Edit folet Bouge ! -@- (
Drexl)
Bouge !
France. 99 mn. 1997. De Jérôme Cornuau avec Ambre Boukebza (Alice), Patrick Forster-Delmas, Ophélie Winter, Samy Naceri, Bernard Le Coq, Léa Drucker, Elisabeth Depardieu, Mickael Winter, Philippe Corti…
Catégorie : musical & sportif
Juin 1997. Devant l'euphorie prépubère suscitée par la poumonneuse Ophélie Winter et les très rentables
Dance Machine, les analystes financiers de M6 décident de se lancer dans l'aventure incroyable de la production ciné. La formule est toute simple, coco. On prend une petite nana aperçue dans une pub, le réalisateur des clips d'Ophélie, un tube qui le fait grave, on sort le film pour la fête du cinéma et c'est tout bon. En mettant Fun Radio sur le coup pour stimuler les ventes du single éponyme, destiné à lancer conjointement la carrière de la fringante Géraldine (chanteuse préfabriquée dont on n'a d'ailleurs plus de nouvelles),
Bouge ! «
le film 100% dance » dixit l'affiche sera LE coup marketing de ce début d'été.
Sorte de version 6-12 ans du roman
Les Jolies Choses de Virginie Despentes, le scénario de
Bouge ! nous conte le parcours d’Alice (qu’interprète Ambre Bouzebka, dans son premier rôle à l'écran), une adolescente impulsive au cœur tendre qui débarque dans la capitale pour assister au dernier
Dance Machine. Sans ronds pour payer son ticket, elle rentre par les coulisses grâce à Ophélie qui passait par là, toujours cool et ici dans son propre rôle, en toute simplicité. Pas cool : en sortant du concert, elle se fait agresser par de jeunes sauvageons qui veulent lui piquer son sac. Heureusement, un éboueur rasta surgit et les asperge avec son gros jet d'eau. Danseur professionnel, le rastaman accueille Alice dans son squat, où vivent également deux rappeurs super sympas (les « Katalytics », dont Samy Naceri) et un DJ techno. Alice, après un entraînement de quatre minutes, va voir des producteurs. Elle croise son père, un salaud immoral pour lequel elle accepte tout de même de chanter pour lui montrer qu’elle est une grande fille maintenant, avec en mire une participation au prochain
Dance Machine.
Vous l’aurez compris : le public de jeunes consommateurs doit s'identifier et rêver devant la croisade de cette jeune fille qui vivra sa passion de la dance jusqu'au bout, il s'émerveillera devant son idole Ophélie Winter et fantasmera devant les coulisses du mythique
Dance Machine, son show préféré. Ainsi ce produit formaté à l’excès pose ses bases bancales dès les premières séquences : après un générique composé d'images quasi impressionnistes du
Dance Machine, et faisant apparaître la tête d'Alice - regard pointé vers l'horizon - en surimpression, on peut voir la jeune héroïne faire du stop sur le « fameux »
Freed from Desire de Gala.
Succession de molles péripéties dont la lourdeur, la prévisibilité et l'incohérence font parfois office de référence en la matière,
Bouge ! possède autant de force psychologique que d'autres navets que M6 (tiens, tiens), nous ressort chaque été, du style
2 Enfoirés à St-Tropez ou
Si Tu Vas à Rio, Tu Meurs, avec en plus une prétention qui rajoute à son discrédit. En effet, nous avons là un film qui entend véhiculer des
messages : en fait, tu vois, le show-biz c'est pas un monde super cool, mais c'est pas non plus parce qu'on est une star qui chante en anglais qu'on n'est pas restée simple, au fond (merci Ophélaï, t’es géniale, enchaînes-en encore
2 ou 3 comme celui-là est t’auras ta fiche sur Nanarland).
Voulant se décliner par moments comme une véritable descente aux enfers qui voit son héroïne marcher sous la pluie ou prendre des verres d'alcools dans des cocktails où les VIP fument des cigarettes avec l'air narquois,
Bouge ! demeure une grande leçon de manichéisme à la française sur les thèmes de "si tu te prends en main, waouh c'est cool" et "les amis, c'est quand même pas mal". Le tout enrobé à la sauce M6, c'est-à-dire avec ce qu'il faut de gimmicks putassiers pour rassurer les ménagères voyant leur progéniture se ruer sur la chose. Un film qui, comme une charmante créature du service public le soulignait à l’époque de sa sortie avec beaucoup d’à-propos, aurait pu s’appeler, à une lettre près,
Bouse !
Drexl