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 Sujet du message: Bio Alphonse Beni : Réalisateur (et acteur) nanar
MessagePublié: 10 Juil 2004 9:09 
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Le Magic Tchernia du nanar
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Edit folet Alphonse Beni @ (Rico)

Cette biographie n’aurait pu être possible sans l’aide très précieuse du Rôdeur qui a largement défriché la partie africaine et érotique de l’œuvre de Beni, une bonne partie du texte de cette bio est donc de lui.
Il convient aussi de remercier Mr Tubbytoast du site Devil Dead grand exégète du cinéma érotique des années 70, Nikita pour avoir recontacté Sebastian Harrison, le fils de Richard Harrison et Mr Klaus pour ses précisions. Qu’ils en soient tous remerciés.

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Alphonse Beni, acteur et réalisateur camerounais possède une carrière des plus singulières qui soit: jouissant d’une réputation d’auteur « disco » quasiment culte en Afrique, on le voit aussi bien jouer sur les plateaux des comédies érotiques de chez Eurociné que faire le ninja approximatif chez cette vieille fripouille de Godfrey Ho. Malgré sa flamboyante carrière d’acteur, sa véritable passion est la réalisation, c’est pourquoi Beni est ici d’abord considéré comme un réalisateur…

Il commence sa carrière dans son pays natal, le Cameroun où il tourne plusieurs courts métrages avant de partir en France. Ainsi, Alphonse Beni peut-il être considéré comme un véritable pionnier du cinéma camerounais, lui qui commence à produire et réaliser des courts-métrages de fiction dès 1971 ("Fureur au poing", "Un enfant noir") et passe au long format en 1974 avec "Les mecs, les flics, les putains". Pour être un pionnier, il n'en demeure pas moins une exception dans le paysage cinématographique camerounais, et ce à plusieurs titres. D'abord, il est l'un des rares cinéastes qui puisse se targuer d'une véritable indépendance financière vis à vis de l'organisme étatique. Ses films sont majoritairement produits en faisant appel à des capitaux privés étrangers (via des co-productions avec la France, L'Italie ou le Gabon et des accords publicitaires avec par exemple la firme Toyota). Ensuite, il choisit, contrairement à la majorité de ses collègues dont les films décrivent la réalité camerounaise sur un mode documentaire ou auteurisant, d'épouser une forme de narration proche du modèle des séries B occidentales ou asiatiques, s'adaptant au goût du jeune public camerounais, friand de films d'action, de musique pop et de karaté. "Les mecs les flics, les p..." "Danse mon amour" ou "saint voyou" ne sont ainsi que des transpositions à la sauce locale (Le héros de ces films, Alphonse Beni lui-même, est camerounais) des standards occidentaux. Exceptionnel également sera le succès au Cameroun des films d'Alphonse Beni, dans un pays ou la distribution et la circulation des oeuvres est plus qu'aléatoire, ce qui grève généralement la carrière commerciale des films. L'Histoire retiendra qu'Alphonse Beni sera le seul cinéaste camerounais "bankable", qui remboursera les avances sur recettes consenties par le FODIC, lequel organisme est d'ailleurs dans une situation financière désastreuse aux cours des années 80 et voit son autorité contestée par bon nombres de cinéastes : sa politique dispendieuse de co-productions avec la France (une série documentaire réalisés par des français et "Chocolat" de Claire Denis notamment) est mise en cause ainsi que sa propension à confondre "soutien financier", "contrôle" et "propagande".

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"Pas de compromissions ! On ne m'achète pas moi, je suis un homme libre... bon je te quitte j'ai Eurociné sur l'autre ligne"

C’est en France qu’il va trouver financement et techniciens pour ses films. Pour se faire il se lance dans la vague érotico-porno qui fleurit en France. Alphonse Beni décroche le rôle principal de "Black love" alias "L'Homme qui voulait violer le monde", un soft porn signé Bénazéraf, le pape du film cochon intello-navet. Beni joue "John A Smith", l'amant de la fille d'un membre des Black Panthers (mouvement d'émancipation des Noirs américains). Alphonse laisse choir la fille et s'en va avec l'argent des Blacks Panthers pour mener une vie de débauche dans le Paris interlope. Il se débarrasse de deux tueurs à gages lancés à ses trousses avant de se faire poignarder par son ex-amante qui récupère le grisbi. (C’est bien les bonnes femmes, ça !..).
Benazéraf, cite Vianson-Ponté (éditorialiste au Monde), tient des discours sur Truffaut et cite visuellement Godard entre deux "partouzes mornes" (dixit la critique, pas franchement enthousiaste).
Le film compte également comme interprètes Alain Tissier, un obscur du cinéma de boules qui finira chez Max Pécas, et Joëlle Coeur, active dans le milieu des années 70 chez Jean Rollin (mais aussi chez Pécas, Pallardy et Robbe-Grillet). Alphonse Beni est crédité comme co-scénariste.

Il va dès lors alterner les productions de films érotiques qu’il réalise au Cameroun et les tournages en tant qu’acteur en France.

Pour son premier long métrage comme réal, Alphonse Beni poursuit sur sa lancée dans l'érotique. Et sort en 1974 Les mecs, les flics, les p... a.k.a. Les tringleuses (les tringleuses est le titre d'exploitation en France). Il est crédité au scénario en compagnie d'un certain François Camille (info à 2 francs car c'est un inconnu total). Il est l'interprète du film sous le pseudo de Alton Beni (à quoi bon changer juste le prénom ? pour faire américain ?).
Beni y joue le rôle de l'inspecteur Dubois, un flic lancé à la poursuite d'une bande de malfrats, "le gang des barbus ". L'un des barbus tente de doubler les autres et provoque la chute du gang. L'inspecteur Dubois découvrira avec stupéfaction que l'un des barbus (qui est Blanc) est son frère. Alphonse Beni reprend ici le thème du Nègre Blanc (cher au Boris Vian de "j'irai cracher sur vos tombes"), et inverse les codes raciaux habituels du polar occidental dont il utilise par ailleurs les grosses ficelles : érotisme, hémoglobine et karaté. Le film est semble-t-il assez médiocre. Dans le casting : Michel Charrel, un troisième rôle du cinéma français et Sylvia Bourdon future actrice porno célèbre. Gros succès au Cameroun, semble-t-il.

