Future War (1997)
Nationalité : américaine
Réalisateur : Anthony Doublin
Acteurs principaux : Daniel Bernhardt, Robert Z'dar, Travis Brooks Stewart, Kasja (paye ton nom !)
Durée : 1h30
Genre : Cyborgs, dinosaures et kickboxing (catégorie SF fauchée)
1997. Si l'on peut en croire Imdb, ce Future War est sorti en 1997. A l'écran, tout rappelle pourtant les années 70 ou au moins les eighties. Grain de l'image, costumes, bagarres, tout sent le formol et la naphtaline, le réchauffé, en un mot, le vieux. Le réalisateur est un certain Anthony Doublin, un homme à suivre dont c'est le premier fillm et le dernier à ce jour, sans doute pour longtemps à mon grand regret. En effet, bien que récent, le film a déjà eu droit aux honneurs douteux du Mst3k, émission de télé américaine dans laquelle un homme et deux robots regardent les plus mauvais films du monde et les commentent. C'est franchement dommage parce qu'à mon avis on tient là le successeur, que dis-je le fils spirituel de toute la cohorte des bisseux italiens, de
Bruno Mattéi à
Enzo G. Castellari. Le film est produit par la firme Cine Excel Entertainement, un nom qui commence à devenir synonyme de qualité dans le monde du nanar.
Dans Future War, on ne fait jamais la guerre et le film ne se déroule pas dans le futur. Ceci dit afin de bien poser la classe de ce film qui s'annonce d'ores et déjà comme un nanar qui sait se tenir et surtout comme une oeuvre où "cohérence" sera le maître mot. Je vais essayer de vous raconter l'histoire, mais accrochez-vous parce que c'est encore plus confus qu'un plan de Maurice et ses trois coyotes pour se débarasser de Larry et de Robert.
L'introduction nous montre deux hommes et une femme anonymes armés jusqu'aux dents progressant prudemment dans un sous-sol. On repère très vite qui sera le héros, il s'agit de l'acteur Daniel Bernhardt, artiste martial qualifié mais acteur limité et surtout sosie notoire de
Jean-Claude Van Damme. Soudain, ils sont attaqués par des dinosaures et l'un d'entre eux meurt. Générique.
Au milieu de l'interminable liste de noms ayant participé au film, le spectateur est alors conduit brutalement dans l'espace avec les image d'un vaisseau particulièrement mal fait. Cette séquence est extrêmement confuse et consiste essentiellement en des plans fixes de couloirs ou d'écoutilles spatiales. La signification de la scène deviendra claire plus tard, mais il s'agit en réalité de stocks-shots tirés d'un autre film de Ciné Excel Entertainment, "Hyper Space". Le truc, c'est qu'on est censé assister à l'évasion du héros mais que bien sûr Daniel Bernhardt ne joue pas dans Hyper-Space. Le réalisateur en est donc réduit à utiliser des ficelles dignes de
Godfrey Ho et c'est ainsi qu'on ne voit jamais le visage du personnage en train de s'échapper !
Le type atterrit alors sur une plage, mais pas le temps de souffler, il s'enfuit poursuivi par un ennemi mystérieux. Il brutalise alors un clochard avant de terrasser à mains nues une espèce de vélociraptor filmé "au-dessus de l'épaule" et qui ressemble à s'y méprendre à la main d'un technicien dans un gant en caoutchouc. On aperçoit enfin son poursuivant : c'est le sosie une espèce de chanteur de Heavy Métal à l'air fatigué avec une moustache nanarde du plus bel aloi.
Vous ne rêvez pas, ils ont bel et bien oublié d'enlever le cache de la caméra...
Eh regardez, c'est moi ! Jean-Claude Van Damme !
Daniel Bernhardt et l'attaque de la chaussette tueuse
Le combat s'engage et Daniel Bernhardt finit par triompher abattant au passage un second dinosaure. Tout semble s'arranger lorsqu'en traversant la rue il est renversé par la voiture d'une ex-prostituée, ex-dealeuse, ex-toxico devenue bonne soeur.
Le premier cyborg. Terminator venait du futur, lui des années 80.
Arrêtons-nous un instant ici pour faire le point. Nous voila arrivé au bout d'une demi-heure de film et nous avons donc trois types dans un sous-sol attaqués par des dinosaures, un homme qui s'échappe d'un vaisseau spatial pour atterrir à Los Angeles de nos jours puis que se fait poursuivre par une espèce de chanteur de métal au look estampillé années 80 avant de tuer des vélociraptors à mains nues et maintenant une ex-délinquante qui a pris le voile. Reconnaissons que même le plus laxiste des spectateurs est en droit d'exiger une explication circonstanciée, et que cette explication a sacrément intérêt à être bonne. Rassurez-vous, elle arrive et elle est pas piquée des vers.
Ces dinosaures ont vraiment une très grosse tête.
