Bonjour. Voici un nanar de SF pour changer. Bonne lecture.
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DESERT WARRIOR

Titre original : Desert Warrior
Titres alternatifs : Sand Wars, Nuclear War
Réalisateur : Jun Gallardo (alias Jim Goldman)
Année : 1988
Pays : Philippines
Genre : Madcap Max (Catégorie : Post apocalyptique)
Durée : 1h25
Acteurs principaux : Lou Ferrigno, Mike Monty, Mike Cohen, Shari Shattuck, Kenneth Peerless, Anthony East, Jerry Bailey, Christine Berlandson

En cette belle journée printanière de mai 2013 (bon d'accord, il fait un temps pourri et j'ai choppé un rhume), je me sents d'humeur novatrice. Après plus d'un an passé à regarder des nanars d'action genre sous-Rambo, j'ai envie de mater un bon vieux post-apo philippin pour changer. Y avait longtemps et ça fait bien plaisir de redécouvrir ces bonnes vieilles carrières de graviers.
Aaah, "Desert Warrior" ! Quel meilleur retour aux sources pouvais-je choisir ? Voilà un film qui tient ses promesses et qui se révèle un des plus réjouissants ersatz de "Mad Max" et "Star Wars" que nous ait livré la patrie de Weng Weng. Décortiquons-le ensemble...

Ooh, tu peux faire les gros yeux Mike, n'empêche que je vais en parler de ce film !

Après la bombe, le monde ne sera plus qu'un vaste terrain vague.
L'action prend cadre dans une carrière de sable après un générique qui nous fait profiter de la sublime partition bontempi endiablée très 80's qui rythmera régulièrement le métrage. Après la guerre nucléaire, la terre n'est plus qu'un désert et les survivants se sont divisés en deux catégories : les non-contaminés appelés Dromes qui ont formé une société avancée et élitiste vivant à l'abri des radiations dans un complexe souterrain et les mutants luttant pour survivre à l'extérieur. Notre héros, Zerak (Lou Ferrigno), meilleur guerrier de la tribu des Talorgs, est chargé de ramasser des femmes saines pour son chef, qui engrosse toutes les donzelles du coin dans l'espoir d'avoir un fils non-contaminé (ce qui parait de toute manière voué à l'échec vu qu'il est lui-même irradié). Au cours de sa quête, le héros sauvera Racela, une Drome ayant fui la forteresse des non-contaminés pour découvrir le monde extérieur...

Le haut conseil a débattu et a déclaré ce film nanar à l'unanimité !

"Mon empire pour un décorateur compétent."

"Conan le Barbare" et "Mad Max 3" ont fait leur petit effet.

L'héroïne, Shari Shattuck, également vu dans "Le Clandestin", "Arena", "La Cage Nue" et "Terrain Miné". Un CV bien garni. Son site perso :
http://sharishattuck.com/Cette production Silver Star se vautre avec fracas dans le kitsch le plus outrancier et éclabousse nos pupilles d'un tsunami de ringardise. Semblant vouloir réaliser un patchwork de tout ce qui se faisait de plus ringard et débile en ces années 80, le réalisateur dépace l'habituel bric-à-brac "Mad Maxien" qu'on peut voir par exemple dans les films de Cirio H. Santiago pour créer un univers un peu plus développé mais d'autant plus grotesque. Commençons par décrire les costumes plus atroces les uns que les autres que revêtissent des acteurs qui ont perdu tout sens du ridicule. Chaque groupe possède sa propre aberration vestimentaire : les Talorgs et autres mutants sont comme il se doit habillés un peu n'importe comment, même si l'on note une armure commune à mi-chemin entre la cuirasse de légionnaire romain, l'uniforme Dark Vador et la tenue samouraï. Les Dromes quant à eux semblent très marqués par le pijama blanc que portait Mark Hamill dans le premier "Star Wars" avec également un coté "Star Treck" très prononcé et des casques à visière ridiculement trop petits.

"Je t'avais dit de prendre à gauche après l'Etoile Noire ! C'est malin, nous voilà en panne d'essence sur Tatouine..."

Avé César, t'auras pas d'oscar !

"Cette apocalypse commence à me pomper l'air..."
Les armes sont également variées : les Dromes utilisent des pistolets laser qui font "pfioouu-pfioouu !" et projettent des rayons flashis allant un peu dans toutes les directions. Quant aux barbares, ils se castagnent bien entendu avec des armes plus primitives, allant des M-16 et autres lance-roquettes au glaive, à la hache et au harpon. Quant aux véhicules, on peut admirer les classiques épaves roulantes customisées et repeintes couleur kaki-camouflage mais aussi des vaisseaux futuristes cheapo-grotesques (en fait il n'y en a qu'un) ressemblant à d'énormes fers à repasser sur roulettes rasant le sable avec un bruit d'aspirateur.




Dans tout ce maelström de kitscherie crasseuse, les acteurs donnent le pire d'eux-même, à commencer par ce bon vieux Lou Ferrigno. Que dire de son interprêtation ? Ben, qu'il fait du Lou Ferrigno quoi. On remarque tout de même qu'il y va relativement mollo avec les grimâces, qu'il remplace par un jeu monolitique des plus benets. Bon, on se moque, mais il faut au moins reconnaître à Lou un certain charisme et un énorme capital sympathie, d'autant plus quand on sait les efforts qu'il fournit pour accomplir son métier d'acteur. Toujours est-il que coté crédibilité, ce n'est pas encore ça. Son personnage de gros bras/petite tête qui découvre l'amour au premier regard avec une blonde en détresse et comprend ainsi qu'enlever des femmes sans défense pour les livrer en pature au zguègue de son patron, c'est pas bien, est un barbare à peu près aussi convaincant que Paul Hays dans "La Revanche de Samson". Affublé d'un cache-oeil à la Snake Plissken et d'un look gay SM que lui envirait Ator en personne, Lou va, cour, vole et assure toutefois pleinement le job du héros post-atomique en chevauchant sa grosse moto dans les étendues désertiques, en canardant à tout va du malandrin punkoïde, en s'offrant une inévitable scène de bondage enchaîné et en rétablissant la justice dans son coin de carrière sans jamais quitter ses airs béats de ravi de la crèche tellement attendrissant.