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En 1975 il récidive avec « Les filles au soleil » alias « Infernales pénétrations » ou « les 69 positions » et sorti en vidéo en France sous le titre « Sexual Desire ». Crédité Alton Benny (il est aussi interprète). Alphonse Beni joue un garagiste licencié de son boulot car il se tape la secrétaire. Il se réfugie chez un ami gynécologue avant de se réconcilier avec sa fiancée. (ah ! les scénars de films X !.. )
A noter qu’il semble y avoir une version soft (« les filles au soleil ») et une version hard (les autres titres). D’après ceux qui ont vu la version hard, il est très difficile de savoir si les inserts pornos ont été rajoutés après coup car ce sont les mêmes acteurs (notamment Gilles Servien qui fera carrière dans le genre) qui les assurent et qu’ils s’intègrent très bien dans la continuité du film. Pourtant Beni assurera qu’il n’a jamais tourné de scènes hard dans ses films. Si effectivement comme acteur il ne fait que simuler, on le voit tout de même dans une scène où par ailleurs à lieu une copulation…

Quand il ne tourne pas dans son pays, il se commet en France dans quelques productions érotisantes d’avant la libéralisation du X :

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On le voit dans Hommes de joie pour femmes vicieuses a.k.a. Les hommes de joie de Pierre Chevalier (France) avec Daniel Darnault. Un érotique de chez Eurociné shooté par Pierre Chevalier sous le pseudo brésilien de Lina Cavalcanti. Tourné en 1974, le film n'est sorti sur les écrans qu'en février 1976. La critique note la présence de quelques scènes hard qui sont très probablement des inserts : le porno a été légalisé entre le tournage et la sortie du film et on imagine mal Daniel Darnault, lookalike de Louis de Funès, signer pour un film X !
Ce film a été tronçonné pour faire la deuxième partie de la "comédie" la pension des surdoués avec Charlotte Julian en 1980 (Chronique dans nanarland). Il s'agit de la vie au quotidien d'un hôtel de passe dont les femmes de joies sont des hommes. A en juger par "la pension des surdoués" un film laid et vulgaire, lardé de saynètes comiques éprouvantes. Beni joue "l'ange Noir", un prostitué très sollicité.

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Alphonse est l'ange noir, le cheri de ses dames

Puis Godefinger ou certaines chattes n'aiment pas le mou de Jean-Pierre Fougea (alias Bob Logan) qui se reconvertira dans la production de comédies du style « Et la tendresse bordel »
Le film est sorti furtivement après des problèmes avec la censure. Là encore il semble qu’une version incluant des inserts hard ait circulé entraînant des problèmes de censure. Le film nous narre une sombre histoire d’héritage dont le secret est caché dans trois statues phalliques. Le film est décrit comme très mauvais et de toutes façons Beni n'y est même pas crédité tant son apparition semble être infime. En revanche il y a 20 minutes de show de Michel Leeb en début de carrière dans un cabaret érotique parisien : il nous fait un numéro de mime sur fond de jazz où il joue sur des femmes nues comme s’il s’agissait d’instrument de musique. C’est curieux mais il ne s’en est pas vanté pour la suite de sa carrière…

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Plus glorieux est son petit rôle de ministre africain dans « l’état sauvage » de Francis Girod avec Marie Christine Barrault, Michel Piccoli, Jacques Dutronc et Claude Brasseur, film qui dénonce les affres des relations troubles entre la France et l’Afrique après la décolonisation.

Rentrant au Cameroun, il peut quitter l’érotisme (même s’il ne dédaigne pas glisser une ou deux scènes de nu dans ses films mais qui pourrait l’en blâmer) et se lancer dans des productions plus glorieuses : en 79 Dance my love / Danse mon amour, Une comédie musicale (probablement disco comme la suivante). Gros succès au Cameroun mais pas de sortie en France puis en1980 Anna Makossa avec Jean Pierre Andréani. Beni endosse le personnage de Baïko, propriétaire d'un boite de nuit disco. L'un de ses amis est renversé par une voiture. Le conducteur de la voiture dérobe un diamant à la victime. Baïko trouve le coupable : c'est un Blanc, mari d'une danseuse de la boite de nuit qui, une fois découvert, se suicide. Baïko va devenir son nom fétiche puisqu’il va l’utiliser pour presque tous ses films ultérieurs. Ce film est sorti en France en février 80. Ça semble être un écrasant nanar musical disco-funky, sponsorisé par Toyota et Air Gabon. Le critique de La Revue du cinéma se demande "combien les acteurs ont pu payer Alphonse Beni pour qu'il accepte de les faire jouer dans son film" tant ils sont mauvais, avant de réclamer "qu'on traduise le cinéaste en justice" pour avoir osé nous présenter un film aussi épouvantable !

Deux mois après le précédent, revoici la nouvelle Beni prod qui débarque sur les écrans français : Saint voyou aka saint voyou priez pour nous. Beni est toujours le héros Baïko. Il séduit Leïla (Noire), la fille d'un diamantaire, vole son père et s'enfuit à Paris où il s'éprend d'une chanteuse (Blanche) qui est sous la coupe de la mafia. Leïla débarque à Paris avec l'intention de se venger : elle fait violer et exécuter la chanteuse par des sbires de la mafia sous les yeux de Alphonse / Baïko. Celui-ci se vengera à son tour, tuant tous les mafieux. A la fin, il se retrouve face à son ancienne amante Leïla et ...lui tombe dans les bras !
Inutile de dire que la dernière pirouette nanarde à confondu la critique ! qui note une fois de plus qu'il s'agit d'un avilissement servile au pire cinéma occidental où sont inversés les clichés racistes. "une pâture honteuse", toujours avec des Toyota !

