LES PREDATEURS DE LA NUIT
(Titre original : Faceless)
http://www.nanarland.com/Chroniques/Mai ... rsdelanuit
Réalisateur : Jesus "Jess" Franco
Année : 1988
Pays : France
Genre : Erreur médicale (Catégorie : horreur)
Durée : 1h38
Acteurs principaux : Helmut Berger, Brigitte Lahaie, Telly Savalas, Christiane Jean, Florence Guérin, Howard Vernon, Christopher Mitchum, Caroline Munro.
L'accroche : "ce film vous démontrera que si vous n'avez qu'une vie, vous pouvez avoir plusieurs façons de mourir...". Ca force le respect quand même ! Personnellement ce film m'a plutôt démontré que ce n'est pas parce qu'on à Florence Guérin et Brigitte Lahaie dans un film qu'elles apparaîtront forcément nues.
Le 22 juin 1988, sortait dans les salles le très prometteur Les Prédateurs de la Nuit. Le film sera un flop commercial. La faute à qui : A Maniac Cop de William Lustig sorti le même jour ? Non, sûrement parce que Jesus Franco et gros budget semblent incompatibles.
Pourtant de tous les films de Franco, Les Prédateurs de la Nuit se classe parmi ses plus aboutis, du moins niveau budget et casting. Premièrement, le producteur (et accessoirement co-scénariste) est René Chateau, joliment rebaptisé Fred Castle pour l'occasion. Ce dernier a rencontré Franco sur le tournage de Dark Mission en 1987, film auquel participait sa copine Brigitte Lahaie. Ebloui par la qualité du film (!) René Chateau confie au réalisateur Espagnol un bon budget (en comparaison à ses autres films) pour Les Prédateurs de la Nuit.
Deuxièmement Franco va pouvoir de ce fait composer avec des acteurs plus qualifiés, c'est-à-dire avec autre chose que des espagnols payés 500 pesetas le film.
De ce fait outre Brigitte Lahaie et Christopher Mitchum, récupérés sur Dark Mission, sont à l'affiche pêle-mèle : Helmut Berger, Howard Vernon, Stéphane Audren, Telly Savalas, Caroline Munro... Tous ne s'attendaient pas à ce qu'on leur dise : vous allez jouer dans un film d'horreur, dirigé par un type qui a fait plus de 150 films sous des dizaines de pseudos bidons, dont le budget moyen équivaut à un mois de salaire lituanien net d'impôt. Mais tous étaient d'accord pour toucher le chèque signé René Chateau.
Gage de qualité ?
Les Prédateurs de la Nuit est certes un film d'horreur mais déroute souvent, avec la confusion de plusieurs genres (thriller, policier, comique, drame) jusqu'à en devenir au final un ratage. Pour l'histoire, on ne peut pas dire que ça respire l'originalité. "C'est dans les vieux pots que l'on fait les meilleurs soupes", même si celle-là a un léger goût de moisi. Le scénario se présente comme une fusion entre L'horrible Docteur Orlof (que Franco réalisa en 1962), et Les yeux sans Visage de Georges Franju (avec notament Pierre et Claude Brasseur). En ressort une histoire limpide : C'est un docteur qui organise le kidnapping de jolies filles pour leur retirer le visage afin de le réimplanter sur celui de sa soeur qui est défiguré par de l'acide. Evidement, Jesus Franco oblige, on aura droit à des scènes gores, et à des plans nichons (peu nombreux).
Au vu du casting retenu par René Chateau, une présentation des acteurs et des personnages est inévitable, dont on notera que, comme l'a voulu le producteur, aucun Espagnol ne figure dans la distribution (sauf une exception), il y a déjà le réalisateur, et c'est déjà beaucoup !
Helmut Berger (Docteur Frank Flamand)
En attendant son rôle de Frederick Keinszig dans Le Parrain 3, le bel autrichien campe un premier rôle sur mesure, à savoir celui d'un docteur super froid, pas du tout motivé (comme beaucoup d'autres). Comme Robert Ginty dans White Fire, il aime beaucoup sa soeur, et c'est d'ailleurs pour elle qu'il va faire tout ce cirque. Il tient la clinique des Mimosas, où il s'occupe de vieilles voulant se refaire le visage, et accessoirement stocke de belles filles dans une prison située au sous-sol.
