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COPLAN OUVRE LE FEU A MEXICO (Aka : ENTRE LAS REDES / COPLAN III / MORESQUE : OBIETTIVO ALLUCINANTE)

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Paris, début des années soixante.
La série des James Bond explose tout au box-office tandis que Sean Connery, obscur jeune premier écossais, s’impose comme nouveau sex-symbol masculin.

Conciliabule chez tous les producteurs de France et de Navarre :

- Purée les gars, y’a les angliches qui ont vraiment trouvé le bon filon avec leurs films !
- Pas grave, on n’a qu’à faire pareil, on n'est pas plus mauvais qu'eux! On a sous la main plein d’acteurs anglo-saxons qui peuvent faire l’affaire : Richard Harrison, Ken Clarck, Roger Browne… Je ne vois pas ce qu’ils ont de moins que ce Connery !
- Et les scénars ? Faudrait qu’on trouve un aussi bon matériau de départ que les bouquins de Fleming…
- Non mais tu rigoles ? Tu crois que je n’y ai pas pensé ? Tiens hier je suis passé aux puces et regarde ce que j’ai acheté ! (PLAF ! Cinquante livres de poches mités se déversent sur la table)
- Heu…C’est quoi ça ?
- Non mais tu ne lis jamais ou quoi ? La série des Coplan par Paul Kenny, les OSS 117 par Jean Bruce….C’est du bon bouquin d’espionnage, ça, coco, t’as qu’à te baisser et t’as du James Bond ! J’vois pas ce qu’ils ont de moins que les Fleming. Et puis d’ailleurs, un film avec Coplan il y en a déjà eu un, on sait donc que ça peut marcher !
- Heu…Action immédiate, de Maurice Labro avec Henri Vidal en Coplan ?
- Tout juste ! Et c’était avant Dr No, les angliches n’ont rien inventé !
- Oui, dommage qu’Henri Vidal soit mort prématurément, on ne peut pas lui faire reprendre le rôle…
- Bah, il coûtait cher de toutes façons ! Non, et puis il était trop français, il faut prendre un acteur au type anglo-saxon, un ricain ou un anglais pas cher…Tiens on n’a qu’à appeler les italiens, il ont plein d’acteurs ricains disponibles pour trois francs, ils vont nous en prêter un, ou plusieurs si le premier ne fait pas l’affaire ! Au pire on peut essayer avec un acteur français pas cher, genre Dominique Paturel.




Trois films et quelques années plus tard…

- Bon, les gars, ça marche bien, les Coplan, non ? On est sur les chapeaux de roue. Bon, ok, les films qu’on a fait sont un peu cheap mais bon, les James Bond, c’est pas génial non plus : la mode de 007 ne risque pas de durer, pas la peine qu’on se casse la tête à faire des chef-d’œuvres !
- Tout à fait, patron, ha ha ha !
- Bon alors pour ce nouveau Coplan, on va faire un malheur ! On coproduit avec les espagnols et les italiens : on garde Riccardo Freda comme réalisateur, il avait bien assuré pour le précédent, « Coplan Fx 18 casse tout ! » Heu, on l’envoie où, Coplan, ce coup-ci ?
- Les espagnols voudraient qu’on l’envoie à Mexico, patron….
- Ouais, bon pourquoi pas…Alors là pour le scénario j’ai pensé à un petit jeune qui peut nous en torcher un vite fait pour pas cher…Heu, rappelez-moi comment il s’appelle…Bertrand Charcutier ?
- Bertrand Tavernier, patron !
- Oui, c’est ça…Et pour faire Coplan, on prend qui ?
- Les italiens nous conseillent Lang Jeffries, un acteur américain : il a fait pas mal de truc en Italie, des péplums, et des films d’espionnage, justement ! Avec une tête un peu connue comme lui, ça devrait rouler !