Beni est une véritable star au Cameroun, même si tous les critiques, locaux comme internationaux lui tombent dessus à bras raccourcis. Ses films sont tournés avec des techniciens français issus du monde de l’érotisme seventies, ainsi pour l’image Roger Fellous qui a bossé pour Claude Mulot (« le sexe qui parle », « Prenez la queue comme tous le monde »), Max Pecas (« Mieux vaut être riche et bien portant que pauvre et mal foutu ») ou Pallardy (« White fire »). Il a recourt massivement au sponsoring chez l’importateur Toyota local (tout le monde roule en Toyota dans tous ses films). De même dans Cameroun Connection, on commande largement du VAT 69 au bar et on visite longuement une brasserie (avec gros plan sur les étiquettes des bouteilles de bière) sans que cela ait la moindre utilité à l’action.

En1982, il réalise « coup dur » un polar dans lequel il n’hésite pas à recycler purement et simplement un documentaire sur l’enterrement d’un chef tribal puis son plus gros film : Cameroun Connection en 85. Il y interprète l’inspecteur Baïko qui enquête sur le meurtre d’une jeune femme et va rencontrer Bruce Le qui est à la fois propriétaire d’une salle de karaté à Paris et de la plus grosse brasserie de Yaounde (comprenne qui peut le film est très confus). Il devra faire face à une grosse conspiration où intervient un sorcier très… comment dire… pittoresque. On a le droit à une poursuite en Toyota, quelques plans nichons et même l’apparition le temps d’une scène du couturier Paco Rabanne qui s’avère encore plus mauvais acteur que prophète de fin du monde. Un régal…

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C’est une coproduction franco-camerounaise qui s’offre rien moins que la présence de Bruce Le, le clone le plus célèbre de Bruce Lee. Comment Beni a-t-il pu l’avoir ? Nous sommes là au cœur de ce qui fait le sel de cette cinéphilie déviante qu’est la nanardophilie. Les incroyables connections qui peuvent exister entre des acteurs et des cinématographies distantes de milliers de kilomètres : Bruce Le a déjà tourné en France, « Bruce contre attaque » sous la houlette du producteur André Koob et de Jean Marie Pallardy. Il est resté l’ami de Koob. Connaissant de nombreux techniciens du milieu de ce cinéma bis français et le film étant tourné pour moitié en France, il devient aisé de deviner comment les deux hommes se sont rencontrés. Et j’ose à peine me demander comment Paco Rabanne s’est retrouvé embarqué dans l’affaire, je soupçonne que ça doit être le fruit d'une fête bien arrosée. Dans ce milieu du cinoche bis ça picolait pas mal et on faisait grosse consommation de jolies filles à qui on faisait miroiter une carrière de star contre un ou deux plans nichons dans une petite production fauchée. Donc le milieu de la mode ne pouvait être qu'un vivier en or pour les Pallardy, Pecas, Koob et autre Beni.

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"Un tombeur, même en caleçon..."

Autre mystère, Alphonse Beni se retrouve l’année suivante au côté du philippin Ron Kristoff et de Richard Harrison pour tourner dans « Chasse à l’homme » un film réalisé par ce dernier. Ron et Richard ont d’ailleurs chacun tournés avec Bruce Le par le passé. Là encore doit-on y voir l’influence d’amis communs oeuvrant dans le cinéma bis comme le producteur canadien Dick Randall qui avait entraîné Richard Harrison à Hong Kong pour jouer avec Bruce Le dans « Challenge the Tiger ». Dans ce film, où on croise aussi Gordon Mitchell, il tente d’empêcher un attentat contre le pape entre l’Italie et le Cameroun. Une série B. honnêtement troussée d’après ceux qui l’ont vu.

Sebastian Harrison, le fils de Richard contacté par Nikita conserve ce souvenir de Beni : « Je ne sais pas où ils se sont rencontrés, je ne me souviens plus de grand-chose sur lui, si ce n’est que mon père était impressionné par la façon dont il rendait bien à l’écran malgré le fait de ne pas être un très bon acteur. C’était un homme très généreux qui adorait faire les boutiques. Quand il est venu pour la première fois à Rome, sa grande priorité a été d’acheter des tous nouveau produits à la mode, je crois que c’étaient des chaussures. Je me souviens qu’il a pris quelques affaires pour sa femme et il m’a offert un caleçon de bain. »

C’est le dernier film tourné au Cameroun pour Alphonse. La crise économique qui survient au milieu des années 80 au Cameroun fait tripler le prix du billet, provoque parallèlement une baisse générale des salaires, et oblige l'Etat, en cessation de paiement, à une politique de restriction. Les salles de cinéma ferment une à une et vont bientôt subir, en outre, la concurrence des vidéos clubs puis de la télévision câblée. La production cinématographique camerounaise est réduite à peau de chagrin à la fin des années 80. Les cinéastes se tournent vers la télévision, ou à l'image d'Alphonse Beni, s'exilent.

Et pour Beni l’exil, c’est Hong Kong. Est-ce sur les conseils de Richard Harrison que Beni s’en va se commettre chez le roi du film tronçonné Godfrey Ho ? Mystère. Toujours est-il que les dates semblent concorder. C’est en 86 ou 87 qu’on le retrouve au générique de l’halluciné « Black Ninja » (alias « Ninja Silent assassin ») où au coté d’Harrison il interprète Alvin, un flic français d’Interpol qui va faire rendre gorge aux assassins de sa femme, des ninjas trafiquants de drogue Grant Temple et Stuart Smith. Copieusement doublé dès qu’il enfile son élégante combinaison de ninja jaune canari, Beni y fait preuve d’assez peu d’enthousiasme et de capacités martiales quasi nulle. Mais d’un autre côté peut-on décemment lui en vouloir de ne pas être motivé…

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Il est à noter que pour une ressortie recente en VHS aux Etats Unis, Alphonse se fait appeler Chris Kelly

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Le black ninja...

Ho, toujours malin, capitalise sur la notoriété d’Alphonse en Afrique (Le Tiers Monde restant quand même le plus gros consommateur de ses joyeux nanars foutraques) et le met en vedette dans Top Mission, où il apparaît 15 minutes (en ninja rouge et en Rambo) le temps de compléter un film philippin… tss…

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Curieusement, il est encore cité en 91 pour avoir tourné dans Power Force. Le film est cité par imdb, mais est a prendre avec des pincettes. Le pseudo utilisé par Godfrey (Charles Lee, comme sur Top mission) indique un film des chez Filmark des débuts (1987) Une autre page web cite un "power force" de Godfrey Ho avec Bruce Baron (donc un IFD de 1985). Ça semble vaseux.