Brigitte Lahaie (Infirmière Nathalie)
A priori la seule actrice du film qui se donne pour le film, qui y croit. Bon c'est vrai qu'elle connaît le milieu, avec tous les Z (pardon, les bis) qu'elle avait faits notament avec Jean Rollin. Et puis sa prestation mitigée dans Dark Mission a dû faire dire a Franco : Brigitte ressaisis-toi tu as un potentiel ! Du coup elle s'y croit tellement dans le film que le résultat donne lieu à une actrice qui veut éclipser les autres, en surjouant toutes ses scènes là où les autres sont à deux de tension. Elle avouera que la collaboration avec Helmut Berger était à oublier, comme elle le dit dans cette
interview. Son rôle est louche mais semble taillé pour elle : celui d'une infirmière, copine du docteur, nymphomane et de surcroit lesbienne. Tout un programme !
Christiane Jean (Ingrid Flamand)
Ce n'est pas la plus connue du casting, mais elle est au centre du schmilblik, puisque c'est pour restaurer son visage que Helmut et Brigitte se donnent tant de mal. Puisque triste d'être défigurée, elle tire la gueule quasiment durant tout le film. De toute façon c'est son dernier film, on l'a retrouvera 5 ans plus tard dans la sitcom Les filles d'à côté (et oui la rousse c'est elle). Aujourd'hui elle semble rangée de la carrière d'actrice, et se consacre à l'écriture d'ouvrage culinaires. Ca c'est de la reconversion !
Caroline Munro (Barbara Hallen)
La ricaine sans qui Kojak et Mitchum Jr n'interviendraient pas. Pour moi, elle rehausse un peu le niveau du film, même si je la préfère dans Starcrash. Elle joue le rôle d'un mannequin qui sera enlevé puis de ce fait recherchée par la police américaine. Voila, c'est la fille de Kojak, ceci expliquant cela...suivant !
Telly Savalas (Terry Hallen)
Inspecteur Theo Kojak reprend du service ! Bah c'est le père de Barbara Hallen/Caroline Munro, elle a disparu, il l'a cherche, mais comme il a du boulot aux Etats-Unis, il envoie son meilleur déctective...
Christopher Mitchum (Sam Morgan)
Autant les autres ne cassent pas la baraque niveau jeu d'acteur, lui n'aura même pas essayé de la casser ! Ceux qui ont vu Dark Mission savent à quel point il se fout du film dans lequel il tourne. Bon ici on le sent plus concerné, mais c'est pas encore ça. Le fils de Robert n'était pas foncièrement mauvais dans les westerns (Rio Lobo, Big Jake...), mais c'est pas pour dire du mal mais là, c'est le plus nul du lot ! C'est le détective envoyé en France pour enquêter sur le disparition de Barabara.
Florence Guérin (Florence Guérin)
Que dire sinon qu'elle joue son propre rôle, à savoir celui d'une actrice vétue de manière assez légère que l'on rencontre généralement en discothèque genre Macumba 2000. A l'instar de Barbara Hallen, c'est une proie des prédateurs, dont le destin sera plus tragique. Contrairement à Brigitte Lahaie, elle garde un bon souvenir du tournage. Du reste, lorsqu'elle ne tournait pas, elle adorait tricoter (oui, tricoter) avec Brigitte.
Sinon les autres :
Gérard Zalcberg (Gordon) : le bras droit du Docteur Flamand. Lui me fait très peur. Ses paroles se résument à des grognements façon Chewbacca. Il est franchement pas net, je me demande même s'il n'est pas comme ça dans la réalité !
Howard Vernon (Docteur Orlof) : il n'apparaît que très peu dans le film, juste en clin d'oeil à L'Horrible Docteur Orlof film dont il tenait la vedette.
Lina Romay (Madame Orlof) : l'égérie de Franco, l'exception hispanique, bien que visible cinq secondes dans le film, Franco pensait sans doute que sa présence allait lui porter chance.
Anton Diffring (Docteur Karl Heinz Moser) : Faute de zombie ou de vampire chers à Franco, c'est bon d'avoir un nazi de service dans le film (enfin plutôt un ancien du troisième Reich). Docteur Moser est recommandé à Docteur Flamand par Docteur Orlof (non c'est pas Urgences !), car il est le seul compétent pour opérer au visage.
Stéphane Audran (Madame Sherman) : Une des vieilles pensionnaires. Elle sent des trucs louches dans la clinique, elle n'aura pas le temps de parler...
Yves Poirier (Inspecteur Legros) : Le bon inspecteur de la bonne maison France qui aime faire la morale au flic Américain (Christopher Mitchum).
Laure Sabardin (La réceptionniste) : Je sais elle n'apporte rien à l'histoire, mais je voulais la mentionner pour dire que c'est la madame Pichardeau des Filles d'à côté, voila c'est fait...
