http://www.nanarland.com/Chroniques/Mai ... icavenger3
Les 2 premiers volets sont déjà en ligne alors…
Toxic Avenger 3, The Last Temptation of Toxie
1989. USA. 79 mn ou 102 mn pour le director’s cut. De Michael Herz & Lloyd Kaufman, avec Ron Fazio, Phoebe Legere, John Altamura, Rick Collins
Le genre : volontaire (en attendant peut-être un jour une catégorie “Troma”)
On s’en doutait déjà, mais là, c’est la confirmation à toute épreuve : Lloyd Kaufman est fou ! Pour le troisième volet des aventures du justicier au balai (détail qui vaudra au premier opus de la saga sa réplique culte, prise dans la bouche d’un flic incrédule : "mais pourquoi laisse-t-il toujours un balai ?"), il se lance dans un véritable discours politique, non non vous n’avez pas mal lu.
Résumons. Au début du film, une boutique de vidéoclubs tenue par des rabbins (déjà) est la cible d’une attaque des plus hargneuses par 4 truands surviolents dénommés Warner, MGM, Columbia et Paramount, avant que notre vengeur toxique ne déboule sur les lieux de l’action et ne leur tatanne la gueule comme il se doit. Il raconte alors qu’il est de retour parmi les siens, après avoir été tenté par les forces du mal. Flash-back… Tromaville est, une fois de plus, nettoyée de toute racaille. Conséquence imprévue de l’accalmie, Toxie se retrouve au chômage, réduit à réprimander des vieilles dames trichant aux cartes, ne ramenant plus un sou à la maison, où l’attend toujours sa plantureuse copine aveugle, Claire. C’est alors qu’il reçoit une offre d’emploi d’Apocalypse Incorporated, les méchants du deuxième épisode.
Ebloui par cette chance de réinsertion, Toxie accepte les yeux fermés, y voyant par la même occasion la chance de pouvoir opérer Claire de sa cécité, sans réaliser qu’une fois de plus, Apocalypse projette de transformer Tromaville en vaste décharge radioactive, asservissant la population au passage. Tout content de ses nouvelles charges, Toxie porte un costard, répond en même temps à trois téléphones en prenant l’air détaché, s’entraîne au squash en short, bref, comme il le dit si bien lui-même, "I became a Toxic-yuppie". Col blanc au service d’une multinationale, Toxie manque de perdre son âme. Mais c’est compter sans Claire, qui, ayant à peine recouvré la vue, dénonce les exactions d’Apocalypse à son Toxicounet. Ce dernier reprend enfin ses esprits et part en guerre contre ces tenants du capitalisme sauvage.
Oubliez les performances gorissimes de ses premières aventures, Toxic Avenger troisième du nom se penche pendant une bonne partie du film sur la montée dans l’échelle sociale de son héros, tellement fier d’avoir réussi au sein d’une entreprise aussi importante. Décharge de calibre 12 dans la gueule de l’arrivisme contemporain, The Last Temptation of Toxie se targue, à l’instar de ses prédécesseurs, d’un semblant de premier degré à toute épreuve, décrivant l’évolution mentale de son héros avec la grâce d’un rouleau-compresseur. Néanmoins, Lloyd Kaufman nous livre un véritable acte de foi de SA conception du cinéma, avec une niaque démontrant qu’il est très loin de céder aux attraits du tout venant de la production cinématographique commerciale. Truffant le film de scènes fonctionnant en écho à une autre, il se livre à une totale réappropriation de la figure "mythique" qu’il a créé, pour en faire un nouvel étendard, celui du cinéma chtarbé à tout prix. Toxic Avenger 3 évoque par moment le ton irrévérencieux du Cecil B. Demented de John Waters (qui voyait une bande de cinéastes indépendants entrer littéralement en guerre contre le cinéma hollywoodien).
Si le film entre dans la catégorie nanar volontaire, comme tous les autres épisodes, c’est toujours par cette sempiternelle et jouissive jubilation à produire un ciné cheap mais totalement décomplexé vis-à-vis de toute censure, autorisant des fautes de goût parmi les plus délicieuses qui soient, comme par exemple montrer systématiquement son actrice principale, enfin calmée de son hystérie dans Toxic Avenger 2, en petite culotte les jambes écartées à chaque début de scène… En attendant de pied ferme le quatrième épisode des pérégrinations du justicier au balai, au sous-titre particulièrement alléchant : Citizen Toxie…
Drexl