100% fayotage… Juste pour faciliter la mise en ligne de la chronique
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Hard Rock Zombies :
USA. 1984. 90 mn. De Krishna Shah, avec E.J. Curse (crédité E.J. Curcio), Geno Andrews, Mick Manz, Sam Mann, Lisa Toothman, Jennifer Coe, Jack Bliesener…
Le genre : n’importe quoi (catégorie : musical)
En bon gros fan impénitent du nanar musical, l’affiche originale de
Hard Rock Zombies m’a toujours fait baver toute langue dehors. On y voit un hardos zombie à la mine ahurie s’exhumant d’une tombe en exhibant triomphalement une guitare électrique sous le regard indifférent d’une chouette visiblement atteinte d’un méchant strabisme, dessin génialement barré sur lequel on a cru bon de copier-coller la silhouette d’une pseudo-pouffinette à l’air super inspiré en guise de caution vaguement sexy (blonde décolorée en collant bleu et bottines de cuir à talons aiguilles inside, les kids !). Du coup, j’exagère à peine en affirmant que visionner cet ovni figurait en bonne place dans la liste des actes que je souhaitais accomplir avant de casser ma pipe. Aujourd’hui, grâce au réseau de Nanarland et sa fructueuse filière grenobloise (merci Chewy !), cela fait encore une raison de moins qui me retient dans ce bas monde (ah, merde…).
De prime abord, le scénario n’a pas de quoi donner mal au crâne : le groupe de hard rock des «
Holly Moses » tente de se faire un nom et mise tout sur un concert qu’ils doivent donner dans la petite ville de Grand Guignol (hum hum) en la présence d’un important ponte de l’industrie du disque. Malheureusement pour eux, en plus de se heurter à l’hostilité des autochtones férus de musique country pour qui « rock » rime nécessairement avec chacun des démons qui hantent le bestiaire de leurs pires cauchemars (des abominations qui ont pour noms « drogue », « luxure » ou « satanisme »), les gentils hardos vont tomber sur une drôle de famille respirant à peu près autant la pleine santé mentale que celle de
Massacre à la Tronçonneuse. La suite ? Adolf Hitler lance le 4ème Reich en transformant les humains en zombies…
Wouhou, je sens qu'on va bien rigoler


« Shake, shake ! Shake it up baby !! » (les solos de gratte accomplis dos à dos... toute une époque !)


Skate, nénettes, mulette et michelines à lunettes... on s'amusait d'un rien dans les années 80 !
Nous on n'est pas des poseurs
Bon, par où commencer… Je ferme les yeux, attendant qu’une image du film me revienne en flash…
whoosh, c’est une image de Jesse, le leader des «
Holly Moses » et, accessoirement, le héros de
Hard Rock Zombies. Haha, Jesse… Jesse a un gros problème (et par extension son interprète E.J. Curse) : une prestance handicapée par une gueule bâtarde au possible, croisement improbable entre Freddy Mercury et John Travolta mais en moins bien. Contre toute attente, c’est dans le hard rock que le jeune homme trouve son salut esthétique : parvenant à un juste équilibre entre des fringues de hardos rebelle comme on en fait plus et un splendide brushing de lévrier afghan, il relègue au second plan ses acolytes au charisme sinistré et à peu près tout le reste du casting.

Jesse… Une moue vulgaire, un regard de sot et des paroles insipides mollement braillées dans un registre Hard FM 80’s assez éprouvant (musique de Paul Sabu). La star de Hard Rock Zombies.
Une photo récente de son interprète, E.J. Curse (si si, il s’agit bien de la même personne !)
Jesse en slip
Rendre compte dans le détail d’un scénario aussi abracadabrantesque est tout simplement au-dessus de mes forces. Comprenez juste que les situations ineptes défilent à l’écran comme des arbres à la fenêtre d’un train, ponctuellement entrecoupées par quelques travers mystico-cacophoniques via lesquels le réalisateur au nom de gourou semble parfois vouloir faire naître chez son public un embryon de réflexion (cette séquence où des habitants se protègent des zombies avec de grands portraits d’icônes disparues : John Lennon, Marilyn Monroe, Elvis, James Dean, John Wayne, Jimmy Hendrix… des morts littéralement immortalisés par la gloire, une armée de zombies condamnés à rechanter et rejouer éternellement les mêmes morceaux et les mêmes scènes via la magie vaudou de l’enregistrement audio-visuel).