Ah j'oubliais : Mention spéciale à
Marcel Philippot, le Monsieur pas content de la MAAF et de Palace. Le seul personnage qui donne une touche humour au film devant cette gallerie de dépressifs, au risque de décrédibiliser totalement l'oeuvre de Franco. C'est un conturier homosexuel (pléonasme !), nommé
Maxence, et qui a Barbara pour modèle. Il est secondé par Doudou son homme de main au justaucorps qui ferait palir Mathias Hues.
Toutes ces stars ayant certainement tout bouffé le budget en salaires, essayons de faire le film avec le reste...
Jesus Franco, enfin Jess pour l'international puisque le film est tourné en anglais, guidé par René Chateau a voulu donné un côté très classe, mondain, luxueux aux Prédateurs de la Nuit. Cela se traduit pas des personnages qui articulent, qui parlent bien le français, et qui tirent le gueule tout le long du film. Du coup l'inclusion de scènes gores a pour effet de casser le rythme, et rend le film peu crédible.
L'histoire commence un soir, le Docteur Flamand, sa soeur et son infirmière, qui font du shopping dans Paris. Pour la petite histoire, ils font des achats chez le couturier Francesco Smalto, dont Helmut Berger portera les costumes. Le premier truc qui éveillera le spectateur est la musique. Là où un bon film utilise souvent une bonne dizaine de morceaux pour la bande son, Les Prédateurs de la nuit en utilise en tout trois, dont une chanson qui revient pas loin de dix fois au fil de l'histoire, et dans toutes les circonstances : après un meurtre, en discothèque, en voiture... Cette chanson écrite spécialement pour le film est l'oeuvre de deux italiens : Romano Musumarra à l'écriture (un vrai malade : il a écrit toutes les chansons de Jeanne Mas et de Stéphanie de Monaco !), et Vincenzo Thoma (qui a depuis écrit pour beaucoup d'artistes québécois et même pour Chimène Badi). Je vous invite à écouter ce
morceau et à le passer en boucle pendant toute la lecture de cette chronique si vous voulez reproduire l'ambiance du film. D'ailleurs avis aux mélomanes habitués aux comédies musicales : cette ne chanson vous dit rien ? Non ? Bon, en fait cette chanson a été reprise en français dans Cindy, la comédie musicale de Luc Plamandon, sous le titre
Un monde à Nous, chantée par Lââm et Frank Sherbourne. Cela n'a rien de surprenant lorsque l'on sait que Romano Massamura a co-écrit le spectacle avec Plamandon... Fin de l'aparté musicale.
Nos trois compères sont dans un parking souterrain et s'apprêtent tranquillement à rentrer dans leur clinique dans le Val-de-Marne. Arrive soudainement une femme furieuse des conséquences d'une opération de chirurgie loupée. Pour se venger, elle jette de l'acide sur le visage du Docteur Flamand... esquive... sa frangine prend tout dans la tronche. Vous noterez le joli maquillage.
Notre trio infernal ... Retenez bien l'immatriculation de la voiture de la patiente
Vous savez docteur, un DEUG de sociologie ne suffit pas à faire un bon chirurgien... Haaaaaa!!! Ca brûûûûûûûle !!!!
Ainsi démarre les Prédateurs de la Nuit. Le tandem Helmut et Brigitte vont se démener pour trouver un nouveau visage pour la petite soeur. Il faut évidement que la fille soit canon, donc que ce soit un mannequin. L'heureuse élue est donc Barbara Hallen. On la drogue un peu, une petite piqûre et hop, le tour est joué elle est à eux.
Par solidarité je tairai le nom du maquilleur... Ca saute pas aux yeux mais ils sont bien frère et soeur (ça s'appelle l'esprit White Fire)
Marcel Philippot, un acteur haut en couleurs... C'est bien connu, les mannequins prennent de la drogue
Car le Docteur Flamand et son infirmière Nathalie sont des êtres diaboliques, abjectes, terrifiants ! Ainsi, ils placent leurs prisonnières dans des cellules où elles sont pieds et poings liés et obligées de fixer une lumière au plafond. Ils sont vraiment trop méchants !
Même droguée le regard de Caroline Munro me fascine... Pendant ce temps là ces deux là passent leur temps à mater
J'en profite pour vous présenter l'homme de main du duo : standing ovation pour Monsieur Gérard Zalcberg. Je ne sais ni d'où il vient, ni ce qu'il devient, et d'ailleurs je lance un appel : Gégé, si tu lis ces lignes, sache que tu étais le meilleur !
Festival Gérard Zalcberg ! ... Ca sent la scène gore ! Mouhahaha !
Moi aussi j'aurais pu faire White Fire ... Astuce pour foutre les boules : Rasez-vous les sourcils !
