"American Revenge", c'est un titre réduit à sa plus simple expression afin de parler directement au cerveau reptilien du consommateur, et qui s'avère cacher un énième rejeton de cette bonne vieille catégorie des zéderies DTV, produit par on sait pas qui (bon, sur le papier, on sait qui, c'est David Schwartz, également réalisateur de l'ouvrage, pour une carrière limitée à 2 films... Mais ça ne nous dit pas qui est ce gars) et dans on sait pas quelle intention. Parce que pour réussir à me convaincre qu'on peut faire du blé avec ça, il va falloir convoquer quelques spécialiste en micro-économie !
Comme convenu, l'image est une horreur passée à la moulinette d'un camescope bon marché et sans normalisation colorimétrique d'un plan à l'autre, la qualité son est tellement médiocre qu'il faut tendre l'oreille pour tenter de saisir la nullité des dialogues, l'indigence se faufile partout (y'a un "
Run... action !" en début de scène, conservé au montage !), la musique est une boite à rythme en mode automatique et les acteurs sont d'une conviction totale, que ce soit pour causer entre eux ou pour tout simplement montrer leurs muscles. Il faut les voir se mettre sur la tronche dans les séquences de baston, on dirait des persos de Street Fighter pilotés par des mecs qui n'utiliseraient que les boutons gros pied/gros poing. Bien entendu, tout cela est somme toute assez rigolo à l'écran et c'est pour ça qu'on en parle.
Un budget qui crève l'écran.
De belles promesses.
Une ambiance virile mais amicale.
Pif !
Paf !
"American Revenge", c'est aussi une histoire choc : Jag décide de raccrocher de son métier de voyou parce que bon, y'en a marre de tout ça. Mais son spleen ne le retient pas d'être propulsé dans un dernier gros coup, un deal de diam's (Joseph Lai, sors du corps de ce scénariste !), qui, évidemment, s'avère bien foireux. En effet, son contact de la pègre, Angelo, est une enflure de première dont la vie de pacha au bord d'une piscine peuplée de
playmates et de fantassins à mitraillettes n'a pas adouci les mœurs : son petit vice à lui, fort répandu dans son métier, c'est de dézinguer ses sous-fifres à la moindre occasion. Encore que pour le coup, il aime bien déléguer à sa gonzesse l’émasculation de l'impudent. Parmi ses activités professionnelles, le trafic de coke le dispute à l'enlèvement de jeune femmes, surtout des
beauty queens (quand son bras droit ne se trompe pas en kidnappant à la place des
church girls, gag ! Dont un mec, re-gag !) afin de les prostituer ou de les rançonner, j'avoue ne pas avoir bien compris. Le tout à Las Vegas, avec des plans touristiques sur le strip et des rencontres en plein désert, ce qui peut donner l'impression que Neil Breen va surgir à tout moment pour nous expliquer comment les méfaits de la veille militaro-technologique mondiale au profit des avocats banksters véreux ruinent l'écologie des éoliennes et rendent son avatar divin très triste.
Jag, en pleine crise identitaire, chouine auprès de sa coéquipière Tonia.
Jag est en fait A. D. Muyich, que l'on devine avoir été casté dans un club de muscu... dans lequel il semble être retourné sitôt le film terminé, n'ayant plus jamais par la suite cédé aux lumières hollywoodiennes.
Quant à Tonia, c'est Tilomai Ponder qui se charge de l'interprétation, avant de conclure sa carrière avec une apparition comme opératrice téléphonique dans "Real Bullets" !
Angelo est bien entouré, manifestant un choix très sûr en matière de sbires de première fraicheur.
J'ai une petite préférence pour celui-ci, obèse morbide accablé d'un machouillage permanent, conséquence possible d'une addiction à la chique ou d'une mauvaise tolérance neurologique de son traitement antipsychotique...
Si c'est juste de la rançon d'organisateur de concours de beauté, alors pourquoi mettre les misses à poil ?
"American Revenge", c'est donc du nanar un brin navrant. Tout est sacrément nul mais il faut avouer que ç'en devient régulièrement fort amusant tellement c'est la cataschtroumpf. La bêtise se loge dans les moindres détails, comme ce pote du héros, ficelé par les méchants dans le désert, qui se met aussitôt à appeler à l'aide... alors qu'il n'y a personne d'autres que ses tortionnaires autour de lui ! Ou ces personnages qui surgissent de nulle part pour y retourner aussi sec. Le casting est comme souvent un bon pourvoyeur de nanardise, avec des défilés de sbires pas piqués des hannetons, victimes d'une mode vestimentaire et capillaire inconsciente de ses ravages. Comme je le disais plus tôt, les bastons sont bien nulles, avec un pic de portnawak à l'occasion d'un assaut final mettant en scène une population bigarrée de têtes de winners (dommage qu'on ne voit pas plus le club des tigresses du désert parce qu'elles dépotent bien) et qui s'avère hallucinant de manque de moyens de production, l'équipe des gentils devant se contenter d'un seul pompeux qu'ils se passent à tour de rôle !! De vrais décroissants, ces gars !
"Attends, bouge pas, c'est à son tour de prendre le fusil à pompe".
Heureusement, quand on n'a pas d'arme à feu, il reste le bon vieux bout de bois !
C'est pas loin de virer au post-nuke, cette histoire.
Et bien sûr, du sbire et de la sbiresse.
Ah oui, j'oubliais, "American Revenge", c'est surtout l'autre film avec Matt Hannon, une de nos étoiles nanarlandaise préférées dont on pensait jusqu'à présent que son éclat aveuglant s'était consumé au firmament de son unique film, le cultissime "Samurai Cop". Il nous revient donc dans le rôle du salopard d'Angelo, la classe de la fin des 80's avec de splendides lunettes miroir, le cheveu long graissé au Pento et un teint tellement hâlé qu'il parait avoir été victime d'un abus d'UV (ou d'un barbecue capricieux). Matt tente tant bien que mal de nous faire croire à son rôle de parrain au sang froid, menant d'une poigne de ferme son équipe de bras cassés, mais bien sûr, son cabotinage ne peut s'empêcher de refaire surface dès que le réalisateur réclame une bribe d'émotions. Donc en fait, rien que pour ça, "American Revenge", il le foooooooooooooooo !
Ze ultimate star.
La classe nonchalante.
L'acting tout en finesse.
Et le physique de rêve.
Une pensée pleine de gentillesse pour ce sacré gaillard de Matt que la Camarde nous a récemment ôté, à l'âge de 56 ans.
Cote de rareté : 4/ExotiquePour le chopper celui-là, il va vous falloir vous lever tôt car sa distribution semble avoir été particulièrement confidentielle.
Seul visuel trouvable, cette édition DVD suédoise.
Titre : American RevengeCatégorie : Crimes et délits
Genre : Nom de Code : Gédebor
Durée :1h26
Pays : USA
Année : 1988
Réalisateur : David Schwartz
Acteurs : A.D. Muyich, Matt Hannon, Tilomai Ponder, Susan Paris, James Van Patten...
Note : 2/5