Reste un point curieux soulevé par le rôdeur : Quel a été le degré d'implication de Beni (qui est producteur et réa sans scrupules dans l'âme) aux côtés de Godfrey ? Pourquoi après avoir connu IFD et ses méthodes a-t-il pu poursuivre l'aventure chez Filmark ? Comment n'a-t-il pas songé avant tout à fuir ? Le plus suspect, c'est certains des pseudos utilisés chez Filmark que l'on attribue (sans doute avec raison !) à Godfrey : notamment Benny Ho et Alton Cheung. Quand on sait que dans les vieux pornos Alphonse se faisait appeler "Alton Benny" c'est quand même assez troublant.

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"Jouant les rambo pour Godfrey..."

Si Godfrey Ho semble assumer ses nombreux pseudos (voir son interview dans ultimate ninja), doit-on y voir malgré tout une collaboration avec Beni pour l’écriture des scénarios et éventuellement la coréalisation. L’hypothèse est séduisante mais seul Alphonse lui-même pourrait nous en dire plus.

Après les années 90, Alphonse Beni ne tourne plus. Rentré au Cameroun il reste une figure populaire mais controversée du cinéma local. Il n’a pas renoncé au cinéma et nous avons retrouvé il y a peu une annonce passée sur un site spécialisé où il recherche un producteur intéressé par ses scénarios.
http://www.dk-web.com/wwwboard/messages/214.html

Nous avons essayé de le contacter par ce biais mais hélas le site hébergeant cette annonce ne semble plus répondre.

Si vous tombez sur cette biographie Mr Beni, nous serions heureux de pouvoir vous céder la parole pour vous exprimer et infirmer ou confirmer nos propos.

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SOURCES
Dictionnaire des cinémas d'Afrique
La Saison Cinématographique / La Revue du Cinéma / Image et Son.
André Gardiès : Le Cinéma d'Afrique francophone.
Béatrice Bonny : Grandeur et décadence du cinéma camerounais / Cinémaction n°106

Filmographie:

1971 Fureur au poing (court-métrage réalisateur)
1972 Un enfant Noir (court-métrage réalisateur)
1973 Black love a.k.a. L'Homme qui voulait violer le monde (co-scénariste)
1974 Les mecs, les flics, les p... a.k.a. Les tringleuses (les tringleuses est le titre d'exploitation en France)
1974 Hommes de joie pour femmes vicieuses a.k.a. Les hommes de joie
1975 Godefinger ou certaines chattes n'aiment pas le mou.
1975 Les filles au soleil alias Infernales pénétrations alias 69 positions (réalisateur)
1978 L'état sauvage
1979 Dance my love / Danse mon amour (réalisateur)
1980 Anna Makossa (réalisateur)
1980 Saint voyou aka saint voyou priez pour nous (réalisateur)
1980 La pension des surdoués (en fait des images issues de "Hommes de joie pour femmes vicieuses")
1982 Coup dur (réalisateur)
1984 Cameroon Connection (réalisateur)
1985 Chasse à l'Homme
1986 Black Ninja
1987 Top Mission
1991 Power Force (incertain)

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Monsieur le Chien: un blog BD indispensable :
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"Mon pied trouvera ton cul même dans l’au-delà."


Dernière édition par RICO le 18 Août 2004 12:15, édité 2 fois au total.

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MessagePublié: 10 Juil 2004 10:13 
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c'est un peu le cuneyt des africains non ?

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MessagePublié: 10 Juil 2004 12:06 
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du pain béni cette chronique ! tu nous gates rico en ce moment !!! merci merci !!!

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MessagePublié: 11 Juil 2004 9:33 
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MessagePublié: 11 Juil 2004 11:11 
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ce qui m'émeut au plus au point dans tout ça c'est un peu cette "nanar connection" dont tu parles : ça va de béni à godfrey ho en passant par harrison, bruce le, bruce baron, pallardy, j'en passe et des plus mûrs !!! et toutes les ramifications nanardes que chacun entretient !!! vous imaginez un repas avec tous ces gens là !!!! putain le panard...


le pan-nanarisme même...

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 Sujet du message: Re: Réalisateur (et acteur) nanar: Alphonse Beni
MessagePublié: 11 Juil 2004 11:29 
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Bon Pote de Godfrey Ho
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Localisation: Nuit glauque, bosquets glauques, personnages glauques... Porte Dauphine, ça s'appelle.
RICO a écrit:
Reste un point curieux soulevé par le rôdeur : Quel a été le degré d'implication de Beni (qui est producteur et réa sans scrupules dans l'âme) aux côtés de Godfrey ? Pourquoi après avoir connu IFD et ses méthodes a-t-il pu poursuivre l'aventure chez Filmark ? Comment n'a-t-il pas songé avant tout à fuir ? Le plus suspect, c'est certains des pseudos utilisés chez Filmark que l'on attribue (sans doute avec raison !) à Godfrey : notamment Benny Ho et Alton Cheung. Quand on sait que dans les vieux pornos Alphonse se faisait appeler "Alton Benny" c'est quand même assez troublant.


Autre élément à charge contre l'honnête Godfrey (s'il en était encore besoin...): ce dernier a déjà signé sous le pseudonyme de "Benny Ho". Si on rajoute ce "Benny Ho" à "Alton Benny", à "Alton Cheung" et à "Godfrey Ho"... on ne peut que constater que certaines coïncidences sont fortes de café. Mais bon, comme Godfrey jure ses grands dieux qu'il n'a jamis édited de footages dans ses movies, ce ne sont probablement que de simples coïncidences. :twisted: (Arrêtez d'nous jouer du pipeau, Godfrey et Alphonse !!!!)
A moins que Godfrey soit aussi un voleur de pseudos, ce qui, ma foi, au regard de la profonde moralité du personnage, ne m'étonnerait qu'à moitié...


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Allô, Bruce?? Oui, je t'appele à propos du trafic de pseudos de Godfrey... Une sale histoire avec le Cameroun... Tu peux enquêter là-dessus???