Après le tournage, première projection du film…

- Heu…Alors, patron ?
- Hé ben c’est pas une réussite, mes enfants…Ok, c’est correctement réalisé, le vieux Freda connaît encore son boulot, mais le scénario…Il n’a pas fait des étincelles, votre nouveau prodige, heu, comment s’appelle-t-il déjà ? Bertrand Pâtissier ?
- Bertrand Tavernier, patron !
- Oui, on s’en fout de toutes façons… Dites, Roger, c’est vous qui me l’avez conseillé ? Hé ben je ne vous félicite pas plus que ça ! Il a réussi à faire un scénario à la fois inexistant et trop confus ! 28 ans et déjà gâteux !
- Mais, patron, il adaptait du Paul Kenny, pas du Flaubert…
- Il aurait quand même pu faire un effort et étoffer tout ça! Franchement : il est complètement invertébré, son scénar ! Coplan rencontre une nana, paf, il se la tape ; Coplan rencontre un méchant, paf il le descend ; les méchants font prisonnier Coplan et lui laissent son stylo alors que n’importe quel écolier sait que les agents secrets de cinéma ont TOUJOURS des gadgets dans leurs stylos ! Et franchement : des anciens nazis qui préparent leur revanche en Amérique du Sud, c’est d’un original ! Et en faisant quoi? En entraînant un sosie de Lyndon Johnson à prendre la place du Président des USA ! Ok, ça pourrait passer, mais cet aspect du récit n’est même pas développé ni résolu à la fin ! Et le final : Coplan s’enfuit du hangar, on a droit à deux pétards du 14 juillet, et on est censé croire que le héros a fait sauter le repaire des méchants ???
- Ben, heu, patron, y’avait pas assez de sous pour une vraie explosion…
- Ouais et puis les dialogues : quand Coplan drague la Comtesse à la vente des tableaux, qu’est-ce qu’il lui dit ? «Je n’aime pas seulement les natures mortes. Je raffole des nus, je m’efforce de suivre l’exemple de Manet et Renoir… » Il a improvisé ses dialogues sur le coin d’une table, votre Bertrand Boulanger ??
- Bertrand Tavernier…
- On s’en fout ! Et puis bon, le casting…Qu’est-ce que c’est que ce Lang Jeffries qu’on nous avait recommandé ? Il est aussi expressif qu’une planche, il prend du poids…On dirait un automate, on se fout de ce qui lui arrive…



Lang Jeffries changeant d'expression (spectacle rare!)

- Heu, mais patron, il n’est pas aidé par le scénario, faut avouer que le personnage de Coplan n’est pas défini…
- Bon, admettons…Mais bon, merde, on n’allait pas raconter toute la vie de famille de Coplan, aussi…Non, franchement, quel navet on a produit ! C’est tellement nul que ça en devient drôle !
- Dans ce cas ce serait un nanar plutôt qu’un navet, patron…
- Hein ? Heu, si vous voulez…



- Vous êtes fâché, patron ? On est vraiment désolés…
-Ha, ha, ha ! Mais non les gars ! J’ai l’air de m’emporter, mais en fait c’est pas grave ! Les co-producteurs espagnols ont aimé et vont sortir le film chez eux, on va rentrer dans nos frais. Faut pas oublier qu’on est en train de tirer sur le dernier bout de corde du filon…Oui, parce qu’on vient d’apprendre que Sean Connery ne voulait plus tourner de James Bond ! Il paraît que la production chercherait un remplaçant…Ils auraient choisi un certain Lazenby, inconnu au bataillon… Non, les gars, ça sent le roussi pour le film d’espionnage ! Je vous l’ai prédit et je vous le redis : la série James Bond n’en a plus pour longtemps ! Alors pourquoi se casser les pieds à produire de bons films ? De toutes façons, vu le niveau du public…Ce sera toujours assez bon pour eux ! Bon, on va peut-être enterrer le film d’espionnage français avec ce film, mais on s’en fout, le genre a un pied dans la tombe !
- Ha, patron, c’que vous êtes fort !
- Je sais, je sais… Faudra chercher un nouveau filon. Paraît que les ricains envisagent de passer à la science-fiction, il y aurait un projet bizarre de Stanley Kubrick sur une odyssée de l’espace…Bon, ça c’est un tuyau crevé : ça ne sera jamais crédible à l’écran ! Non, l’avenir, à mon sens, c’est le plagiat de Louis de Funès ou les films avec Johnny Hallyday. Faut essayer de bûcher ça. Ha, et puis, Roger…
-Oui, patron ?
- Vous pouvez jeter les coordonnées de ce Bertrand Sommelier…
- Bertrand Tavernier, patron.
- On s’en fout, merde ! Personne n’en entendra plus parler de toutes façons. Si ce gars-là arrive à faire carrière dans le cinéma après ça, c’est que je suis vraiment un producteur de dernière catégorie !
- Ho non, patron, vous êtes très fort !
- Je sais, mon petit gars, je sais.


