il ne faut pas oublier que derrière cet acteur, se cache aussi un réalisateur complètement déjanté qui a livré en ces lieux les pires films de tous les temps :
Death Warrior,
En Buyuk Yumruk, et surtout
Turkish Star Wars sont l’œuvre d’un seul et unique homme : CETIN INANC.
Outre sa capacité à rendre un scénario incohérent et à monter ses films au découpe-gigot, Cetin Inanc est surtout l’inventeur du film 60 en 1, tant il est impossible de savoir la provenance des milliers de stocks-shots qui jonchent ses longs métrages.
Le Komissar Murat
Autant vous dire qu’avant même de commencer ce film, je savais que j’allais m’atteler à du GIGA lourd et bien, même en étant intensemment préparé, j’ai pris une claque ! En effet la claque fut rude, mais la surprise fut aussi au rendez-vous.
Car figurez vous que suite à ce premier visionnage « d’approche » je venais de comprendre l’incapacité de Nikita (et de beaucoup) à saisir l’histoire de
Death Warrior. Il se trouve en fait que Son Savasci et Olum Savasci (Death Warrior) ont en commun près de 20 minutes de film. Et contrairement à ce que m’annonçait Ghor, Son Savasci est bien la préquelle de Death Warrior. Un mystère était résolu, restait maintenant à comprendre le scénario du film que je venais de voir.
Je sens que je vais pas tout capter
Ce film démarre sur les chapeaux de roues, et ce n’est pas Cüneyt qui dira le contraire. A peine est il entré dans sa voiture qu’un stock shot d’hélico le suit, à la poursuite d’un stock shot de voiture noire le tout sur la musique d « Opération Tonnerre ». Mais un stock shot de sniper s’interpose et décide de faire sauter le stock shot de la voiture du commissaire. Et à ce moment, le générique du film n’est même pas terminé !!!

Heureusement pour la suite du film, Cüneyt ne risque pas de se blesser lors de cette scène
Pendant les 2 premières minutes du film, des choses essentielles apparaissent. Tout d’abord, le nombre impressionant de stock shots limite vraiment la compréhension des scènes, ensuite, le montage catastrophique alternant stock shots de 1/2sec et plans saccadés de Cüneyt n’arrange rien à la sauce. Mais ce qui fait que ce film est totalement ahurissant, c’est qu’il n’y a pas que nos mirettes qui sont gravement atteintes, notre ouïe devient définitivement altérée par les crissements de pneus, les explosions, la musique, le tout mixé sur une piste mono ne permettant qu’un son à la fois (je vous laisse imaginer le désastre).
Pour se reposer de ses aventures, Murat décide de prendre du bon temps sur la plage accompagné de sa femme, la plantureuse héroïne de Turkish Star Wars, dont j’ignore le nom.
Hélas, notre justicier est bien loin de se douter qu’à mille lieux d’ici (sans doute une ville européenne comme Paris), une organisation ninja est née dans le but d’éliminer un à un des inconnus dont le nom ne figure même pas au générique. Et hop surprise !! Ceux qui ont vu Death Warrior, seront ravis de savoir que la scène du ninja à la piscine est présente dans son intégralité.

un carnage se prépare dans les rues de Paris
Le scénario étant ce qu’il est, le réalisateur enchaîne sans trembler sur un Cüneyt tout paisible qui fait trempette à la plage, le tout sans qu’une seule parole n’ait été prononcée lors de l’attaque meurtrière du ninja.
Mais comme il a oublié un bout de l’histoire en route, il décide de nous recaler un morceau de stock shot pour touriste et un peu de ninja au passage.
la magie du cinéma c’est de passer d’Istanbul à Paris, sans bouger de chez soi

Une affreuse main griffue qui tue des gens qui boivent des bières
Je ne vais pas détailler le film dans ses moindres recoins mais je pense que ce passage, alternant plage et ninja sans raison, vous montre clairement la facilité de Cetin Inanc à perdre le spectateur qu’il soit turc ou français.
Après cette série de meurtres abominables, Murat est convoqué chez le premier ministre qui décide de l’envoyer à Paris pour enqueter sur cette histoire de ninja. Car comme dans Death Warrior, c’est en Turquie qu’on forme les meilleurs policiers au monde. D’un coté, voir Cüneyt prononcer les mots « katana » ou « ninja » ajoute un cachet sympathique aux dialogues incompréhensibles.
Attention à ne pas se couper, c’est dangereux les épées en bois
2 drapeaux, 2 moustachus et hop on est chez un haut fonctionnaire d’état
Ce stock shot d’avion symbolise le voyage du commissaire vers l’Europe occidentale
A partir de ce moment, le film est réellement lancé. Plus questions de séquence à la plage, ici Cüneyt va botter du sbire et faire des courses poursuites à tout va. D’ailleurs, à peine arrivé sur la terre ferme, il est poursuivi par un stock shot d’avion qui en veut à sa vie.