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MessagePublié: 11 Juil 2004 12:01 
Ho ho ho! Qu'il en soit beni!


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MessagePublié: 13 Juil 2004 16:53 
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Max Thayer lui doit tout!
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Localisation: New York. Année : 2037. Mission: Rétablir l'ordre.
Espérons qu'Alphonse Béni (qui doit être francophone) aura la curiosité de venir sur Nanarland pour éclaircir le mystère de son étrange parcours Godfrey Hoesque.


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MessagePublié: 14 Juil 2004 13:34 
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Schtroumpf Grognon
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Localisation: En train d'expérimenter la disco tamoule
Quelquechose m'avait intrigué quand j'ai vu "Black Ninja" et "Top Mission" c'est que Alphonse se double lui méme dans la vf....


A mon avis il n'a pas du s'apercevoir que Godfrey l'avais escroqué et il devait penser que c'etait de bons films d'action qui favoriseraient sa carriere internationale....

Peu étre que Black Ninja a fait de grosses recettes quand il est sortis en Afrique... Qui sait?


Sinon trés bonne bio (comme d'hab')

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La femme est l'avenir de l'homme
Dit le poète quand il déconne
La femme est l'avenir de l'homme
Qu'on chante pour flatter la conne
Rien n'est l'avenir de personne
Sauf l'asticot qui consomme.

(le Professeur Choron)


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MessagePublié: 14 Juil 2004 13:42 
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Détecteur de plans nichons
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Messages: 13157
Localisation: A bord d'un Messerschmitt en flammes
Ou alors cela tendrait à confirmer que l'implication d'Alphonse dans les magouilles de Godfrey allait au-delà de son travail d'acteur...

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MessagePublié: 14 Juil 2004 14:46 
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Docteur es nanarologie

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Nikita a écrit:
Ou alors cela tendrait à confirmer que l'implication d'Alphonse dans les magouilles de Godfrey allait au-delà de son travail d'acteur...


ça y est je vois déjà le titre de l'article du livre qui y sera consacré :
la légende noire d'Alphonse Béni :D


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MessagePublié: 13 Juin 2006 16:12 
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Docteur es nanarologie
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Alors que je faisais des recherches sur le cinéma béninois, je suis tombé sur des articles a propos du festival du cinéma de Yaoundé, qui s'est déroulé le mois dernier. Parmi les réalisateurs en lice, M.Beni, 20 plus tard, réalisateur et acteur (principal apparement) de "La déchirure", l'histoire d'un type qui a perdu son job et qui a du mal a en retrouver un.
Pas mal d'articles en parlent, la société Patou Films distribue ce film, au vu de cet article, il a pas du faire beaucoup de progrès Alphonse !

Citer:
La Déchirure
Film ou feuilleton ?


Une campagne publicitaire tapageuse. Des affiches mordantes. Des T-shirts frappés de l’affiche de ce film médiatisé à l’américaine. Une salle du cinéma Abbia de Yaoundé (1300 places) trop étroite pour contenir les milliers de cinéphiles et de curieux l’ayant littéralement prise d’assaut lors de la grande première le 1er octobre 2005. Mais au final, des interrogations à n’en plus finir.



La Déchirure. Si le titre n’est pas nouveau dans le septième art, certains comme Roland Joffé l’ayant déjà utilisé, il aurait pu augurer, tout au moins pour ceux qui connaissent Alphonse Béni, le plus prolifique des cinéastes camerounais, d’une rupture entre sa très longue période de désoeuvrement – plus d’une décennie - et sa reprise de service. Une sorte de résurrection.



Et dès la séquence d’exposition, Béni semble y répondre. Dans le rôle d’Atangana Wamba Kotto Muller, interprété par le réalisateur lui-même, il est « à la recherche du travail ». Un travail qu’il vient de perdre, du fait de trafics au détriment de son employeur : « Avec ce que vous m’avez volé, allez élever vos gosses », lui dit ce dernier. Malheureusement, ce travail tarde à (re)venir. On serait alors tenté de percevoir à cette étape un parallèle entre l’homme et son œuvre. Que non ! C’est à ce niveau que s’arrête la comparaison. Cette histoire venant plutôt situer le spectateur sur la problématique du film : à qui doit-on se confier lorsqu’on est confronté à de pressantes difficultés existentielles ? Au diable, très prompt à réagir, ou à Dieu « qui n’est jamais pressé quand on a besoin de lui » ?


Pour y répondre, le réalisateur se sert d’une mise en scène si lourde qu’on en vient à se demander si cette œuvre est vraiment de lui. Présenté comme film, « La Déchirure » en est-il un, au sens conventionnel du terme ? N’est-ce pas en réalité la première partie d’un feuilleton destiné à la télévision ? L’expression « à suivre » qui termine cette œuvre ne tend-elle pas à le faire croire ? Plus grave, Alphonse Béni a-t-il (encore) le droit de se tromper entre film (œuvre achevée en soi), et feuilleton (œuvre filmique à épisodes), ou bien a-t-il simplement voulu abuser un public en manque de productions locales ? Et là ne s’arrêtent pas les incongruités formelles et fondamentales de ce film.

Dans sa quête du travail, Atangana Wamba Kotto déclare avoir « sept enfants, dont deux garçons et cinq filles ». Mais quelle n’est la surprise du spectateur de constater que dans le film se cache un autre petit garçon qui, vers la fin, accueille par un chaleureux « bonsoir maman » l’épouse d’Atangana. Qui est-il ? D’où sort-il ? Béni ignorerait-il l’usage des révélateurs dans un film ?

Par ailleurs, dans une autre séquence, on voit Mme Atangana (interprétée par Deneuve Djobong) au sortir du travail, habillée en boubou bleu, se faire séduire dans un restaurant par son patron. Alors que son retard inquiète toute sa maisonnée, elle arrive chez elle dans un… tailleur rouge vif. Est-ce une question de raccords ou d’absence de script sur le plateau ?