Le héros est en fait un esclave évadé. Il s'est échappé du vaisseau de ses maîtres, une race de cyborg extra-terrestres qui est venue fouiller dans le passé de la Terre pour y chercher des esclaves humains et des dinosaures afin que ceux-ci leur servent de traqueurs au cas où les esclaves se feraient la belle. C'est l'un de ces cyborgs accompagné de ses caniches reptiliens que l'esclave évadé a détruit plus tôt.
Toutefois, il n'est pas encore sauvé : il doit échapper à un second cyborg, sans compter que le police s'en mêle également. C'est décidément la foire aux sosies puisque pour ce nouvel ennemi nous avons affaire à un faux jumeau de Freddy Mercury, notre ami Robert Z'dar toujours dans les bons coups.
Après moultes péripéties et bastons toutes plus ringardes les unes que les autres, le héros décide de passer à l'offensive. Aidé de la nonne qui a renoué ses contacts avec le milieu du temps où elle était dealeuse, il lance un assaut sur un réservoir qu'il pense être la planque du cyborg et des dinosaures. Et là tout s'éclaire comme par magie ! Le réservoir en question, ce sont les sous-sol du début ! Tout le film n'était en fait qu'un long flashback ! Et du coup, on peut recaser des scènes déjà montrées avant ! Bien joué M. Anthony Doublin, pour votre mauvaise foi inébranlable, je vous remet la médaille Tomas Tang de la déontologie cinématographique !
L'explosion de la maquette de l'entrée du réservoir est très nanarde et la poursuite qui s'ensuit est encore plus forte, mais l'apothéose est encore à venir. En bon professionel, Anthony Doublin a gardé le meilleur pour la fin : il s'agit du combat final entre le héros et le cyborg rescapé : un faux Jean-Claude Van Damme contre un faux Freddy Mercury ! Que demande le peuple ?! Un extrait vidéo ?
Le voila ! ! Il y a deux détails à noter en particulier : la dextérité avec laquelle Daniel Bernhardt peut se mettre torse nu en toutes circontances et le deuxième, eh bien je vous laisse le découvrir vous même !
L'impression tenace que le réalisateur est alcoolique rend déjà le film très drôle, mais la technique et le jeu des acteurs ne sont pas en reste. Parmi les scènes à retenir, il y a notamment le moment où l'Evadé tente de ralentir le cyborg en lui lançant des cartons vides à la figure, ainsi qu'une scène surréaliste où les trois personnages contournent ostensiblement un trou... qui en fait n'est pas là vu que c'est un gros stockshot. J'insiste dès maintenant sur ce point, les dinosaures sont extraordinaires ! Rarement on en a vu d'aussi mal fichus. J'ai évoqué une main dans un gant en caoutchouc, c'est à peu près ça. Parfois, le gant semble remplacé par une chaussette tant le trucage est miteux (1997 ! Rapplez-vous toujours 1997 !).
Grrr !! Graour !!
Un coup d'oeil à la filmographie du réalisateur permet de lever le voile sur les raisons de cette médiocrité hilarante : Anthony Doublin n'est pas réalisateur de métier. En revanche, il a été responsable des effets spéciaux sur la série des "Carnosaur", dont le deuxième opus
Espèce Mutante est chroniqué sur le site. Ce n'est d'ailleurs pas le seul emprunt. Outre le recours volontaire ou non à des sosies de célébrités pour jouer les personnages du film, on note également l'utilisation intensive de stockshots. L'accroche du film à cet égard est un vrai régal, proprement exemplaire : "Past Predator, Present Alien, Future Terminator". Je crois que même
Bruno Mattéi n'aurait pas osé.
Des chaussettes je vous dis !
La vision nocturne des dinos...
...Et celle des cyborgs
Quant à la "construction narrative" (notez les guillemets), elle semble vouloir s'inspirer du mouvement post-moderniste mais sans avoir la moitié du quart du talent nécessaire. On y trouve des flashbacks très mal faits, des transitions abruptes et assez destabilisantes et de temps en temps les personnages se mettent à parler en voix-off pour nous expliquer leurs pensées et leurs sentiments que leur jeu d'acteur est bien incapable de laisser transparaitre.
En conclusion, Future War constitue un nanar de poids qui annonce la relève du genre dans les années à venir. Cine Excel Entertainement est une compagnie à suivre et j'attends avec impatience leur prochain film, "Reptilicant" avec Gary Daniels ("Half reptile... Half Replicant... PURE RAGE !")
Note : 4/5
Côte du col de la rareté :
Ayant acquis une renommée douteuse du fait de son passage dans le Mst3k, Future War est devenu très facile à trouver sur les site de vente en ligne américains. En revanche, il n'est pas disponible en France et aucune importation n'est à l'ordre du jour. Le DVD minimaliste ne contient que le film et un vague chapitrage.
Jaquette alternative (très moche mais plus fidèle au contenu) :