Tout en finesse.

Subtilité est le maître mot.

"Le coup de foudre" by Lou Ferrigno (attention, tu baves Lou !)

"Répete-le que j'joue mal !"
Les autres acteurs ne sont guère mieux lotis. On retiend nottament l'interprêtation nanardesque d'Anthony Peerless, qui joue le leader des Talorgs. Passant son temps à beugler et à s'agiter sur son trône de maître du monde, se marrant comme un gros lourd quant il n'est pas occupé à organiser des combats de gladiateurs dans un "Dôme du Tonnerre" du pauvre, Kenneth s'amuse une fois de plus à composer un personnage grand-guignolesque d'un haut degré de jouissance pour l'amateur de cabotinage intensif. On retrouve également Mike Cohen en président du futur ventripotent entouré de son conseil de vieux moustachus ahuris défoncés au tranxène ainsi que Mike Monty en savant barbu planchant sur un remêde anti-radiation dans son laboratoire aux écrans qui font "bip bip !", en compagnie d'un R2D2 nanar qui semble avoir fortement influencé les auteurs de "Wall-E". Quant aux figurants, leur compétence dans les scènes d'action se résume principalement aux spasmes qui les secouent lorsqu'il se prennent une raffale.
SECONDS, TROISIEMES ET QUATRIEMES COUTEAUX DES PHILIPPINES
APPRENEZ A LES RECONNAITRE :
Honneur aux dames, nous commençons par Christine Berlandson, femme kidnappée de Romano Kristoff dans "Tough Cop" et de Chris Mitchum dans "SFX Retaliator".

Kenneth Peerless, canadien égaré ayant cabotiné dans pas mal de films tournés aux Philippines, ici en dictateur cocaïné.

Mike Monty en professeur Tournesol du futur.

Mike Cohen, qui cachetonne lui aussi beaucoup dans sa filmo.

Anthony East, vu dans "American Force", "Fast Gun" et "Trigon Force", joue ici le père de l'héroïne.

Jerry Bailey, machoire vue dans "Jungle Rats", est le traitre de service.

Warren MacLean, figurant fameux apparu dans "Fast Gun" et "Tough Cop".

Dan Holden, premier rôle dans "Movie in Action", rôle secondaire dans "American Force" et ici figurant la bagatelle de 30 secondes.

Encore plus furtif, David Brass, vu dans "Strike Commando", qui apparait 1 seconde montre en main.
Les scènes de bagarre surviennent régulièrement et offrent au public son quota d'action décérébrée, de pains dans la figure, d'explosions et de rangées de figurants s'effondrant avec trois balles tirées et sautant avec un temps de décallage par rapport au tirs de roquettes. Les plans nichons sont également fréquents, mais personnellement je n'ai pas pu profiter de leur gratuité car je suis tombé sur une version recadrée à mort, ce qui fait que les attributs féminins sont systématiquement hors-champ sur ma vidéo. Au détour d'un amoncellement rocheux ou d'une barraque en ruines, vous ferez également connaissance avec la faune très bigarrée qui erre dans ce monde post-apocalyptique. Dans le futur, vous aurez peut-être le bonheur de croiser :

des amazones dépenaillées,

des ninjas mutants,

des pygmés chevelus préhistoriques armés de gourdins,

des samourais,

des pouilleux bouffeurs de rats avec des visières grillagées sur les yeux,

des chevaliers qui disent "ni!" échappés de "Sacré Graal",

et des robots qui parlent pour ne rien dire.
Concernant la réalisation, le montage demeure assez abrupte par moments, la photographie crâde comme dans tout Z philippin et le récit sans véritable fil conducteur. Le métrage connaît cependant assez peu de temps morts, et lorsque l'action faiblit, l'esthétique très rétro du film maintient l'intérêt du spectateur. Ce jusqu'à la bataille finale entre "barbares" et "civilisés", rendue hillarante par les bruitage des pisto-laser, au terme de laquelle tout le monde finit par faire la paix et se prend dans les bras grâce à notre médiateur de héros qui, après avoir abattu les figurants par grappes de douze au pistolet laser et au patator, ira faire la bise au méchant !

"Les Nouveaux Barbares", enfoncés !
Comme l'affiche le laissait espérer, voilà selon moi un excellent nanar post-nuke, farci de looks invraisemblables, d'effets spéciaux en mousse, d'acteurs égarés, de bourrinage et de crétinerie scénaristique. Vivement la Troisième Guerre Mondiale, qu'on puisse profiter d'un retour apocalyptique dans les années 80.
Note : 3/5
Cote : 4, exotique. A ma connaissance, ce film ne semble pas, contrairement à beaucoup de philippinades post-nucléaire, avoir connu de distribution française, un vrai scandale ! On trouve un DVD allemand contenant les exploits futuristes de Lou Ferrigno sous le titre "Nuclear War", sans VF évidemment et en allemand uniquement.

Lien utile : la bande-annonce du film
http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=& ... Ny-N2cAocw