Cuneyt obligé de zigzaguer dans ce stock shot de route droite
Après cet épisode au combien dangereux pour le cerveau, Murat rencontre enfin ses 3 acolytes français qui vont l’aider dans sa lutte contre le crime.
La mullette blonde de ROTOR est de retour
Toujours sans qu’aucune raison nous soit donnée, Murat monte dans sa voiture et automatiquement un stock shot de poursuite commence. Mais histoire de bien casser le rythme, le réalisateur insert des plans d’une scène de combat entre un ninja et un karatéka. Et rappelez vous ce que j’ai dit au début, comme il n’y a qu’une seule piste sonore disponible, dès que les images de voitures s’arrêtent, le son en fait de meme. Ce qui rend ces passages difficiles à suivre et à comprendre d’autant que la qualité du stock shot utilisé, me laisse à penser qu'il à été filmé à même le téléviseur.

Le commissaire retrouve ensuite ses compagnons et ensemble, ils vont tout faire pour éradiquer la racaille de nos rues (en l’occurrence un parking à camions).
La suite du film est du même accabit et se résume à des stock shots de poursuites en voiture, et à du tatanage de sbires, avec en point d’orgue un combat de 10 min contre le ninja responsable du massacre (combat présent en entrée de Death Warrior)

Un vrai combat avec des épées en bois, des trampolines et des acteurs sans talents pour les arts martiaux
Je vous laisse donc le soin de découvrir par vous-même le reste du métrage et je vais plutot revenir sur 2-3 passages qui m’ont bien fait marrer.
- Après une course poursuite en voiture (décidément !), Cüneyt se retrouve sur le toit d’un immeuble (l’immeuble des méchants). Il décide donc de visiter les étages, et à notre surprise générale, on découvre que l’étage que Cüneyt explore, est rempli de stocks shots de femmes à poil.

”Bonjour madame c’est la Police, vous n’avez rien à declarer”
“je ne parle pas aux gens qui ne jouent pas dans le même film que moi!”
- Bien que Cüneyt soit en Europe et sa compagne en Turquie, il y a une courte scène (inutile ?) qui m’a fait mourir de rire et qui surtout comporte un élément nanar exceptionnel pour tous ceux qui ont vu Turkish Star Wars. Faut-il y voir une sorte d’hommage du réalisateur suite au succès mondial de cette production ?

LE GANT EN OR DE TURKISH STAR WARS
- Enfin, voici sans doute l'entraînement le plus nanar vu depuis celui de Turkish Star Wars. Il ne manque que la musique d'Indiana Jones pour l'égaler. Désolé mais une vidéo s’impose pour décrire réellement l’intensité de la chose.
Ca se passe ici!
BONUS :
Un pigeon sans tête qui gigote encore. C’est trop mignon
Un stock shot de spectacle sous-marin entouré d’un fond vert ignoble
« tu vas arrêter les films de merde, oui ??? »
Quelques extraits:
Un mannequin en mousse
On peut pas boire une bière tranquillement
Les justiciers arrivent en ville
Une poursuite entrecoupée d’une belle bagarre entre ninja et karatéka
L’hommage à Turkish Star Wars
Une technique ninja très particulière
Ouééé des femmes à poil (enfin des stock shots de femmes à poil)
Conclusion :
Indescriptible, inimaginable, sensationnel, époustoublourifant. Les mots me manquent pour décrire correctement la nanardise de ce film. Vous avez pu le voir vous-même au travers des nombreuses caps et vidéos, je ne vous ai pas menti et encore, j’ai du me limiter sinon j’aurai du capser les ¾ du film pour retranscrire réellement l’intensité de cette chose.
MERCI CUNEYT ET MERCI CETIN
Note : 4.5/5
Rareté : 6
Introuvable par les voies conventionnelles.
SON SAVASCI
Genre : Entre Turkish Star Wars et Death Warrior
Catégorie : Ninja
Année : 1982
Pays : Turquie
Réalisateur : Çetin Inanç
Avec : Cüneyt Arkin, Orhan Günsiray, Füsun Uçar, Nejat Özbek, Hüseyin Peyda