Alors là, la ch'tiotte Brigitte, elle est pas contente, parce que le Gégé, il a essayé de violer Caroline, et comme elle voulait pas, il lui a collé une baffe !
Ce primate de Gordon ayant frappé Barbara (qui a donc un visage abîmé), nos deux compères vont écumer les night-clubs de la capitale à la recherche de la proie. L'intrigue se s'arrête pas à ça , René Chateau oblige, le scénario est bien plus riche.
Dans le même temps, le père de Barbara, Terry, au courant de sa disparition, envoie son détective Sam Morgan enquêter sur place. Ce ne sont pas des stock-shots issus des épisodes de Kojak, Telly Savalas, a réellement participé à l'oeuvre du maître. Passons sur le jeu de Savalas pour s'attarder une fois de plus sur Christopher Mitchum qui prouve que le talent n'est pas héréditaire. Les images parlent d'elle-même.
-Petit, y a pas de caméra par là ! ... - Mais qu'est-ce que je vais faire de ce boulet...
Les vieilles pensionnaires de la cliniques deviennent suspicieuses.
Bon elle apparement elle a confondu la clinique avec un bordel... Mais elle, commence à se la jouer "je sais rien mais je dirais tout !"
Et oui, Brigitte est méchante, mais au moins la vieille, et bah elle la fermera !
Sinon, une petite scène assez comique qui casse littéralement le côté chic donné (difficilement) au film:
Le détective Sam Morgan interroge Maxence sur la disparition de Barbara façon américaine. Se sentant menacé, Maxence appelle Doudou son assistant
Sam Morgan dérouille face à Doudou mais semble avoir trouvé la parade (fin de l'intermède comique)
Revenons au sujet principal, Nathalie et le Docteur Flamand ont, sur les conseils du docteur Orlof, fait appel au Docteur Moser.
Howard Vernon : "Promis, c'est mon dernier nanar"
Anton Diffring : "Moi je m'en fous du moment qu'on me paye"
La deuxième proie étant capturée, l'opération peut commencer.
Schize, Schize ! Bon les amis, je suis désolé mais là c'est cuit, pourtant dans Volte Face ça marchait !
Résultat : échec total, je vous passe les détails, mais sachez que le scène qui suit donne lieu à un joli découpage de mannequin en plastique.
Bah tant pis, qu'à cela ne tienne, nos prédateurs retournent en boîte de nuit. Le cible : Florence Guérin.
A quoi reconnaît-on une star ? Aux lunettes noires constament portées, même en discothèque... Franchement ils sont tous bizarres ici
Bon cette fois ci sera la bonne. Tout se déroulera très bien.
Apprenez la chirurgie en trois leçons avec le Docteur Moser. Finalement c'est pas compliqué !
Le temps est compté, les méchants ont réussi leur coup... Justice doit être rendue ! Heureusement, Christopher Mitchum est là !
Avec la musique pop en fond, j'avais l'impression de voir une publicité pour la R25...D'ailleurs vous aviez retenu l'immatriculation ? Et oui, la voiture a servi deux fois pour deux personnages différents, pour peu que ce soit la voiture perso de René Chateau !
Après un combat épique contre Gordon, notre ami retrouve Barbara...
Le dénouement final est proche, mais plutôt inattendu et déroutant. Je n'en dis pas plus et vous laisse l'apprécier mais je me demande vraiment si c'est faute de budget que le film se termine ainsi.
- Brigitte mais qu'est-ce que tu fais, pourquoi tu m'enfermes ?
- Désolé mais tu nuies à ma réputation à jouer si mal, alors tu sors !
Ainsi l'image de fin
En fait j'ai exagéré : la B.O. comprend quatre titres et non trois. Pardon Romano !
Au final, on a droit à un bon nanar horrifique, qui outre ses scènes gores mal foutues (bah c'est du Franco !), plaît pour sa gallerie d'acteurs qui n'y croient pas une seconde (exception faite de Brigitte Lahaie), même si certaines scènes traînent en longueur comme celle avec Howard Vernon. Les franquistes (heu, je confonds, je voulais dire les fans de Jesus Franco), ne retrouveront pas la patte du maître tant René Chateau a insisté sur le côté commercial. En fait le résultat est par ailleurs incohérent tant les genres se mélangent.
Côte de rareté :
2/ Trouvable
Le DVD comme la VHS sont édités chez René Chateau. Si le DVD reste plutot cher (environ 20 euros) et assez peu diffusé, la VHS reste trouvable dans les cash.
Sinon une version anglaise existe en DVD (avec en bonus interviews, trailer, commentaires audio), vendue en ligne sur de nombreux sites.
Liens utiles :
Interview de Brigitte Lahaie, en anglais
Note : 3,5