La scène des portraits. Une stratégie dont l’efficacité reste à prouver.
Une tête de papier mâché bien crapoteuse dans un film aux maquillages pour le moins surprenants, sorte d’hommage cordial aux ambiances de cour de récré les jours de mardi-gras.
Définitivement moins frais et léger qu’un
Xanadu ou qu’un
Voyage of the Rock Aliens,
Hard Rock Zombies refuse de se laisser catégoriser, à tel point que même l’accroche de la jaquette française rame un peu dans la synthèse («
Un groupe de rock combat les zombies. Un cocktail explosif de rire, d’horreur, de musique et d’amour. »). La bête pourrait se désigner comme une sorte de vague comédie horrifico-musicale 80’s barje et indigeste, la réunion méga-bâtarde d’éléments les plus disparates et les plus grotesques à travers lesquels son instigateur nous signifie clairement qu’il n’a honte de rien et surtout pas du pire. Dans le genre « toc toc n’importe quoi », Krishna Shah prend en effet le parti d’aller aussi loin que possible, quitte à se montrer excessivement déraisonnable dans ses gags (et là tout le monde il meurt dans la chambre à gaz, ho, ho, ho). Dans son dernier tiers, le métrage se transmute en l’espace de quelques minutes en un tourbillon de scénettes abstruses agglomérées entre elles à la volée sans aucun souci de cohésion, franchissant définitivement la limite entre surréalisme un peu confus et salmigondis grumeleux. Un résultat final qui donne immanquablement mal à la tête tant on a l’impression de suivre 3 ou 4 films en même temps !

Adolf fait son come-back. Humour moyennement fin en perspective…

Je m’appelle Krishna Shah et je vous emmerde. Je ne laisserai personne me tenir la bride car je suis un artiste moi monsieur, et ce n’est pas sous prétexte que vous avez eu une Histoire un peu mouvementée là-bas en Europe que je vais me priver de mes meilleurs gags. Non mais…

Bah, qu’importe après tout, quelque part les 80’s étaient faites pour ce genre d’excès

Une scénette rigolote perdue dans une ratatouille d’images
Le responsable de ce carnage… le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’a pas l’air rongé par le remord !
Ce refus flagrant de toute cohérence implique une nanardise de nature semi-volontaire, donc par conséquent beaucoup moins drôle qu’un authentique foirage incontrôlé. Reste tout de même à savoir s’il s’agit là d’un parti pris totalement assumé, adopté dès l’origine du projet, ou plutôt d’un pis-aller consenti par dépit en cours de déroute, une sorte de Plan B je-m’en-foutiste transformant le plateau de tournage en véritable cour de récré. En ce qui me concerne, l’image qui me vient à l’esprit quand je songe à Krishna Shah réalisant
Hard Rock Zombies est celle d’un bambin assis devant une feuille de papier avec un gros feutre entre les mains et qui, après avoir vainement entrepris de dessiner quelque chose de beau et de très compliqué (disons un hélicoptère), s’agaçant de se découvrir si maladroit, se livre à un gribouillage frénétique en guise d’exutoire à ses ambitions artistiques déçues, en pensant sûrement très fort « de toute façon j’m’en fous, j’fais c’que j’veux », ce qui n’en demeure pas moins un formidable aveux d’impuissance. Ainsi, ce côté complètement foutraque de
Hard Rock Zombies serait assumé ; l’absence de talent de son réalisateur non. Reste que cette paternité un rien encombrante ne semble pas gêner l’apprenti cinéaste : l’année suivante il met en boîte
American Drive-In, une comédie ayant pour cadre un vieux drive-in diffusant…
Hard Rock Zombies (il semblerait qu’on y retrouve également l’interprète du nain nazi zombie dans son propre rôle, commentant ses performances d’acteur… ceux qui ont vu
HRZ pourront comprendre ma curiosité !).
Un nain nazi zombie

Une grand-mère nazie loup-garou (il s'agit en fait d'Eva Braun... mais si j'vous jure !)

La gueule enfarinée et marchant comme s’ils avaient un balai dans le cul, les Holly Moses reviennent d’entre les morts pour nous casser les oreilles. Au secours !

Depuis qu’on la refroidi, Jesse brame comme un damné (« Caaâââaasssssiiiiii woouhouhouwoooh Casssssiiiiiiiiiiiii roquèneurôôôôôleuh »)
Un film d’une connerie abyssale, hautement répulsive pour le commun des mortels mais empreinte d’un caractère éternel et sacré pour la clique la plus déviante des nanardeurs, celles et ceux qui n’ont même plus honte de ricaner devant une telle débauche de n’importe quoi sans se soucier de savoir si c’est au premier, au second ou au dernier degré (les initiés parleront de « degré zéro »). Définitivement réservé à un public perverti.
John Nada 3/5
Liens utiles :
Pour en savoir plus sur Krishna Shah, on pourra lire la
mini bio que propose le site de sa compagnie de production / distribution et même lui envoyer un email comme je l’ai fait. Une cordiale demande d’interview restée sans réponse à ce jour…
La playlist qui tue :
Hard Rock Zombies - Original songs by Paul Sabu :
* Morte Ascendere
* Street Angel
* Shake It Out
* Na Na Na
* Cassie's Song
Le G@sp précise par ailleurs qu'il existe réellement un group de métal du nom de "Holly Moses", mais qui n'a rien à voir avec les zigotos de
HRZ. Il s'agit d'un groupe de thrash allemand avec une chanteuse à la voix complètement écorchée, Sabina Classen.