Concernant le jeu des acteurs, pouvait-on en attendre grand-chose quand on mesure à quel point leurs rôles ont été superficiellement écrits ? Et le casting ? Comment s’est-il effectué ? On a pu relever que certains comédiens de « La Déchirure » venaient du théâtre et en avaient gardé les stigmates (par exemple, ils parlaient très fort), et beaucoup d’autres de nulle part. Sans avoir vraiment été dirigés, ils avaient forcément un jeu approximatif fait de théâtralité, d’extravagance et d’absence de naturel. Avec une diction quelconque, ou parfois hésitante, leurs dialogues ressemblaient davantage aux récitations mal assimilées, et au travers desquelles un magistrat avait du mal à se retrouver entre un huissier et un avocat.

UN FILM DE GROS-PLANS

La Déchirure est truffée d’autres petites erreurs techniques de mise en scène à l’image de cette cérémonie religieuse filmée en plongée, alors que le père de famille conseille à ses enfants de toujours « se confier à Dieu ». Ne devait-il pas utiliser la prise de vue contraire qui elle, est appelée à magnifier, à élever ? Et cette séquence du slip d’une dame, confondu et revêtu par erreur par un pasteur, qui arrive comme un cheveu dans la soupe ? Quel était son apport dans la construction du film ? Et ces gros-plans qui l’essaiment, sans réellement faire rentrer le spectateur dans l’intimité des personnages, et trahissant ainsi régulièrement l’absence de jeu de la caméra, au point de l’assimiler à un téléfilm? Cela n’a-t-il pas eu pour inconvénient pour le spectateur, d’embrouiller sa perception des enchaînements entre les faits et les actions ?

Manifestement, la longue période d’hibernation d’Alphonse Béni lui aura été préjudiciable, eu égard à la qualité de son film. Outre sa propre prestation et celle de Deneuve Djobong, la plastique de tous les acteurs, et quelques belles images de la caméra numérique qui constituent les seuls bons points de « La Déchirure », cette dernière réalisation de Béni ne s’est pas donné le temps de raconter une histoire comme savent le faire les cinéastes africains. Pourtant, la chute était si attendue… Le film est pesant et n’est un exemple ni par sa forme, ni par son contenu. Espérons seulement qu’il constitue une séance d’échauffement pour un coureur ayant arrêté pendant longtemps la compétition, et qui s’apprête à repartir.


Jean-Marie MOLLO OLINGA


J'aime bien la dernière phrase, ça voudrait dire qu'il va revenir ! :D


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MessagePublié: 14 Juin 2006 16:07 
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Belle trouvaille, shimano. :)

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MessagePublié: 14 Juin 2006 17:50 
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Effectivement il faut que je rajoute ce dernier film sur la bio de Beni. A noter que ce film lui a valu quelques ennuis car il sermblerait qu'il ait oublié de régler tous les salaires de ses acteurs. En tout cas le film s'est fait echarpé par toute la presse africaine, mais Beni sûr de son fait à annoncé que ce n'était que le premier volet d'un dyptique où le second volet serait davantage tourné vers l'action.

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MessagePublié: 14 Juin 2006 22:31 
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Cameroon Tribune a écrit:
La projection samedi dernier à l’Abbia du dernier film d’Alphonse Beni a drainé une foule de cinéphiles avides d’images locales.

Net succès populaire pour le dernier film du réalisateur camerounais Alphonse Beni. Les Yaoundéens ont bravé la pluie pour venir découvrir les frasques annoncées à grand renfort de publicité des protagonistes de " La déchirure ". Production qui aura permis aux cinéphiles de voir combien le cinéma fait au Cameroun est important à leurs yeux. Que les images de leur environnement vues sur écran géant valent la peine d’être regardées. C’est donc en famille, entre amis, que l’on est venu découvrir ce retour d’Alphonse Beni. Quelques happy few, tels Gérard Essomba ou encore Jude Ntsimenkou, se mélangeant aux " stars " de la distribution de ce " thriller social ". Dès les premières images, la salle, où aucune place assise n’était plus disponible, commence à reconnaître certains lieux et visages. On crie, à l’apparition des acteurs Daniel Ndo, Ali Mvondo, Fanie Njoya ou encore Koppo. On hurle — de plaisir ? — devant quelques scènes de nu que propose le film de monsieur Beni. Une spectatrice ne manque pas de faire des remarques sur les poitrines assez proéminentes des différentes actrices. " Au moins on a les images de chez nous, et c’est déjà ça ", lance un autre, plutôt intéressé.

Cependant, " La déchirure ", au-delà de l’engouement populaire et de la distribution " fédératrice " voulue par ses auteurs, pèche sur plusieurs plans, notamment techniques : une panne de projection survenue en plein cœur du film fait frôler la catastrophe. Pendant une vingtaine de minutes, on a vu des responsables se démener comme de beaux diables pour réparer l’infamie, surtout que certains spectateurs s’en allaient déjà ou criaient à l’arnaque pour les moins tendres. Explications de Siméon Fotso, directeur de l’Abbia : " Je dois dire que nous projetions sur support DVD. Ce qui nous expose à divers désagréments que les gens ne voudront pas comprendre. Le 35 mm coûte extrêmement cher, et pour ce film les moyens étaient modiques ". Il y a ensuite les avis ambigus de certains spécialistes sur le contenu. Pour un réalisateur très connu, lorsqu’un Camerounais tourne un film, c’est toujours très intéressant. " Cependant, celui-ci étale des lacunes criardes notamment dans l’écriture du scénario. Car l’histoire, même si les gens s’y sont reconnus, se disperse un peu, au point de nous perdre ", affirme-t-il.

Au finish, il y a ces séances photo, les sourires des acteurs principaux, et la grise mine des autres. Tel cet artiste qui dit être resté sur sa faim : " Beaucoup de gens sont venus parce qu’ils n’avaient pas encore vu le film. Mais pour la qualité, il n’a pas tenu la promesse des fleurs ". Qu’importe, Alphonse Beni qui ne cachait pas sa satisfaction, promettait une suite à " La déchirure ". " Pourvu qu’il s’entoure de scénaristes, nous épargne de quelques scènes inutiles et mette un accent sur la direction d’acteurs ", lance un journaliste. " La déchirure " a vraiment déchiré à Yaoundé
.

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Le même journal a écrit:
Gros plan : Beni soit le retour


Après une décennie d’éclipse, Alphonse Beni réapparaît avec de nouveaux projets.

