LA MORT EN TÊTE A.KA CASSE-COU POUR L'ENFER
REALISATEUR : Yasuhiko Kawano
CASTING : Linda Stayer, Chiaki Ohtomo, Akira Kuros, Cheryl Waide
NATIONALITE : Japon
ANNEE : 1978
DUREE : 90 minutes
GENRE : Hiroshima mon Stock-car
Le Japonais, c'est yeah!
La mort en tête est un film qui raconte la terrible lutte entre le Japon et les USA dans une terrible compétition de stock-car. Du point de vue des japonais, le film retrace la carrière d’Othomo, petit scarabée caucasien mais ne parlant que le japonais, dans une compétition mêlé d’une histoire d’amour nanarde avec une fille qui ne parle pas japonais du tout.
L générique donne le ton : casse, voiture, et musique de crooner
Ouais, c’est trop bon le stock car. Sérieux dans ce film on va assister à plein d’épreuves différentes de voitures. Des courses mais aussi des cascades, des dérapages, des sauts, des klaxons, des allumes cigares et de la bière.
Mais ce n’est pas tout, entre ces épreuves il y a une histoire, parfois incompréhensible mais surtout nanarde. Explication : ouvrez vos livres de japonais à la page 9 and repeat after me :
Ohtomo, notre ami japonais (oui, oui)
La preuve c'est ecrit dessous!
Ohtomo est un casse cou en voiture. Le genre de dingue qui téléphone au volant tout en se curant le nez et en changeant de station de radio en même temps.
Il se ballade donc, et le hasard fait qu’il assiste au tournage d’une cascade dans un film. A ce moment précis il se dit "tiens je veux faire du stock car " et 8 minutes après (l’art de l’ellipse dans le nanar n’est-elle pas toujours aussi fascinante ?) il se retrouve dans l’équipe du Japon pour une compétition rude et âpre contre les Etats-Unis. Car Ohtomo est du type caucasien mais parle Japonais, car il est en fait...Japonais.
C’est partit, les bizarreries du film vont pouvoir commencer.
L'art de s'occidentaliser selon le Japon de 1978
C’est dans cette grande compétition entre les USA et le Japon qu’on assiste à la première originalité du film. La compétition de stock-car dans le film en réalité n’est qu’une grande succession d’épreuves débiles dans lesquelles on casse des voitures et des motos allégrement comme moi je casse des assiettes en débarrassant la table lors des fins de banquet.
Là on voit déjà pointer un sacré culot du réalisateur qui consiste à filmer des épreuves, qui sont d’une débilité profonde. Prenez par exemple, la course où on doit faire des "8" sur du sable, ou la course sur deux roues, la traversé en voiture d’un mur, la traversée d’un mur en flamme, la traversé d’une caravane, la traversé d’une caravane en flamme, la traversé d’un mur de glace…et la traversé d’un mur de glace en flamme.
Et j’en passe. Que d’imagination ! Croyez-moi je ne sais pas pourquoi ces gens ont une telle envie de casser leurs voitures. Si ils voulaient voir des gens conduire très mal, autant aller en Italie, dans les rues de Rome (là où le code de la route sert de presse livre et accessoirement de dessous de plat).
Ils voulaient rajouter du fil barbelé et puis ils se sont dit que ça faisait trop
Mais nous nous égarons du sujet, là où "la mort en tête" fait TRES fort, c’est dans la façon de filmer ses épreuves. C’est purement du visionnage typique d’une épreuve de sport en direct. Comme si on avait enregistré une compétition de stock-car à la télé et qu’on la regardait sur Eurosport : Pas de plan de cinéma donc, que du "journalisme". C’est filmé de loin, il n’y a pas de musique et on a droit à 20 ralentis par cm² de taule froissée. C’est très beau pour les cascades mais pour l’histoire ça fait un peu creux. Je veux dire, comment comprendre ce qu’il se passe entre Ohtomo et son équipe ? Et les américains, ils font quoi ? C’est qui les méchants d’abord ? On peut espérer voir des ninjas débouler et lancer des shurikens sur les pneus ?
Rassure-vous, Yasuhiko Kawano (qui veut dire "réalisateur fainéant" en Japonais) à eu l’idée de génie en faisant commenter toutes les épreuves par le personnage principal, Ohtomo.
Et oui, vous ne rêvez pas Ohtomo, tel un Thierry Roland à la voix de schtroumfs, raconte de loin, ce qu’il se passe devant notre écran. Alors on y comprend pas mieux (faut dire que les épreuves ne sont pas vraiment expliquées) et on sent l’arnaque poindre, car le père Ohtomo, et ben on ne le voit pas souvent sur la compétition. En gros on assiste à un énorme tournoi aussi incompréhensible que burlesque sur lequel un type raconte sa vie en disant des trucs genre : "et ben là, c’est quand je suis monté dans une voiture…haha autant vous dire qu’elle avait 4 roues et un sacré volant cette auto".
Hé les gars, vous avez pas l'impression que le micro va se voir au dessus de nous ?
En gros, assister à une course de stock-car avec Ohtomo, c’est comme si je vous passait un match de foot de juillet 1998 et que je disais, pardessus le son, sur la bande : "ben vous voyez, ici c’est quand on tire le corner que je marque de la tête le premier but du match…ha là là quelle sensation, je vous garantie que c’est une chose formidable…"
Arnaque donc, sauf que c’est si mal fait que ça en devient risible. Surtout que le film enchaîne les épreuves sans expliquer le pourquoi du comment, parfois même sans son, ni explication sur le rapport avec le scénario. Rapport, soyons honnête, qui n’existe pas.