COPLAN OUVRE LE FEU A MEXICO


Espagne / France / Italie

Année : 1967

Genre : Son nom est Bombe, Jean Bombe
Catégorie : Aventures et péplums

Réalisation : Riccardo Freda
Scénario : Bertrand Tavernier, d’après « Coplan fait peau neuve », de Paul Kenny (Editions Fleuve Noir)

Avec : Lang Jeffries, Sabine Sun, Silvia Solar, Robert Party, Frank Oliveras, Guido Lollobrigida.



Note : 2

Nikita.

Super critique, bravo !

Bravo
Perso j'trouve ce film assez sympa contrairement aux autres films d'espionnages italiens qui sont presques tous des navets...

Oui, le film n'est pas trop antipathique mais il faut vraiment ne RIEN avoir de mieux à faire pour en apprécier la vision. Ce n'est pas top nanar comme le montre ma notation, mais c'est digne d'intérêt comme document sur une époque du cinéma populaire.
En fait, ce qui est le plus intéressant, c'est de voir à quel point c'est basique comme sous-James Bond. Et ça m'a vraiment donné l'impression d'avoir été fait de la manière que j'ai imaginée pour cette chronique.

la chronique serait-elle une fois encore plus amusante que le film ?

Excellent !! Vivement la prochaine chronique en micro caché en direct du studio des prod' !

En fait ca dépend du spectateur. Comme je l'ai dit, je film n'est pas assez mal fait pour etre vraiment délire mais l'accumulation de clichés le rend quand meme assez goutu et surtout représentatif de la vieille serie B, comme un document d'epoque. Et la gueule accablée de Lang Jeffries, qui a l'air de se dire "Mon Dieu, qu'est-ce qu'il faut pas faire, vivement que je puisse ouvrir une station-service avec l'argent de mes cachets" vaut le détour a elle seule !

A noter que Bertrand Tavernier parle lui-meme de ce Coplan comme d'un film "tout a fait nul'. Il en resta quand meme reconnaissant a Riccardo Freda puisque des decennies plus tard il a pistonné ce dernier pour qu'il puisse realiser, a 83 ans, "La fille de D'Artagnan". Helas, Freda fut viré du tournage a la demande de Sophie Marceau qui trouvait qu'il lui avait manqué d'égards (quelle espece de cette Marceau !! En tout cas c'est la version que j'ai lue...) et Tavernier realisa lui-meme ce film alors qu'il n'était censé au depart qu'assister Freda.

Y a un Coplan Sauve sa Peau au LeaderCash près de chez moi. Vous croyez qui vaut le coup ?

Excellente chronique, j'ai particulièrement apprécié la fin du dialogue

Pour Coplan ouvre le feu à Mexico, je me souviens surtout d'une scène de folie où Coplan fait du deltaplane ou du parachute ascentionnel tiré par un hors-bord. Il est attaqué par un type dans une grosse voiture. Imperturbable, Coplan d'un bras reste accroché au deltaplane, sors un flingue de nulle part tire un coup et abat le conducteur. La voiture tombe en tonneau de la falaise et on voit clairement que c'est un jouet !!!