Les cinéphiles l’ont découvert dans " Fire operation ", " Chasse à l’homme ", " Top mission ". Des films musclés comme les scènes de combat qu’ils montraient, ersatz de séries B, bons pour la distraction, sans plus. Alphonse Beni avait marqué dans les années 70-80 par des apparitions fréquentes dans des films policiers, de kung-fu, et… érotiques, tous populaires mais inattendus pour un certain public africain. La carrière de ce quinquagénaire a pourtant stagné depuis le retour au Cameroun (un film, " Power force " au milieu des années 90 et un investissement raté dans les salles de cinéma à Douala). " Je me suis arrêté pour mieux me préparer et revenir. Et ainsi mettre à profit toute mon expérience internationale ", déclare Alphonse Beni, qui se sent de nouveau d’attaque. Son retour a eu lieu avec la sortie début octobre de " La déchirure " qui a connu, malgré quelques couacs artistiques un certain succès populaire.

Et cette fois-ci, c’est pour de bon. Qu’importe même si certains pensent qu’à force d’être partout — il est acteur, auteur, réalisateur, producteur de la plupart de ses films — l’énergie pourrait s’effriter et les rendus légers. " J’ai suivi une formation d’acteur et de réalisateur. Je me sens aussi bien derrière que devant la caméra ", déclare Beni. L’ancien élève du conservatoire du cinéma français, après avoir bourlingué voit grand pour son pays : " Les projets se bousculent sur ma table. J’ai envie d’associer la plupart des acteurs camerounais dans mes films, et montrer au monde que le Cameroun est un grand pays de cinéma ". Cela passe par des collaborations. Alphonse Beni prépare la deuxième partie de " La déchirure ", " où il y aura de l’action ", et les formalités pour la mise sur pied de sa structure de production KAB films. Le ninja noir est manifestement bien armé.


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Cameroun Online a écrit:
Alphonse BENI, cinéaste Camerounais, présente son dernier film: " La Déchirure ".
Il a le pas alerte de l'homme pressé, celui qui veut continuer à mordre le présent et l'avenir à pleines dents, portant avec légèreté sa soixantaine d'années. Son verbe est lent, pas hésitant, mais sûr, de la sûreté de celui qui en a vu des choses, de l'assurance de celui qui a joué des rôles dans la vraie vie et la vie vraie du cinéma. Alphonse BENI, une des icônes du cinéma Camerounais, en ce mois de septembre 2005 est au Cameroun en pleine promotion de son dernier film, " La Déchirure ". Nous l'avons rencontré entre deux rendez-vous.
Propos recueillis par François BIMOGO

Cameroun-Online : Alphonse Beni, présentez-nous " La déchirure ", votre dernier long métrage tourné entièrement au Cameroun, avec une équipe entièrement Camerounaise, cette année.

Alphonse BENI : La déchirure c'est l'histoire d'un couple qui a sept enfants : 5 filles et 2 garçons. Le mari vient de perdre son emploi à la suite d'une faute lourde professionnelle. Sa femme travaille dans un magasin de prêt-à-porter et gagne peu d'argent à la fin du mois. Et elle est courtisée par un riche commerçant et son patron la harcèle sexuellement. Le riche commerçant tombe amoureux aussi d'une vendeuse dans le prêt-à-porter. Comme si cela ne suffisait pas, son fils est condamné à 5 ans d'emprisonnement…La famille se divise en deux : une partie, dans ces tribulations, croit en Dieu, et l'autre croit aux marabouts et aux pouvoirs mystiques…


Cameroun-Online : Quelles sont les difficultés que vous avez rencontré pour écrire le scénario, faire le casting, tourner et produire " La déchirure " ?

Alphonse BENI : D'abord les premières difficultés provenaient du casting parce que le casting a été très difficile. Nous avons eu également des difficultés pour le tournage parce que la majorité des acteurs sont des amateurs qui tournaient pour leur première fois, même s'ils donnent l'impression d'être des professionnels, c'est le travail de mise en scène. Et si on passe deux heures à regarder le film sans s'ennuyer, c'est la preuve qu'il y a eu un travail de professionnel qui a été fait, et je tiens à remercier l'ensemble de l'équipe qui a collaboré à la réussite de ce film.


Cameroun-Online : Le tournage vous a pris combien de temps ?

Alphonse BENI : Le tournage a pris deux mois et la post-production a duré plus de quatre mois.


Cameroun-Online : Et l'écriture du film, le scénario ?

Alphonse BENI : Il faut compter environ quatre à cinq mois pour écrire l'histoire. Donc entre le premier jour où il faut écrire l'histoire et le jour où le film sort à l'écran, il faut compter près d'un an et demi.


Cameroun-Online : Alphone BENI, vous avez utilisé des acteurs amateurs pour la plupart, mais ce film a dû coûter un prix, quelle a été le budget de " La Déchirure " ?

Alphonse BENI : Amateur, cela veut dire qu'ils ne tournent pas très souvent des films, mais quand on voit le rendement à l'écran, il faut dire qu'ils sont très bien.. Quant au coût de ce film, il est inestimable; beaucoup de personnes y ont travaillé, comme le Studio Karel avec qui nous avons mis plus de trois mois de post-production.

" Nous devons demander d'abord l'aide de Dieu dans tout ce que nous faisons "

Cameroun-Online : On va parler du film même, on a vu beaucoup de scènes qui s'attardent sur le thème de la croyance en Dieu, à la piscine, dans les salons, les chambres, le thème de Dieu est récurrent, est-ce que cette récurrence a une signification particulière dans le parcours et la vie de Alphonse BENI ?

Alphonse BENI : Je pense qu'il ne s'agit pas seulement de mon parcours. Tout ce que nous faisons, nous devons d'abord demander l'aide de Dieu et comme je crois fermement en la puissance divine, je crois en Dieu, c'est pourquoi dans toutes mes oeuvres, je parlerai de Dieu et c'est sûr, personne ne me dira le contraire, pour toute réussite dans les difficultés, il faut demander le secours de Dieu, on arrive toujours à un bon résultat, même si ce n'est pas tout de suite, on y arrive toujours !