Ce n’est peut-être pas une heure d’arnaque non plus, en effet Ohtomo apparaît parfois en bout de piste et je pense sincèrement que c’est lui qui conduit ses voitures. Mais en réalité l’explication tient du fait qu’au vu du talent incommensurable du réalisateur à montrer ses micros dans le champ, on peut comprendre qu’il n’a pas voulu se risquer à filmer de trop près une courses de voiture qui consiste à rouler par-dessous des camions par exemple.
Même le score, on ne le comprend pas
Par contre, de vrais stock-shots on en voit plein un moment pour combler le scénario débile. On a pas besoin de plisser les yeux pour voir si ce sont des stock-shots ou pas, car ces images n’ont RIEN à voir avec l’histoire. On nous gratifie d’images de musée de l’auto ou de courses entre voitures des années 30 par exemple… Ca sert à rien, sauf à vous dire que ce film est quand même déficient, fauché et que dans les années 30, ils avaient des voitures rigolotes.
petit jeu : va-t-il réussir à atterrir sur la remorque du camion ? Réponse dans 2 caps
Alors ce n’est pas tout, car le réalisateur a quand même voulu installer une petite histoire autour du héros. Le public féminin étant ce qu’il devait être dans les années 70, allons-y donc pour une histoire d’amour déchirante entre Othomo et la coordinatrice des équipes de la compétition. Et oubliez ce que vous venez de lire jusqu’à maintenant, car ça devient sérieux et vous risquez d’avoir un vrai choc.
Oui, un choc pire que celui-là
Car à ce stade du film, on touche quelque chose du doigt. Une matière incroyable que l’on aurait cru possible que dans un seul film franco-turque ultra connu du site. Autant vous dire que cette histoire de romance va rappeler quelque chose à certains. Car oui, mes amis : Ohtomo est amoureuse d’une fille qui est le sosie de sa sœur décédée…
Et là c’est un scoop, au vu de la date du film on peut le dire : Pallardy n’a rien inventé du tout (ma foi s’écroule).
Et encore un micro...
Autant vous dire qu’à ce stade, on est scié par autant de bêtise. Mais ce n’est pas terminé. En poussant encore plus loin le non-sens il me faut vous parler du doublage. En effet, le doublage étant parfois une science mystérieuse et non dénuée d’un sens de l’humour inconscient, on se demande pourquoi chaque fois qu’ Ohtomo parle en Français, des sous-titres en Anglais s’inscrivent au-dessous. Vous allez me dire, ouais on est plus à ça près dans ce film de radin/incestueux, mais je vous jure que parfois on se demande si le doubleur ne se trompait pas de film.
Et ben il fallait répondre : NON. Sinon ça n'aurait pas été drole, on est tous d'accord...
Allez, pour vous le démontrer, je vais vous faire un petit jeu :
Avec quelles citations orales vont ces sous-titres ?
Sous-titres :
1) I don’t speak English, speak Japanese
2) Aren’t you Japanese ? Say Something
3) What’s famous in Port Shimizu is…
4) Stupid!
5) Take it easy, let’s drink!
6) I don’t feel like it
7) Because I’m Japanese
Lignes de dialogue :
A) Non elle ressemble pas à ma soeur
B) J’ai très envie d’y aller
C) Parce qu’il le faut
D) Je m’appelle Ohtomo, je suis pilote comme vous, je conduis des voitures.
E) Quand je pense à la mer calmée, je reste Japonais éternellement.
F) Vous êtes cascadeurs, essayez de m’expliquer.
G) Si vous voulez mon avis, tâchez de ne pas trop boire.
Vous avez 5 secondes, (réponse après l’image de la copine d’Ohtomo qui suit)
Alors les enfants, il fallait répondre : 1-D, 2-F, 3-E, 4-A, 5-G, 6-B, 7-C
Alors vous vous demandez comment, dans ce marasme de compétition débile et d’amour hors normes, ce film tient la cadence sur la route du nanar et quelle note il faut lui donner ? Vous êtes vraiment des obsédés ma parole. Vous ne vous demandez pas plutôt comment Ohtomo va draguer le sosie de sa sœur qui est morte ? Si les Japonais vont gagner la compétition ? Si la Ferrari va gagner la course stock-shot contre la Lamborghini ?
Je ne spolierais pas en répondant à ces questions sauf à la première bien entendu. Si l’on met à part le postulat de initial qui consiste à regarder une compétition nanarde à la base (au vu des épreuves), ensuite de rigoler à la façon dont à le réalisateur veut cadrer le tout dans un scénario complètement ridicule on peut passer un bon moment. Ce film rejoint d’une façon indirect
La Rage de la Casse dans le registre "il ne se passe rien mais en fait c’est plutôt dense à l’écran"
Certaines cascades impressionent
A savoir que le film est sorti en salle en 1981 sous le titre « casse-cou pour l’enfer » et qu’il a fait environ 20000 entrée (soit un taux de remplissage de 32 personnes par séance selon le CNC). Donc on ne va pas critiquer pour critiquer, les fanas de voitures et de cascades seront sûrement contents, et c’est vrai que certaines épreuves restent impressionnantes et sympa à voir au premier degré. Mais pour un fan de mauvais film sympathique, on assiste quand même sur la forme (plus que le fond il faut le reconnaître) à une nanardise croquante plutôt navrante mais toujours aussi amusante.
Et puis il faut savoir concilier les genres après tout.
L'homme-Puma à des goûts de luxe...
NOTE : 1.5/5
COTE DE RARETE : 3
A part deux éditions en VHS (chez Colombus et MPM) le film n'a jamais vu le jour en DVD à ma connaissance