Sinon il existe au total 5 Coplan dans les sixties à ma connaissance:

coplan agent secret fx 18 en 64 de Maurice Cloche avec surtout Daniel Ceccaldi en méchant !!!
coplan fx18 casse tout de fredda en 65
coplan prends des risques de Maurice labro avec Dominique Paturel
et le psychedelique "coplan sauve sa peau" en 68 d'Yves Boisset avec Claudio Brook en Coplan Jean Topard en chef de la police d'Istambul, Bernard Blier qui fait une apparition et Klaus Kinski en sculpteur fou défigurant ses victimes. Après un début très classique le film vire très bizarre, limite fantastique dans sa deuxième partie avec chateau gothique et nains pervers. Très space. Natacha si tu l'a pour pas cher et que tu apprecie le genre hammer du pauvre tu peux tenter l'expérience mais il faut avouer que c'est très daté sixties et qu'il y a des longueurs

Ah ça oui , de la Hammer du pauvre j'en demanderai bien !!

Et puis bon , pour 1.50 euros j'vais pas faire la fine bouche , je vais me l'acheter mercredi ou jeudi... (des nains pervers ?)

y'a bon nikita !!!

Oh oui mon Dieu ! C'est de loin la scène la plus frappée du film ! Surtout que Coplan reste en effet totalement de marbre,ça fait vraiment penser à Belmondo dans "Le Magnifique" !



Merci, merci...

COPLAN SAUVE SA PEAU; excellent 1er film d'yves boisset avec une chasse a l'homme finale impressionnante et klaus kinski dans un rôle de sculpteur finissant étranglé dans un hammam d' Istanbul

Pour la petite histoire j'ai lu que Brett Halsey, autre vedette du bis de l'époque ("Sept épees pour le roi", "Cinq gâchettes en or", etc) avait mis en scène son collègue Lang Jeffries (notre Coplan) dans un roman, "The magnificent strangers", écrit dans les années 70 et situé lors de l'âge d'or de Cinecittà. Jeffries (nom changé, mais reconnaissable) y était dépeint comme plus actif comme gigolo que comédien!

Ha; la confraternité des acteurs...

Très très belle chronique, Nikita, ya pas, j'adore ta façon de raconter!

Je remonte car je viens de lire que le réalisateur de seconde équipe de ce film n'était autre que... Yves Boisset.

Vu ce beau fleuron de l'espionnage français, et ça fait plaisir de voir que chez nous, ce genre d'homme a plus de couilles qu'un vulgaire James Bond. Il se prend pas la tête le Coplan, il fonce sans attendre ses ordres pour baiser les comtesses et brûler vif les vils larrons désarmés. Ses potes meurent autour de lui ? Rien à battre. Il est réveillé par les hurlements d'un malheureux domestique torturé pour avoir mal fait son travail, trainé attaché derrière une voiture ? Il fait de l'humour et retourne dormir. Et bien évidemment, toutes ses dépenses folles (la vente aux enchères est hallucinante) sont au compte de l'Etat. Même les départs impulsifs et inutiles à Hawaii.
Bref, c'est bien fun, c'est nanar, la scène de deltaplane racontée par RICO est génialissime et la fin massacre bien (un pressoir est utilisé ).

Ayant vraiment passé un moment agréable, je lui mets 3/5.
Ca donne envie de découvrir un peu l'univers de l'espionnage français en smoking.

Sinon, j'ai vu le fim sur la K7 SuperVideo, et la bande a été sauvagement charcutée. Très régulièrement, il manque un bout de pelloche, ce qui entraïne quelques détails marrants (des persos se téléportent sur l'écran ou un dialogue devient abscons), mais embrouille un peu le scènar vu que ça arrive souvent lors de scènes où on a le droit à des explications.

Tu vas bien te faire chier.
C'est pour ça que je l'aime bien celui-là, je l'avais vu jadis à la télé et le film tenait bien la durée contrairement aux films de Maurice Cloche.
Mais bon, c'est sûr que c'est pas le meilleur film de Riccardo Freda (en revanche, Tavernier a tort de dénigrer de le renier, car c'est son meilleur film )

Personnelement, malgré la nullité du scénario et des acteurs et la pauvreté des moyens, j'ai du mal à trouver ça totalement nanar à cause de la mise en scène efficace de Freda qui réussit à mettre du rythme et de la tension dans ce machin, ce qui n'était pas gagné d'avance.

Vu ya deux trois jours sur CineFX, bon c'est quand même assez lourdingue, d'ailleurs j'ai jamais pu accrocher à aucun des films de la série de James Bond justement à cause de cela...