J'ai hâte de connaître vos avis à tous les deux.
J'étais moi aussi étonné voire dubitatif à ma première lecture de la chronique d'Alcatel, l'association Marlene Dietrich-Charles Boyer-David O. Selznik étant
a priori tout sauf synonyme de nanar. Mais lors du visionnage avec mon ami, il nous est apparu comme un nanar plutôt consensuel, et pourtant nous regardons des classiques hollywoodiens ensemble une fois par semaine (et parfois des trucs qui ont un peu mal vieilli mais ça ne nous choque ni l'un ni l'autre). Il nous a d'ailleurs paru beaucoup plus nanar que
Lady Oscar, que nous avons regardé quelques semaines plus tard (celui-là, j'ai eu du mal à convaincre mon ami que c'était bien un nanar, lui y voyait plutôt un navet friqué assez bancal mais pas pire que certains films en costumes kitschs; de fait, nous avons moins ri et souri devant le film de Jacques Demy que devant celui de Richard Boleslawski).
En tout cas, pas facile de trouver un nanar du tonneau du
Jardin d'Allah parmi la production de l'époque. Mon ami et moi, nous avons fait un essai au pif avec le DVD de
Malaria, un mélodrame colonialo-exotique produit par Vichy en 1942, avec Mireille Balin et Sessue Hayakawa dans un énième rôle stéréotypé d'asiatique totalement inexpressif qui ne parle quasiment pas et fait la gueule tout du long. On se disait que vu le message affiché par le film dès le générique (à la gloire de l'Empire et de sa Mission Civilisatrice), ça sentait le vieux nanar de propagande raciste et pas subtil. Et finalement, en dehors de quelques dialogues à base de
"Oui, Missié", ça se laissait voir au premier degré et ce n'était pas pire qu'un Tarzan de la MGM au niveau de l'idéologie et de la crédibilité (la jungle ne fait pas trop studio).
Dans
Le jardin d'Allah, ce qui empêche les défauts habituels de "passer", c'est je pense une accumulation : accumulation d'éléments tocs, de poncifs et de morale lourdingue, que la platitude de la mise en scène ne peut compenser. Et pourtant, j'ai vu pas mal de vieux films d'aventures des 30's avec des beaux légionnaires romantiques, des comptoirs français où tout est écrit en anglais, des méchants Arabes fanatiques passés au fond de teint et de jolies danseuses du ventre. Mais en général, ça ne me choque pas car c'est rattrapé par la qualité de la réalisation.
Ici, en dehors du travail assez novateur sur le technicolor (troisième film tourné avec ce procédé), pas grand-chose à sauver cinématographiquement parlant. Certains critiques américains de l'époque ont adoré. On se demande ce qu'ils avaient fumé (étaient-ils engagés pour faire la promo du film ?).