Cameroun-Online : Remontons l'avenir, votre carrière cinématographique est prolifique, plus de la trentaine de films, des morceaux choisis de ces films tournés en Asie ou aux Etats-Unis ?

Alphonse BENI : Parmi mes films, il y en a dont je garde de bons souvenirs, à l'exemple de " Black Ninja " dont tous les cinéphiles camerounais ont gardé un grand souvenir, il y a aussi " Dance my Love ", qui fait partie de mes premiers succès, premier film musical entre autres comme " African fever ", " Anna Makossa ". Il y a également " Chasse à l'homme " avec Richard Besson, " Cameroun connection " avec Bruce Lee que j'ai fait venir au Cameroun, et tout récemment, il y a eu " Black Ninja ". Et comme co-productions sino-américaines, " Fire Operation ", " Power force ". J'ai été quatre fois en Asie pour les quatre derniers films tournés là-bas.
" Tout petit, je souhaitais être acteur de cinéma…Marié, père de beaucoup d'enfants "

Cameroun-Online : D'où et comment vous vient la passion du cinéma, Alphonse BENI ?

Alphonse BENI : Je pense que tout petit j'allais tout le temps au cinéma et je souhaitais au commencement être un acteur de cinéma. Et ensuite après avoir suivi la formation d'art et de techniques cinématographiques comme acteur, j'ai également suivi la formation de metteur en scène, donc j'essaye d'être à la fois dans certains de mes films, devant et derrière la caméra, comme metteur en scène ou comme acteur.


Cameroun-Online : Quand Alphonse BENI n'est pas devant la caméra ou derrière, qu'est-ce qu'il fait ?

Alphonse BENI : Si je suis pas derrière ou devant, j'écris, je suis scénariste, je suis auteur de films. Ou alors, je vais au cinéma, comme tous les cinéphiles (rires)


Cameroun-Online : En fait je voulais parler de la vie familiale d'Alphonse BENI …

Alphonse BENI : Je suis marié et père de plusieurs enfants. Je garde les chiffres pour moi.


Cameroun-Online : L'avenir en terme de promotion du film " La Déchirure ", que sera l'avenir à l'immédiat et dans le futur, les festival africains et européens ?

Alphonse BENI : A partir du 1er et 2 octobre au Cinéma Abbia à Yaoundé, ce sera l'avant-première mondiale, avant les autres festivals, mais je souhaite que le public camerounais découvre ce film, tout le monde va y trouver son compte, se sentira concerné.

" J'aime le Nkui… "

Cameroun-Online : Le Cameroun connaît une explosion de sitcoms locaux fait à la va-vite, quel est le regard que vous portez sur les films produits par les télévisions au Cameroun ?

Alphonse BENI : Ce que ignorent certaines personnes, c'est qu'il y a une différence entre les films pour la télé et pour la vidéo. Au cinéma, il y a des erreurs qui ne sont pas permises. En télévision, il faut des semaines pour tourner un film, au cinéma, il faut des mois, des ans, c'est une question de qualité…


Cameroun-Online: Votre plus gros cachet ?

Alphonse BENI : Je ne crois pas que ce soit nécessaire. Mais le plus gros chèq.., chiffre, que j'ai eu à avoir, c'est d'avoir fait des co-productions. La plupart tournées en Chine et aux USA, j'ai tourné en participation, je détiens les droits en langue française y compris le Canada, cela vaut plus que les espèces qu'on aurait pu me donner.


Cameroun-Online : Le plus gros échec d'Alphonse BENI

Alphonse BENI : Je n'en ai pas encore connu, mais je travaille assidûment pour ne pas en avoir.


Cameroun-Online : Votre plus grand rêve ?

Alphonse BENI : Faire une super co-production avec tous les meilleurs acteurs camerounais, des techniciens Camerounais, y compris avec des vedettes étrangères.


Cameroun-Online : Le niveau du cinéma camerounais en 2005 aujourd'hui ?

Alphonse BENI : En 2005, il y a des films qui se préparent, mon souhait est que les cinéastes Camerounais fassent des films qui plaisent au public.


Cameroun-Online : Le plat préféré d'Alphonse BENI

Alphonse BENI : Hum… J'adore le " Nkui ", (rires), j'espère que vous comprenez ce que c'est, j'adore le " Nkui ".*


*Nkui : plat traditionnel de la région de l'ouest du Cameroun fait à base de plusieurs aromates et très gluant.

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MessagePublié: 15 Juin 2006 8:36 
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Bon Pote de Godfrey Ho
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MessagePublié: 15 Juin 2006 12:08 
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RICO a écrit:
A noter que ce film lui a valu quelques ennuis car il sermblerait qu'il ait oublié de régler tous les salaires de ses acteurs.

Oups ! :-D


En tous cas, je trouve ça déjà bien pour lui d'avoir ainsi les "honneurs" de la presse pour son film.

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MessagePublié: 16 Juin 2006 0:23 
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Le Magic Tchernia du nanar
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La classe bon je vais essayer de m'occuper de sa fiche ce week end

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MessagePublié: 16 Juin 2006 7:51 
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Bon Pote de Godfrey Ho
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Citer:
L’ancien élève du conservatoire du cinéma français, après avoir bourlingué voit grand pour son pays :


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MessagePublié: 16 Juin 2006 8:17 
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Bon Pote de Godfrey Ho
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Messages: 5124
Localisation: Nuit glauque, bosquets glauques, personnages glauques... Porte Dauphine, ça s'appelle.
Pas de quoi s'esbaudir. Le "conservatoire du cinéma français" (aka "conservatoire libre du cinéma français" ou CLCF) est une école de cinéma privée et coûteuse qui recrute un peu n'importe qui du moment qu'ils sont susceptibles de signer un chèque.

J'ai au moins quatre copains à moi qui sont passés par là... et aucun d'entre eux ne travaille dans le cinéma aujourd'hui. :-D

Le seul type un peu connu qui soit sorti du CLCF, c'est Arthus de Penguern qui est certes un bon acteur, mais dont la renommée est, somme toute, assez modeste.

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"Franchement, est-ce que j'ai une tête à avoir tué 33 personnes? Non. Tout ce qu'on peut me reprocher, c'est d'avoir ouvert un cimetière sans licence!"


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